Province de Liège, Musée de la Vie wallonne
Parc de la Boverie à Liège
Aujourd’hui parc de la Boverie, le lieu était autrefois champêtre ; les boeufs qu’on y faisait paître ont d’ailleurs donné leur nom à l’endroit. Il fut aménagé en parc à partir de 1853, lorsque les alentours devinrent un quartier chic après le percement de la dérivation de la Meuse.
En 1865, un jardin d’acclimatation s’y installe et occupe alors la moitié du parc actuel : lieu de promenade recherché, agrémenté de plans d’eau et de plantes exotiques, il recèle également un jardin zoologique. Ce jardin prendra un essor considérable en devenant le lieu de l’exposition universelle de Liège en 1905. De cette exposition subsiste le palais des Beaux-Arts (aujourd’hui Musée d’Art moderne et d’Art contemporain, et Cabinet des Estampes) dont l’architecture Louis XVI, inspirée du Petit Trianon de Versailles, est due aux architectes Soubre et Hasse.
Outre une salle des fêtes, aujourd’hui disparue, le parc abrite de petites constructions (volière, centre nautique…), ainsi que, à la pointe de l’île, une roseraie et un jardin à la française agrémenté de bustes de Liégeois célèbres, tel Auguste Donnay. La passerelle Mativa, ou pont Hennebique, du nom de son ingénieur, date, elle aussi, de l’exposition et reste une prouesse considérable d’ingénierie pour l’époque, méritant protection.
1931, 1945, 1949 : lieu de Congrès disparu
Actuellement, le palais des Congrès a sa place exacte à l’endroit où se trouvait jadis la salle des fêtes du jardin d’acclimatation, aujourd’hui disparue. Celle-ci fut le théâtre de plusieurs événements majeurs du Mouvement wallon, déjà hôte du second Congrès de la Concentration wallonne le 18 octobre 1931. C’est dans cette salle que se sont déroulées deux sessions véritablement historiques du Congrès national wallon.
Le premier Congrès national wallon, organisé les 20 et 21 octobre 1945, avec plus de 1.500 participants, est le premier grand rassemblement wallon après le second conflit mondial. Il est l’occasion, pour les Wallons, de faire le bilan de la guerre, de mettre en commun leurs idées et leurs revendications, d’aborder les grands thèmes qui seront ceux des différentes sessions du Congrès national dans les années à venir : problèmes économiques de la Wallonie, problèmes linguistiques, menace sur la culture française, avenir du pays. Le but est clairement affirmé par le président Joseph Merlot : définir une politique commune à toute la Wallonie.
Un vote est organisé sur l’avenir de la Wallonie, et la réunion à la France emporte le plus de suffrages. Suite à de nombreuses interventions, la solution fédéraliste est adoptée au second tour. Une commission est chargée de plancher sur un projet concret. Une exposition sur le Mouvement wallon dans la Résistance est également organisée au même endroit, entre autres à l’attention des congressistes.
Les 1er et 2 octobre 1949, le jardin d’acclimatation accueille à nouveau le Congrès national wallon, qui se réunit alors pour la cinquième fois. En pleine question royale, les congressistes décident de demander un dépouillement régional en cas de consultation populaire. Une position finale dans la question royale aura lieu lors du Congrès suivant mais, déjà, les Congressistes se prononcent contre un retour de Léopold III.
« Le 20 octobre fut une belle journée d’automne, tiède et ensoleillée, qui rendait paisibles les rives de Meuse. Le Congrès se réunit dans la salle des fêtes du jardin d’Acclimatation. Au même endroit fut organisée une exposition sur le mouvement wallon dans la Résistance, et qui fut visitée par les participants au Congrès. Outre les participants au Congrès se pressèrent environ 80 journalistes belges, suisses, hollandais et bien sûr des Français, sollicités par les organisateurs, placés derrière le Comité organisateur ou dans la fosse de l’orchestre. À partir de 9 heures, les congressistes se présentèrent de plus en plus nombreux aux portes de la salle, accueillis par des commissaires de Jeune Wallonie. Sur la scène prit place le Comité organisateur, face à l’imposante assemblée, qui allait goûter à une liberté de parole retrouvée après des années de clandestinité et de souffrance. La séance du matin s’ouvrit à 10 heures 30, elle devait durer deux heures. » Philippe Raxhon, Histoire du Congrès wallon d’octobre 1945, Charleroi, 1995, p. 49.
Un 14 juillet typiquement liégeois
Toujours actuellement, le parc de la Boverie est le lieu choisi par les Liégeois pour fêter le 14 juillet. À l’initiative des Amitiés françaises de Liège, des concerts et des animations sont alors organisés pour s’associer à la fête nationale française.
Véritable manifestation populaire, cette fête est idéale pour rappeler les nombreux liens historiques sentimentaux et culturels qui unissent la Ville de Liège avec la République française. Chaque année, la journée du 14 juillet est également l’occasion de plusieurs autres événements à Liège : réception donnée par le Consul général de France au palais des Congrès, dépôt de fleurs au monument à la Résistance et cérémonie d’hommage aux héros français et belges au cimetière de Robermont.
Parc de la Boverie
4000 lIège
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009