G. Focant - SPW Patrimoine

Château féodal de La Roche-en-Ardenne

La Roche est sous l’Ancien Régime la capitale d’un comté qui porte son nom. La ville est installée dans une boucle de l’Ourthe, dans une vallée encaissée surplombée par un éperon rocheux sur lequel les comtes érigent leur château fort. Affranchie dans les premières années du XIIIe siècle, la ville obtient en 1332 de Jean l’Aveugle le droit d’ériger des remparts dont ne subsistent aujourd’hui que des maçonneries et une tour presque complète derrière l’église. En contrebas du château, une petite agglomération se développe à partir du XIIe siècle et devient le siège de ce comté s’étendant de Marche à Bastogne et comprenant quatre pairies (Houffalize, Beauraing, Han-sur-Lesse et Humain). À la fin du XIVe siècle, ce grand domaine va se fragmenter en trois prévôtés distinctes : Marche, La Roche et Bastogne. Le comté de La Roche se compose dès lors de la ville et de la franchise de La Roche, de quatre hautes cours de justice, de neufs pleins fiefs et d’une centaine de communs fiefs et de petites cours foncières. Dix seigneuries hautaines ressortent de ce comté.

Les vestiges de la forteresse de La Roche témoignent aujourd’hui de l’importance du complexe castral à l’époque médiévale. Naturellement défendu, le site est occupé dès le Haut Moyen Âge et même antérieurement. Le château est construit entre le XIe et le XIIe siècle et entre en 1046 dans les possessions de l’empereur Henri III du Saint-Empire qui l’échange avec Frédéric de Luxembourg (†1065), duc de Basse-Lotharingie. Il passe ensuite entre les mains du comte Albert III de Namur (1064-1106) dont sont issus les premiers comtes de La Roche. En 1102, Henri Ier de La Roche s’installe à cet endroit. En 1153, le château passe dans l’apanage d’Henri l’Aveugle et, en 1199, définitivement dans le patrimoine de Thibaud de Bar, époux de la comtesse Ermesinde Ire de Luxembourg. Le comté et son château fort entrent dans les possessions des comtes de Luxembourg et assument dès lors un rôle stratégique dans la défense du lieu. Avec l’essor urbain des XIIIe et XIVe siècles, le château est agrandi et continue de protéger le chef-lieu du comté. Avec l’intégration du duché de Luxembourg dans les terres d’Empire en 1549, La Roche se retrouve sur la ligne de défense du sud des Pays-Bas espagnols. Le château médiéval est adapté à l’artillerie à poudre et une grande terrasse bastionnée est érigée à l’est de l’entrée. Devenus maîtres de la place à la fin du XVIIe siècle, les Français adaptent le château à l’art de la guerre de siège. Il est pourtant laissé à l’abandon après leur départ et il faut attendre son rachat au milieu du XIXe siècle pour qu’il soit sauvé de la ruine complète.

Toujours aujourd’hui, un chemin escarpé mène au sommet de l’éperon vers le châtelet d’entrée composé d’une porte en plein cintre flanquée de part et d’autre de deux énormes tours. Le quadrilatère de la haute-cour, érigé au XIVe siècle, se trouve sur la plate-forme la plus élevée. On y trouvait alors la demeure seigneuriale, une aire d’honneur et divers bâtiments, le tout cerné par une courtine et protégé par trois tours.

Rue du Vieux Chateau 4
6980 La Roche-en-Ardenne

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013