G. Focant SPW

Église Saint-Pierre à Bastogne

L’église Saint-Pierre est édifiée à l’emplacement d’un premier bâtiment daté du VIIe siècle. Au XIIe siècle, la construction romane est caractérisée par une tour robuste en grès. Un incendie en 1236 détruit l’édifice qui est reconstruit et transformé à diverses reprises jusqu’à l’église-halle de 1536, que l’on connaît encore aujourd’hui. L’église conserve plusieurs traces datant du règne de Charles Quint.

S’inspirant du modèle rhénan, l’église en style gothique flamboyant est ouverte d’une rosace datée de 1868 dans le portail nord néogothique et composée d’une tour annexée au portail néo-gothique construite en grès qui devait être couverte d’un enduit traditionnel. Elle est surmontée d’une toiture pyramidale à coyaux en ardoises.

La nef est flanquée de deux collatéraux qui selon le principe de l’église-halle ont la même hauteur que celle de la nef centrale. Les cinq travées de la nef ainsi que les deux travées du chœur sont couvertes d’une voûte polychrome au réseau dense de liernes et tiercerons. Les clefs des nervures sont ornées de motifs anthropomorphes, végétaux, floraux ou héraldiques. Elles sont dédiées aux saints patrons de l’église (saints Pierre, Catherine d’Alexandrie, Barbe, Sébastien, etc.) ainsi qu’aux protecteurs de l’édifice (Jean de Boulant, famille Malberg, etc.). Les voûtains figurent diverses scènes telles que les trois miracles de saint Michel.

La voûte polychrome est entièrement couverte de peintures murales attribuées à Renadin de Wicourt. Des scènes tirées des testaments côtoient des personnages ayant réellement existé, parmi lesquels Charles Quint, qui aurait visité le sanctuaire en 1536. Tous sont liés à l’ancien duché de Luxembourg.

La clé de voûte représente l’aigle bicéphale et les briquets de Bourgogne dans l’église Saint-Pierre de Bastogne, la seconde travée de la nef centrale comporte une clef de voûte datée de 1535-1536 et porte les armoiries polychromées de l’empereur. On y retrouve l’aigle bicéphale, la croix de Saint-André, la couronne impériale et le grand briquet de Bourgogne placés sur un écusson de forme ronde gravé en relief.

Dans chacun des quatre voûtains de la nef latérale sud figurent deux médaillons portés par des figures fantaisistes et représentant des personnages de l’époque que rien ne permet d’identifier avec certitude. Selon l’étude de Louis Lefebvre, il pourrait s’agir de la lignée bourguignonne et donc des ascendants de Charles Quint (peut-être l’empereur jeune ou encore Philippe le Beau) (LEFEBVRE L., L’église Saint-Pierre à Bastogne in Annales de l’Institut archéologique du Luxembourg, t. CI – CII, Arlon, 1970-1971, 354 pages).

La 5e travée de la nef sud représente Charles Quint de manière formelle cette fois. Revêtu d’une armure et portant la couronne impériale, il est représenté à genoux, les mains jointes devant un prie-Dieu. Ses armoiries toutefois plus facilement identifiables et entourées d’un collier de la Toison d’Or, apparaissent sur sa cuirasse, à droite. Au-dessus, une inscription étonnante «pas plus oultre», déformation de la devise de l’empereur. Son épouse Isabelle de Portugal lui fait face, également en prière et portant la même couronne que son époux.

La première travée de la nef latérale nord porte les armes de Robert de Boulant, grand prévôt d’Ardenne sous le règne de Charles Quint. Ce blason date pour sa part de 1545.
 

Place Saint-Pierre
6600 Bastogne

carte

Classée comme monument le 22 février 1938
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon