G. Focant - SPW
Église Saint-Gilles à Liège
Dominant la ville à l’ouest, cette ancienne église de l’abbaye augustinienne a été fondée autour d’un ermitage en 1124 et supprimée en 1786. Elle est devenue paroissiale en 1803. Des bâtiments de l’abbaye ne subsistent plus aujourd’hui que des vestiges situés dans la cour Saint-Gilles, au n° 31, occupé jadis par le préau du cloître.
L’église, érigée au XIe et au début du XIIe siècle en moellons de grès, a été profondément remaniée à diverses reprises. Le chœur et le transept ont été ravagés par un incendie en 1568. Au milieu du XVIIIe siècle, l’orientation est modifiée : le chœur est transféré à l’ouest dans le narthex.
À partir de 1891, l’édifice en ruines subit une restauration radicale et un agrandissement sous la direction de l’architecte Auguste Van Assche. L’orientation primitive est rétablie. La nef devient chœur et est prolongée par une abside semi-circulaire. Les bas-côtés sont reconstruits en style néo-roman et la tour de façade est précédée d’une nouvelle nef néo-romane de cinq travées, bordée de collatéraux. De part et d’autre de cette tour est construit un transept bordé d’une chapelle semi-circulaire, au sud, et au nord, d’un porche de style Régence. Ce dernier est daté de 1773 et porte les armes de l’abbé Chantraine. L’édifice est éclairé par des baies en plein cintre. La tour est rythmée par des lésènes et des frises d’arceaux et supportée par quatre piliers cruciformes. Les baies géminées sont caractérisées par leur remplage néo-roman.
Parmi les nombreuses pierres tombales encastrées dans les murs se trouve le monument commémoratif du prince-évêque Albéron Ier (1122-1128), inhumé selon son souhait au pied de l’autel dédié à saint Gilles. Détruite dans un incendie en 1568, cette sépulture a depuis disparu. Une dalle est alors érigée en 1646 à l’initiative de l’abbé Jean de Nollet pour rendre hommage à l’ancien bienfaiteur de l’abbaye. Sculptée dans la pierre, elle comporte l’inscription traduite suivante : « À la mémoire du seigneur, évêque et prince de Liège Albéron premier du nom, fils d’Henri II comte de Louvain (…) fondateur de cette première abbaye Saint-Gilles, qui mourut l’an du seigneur 1128 (…)».
L’inscription est surmontée des emblèmes princiers traditionnels, crosse, épée et mitre, et est encadrée des armoiries du prince-évêque à gauche et de Jean de Nollet, abbé de Saint-Gilles à l’origine de l’édification du monument, à droite. Un profil mouluré suit le contour de la plaque dont le décor comporte également quatre têtes de chérubins ailés. Il est intéressant de noter que l’initiative de l’abbé de Saint-Gilles envers Albéron Ier survient la même année que celle de l’abbé de Saint-Jacques envers Baldéric II 7. En 1646, deux abbés rendent hommage à deux anciens princes-évêques, fondateurs de monastères.
Cour Saint-Gilles
4000 Liège
Classée comme monument le 24 juillet 1936
Institut du Patrimoine wallon