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Perron de Liège

Le perron liégeois est intimement lié à l’histoire de la cité et aux divers pouvoirs qui y étaient établis. Déjà Godefroid Kurth remarquait qu’au fur et à mesure que l’autonomie urbaine venait se placer à côté de l’échevinage pour lui disputer la juridiction de la cité, le perron changea de signification. 

Sans cesser de servir d’outil au prince et à l’échevinage, il devient de plus en plus un organe de publicité municipale et un symbole de la liberté communale. Ainsi, le perron devient symbole des pouvoirs acquis par la cité contre le prince-évêque. Il participe à la promulgation des édits, des lois et des règlements ; à ses pieds ou à proximité, les échevins jugent les contrevenants, font connaître leurs sentences et appliquent les châtiments. 

Proche de l’hôtel de ville, il est un instrument et un témoin de l’application de la justice. Mentionné pour la première fois sous le règne du prince-évêque Raoul de Zähringen (1167-1194), il symbolise le pouvoir de justice détenu par le souverain liégeois. On retrouve mention du monument une seconde fois lors de l’installation d’une fontaine sur la place du Marché entre 1285 et 1308. Immédiatement, le perron est placé au-dessus de cette fontaine. 

Sa très forte signification fut également à l’origine de ses malheurs : en 1467, Charles le Téméraire enleva le monument pour l’emporter à Bruges et ainsi signifier aux Liégeois leur défaite et la perte de leurs libertés. Rendu par sa fille Marie de Bourgogne, il fut restauré à de nombreuses reprises entre 1568 et 1986. C’est au XVIe siècle que sa restauration lui apporta sa physionomie actuelle : la fontaine est reconstruite, embellie de colonnes et de bassins, de sculptures chimériques. En 1697, l’œuvre est à nouveau renouvelée par Jean Del Cour et ornée du groupe des trois grâces supportant une pomme de pin, symbole de la liberté civique. 

Les marbres sont remplacés par d’autres matériaux, fonte ou pierre de taille au XIXe siècle. De forme hexagonale, le massif du monument est entouré d’un portique qui s’appuie sur des colonnes en forme de balustres renversés et est couronnée par une balustrade. Au-dessus de l’ensemble, le perron s’élève sur un piédestal servant de base à quatre lions couchés.

Son importance est aujourd’hui toujours bien présente : de nombreux endroits conservent des représentations des armoiries de la ville de Liège qui, depuis le XIVe siècle, intègrent le perron. Plusieurs princes-évêques firent également figurer le monument sur leurs monnaies.

Place du Marché 35
4000 Liège

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013