Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Fontaine MASCART Louis, Julien et Antoine

Située sur la place communale d’Ohain, espace arboré à deux pas des services administratifs locaux, la fontaine Mascart présente la particularité d’honorer trois personnalités, à savoir les frères Julien (1804-1861), Antoine (1806-1887) et Louis (1811-1888) Mascart. Chacun, à son échelle, a contribué au développement des idées politiques libérales du niveau communal au niveau national, en passant par la province. 

Inaugurée en 1890, surmontée d’une vasque et accueillant à ses pieds quatre grands bassins, la fontaine en pierre offre les quatre larges faces de sa colonne principale pour honorer chacun des trois frères, même si Louis Mascart occupe une place privilégiée. Trois faces sont similaires : un large médaillon rond, en bronze, représente leur visage ; le buste est débordant par rapport au bord du médaillon où sont gravés le nom et le statut du jubilaire. 

Ainsi peut-on lire :

JULIEN MASCARAVOCAT 1804-1861
ANTOINE MASCARTBOURGMESTRE D’OHAIN 1807-1887
LOUIS MASCART DOCTEUR EN MEDECINE 1811-1888

Quant à la quatrième face, elle est exclusivement dédiée à Louis Mascart :


LOUIS MASCART 
BOURGMESTRE 
DE CETTE COMMUNE 
ANCIEN CONSEILLER PROVL 
ET 
REPRÉSENTANT. 

SES PARENTS, AMIS 
ADMINISTRES ET LIBERAUX 
RECONNAISSANTS

La présence d’un serpent – symbolisant la médecine – enroulé autour de la vasque placée au sommet de la colonne est un signe supplémentaire que le monument est principalement dédié au médecin Louis Mascart. 

Fontaine Mascart du côté du médaillon Louis MascartL’idée d’un hommage à Louis fut lancée peu de temps après la disparition du cadet des Mascart, par les libéraux du canton de Wavre. À l’initiative d’une Commission spéciale créée au sein de l’Association libérale cantonale de Wavre, une souscription lancée dans l’arrondissement de Nivelles permet de concrétiser le projet au-delà des espérances. Plutôt qu’un seul médaillon pour Louis, les libéraux décident de perpétuer le souvenir des trois frères et d’ériger un monument : sur la place d’Ohain, les trois médaillons sont inaugurés de manière très spectaculaire, en même temps que la fontaine publique qui sera raccordée à un réseau de distribution d’eau en 1906, symbole absolu de progrès social à cette époque. Après plusieurs années de précieux services, la fontaine tombe en désuétude ; restaurée et réhabilitée au début des années 1990, elle connaît une nouvelle inauguration le 4 septembre 1993, comme en témoigne une plaque commémorative en pierre placée au sol, devant le monument.

À travers les trois frères Mascart, c’est toute une dynastie qui se trouve honorée. En effet, durant la période française, entre 1796 et 1815 et même jusqu’en 1818, l’oncle des trois frères exerça les fonctions de maire d’Ohain. Par la suite, son frère, Antoine, le père des trois frères, lui succède de 1819 à 1840 et est, par conséquent, le premier bourgmestre de la localité devenue belge. 

Diplômé en Droit de l’Université de Louvain, avocat au Barreau de Bruxelles, Julien Mascart n’aura aucun rôle au niveau communal ; il apporte cependant sa contribution aux événements de 1830. Avant les événements, il est l’un des rédacteurs du Courrier des Pays-Bas et, après ceux-ci, il devient l’un des conseillers de Léopold Ier. Initié des Amis Philanthropes, il siège au conseil provincial du Brabant de 1843 à 1861, et préside cette assemblée entre 1848 et 1860. Ayant choisi de diriger l’exploitation agricole familiale après des études à l’Université de Louvain, son frère Antoine (né le 29 décembre 1806) succède à son père à la tête de la commune. Il s’acquitte de cette fonction de 1840 à son décès en 1887, en la modernisant. 

Dans le même temps, ce membre du parti libéral pousse la porte de la Chambre des représentants, en étant élu député de l’arrondissement de Nivelles entre 1848 et 1859, puis de 1863 à 1872. Dans les pas de ses deux frères, Louis Mascart s’en est distingué en optant pour la médecine. Diplômé de l’Université de Louvain (1832), étudiant à Paris, membre de l’Académie de médecine de Belgique (élu en 1848), il défend lui aussi les idées libérales quand il est élu au conseil provincial du Brabant (1861-1876), succédant à Julien. Président de l’Association libérale de l’arrondissement de Nivelles (1874), il entre à son tour à la Chambre en 1876, en tant que représentant de l’arrondissement de Nivelles, et y siège jusqu’au catastrophique scrutin de 1884. Enfin, ce n’est que très brièvement qu’il succède à Antoine à la tête de la commune d’Ohain (1887-1888). 
 

Sources

- Joseph TORDOIR, Des libéraux de pierre et de bronze. 60 monuments érigés à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Centre Jean Gol, 2014, p. 145-149 
- Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 416 et 417 
- Informations communiquées par les services administratifs d’Ohain, dont le fascicule Balade à la découverte du Patrimoine d’Ohain, s.d.

Place communale 
1380 Ohain

carte

Inaugurée le 11 mai 1890

Paul Delforge