Statue Charles-Joseph de LIGNE
Statue à la mémoire du prince Charles-Joseph de Ligne, réalisée par Charles Brunin, 1882-1883.
Située sur la place principale de Beloeil, une imposante statue rend hommage au prince Charles-Joseph de Ligne (1735-1814). Militaire, diplomate, écrivain, Charles-Joseph Lamoral, prince de Ligne, a servi plusieurs cours impériales et princières ; il a brillé dans les salons parisiens et, l’écrivain a publié une trentaine d’ouvrages, les uns consacrés à l’art de la guerre, les autres au théâtre ; romancier, autobiographe et mémorialiste, « ce prince cosmopolite » tenait ses quartiers dans la prestigieuse résidence royale qu’il possédait à Beloeil. Il paraissait dès lors naturel que cette localité accueille à un endroit central un monument rendant hommage à ce personnage illustre du XVIIIe siècle. À l’initiative de l’État, une statue est commandée à Charles Brunin (1841-1887).
Formé à l’Académie de sa ville natale auprès d’Étienne Wauquière, le montois Charles Brunin a suivi les cours de sculpture de Joseph Geefs à Anvers (1865-1868), avant de rejoindre à Bruxelles les cours d’Eugène Simonis. S’il ne remporte pas le Prix de Rome, il est aidé par la ville de Mons et fait de courts séjours en Italie (1871, 1873). Remarqué aux différents salons où il expose des œuvres de son inspiration, souvent des bustes « de type populaire italien » qui ont beaucoup de succès, il est nommé professeur de sculpture à l’Académie de Mons en 1875. C’est vers 1877-1878 que lui est commandée la statue du prince de Ligne. Il s’agit de la première d’une série d’autres commandes publiques ; ce seront cependant davantage des allégories qui lui seront demandées par la suite. Renonçant à son emploi à Mons (1882), pour s’installer à Bruxelles plus près des commanditaires publics, Brunin devait décéder subitement en 1887 alors qu’il réalisait la maquette du monument Dolez pour la ville de Mons.
La réalisation de la statue du prince de Ligne ne s’est pas déroulée dans les meilleures conditions. Dès 1878, l’artiste avait présenté une maquette de son sujet lors d’un Salon à Bruxelles. Chargée de valider le projet de Brunin, la Commission des Monuments exigea un certain nombre de modifications que l’artiste n’accepta pas ; selon un expert, l’élégance du prince était exagérée et l’allure générale donnait l’impression que le prince allait se mettre à danser ; un procès s’en suivit, semble-t-il, avant que, finalement, la Compagnie des Bronzes de Bruxelles ne procède à la fonte, en 1882. Le monument Charles de Ligne pouvait être inauguré. La statue représente le spirituel écrivain debout, habillé en costume de cour, donnant l’impression de tenir une conversation plaisante. Sur un socle carré, la statue trône au centre de la place principale du village de Beloeil. Le piédestal porte l’inscription :
LA COMMUNE DE BELOEIL
Au FELD-MARÉCHAL
CHARLES-EUGÈNE-LAMORAL,
PRINCE DE LIGNE.
3 MAI 1735—13 DÉCEMBRE 1814
Plusieurs hommages seront rendus à cet endroit, notamment à l’occasion du centenaire du décès du prince : à l’initiative du Cercle archéologique d’Ath et de la région, les 25, 26 et 27 juillet 1914…, Ath et Beloeil accueillent une prestigieuse manifestation (Congrès-exposition, concerts, défilé devant la statue, fête nautique, lecture d’œuvres, etc.) à laquelle s’associe notamment la Société des Amis de l’Art wallon. Il s’agit de la dernière grande manifestation culturelle en Wallonie avant la Grande Guerre.
Hugo LETTENS, La sculpture de 1865 à 1895, dans Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, Bruxelles, CGER, 1990, t. 1, p. 103
Hugo LETTENS, dans Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 311-313
Biographie nationale, t. 12, col. 185
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 160
Paul DELFORGE, Société des Amis de l’Art wallon, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1484-1486
L’Art moderne, 25 janvier 1914, n°4, p. 31
L’Art moderne, 14 juin 1914, n°24, p. 191
L’Art moderne, 2 août 1914, n°31, p. 241-243
Wallonia, 1913, p. 626-627
place communale – 7970 Beloeil
Paul Delforge