Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam
Médaillon Jules BERLEUR
Au milieu du parc de l’avenue Delchambre, à Huy, l’imposant banc dédié à Eugène Godin n’échappe pas au regard ; réalisé par Guillaume Geefs et inauguré en 1872 du vivant de l’industriel hutois, ce monument est destiné à accueillir les membres des associations de musique que patronne Eugène Godin. Dans la cité mosane, la vie musicale est fort intense au milieu du XIXe siècle. Le 12 juin 1853 avait été créée la Société d’Amateurs, à l’initiative de Godefroid Camauër, artiste né à Tilburg en 1821, formé à Liège auprès de Daussoigne-Méhul, et installé à Huy à partir de 1840 quand il est nommé maître de chapelle à l’église collégiale de la cité. Avec le soutien d’Eugène Godin, Camauër multiplie les activités musicales, inscrivant Huy au palmarès de plusieurs concours européens de chant puis d’harmonie. À Camauër succédèrent Eugène Hutoy (1876-1880) puis Jules Berleur.
Après des études musicales au Conservatoire de Bruxelles, où il obtient le 1er prix de composition, Jules Berleur (Huy 1838-15/08/1883) s’était révélé un pianiste, un compositeur et un professeur de musique talentueux et apprécié. Auteur d’opérettes, d’odes et de chansons souvent populaires dont la bibliothèque du Conservatoire de Liège conserve moins d’une dizaine de partitions, Jules Berleur avait pris l’habitude de composer la musique et de laisser à d’autres le soin d’écrire les paroles. L’opérette Les enfants du proscrit, et les chants Avant l’assaut et Pensée de nuit semblent les plus connus. Berleur s’intéressait aussi fortement à l’organisation des concours de sociétés chorales dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Plusieurs sociétés ont d’ailleurs fait appel à lui pour les diriger : l’Union chorale de Pâturages, le Cercle Rossini d’Ixelles, la Chorale de Bruxelles, la Lyrique d’Andenne. L’ensemble de ses compositions sont rassemblées dans un ouvrage publié vers 1880 et intitulé Œuvres chorales de Jules Berleur.En 1880, il prend la succession d’Eugène Hutoy à la tête de la Société des Amateurs, mais la maladie a raison de ses initiatives ; en trois ans, il avait redynamisé la société et créé le Cercle choral des Dames. Joseph Duysburgh lui succèdera.
Dès mars 1884 se constitue un comité pour élever un monument à la mémoire de Jules Berleur ; Eugène Godin préside ce groupement qui lance une large souscription. C’est dans le cimetière de Huy-la Buissière que s’élève l’impressionnant monument funéraire, réalisé à la mesure du personnage. Achevé en octobre 1884, il fait l’objet d’un important rassemblement de la famille et de très nombreux amis. En raison du mauvais temps, la cérémonie se déroule au Théâtre, plutôt qu’au cimetière. Plusieurs dizaines de personnes y écoutent les discours et l’interprétation d’œuvres de Berleur, avant qu’Eugène Godin ne les convie à un banquet. Sur la colonne du cimetière figure un médaillon dont la copie conforme est apposée au flanc de la colonne qui soutient le buste de l’industriel Godin, sur la gauche du fameux banc du parc de l’avenue Delchambre. Inauguré en 1872 ce banc était une initiative de l’association musicale « la Société d’Amateurs de Huy ». Il est vraisemblable que le « médaillon Berleur » de la « colonne Godin » devait être inauguré le même jour que le rassemblement au cimetière de la Buissière, en octobre 1884. Sous le médaillon de la « colonne Godin », gravée dans la pierre, la mention rend hommage
A
JULES
BERLEUR
COMPOSITEUR ET
DIRECTEUR
1838-1883
Cependant, aucune signature n’apparaît, ni au cimetière ni au parc de l’avenue Delchambre, ni sur la pierre, ni sur le bronze. Si les archives nous renseignent sur l’architecte (Ferdinand Heine) et sur le tailleur de pierre (Constant Paquot) du monument funéraire, elles restent muettes quant au sculpteur du médaillon.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont La Meuse, 6 mars 1884, 28 octobre 1884, 14 et 17 août 1903
Eugène DE SEYN, Dictionnaire biographique des sciences, des lettres et des arts en Belgique, Bruxelles, 1935, t. I, p. 49
http://www.zedfolio.com/pmb2/opac_css/index.php?lvl=author_see&id=7547 (s.v. mars 2015)
Jean Jacques ANDRIES, Précis de l’histoire de la musique, depuis les temps les plus reculés, suivi de notices sur un grand nombre d’écrivains didactiques et théoriciens de l’art musical, …
Souvenir d’un vieux disciple, dans Bulletin de la Société liégeoise de Musicologie, janvier 1993, n°80, p. 26-28
L’art universel, Bruxelles, 15 février 1873, p. 40
parc de l’Avenue Delchambre
4500 Huy
Paul Delforge