Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam
Monument Jules PITOT
La lecture des trois faces de l’étonnant monument Jules Pitot, à Quiévrain, suffit à mesurer l’importance de l’hommage rendu par la population à son bourgmestre. Sur la face avant apparaît la dédicace principale et traditionnelle :
A
JULES PITOT
BOURGMESTRE
DE
QUIEVRAIN
1881-1910
______
SES CONCITOYENS
RECONNAISSANTS
Cette reconnaissance s’explique par l’activité déployée pendant près de 30 ans par ce maïeur libéral. Ainsi que le mentionne la face de gauche, il a contribué à
ENSEIGNEMENT
EMBELLISSEMENT
DE LA
COMMUNE
ainsi que, comme l’indique la face de droite, à l’établissement d’une importante infrastructure dans cette cité wallonne placée à la frontière française :
ABATTOIR
DISTRIBUTION
D’EAU
HYGIÈNE - VOIRIE
Ce n’est pas un buste que le sculpteur Léon Gobert a ciselé, ni un médaillon, mais la synthèse des deux dans un bas-relief en bronze, présentant le visage de Jules Pitot légèrement de côté. Sur la place aménagée en 1930 pour permettre le tracé du jeu de balle, au cœur de la cité ouvrière qu’il avait contribué à construire, le monument Pitot est positionné de telle sorte qu’il soit bien visible dans l’axe de la rue (aujourd’hui appelée) reine Astrid qui donne sur les deux côtés de la place. Sa présence face à la caserne des pompiers n’est pas non plus un effet du hasard. En 1908, le maieur Pitot avait en effet décidé de doter sa commune d’une compagnie de sapeurs-pompiers autonome, composée d’hommes de la localité.
Le monument comprend deux parties : le piédestal en pierre bleue ressemble à la toiture d’une tour d’église ; ce socle de pierre à degrés est surmonté par un fût à dominante de marbre gris, arrondi en son sommet. L’influence de l’Art Déco est manifeste. En plus de la recherche d’effets de profondeur et de décoration aux angles de la colonne, un jeu de couleurs a été créé par le choix de pierres différentes : la partie principale est foncée, tandis qu’un effet de rouge est donné à la transition entre le piédestal et le fût, et sur la partie supérieure de celui-ci. Aucune autre signature que celle de Léon Gobert, sur le bas-relief, n’apparaît sur le monument.
Léon Gobert (Wasmes 1869 – Mons 1935) est un artiste en vogue, au tournant des XIXe et XXe siècles, dans le Hainaut. Élève et disciple de Charles Van Oemberg à l’Académie des Beaux-Arts de Mons, dont il deviendra lui-même professeur (1899-1934), il a également suivi des cours à l’Académie de Bruxelles, où l’enseignement de Charles Van der Stappen l’a particulièrement inspiré. Prix Godecharle 1895, il s’est spécialisé dans la réalisation de sculptures, bustes, médaillons et bas-reliefs illustrant le travail de la mine, la misère et la condition ouvrière. On lui doit des types d’ouvriers ou d’ouvrières, des portraits et des sujets d’inspiration régionale. Travaillant surtout le bronze, il pratique aussi le modelage et la taille directe. Natif de Wasmes où il a laissé plusieurs œuvres, Léon Gobert a réalisé notamment la Fontaine de L’Ropieur à Mons.
Boussu, Hensies et Quiévrain, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 148
http://www.hetp.be/quievrain/frame.html?http://www.hetp.be/quievrain/bfp.htm (s.v. juin 2014)
Wallonia t. XII, 1904, p. 261.
Wallonia, t. XXI, 1913, p. 622.
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, t. 1 et 2, Bruxelles, CGER, 1990, p. 194, 598.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 634.
Place du Ballodrome
7380 Quiévrain
Paul Delforge