Ondulations telluriques de François et Georges Pirson
Le premier concours organisé, en 1993, par la commission des Arts fraîchement installée n'était pas un cadeau. Il était en effet demandé à des artistes, architectes ou paysagistes de concevoir l'aménagement du patio ouvert de l'immeuble des services centraux du Service public de Wallonie à Jambes ; soit un quadrilatère de vingt mètres de côté, entouré de hautes façades à l'apparence de jeux de construction : signes architecturaux divers, alternance de couleurs, oppositions légères de courbes et droites etc. L'ensemble architectural se lit comme une déclinaison épurée et contemporaine du vocabulaire de l'architecture classique.
Conscients que, dans un espace fermé comme celui-ci, il est inutile de rivaliser avec les façades, les deux lauréats, Françoise et Georges Pirson, respectivement sculpteur et architecte, ont préféré mettre l'accent sur les qualités essentielles du sol. Leur projet repose sur l'idée que le sol jaillisse naturellement, comme une excroissance régulière provoquée par des mouvements telluriques. La partie centrale du patio, couverte de dalle de grès ocre (psammite du Condroz), paraît gondoler sous l'effet d'une irrépressible force intérieure. Cette douce courbure s'oppose au mouvement vertical qu'impose l'architecture et concrétise un principe de travail auquel Georges Pirson tient beaucoup : "L'architecture adhère au corps de la terre qu'elle marque et épaissit de sa propre matière."
Des éléments verticaux en fer jaillissent du sol auquel les rattachent des tendeurs. Ce mouvement d'élévation évoque la présence de l'Homme (homo sapiens), dont l'une des étapes majeures du développement morphologique fut le passage à la station debout. A même le sol également, cinq sphères en fer oxydé, disposées selon une courbe exponentielle, suggèrent un long mouvement circulaire. Leur présence autorise des lectures plurielles. Elles peuvent évoquer la course des planètes autour du soleil, suggérer des masses de fer pur crachées par la terre nourricière, la représentation des électrons etc. Enfin, cinq blocs quadrangulaires recouverts de fines plaques de pierre composent un nouvel alignement régulier dont l'interrelation avec les autres mouvements contribue à amplifier la perception construite que l'on peut avoir de l'espace.
Le site : le centre administratif du Service public de Wallonie de la plance de la Wallonie à Jambes
L'évolution constitutionnelle de la Belgique accordant de plus en plus de compétences aux pouvoirs fédérés, la jeune Région wallonne a, dès le début des années 1990, dû trouver l'espace nécessaire à l'installation de ses nouveaux services administratifs. Lors des premières constructions des futurs bâtiments régionaux, c'est le décret pris par la Communauté française (pourcents applicables à l'intégration d'oeuvre d'art) qui fut d'application (immeubles Tilot et Bovesse II).
Rapidement toutefois, la Région, pressée de réussir son implantation dans sa nouvelle capitale, a mis en place sa propre commission des Arts. Avant même d'être officiellement créée, celle-ci a dû plancher sur l'organisation de quatre concours, destiné à l'aménagement du nouveau complexe architectural que la Région était en train d'ériger, sur la nouvelle place de la Wallonie, à Jambes.
Ces concours portaient sur l'aménagement du patio principal et des halls d'accueil des trois bâtiments. Les lauréats désignés ont été Françoise et Georges Pirson (Patio), Costa Lefkochir (Hall du bâtiment I), Francis Dusépulchre (hall du bâtiment II), et Anne Mortiaux (hall du bâtiment III).
Place de la Wallonie 1
5100 Namur (Jambes)
Conditions d'accès : halls et patio accessibles aux heures de bureau