SPW-Patrimoine

Forteresse de Crèvecœur et vestiges des fortifications

Siège d’un habitat depuis la Préhistoire, le site de Bouvignes et son attrait stratégique indéniable a de tous temps abrité des ouvrages défensifs. 

À partir du Xe siècle, l’appartenance de Bouvignes au comté de Namur lui procure une position importante, principalement caractérisé par sa proximité avec sa rivale liégeoise, Dinant. 

Dès le XIe siècle, un donjon est érigé sur l’éperon barré en même temps qu’une ville nouvelle qui concentre son habitat autour de l’église et du château réédifiés au XIIe siècle. En 1213, le comte de Namur accorde aux bourgeois de la ville des privilèges et des franchises : Bouvignes devient la seconde ville du comté, elle est le siège d’un baillage, circonscription administrative et judiciaire, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Au XIIIe siècle, des remparts ceinturent la ville au nord et au sud. La forteresse de Crèvecœur est construite au siècle suivant pour répondre aux constructions liégeoises mais c’est sous le règne de Charles Quint que son apogée est atteint. La place forte est toutefois détruite par les troupes du roi de France Henri II en 1554 et ne s’en releva jamais vraiment. Le site est progressivement abandonné. 

Au début du XVIIe siècle, le château comtal se détache de la ville, des ordres religieux s’y installent et Bouvignes devient peu à peu une ville ouverte. Château et remparts sont démantelés, la ville devient véritablement une cité sans éclat au XVIIIe siècle.

Vue aérienne du site de Bouvignes avec la forteresse de Crèvecœur et les vestiges d’une tour de défense au pied de l’église. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Malgré son déclin à l’Époque moderne, Bouvignes conserve encore aujourd’hui d’innombrables traces de son prestigieux passé : des bâtiments liés à son statut de chef-lieu de baillage et des vestiges d’ouvrages défensifs. 

Situées sur un promontoire rocheux en bordure de l’agglomération, les ruines de l’ancien château comtal témoignent de l’importante forteresse créée par le comte de Namur à la fin du XIe siècle. De considérables travaux d’agrandissement et d’adaptation interviennent aux XIVe et XVe siècles. 

Aujourd’hui, le donjon ne subsiste plus qu’à l’état de ruines, envahies par la végétation. Dominant la ville, les ruines du château de Crèvecœur témoignent elles aussi de l’importance défensive de Bouvignes au Moyen Âge. Cette seconde forteresse est érigée par le comte de Namur vers 1321 suite au siège de la ville par le prince-évêque de Liège Adolphe II de la Marck. Avec le château comtal, Crèvecœur assure la défense de la localité au cours des multiples phases de la lutte entre les deux bourgades voisines. La forteresse est toutefois mise hors d’usage par Henri II en 1554.

Du système défensif, nous conservons plusieurs ouvrages parmi lesquels la porte de la Val, proche de l’église Saint-Lambert. Cette ancienne porte d’entrée de la ville, remarquablement conservée, est composée de deux tours circulaires encadrant un passage voûté datant de la fin du XIVe siècle. Elle constitue le seul témoin notable des fortifications dont la ville était entourée depuis la charte communale de 1213 jusqu’au démantèlement par les Espagnols en 1672. 

D’autres vestiges des remparts médiévaux sont visibles rue de Meuse : un court pan de muraille évoque le souvenir de la porte Chevalier, autrefois entrée nord de l’enceinte. Plus loin se trouve une tour semi-circulaire, appelée tour Gossuin.
 

Le blason du duc de Bourgogne Philippe le Beau à Bouvignes. Photo de 1988 © KIK-IRPA, Bruxelles

En face du n° 40 de la rue de Meuse se trouve une trace liée au duc de Bourgogne et comte de Namur Philippe le Beau (1478-1506). 

Héritier des possessions habsbourgeoises et bourguignonnes, il devient également par mariage lié au roi de Castille et de León. Véritable fondateur de la dynastie espagnole et autrichienne des Habsbourgs, il est le père de Charles Quint. 

La dalle, datée de 1505, est placée dans le mur de soutènement d’accès à l’église et figure les armes martelées du comte et une inscription à sa base : « Philippe, par la grâce de Dieu roi de Castille, de León et de Grenade, archiduc d’Autriche, prince d’Aragon, duc de Bourgogne, comte de Flandre et de Namur ». En dessous, un second blason martelé est entouré du collier de la Toison d’Or entre deux croix de Bourgogne.

5500 Bouvignes-sur-Meuse

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013