Plaque Henri EVENEPOEL
Dans le cadre de la 14e « Fête annuelle des Fraises », le Syndicat d’initiative de Wépion, présidé par Gustave Maison, décide, au début des années 1980, d’ajouter une dimension plus culturelle aux festivités et de rappeler désormais les séjours d’artistes et écrivains inspirés par ce bord de Meuse, en inaugurant régulièrement des plaques commémoratives. Le premier artiste choisi est Henri Evenepoel. Comme l’évoque explicitement la mention gravée dans une pierre du pays et apposée dans le mur en moellons de la propriété située au 10 du Trieu Colin,
LE PEINTRE
HENRI EVENEPOEL 1872-1899
VECUT DANS CETTE MAISON AU
COURS DES ÉTÉS 1897 ET 1898
ET FUT INSPIRE PAR LE CALME
CHAMPETRE DU TRIEU COLIN
DON DU S.I.T. WEPION
À la fin du XIXe siècle, la propriété appartenait à une tante de l’artiste, Sophie Devis épouse du sculpteur Ch-Aug. Fraikin. Evenepoel bénéficia de l’hospitalité familiale durant deux étés qui ne furent pas nécessairement les plus heureux de sa vie. La découverte en 1981 d’une lettre inédite d’Evenepoel (lettre datée du 13 juillet 1897) a permis de situer précisément la maison en question, le peintre en ayant dressé à la fois un descriptif précis et deux croquis. En 1899, il séjournera encore à Dave, dans une maison louée au docteur Lavisé. De ces séjours, il reste des paysages peints au Trieu-Colin, à Wépion, dans la vallée de la Meuse à Dave, ainsi que quelques scènes paysannes ou des portraits d’enfants.
Né à Nice en 1872, de parents bruxellois, orphelin de sa mère à l’âge de deux ans, le jeune Henri Evenepoel bénéficie de l’aisance bourgeoise de son père, haut-fonctionnaire de l’État, et d’une grande curiosité familiale pour la musique et les arts graphiques. Le jeune homme suit des cours de dessins auprès d’académies et de maîtres bruxellois – Ernest Blanc-Garin, Adolphe Crespin – d’abord (1882-1892), parisiens (P-Y. Galland et G. Moreau) ensuite (1892-1894). À ses vingt ans, Evenepoel vit en effet dans la capitale française, où il est sensé se former au métier de décorateur. Il loge chez une cousine qui sera son modèle principal. Et il trouve auprès de Gustave Moreau surtout, mais aussi de Matisse notamment, des encouragements sincères. En 1894, son tableau Louise en deuil est reçu au Salon des Artistes français, premier signe de reconnaissance officielle de son talent. Il multiplie alors les portraits et, fasciné par les types populaires, il croque volontiers les scènes de la vie parisienne, l’animation des rues, les ouvriers rentrant du travail, cherchant aussi à saisir tous les mystères de la lumière. Mais son état de santé est alarmant ; il passe les deux étés 1897 et 1898 à Namur, mais durant l’hiver en 1897, il séjourne en Algérie cherchant à s’y soigner. De retour à Paris, ses compositions rencontrent un franc succès. Son tableau L’Espagnol à Paris est fortement apprécié (1899). Evenepoel s’est progressivement construit un style original que vient stopper brutalement la fièvre typhoïde qui l’emporte fin décembre 1899. Il s’apprêtait à épouser sa cousine Louise et à reconnaître le petit Charles, leur fils adultérin. Outre des portraits d’enfants de sa famille, le peintre Evenepoel est reconnu pour ses scènes parisiennes, représentant les gens endimanchés en général, ainsi que des femmes et leurs chapeaux en particulier, comme cette Dame au chapeau vert (1897) que conservait le Musée de l’Art wallon, institution aujourd’hui supprimée.
Sources
La Vie wallonne, 1981, n°373-374, p. 86-87
La Vie wallonne, IV, 1982, n°380, p. 273
Jacques STIENNON, Jean-Patrick DUCHESNE, Yves RANDAXHE (dir.), De Roger de le Pasture à Paul Delvaux. Cinq siècles de peinture en Wallonie, Éditions Lefebvre & Gillet, Les Éditeurs d’Art Associés, Art & Fact, 1988, p. 213
Astrid MATTARD, Henri Evenepoel, sur http://balat.kikirpa.be/peintres/Detail_notice.php?id=2232 (s.v. avril 2015)
Francis HYSLOP, Henri Evenepoel à Paris : lettres choisies 1892-1899, Bruxelles, Renaissance du Livre, 1971
Henri Evenepoel : 1872-1899. Exposition, Musées des Beaux-Arts de Belgique 17 mars – 12 juin 1994, Bruxelles, Crédit communal, 1994
Trieu Colin 10
5100 Wépion
Paul Delforge