Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam
Mémorial PATTON à Arlon
Six ans avant Bastogne, les autorités de la ville d’Arlon prennent l’initiative de célébrer le célèbre général américain George Patton, le vainqueur de la bataille des Ardennes fin 1944, début 1945. L’idée d’un monument revient en particulier à la Commission des Fêtes d’Arlon, présidée par Julien Breyer. L’ensemble est réalisé par le Service communal des Travaux sur base des plans de son directeur René Barbier.
L’obélisque est offert par le sénateur Gilson d’Izel, et le médaillon est l’œuvre de Victor Demanet. L’inauguration se déroule le 26 mai 1957 en présence de nombreuses autorités civiles et militaires, dont le gouverneur du Luxembourg Octave Lohest et le général américain Fleming, commandant la « US Communication Zone/Advance Sector à Verdun ».
Le profil droit de Patton apparaît dans un grand médaillon en bronze et précède un double texte – français puis anglais – gravé dans la pierre de la stèle :
D’ICI
LE 24 DÉCEMBRE 1944
LE GÉNÉRAL PATTON
LANÇA LA 3E ARMÉE
DANS LA BATAILLE DES ARDENNES
FROM THIS POINT
ON DECEMBER 24, 1944
GENERAL PATTON
SENT FORTH THE BIRD ARMY
INTO THE BATTLE OF THE ARDENNES
L’endroit où est implanté le monument est celui où le militaire américain aurait motivé ses troupes, en vue de la contre-offensive des Ardennes, contre les armées du maréchal von Rundstedt. La tactique de ce dernier vise à prendre les ponts de la Meuse et à séparer les armées anglaises des forces américaines pour reprendre le port d’Anvers.
C’est autour de Bastogne que la bataille décisive se déroule au cours d’un hiver particulièrement terrible. Encerclées par la 5e Panzer Armee, les troupes alliées parviennent à résister et reçoivent finalement l’aide de l’aviation, avant que la division blindée de George Patton entre dans la ville le 26 décembre, créant un couloir de communication entre les défenseurs de Bastogne et les renforts. L’accomplissement de ce fait d’armes était remarquable. Le monument arlonais rend ainsi hommage au général américain qui commanda notamment la 7e, puis la 3e armée des États-Unis lors de la libération de l’Europe.
George Smith Patton Jr.
Depuis son plus jeune âge, servir l’armée américaine est l’objectif de George Smith Patton Jr. Actif au Mexique contre Pancho Villa, en Europe de l’ouest lors de la Grande Guerre, il est un ardent défenseur d’un accroissement de la puissance matérielle de l’armée US. Ayant débarqué au Maroc en 1942, il mène la campagne de Tunisie, conduit les troupes de la 7e armée en Sicile et arrive le premier à Messine (17 août 1943). Après le débarquement en Normandie, il reçoit le commandement de la 3e armée, mène une guerre éclair jusqu’en Lorraine, se montre décisif dans la bataille des Ardennes et poursuit sa route vers l’Allemagne. Nommé brièvement gouverneur militaire de la Bavière, avant d’être affecté au commandement de la 15e armée, il est victime d’un accident de la route et succombe à ses blessures (21 décembre), un an presque jour pour jour après la libération de Bastogne.
Le sculpteur Victor Demanet
Sculpteur des rois et des reines, des soldats et des résistants, des personnages historiques lointains comme de personnalités contemporaines, Victor Demanet a fait de l’espace public, notamment de Wallonie, sa galerie d’exposition. Remarqué au Salon des Artistes français de Paris, en 1923, pour son buste de Bonaparte à Arcole, il s’est rapidement imposé comme un portraitiste de talent auquel sont confiées de nombreuses commandes publiques.
Ayant grandi au confluent de la Sambre et de la Meuse, où ses parents tiennent un commerce d’antiquités au cœur de la ville, Victor Demanet (Givet 1895 – Namur 1964) était appelé à leur succéder si ses études à l’académie des Beaux-Arts (1916-1919) ne lui avaient pas donné le goût de la pratique de la sculpture. Élève de Désiré Hubin, Demanet eut la révélation en voyant des œuvres de Constantin Meunier et surtout celles traitant de la thématique sociale et ouvrière développée par le peintre/sculpteur bruxellois.
Lors d’un séjour à Paris, les œuvres de Rude, Carpeaux et Rodin avaient fini de convaincre Demanet que sa voie était dans la sculpture. Comme d’autres artistes de son temps, il va réaliser plusieurs monuments aux victimes des deux guerres ; auteur de plusieurs dizaines de médailles, il poursuit aussi une œuvre plus personnelle à l’inspiration comparable à celle de Constantin Meunier, avec de nombreux représentants du monde du travail. Sur le bord de la veste du général Patton, la signature de V. Demanet est particulièrement apparente.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 397
Jacques CHAMPAGNE, Arlon et son Patrimoine, Mémoires de bronze et de granit, t. I, Arlon, éditions Glane, province de Luxembourg 2011.
Jacques TOUSSAINT, Les médailles du sculpteur-médailleur Victor Demanet (1895-1964), dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, 1984, n°130, p. 141-204 + planches
Jacques TOUSSAINT, Victor Demanet dans Arts plastiques dans la province de Namur 1800-1945, Bruxelles, Crédit communal, 1993, p. 147.
http://users.skynet.be/fa530432/Intro/Monuments.htm
http://www.luxembourg-belge.be/diffusio/fr/je-choisis/visiter/tourisme-memoire/2eme-guerre/arlon/le-monument-au-general-patton_TFO10024.php
http://ftlb.be/fr/attractions/fiche.php?avi_id=1551 (s.v. juillet 2015)
Place du 12e Bataillon de Fusiliers « Remagen »
(carrefour des rues de Bastogne et de Neufchâteau)
6700 Arlon
Paul Delforge