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Manufacture impériale des armes de Liège

La fabrication d’armes civiles et militaires est une vieille spécialité liégeoise qui, au fil des siècles, se perfectionne et étend sa renommée. 

La Révolution industrielle permet à la région liégeoise de devenir un des plus importants centres armuriers du monde, une fois encore sous l’impulsion de Napoléon. 

Au début du XIXe siècle, la production est encore manuelle et les édifices qui renferment ces activités sont les demeures de marchands dits « fabricants » ; les ouvriers chargés d’assembler les armes travaillent alors le plus souvent à domicile. Il s’agit généralement de demeures qui se confondent avec d’autres dans le paysage urbain ou de demeures de prestige de construction plus ancienne mais que les grands manufacturiers se sont réappropriés. 

Plusieurs témoins subsistent dans les quartiers de Saint-Léonard et Coronmeuse, à cheval entre les communes de Liège et Herstal.

 Le fronton de l’hôtel Gosuin, place Coronmeuse à Herstal © IPW

L’hôtel Gosuin, situé place Coronmeuse, évoque aujourd’hui encore la personnalité de Jean Gosuin, cloutier de formation, directeur de la manufacture de Charleville avant d’arriver à Liège où il fonde une nouvelle usine qui connaît rapidement un succès grandissant. 

Le 24 mars 1803, son entreprise reçoit le monopole de la fabrication des armes militaires pour 6 ans. Les nombreuses campagnes menées par Napoléon à travers l’Europe offrent une quantité de travail considérable à cette manufacture privée. Gosuin vend les armes à l’État à un prix convenu de 29 F/pièce et engage de plus en plus : son entreprise passe de 51 ouvriers en 1799 à 1500 en 1813 !

 Fort de son succès, Gosuin acquiert un très bel hôtel de maître érigé à la fin du XVIIIe siècle. La demeure présente une haute façade de brique et calcaire de sept travées sur trois niveaux surmontée d’un fronton sur lequel figure une représentation de la Justice et de sa balance. Celle-ci est entourée de motifs caractéristiques de l’activité du fabricant (deux canons et une pile de boulets) et de l’époque (la Justice s’appuie sur des faisceaux républicains).

Non loin, au début du quai Saint-Léonard, subsistent les bâtiments de la manufacture nationale puis impériale des armes de Liège. Il s’agit de plusieurs habitations construites au XVIIIe siècle sises aux numéros 25-26 et 33-34. Prises en location par Jean Gosuin dès 1792 afin d’accroître la surface de ses installations, ces demeures ne témoignent en rien de leur passé. Dans ces maisons se trouvaient une salle de révision pour les canons, une salle de réception des fusils, des dépôts de pièces et de produits finis, des magasins de matière première et un entrepôt de bois de fusils. Après la période française, ces installations sont rachetées par le fabricant d’armes Pierre-Joseph Malherbe qui y exerce ses activités jusque dans la seconde moitié du XIXe siècle.
 

La plaque commémorative du banc d’essai des armes à feu de Liège © IPWD’autres bâtiments n’ont pourtant pas été conservés. La fonderie de canons, créée en 1803 et implantée sur le quai de Coronmeuse, a cessé ses activités en 1940. Les bâtiments ont ensuite été détruits pour ériger l’actuel athénée Liège-Atlas. Cette fonderie de canons possédait sous l’Empire six hauts fourneaux et six machines à vapeur. Sa production était assez importante bien que tout se faisait à la main. Autre établissement caractéristique de l’époque, le « banc d’épreuve des armes à feu », créé dès 1672, mais installé par la suite dans la rue Saint-Léonard, a lui aussi disparu. 

Aujourd’hui, une plaque commémorative apposée sur la façade du nº 243, rappelle cet état de fait. Elle comporte dans sa partie supérieure une représentation du perron liégeois au-dessus d’une inscription « Lieu où a été par Décret impérial du 14 déc[embre] 1810 et l’arrêté de la Préfecture de l’Ourthe du 13 mai 1811, établi le Banc d’Épreuve officiel des Armes à Feu de Liège, pour le bien du Commerce, de la Sécurité des utilisateurs et le Renom de l’Armurerie liégeoise ».

 

 

Quai de Maestricht 13 
4000 Liège

carte

Classé comme Monument le 24  juillet 1936
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Frédéric MARCHESANI, 2014