Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam
Plaque Benoît QUINET
Parmi les écrivains wallons qui marquent le début du XIXe siècle figurent trois poètes montois, Adolphe Mathieu, Charles Potvin et Benoît Quinet.
Se détachant du romantisme, Benoît Quinet (1818-1902) est « un poète lamartinien, religieux, moralisateur, patriote, tantôt railleur, tantôt intimiste ». Sans cesse, il réécrit ses textes et d’aucuns lui reprochent de trop souvent se répéter.
Étudiant à l’Université catholique de Louvain au début des années 1840, il y écrit ses premiers textes (Le prisonnier mystérieux, puis La Voix d’une jeune âme), poème à message patriotique ; avec Homme au masque de fer, il se laisse aller à publier un drame d’une grande fantaisie. Trouvant dans la vie locale, ses mœurs et ses coutumes, ainsi que dans la défense des intérêts de la Belgique ses principaux thèmes d’inspiration, il est considéré, de son temps et encore au début du XXe siècle, comme l’un des principaux porte-drapeaux du mouvement littéraire de langue française qui a pris ses racines à Mons depuis les années 1830. Dantan chez les contemporains (1851) est par exemple un recueil de satires politiques et littéraires des démocrates et libres penseurs de 1848. Lilia est un recueil d’odes ; Patria rassemble des chants patriotiques ; Au Village réunit des tableaux de genre ; quant à Science, il s’agit d’un poème philosophique dans lequel il expose ses convictions religieuses. Ses contemporains reprochent déjà à Quinet de vouloir trop remanier ses textes ; cette manie lui vaudra d’ailleurs la mésaventure d’être exclu de concours, les dates de production de ses œuvres ne correspondant pas aux délais imposés ; mais tous lui reconnaissent une inspiration entièrement wallonne et une verve pétillante, pleine d’ironie et de sarcasme. Ses succès de librairie sont grands. Il fut le continuateur de l’Armonaque dè Mons lancé par l’abbé Letellier et, de sa formation en droit, il a retiré matière à publier plusieurs brochures très spécialisées pour le monde de l’industrie.
Quelques semaines après la disparition de l’écrivain, la « minorité » catholique (parti auquel avait appartenu Quinet et pour lequel il sera candidat en 1878) sollicite du conseil communal de la ville une initiative pour « consacrer la mémoire du poète » ; en date du 22 juin 1903, il est décidé qu’une plaque commémorative sera apposée sur la façade du n°2 de l’ancienne rue du Mont-de-Piété, où le poète est décédé. Ornée d’effets figuratifs végétaux, elle est apposée avant octobre 1904. Par la suite, à une date inconnue, la plaque de bronze est transférée non loin de là, au cœur du Jardin du Mayeur. La trace de ce transfert est visible sur la plaque actuelle car, sur l’inscription actuelle :
NÉ À MONS
LE 2 AVRIL 1818,
LE POÈTE
BENOIT QUINET
EST MORT EN CETTE VILLE*
LE 29 DÉCEMBRE 1902
ÉRIGÉ PAR LA VILLE DE
MONS
on remarque que la mention « ville » a été superposée à l’inscription initiale, à savoir « maison »…
Régulièrement, lors des fêtes de Wallonie, en septembre, des fleurs sont déposées au pied de cet hommage au poète Benoît Quinet.
* anciennement MAISON
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse dont Le Monde illustré, n°2391, janvier 1903
Journal de Bruxelles, 30 décembre 1902 ; Journal de Charleroi, 31 décembre 1902 ; Le Courrier de l’Escaut, 3 janvier 1903
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 383
Benoit Quinet 1818-1902. Œuvres choisies, Hornu, impr. Abrassart-Malice, 1905
2 rue du Mont-de-Piété
(entre juin 1903 et octobre 1904)
Ensuite au Jardin du Mayeur
7000 Mons
Paul Delforge