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Grand-Place et hôtel de ville de Mons

En plein coeur de Mons, l’exceptionnelle Grand-Place et son hôtel de ville, reconnus patrimoine exceptionnel de Wallonie, comptent parmi les ensembles architecturaux les plus impressionnants de Belgique. 

Si l’origine de Mons est liée à la fondation d’un monastère par sainte Waudru vers 650, son passé comtal se précise au IXe siècle, lorsque le château acquiert une position stratégique. Une première enceinte, érigée au XIIe siècle, lui confère son aspect de ville. Au siècle suivant, Mons accède à l’autonomie : le pouvoir communal est détenu par un mayeur et des échevins. 

C’est à cette époque également que la ville devient la capitale du comté de Hainaut. Mons se caractérise aussi par sa nouvelle tradition juridique : la ville est peuplée d’avocats et devient le siège de la justice échevinale, de la Cour comtale et du Conseil comtal puis de la Cour souveraine et des États du comté de Hainaut, le tout se réunissant habituellement à l’hôtel de ville. Après la cession du comté au duc de Bourgogne, Mons reste fidèle aux Bourguignons puis aux Espagnols. 

La ville est sérieusement dévastée par les troupes de Louis XIV en 1691 comme d’autres grands centres urbains de l’actuelle Wallonie. Comme d’autres villes, elle entre dans les possessions françaises avant d’être rendue à l’Autriche en 1749. Son importance politique reste constante jusqu’à nos jours : Mons devient chef-lieu du département de Jemappes avant d’être celui de la province du Hainaut.

Comme cela fut le cas pour d’autres villes, la Grand-Place de Mons participe à la célébration du pouvoir nouveau. À Mons plus que nulle part ailleurs, ces célébrations républicaines prennent une tournure différente. La capitale de l’ancien comté de Hainaut est la première à se convertir aux idées nouvelles et, l’espace de quelques mois, à vivre à l’heure de Paris. Quelques mois avant les premières campagnes militaires de la République, l’hôtel de la Couronne, situé à la gauche de l’hôtel de ville, accueille brièvement en juin 1792 le comte de Provence (le futur Louis XVIII), en fuite. Le premier événement notoire est organisé sur la place de Mons le 6 janvier 1793. La société des amis de la liberté et de l’égalité y orchestre une fête civique en mémoire des soldats français tués à Jemappes. Un feu de joie voit disparaître l’aigle, la couronne, le sceptre, les armoiries du Hainaut… Une nouvelle fête est organisée le 6 février suivant, cette fois en présence de quelques représentants des communes du Hainaut.

La salle Saint-Georges sur la Grand-Place de Mons. En haut, la représentation en buste de Philippe III d’Espagne. En bas à gauche, les armoiries de Philippe II surmontées de la couronne royale et en bas à droite, les armoiries de Philippe III, toutes deux entourées du collier de la Toison d’Or © IPW

L’hôtel de ville de Mons domine la Grand-Place et attire le regard : son imposante façade gothique construite entre 1458 et 1477 est dominée par un élégant campanile érigé en 1717-1718. Parmi les nombreuses œuvres d’art conservées dans la maison communale se trouvent deux portraits d’officiers de l’Empire, le général André-Joseph Boussart et le colonel Ignace-Louis Duvivier. À l’intérieur sont présentes également les armoiries des divers États dont la ville de Mons a fait partie tout au long de l’histoire, parmi lesquels la République et l’Empire français.

Il était le lieu le plus fréquent des réunions des États du comté de Hainaut qui se tenaient généralement dans la salle des États située au-dessus de la chapelle Saint-Georges, ou dans la salle Notre-Dame. 

Le grand salon gothique est décoré des dix-sept écus des dynasties qui ont régné sur le comté et des blasons des cinquante-huit grands baillis de Hainaut. Il arrivait parfois que ces réunions se tiennent dans l’abbaye du Val des Écoliers, dont une tour subsiste rue Masquelier. 

L’édifice conserve également une belle cheminée provenant de l’ancien château d’Havré et décorée des armoiries des ducs de Croÿ entourées d’un collier de la Toison d’Or. 

L’hôtel de ville participait également aux fêtes officielles (bal, diner, concert), organisées lors des inaugurations des souverains des Pays-Bas.

Les armoiries (à gauche) et la devise (à droite) de Charles Quint sur la façade de la maison « Au Blanc Lévrié » à Mons © IPW

Sur la Grand-Place, de part et d’autre de l’hôtel de ville se trouvent deux immeubles portant des traces de l’appartenance de Mons et du comté de Hainaut à la couronne d’Espagne. 

À gauche, la façade de la salle Saint-Georges est décorée dans sa partie supérieure de deux blasons placés en-dessous d’un buste en bas-relief du roi Philippe III d’Espagne (1598-1621). 

Rehaussé de dorures, le portrait du roi est surmonté de la date de 1601 et accompagné de l’inscription « PHL[IPPU]S D[EI] G[RATIA] HISPANARV[M] AC INDIARVM REX » (Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Espagnes et des Indes). Le souverain porte sa couronne et le collier de la Toison d’Or. Le blason de gauche figure les armoiries de son père, le roi Philippe II. Entourées du collier de la Toison d’Or et surmontées de la couronne royale espagnole, elles comportent les blasons des diverses possessions du souverain. La composition est analogue à celle présente sur la façade de la Halle al’Chair de Namur. 

Les armoiries de droite sont cette fois celles de Philippe III ; elles sont similaires à celles de son prédécesseur mais sont dépourvues de la couronne royale. L’immeuble situé à droite de la maison communale est justement nommé « hôtel de la Toison d’Or », il est orné de trois blasons surmontés d’une couronne et entourés de la célèbre décoration créée par Philippe le Bon, premier comte de Hainaut de la maison de Bourgogne.

D’autres immeubles de la Grand-Place témoignent de la période impériale de la cité. Deux immeubles, construits en 1763 et 1766 portent un nom logiquement lié à cet état de fait ; il s’agit des hôtels de la Couronne impériale et de l’impératrice. La maison dite « Au Blanc Lévrié », située non loin de l’entrée de la rue des Clercs et datée de 1530, porte sur sa façade les emblèmes impériaux. Un premier cartouche porte un blason représentant l’aigle bicéphale, surmonté d’une couronne et entouré du collier de la Toison d’Or ; il s’agit des armes de Charles Quint. 

A côté, une colonne se trouve derrière un bandeau sur lequel est inscrite la devise de l’empereur, « plus oultre ». Les armoiries de l’empereur sont également visibles dans la cour intérieure du musée chanoine Puissant. Un écu représentant l’aigle bicéphale est accompagné de la couronne, du collier de la Toison d’Or et de la devise de l’empereur ; le tout est encadré par deux piliers.

Grand Place

7000 Mons

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013