G. Focant 

Vestiges du palais de Marie de Hongrie et du château des comtes de Hainaut

Simple centre économique, administratif et religieux, Binche accède au rang de ville neuve en 1120 suite à une faveur comtale attribuée par Yolende de Gueldre, veuve du comte de Hainaut Baudouin III. Quelques années plus tard, Baudouin IV dote la ville d’une enceinte confiée aux bons soins de l’autorité communale, un cas unique. Comme cela sera le cas pour les principales villes du comté, de grands travaux de renforcement, d’agrandissement et de consolidation des remparts sont entrepris au XIVe siècle. Binche devient une des villes clés du Hainaut : elle est le siège d’une prévôté et devient une des Bonnes Villes du comté. 

Le portail provenant de l’ancien palais de Marie de Hongrie devant le musée du masque à Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

L’histoire binchoise reste toutefois marquée par l’arrivée sur son territoire de Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, gouvernante et régente des Pays-Bas espagnols. Elle choisit Binche pour y installer une de ses splendides résidences et confie au célèbre architecte montois Jacques du Broeucq la construction d’un palais intra-muros. C’est dans ce lieu d’exception qu’elle recevra Charles Quint du 22 au 31 août 1549. L’empereur y est reçu avec son fils, le futur Philippe II, dans le but de présenter le prince héritier à ses futurs États des Pays-Bas.

Vue du chœur de l’église du Très Saint Sacrement à Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

De cette résidence, il ne reste toutefois que très peu de vestiges. Les ruines du palais de Marie de Hongrie se confondent avec ceux du château des comtes de Hainaut, installé au même endroit. Creusé à même la roche, le donjon médiéval est accolé aux remparts et prend appui sur un éperon rocheux. Le donjon, résidence comtale édifiée au XIIe siècle, est accompagné d’une basse-cour, d’un marché et d’une église paroissiale. Les vestiges aujourd’hui retrouvés de ce château médiéval ont permis de montrer que le palais de Marie de Hongrie a quant à lui été édifié à partir du noyau castral primitif ; Jacques du Broeucq habille et surélève les structures existantes, réutilise certains volumes. Si de cette demeure, il ne reste que des ruines, plusieurs témoins plus conséquents ont été conservés : dix-huit colonnes provenant de la chapelle castrale du palais Renaissance se trouvent aujourd’hui dans l’église du Très Saint-Sacrement (anciennement église Sainte-Élisabeth de Hongrie) ; un portail de ce palais se trouvent aujourd’hui dans la cour du musée du Carnaval et du masque de Binche et un second à l’entrée de l’ancien hôpital militaire situé rue Masquelier à Mons. Tout autour des ruines de ces anciennes résidences se trouvent les remparts de Binche, reconnus patrimoine exceptionnel de Wallonie.
 

Les remparts de Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

L’hôtel de ville de Binche compte lui aussi des traces considérables de la présence de Marie de Hongrie dans la cité. Ce monument exceptionnel date essentiellement du XVIe siècle et a longtemps servi de poste de guet pendant les guerres incessantes en Hainaut. Le beffroi est incendié par les Français en 1554 et immédiatement reconstruit par Jacques du Brœucq à la demande de Marie de Hongrie. La façade porte encore les armoiries de la ville de Binche, de Charles Quint et de Marie de Hongrie, ainsi que le monogramme de la gouvernante des Pays-Bas espagnols. Des cartouches de pierre armoriés similaires se trouvent à l’étage. Enfin, la très belle et monumentale cheminée de la salle du Conseil, bien qu’étant une reconstitution, est décorée des armoiries et de la devise de Charles Quint.

 

 

Les armoiries de Charles Quint dans la salle des mariages de l’hôtel de ville de Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine
carte

Frédéric MARCHESANI, 2013