Conséquence de la féodalité qui s’installe, entre le Xe siècle et le XVIIIe siècle, le pays wallon est morcelé en de nombreux territoires, parfois indépendants. Ces comtés, duchés et autres principautés suscitent la convoitise des puissants voisins européens et s’inscrivent au coeur de l'histoire européenne. Au travers d’une synthèse et de documents, retrouvez le sort de ces hommes et de ces femmes, que l’on désigne déjà par l’adjectif « wallon ».
Le Hainaut sous les Baudouin (1098-1195)
Les croisades et la querelle des Investitures ont des conséquences immédiates sur l’exercice du pouvoir dans les petits états naissants. N’ayant plus qu’un lien de subornation distant à l’égard de l’empereur, les grandes familles locales tissent leurs propres rapports féodaux : généralement, l’une d’entre elles prend l’ascendant et assure elle-même « l’autonomie » d’un territoire qui devient un véritable petit État souverain. Chaque famille régnante cherche à tisser de solides alliances (mariage, alliance, etc.), mais cela n’évite pas les conflits entre voisins immédiats, qui sont réguliers. De surcroît, l’émergence de la puissance française qu’elle soit militaire, politique, culturelle (les arts, l’Université de Paris, la langue, le vin…, etc.) ou économique (foires, etc.), rend plus compliquées les relations à l’échelle de l’Europe, surtout lorsque l’Angleterre conteste la succession au trône de Hugues Capet.
Malgré l’usurpation de Robert le Frison, subsiste auprès de la dynastie des Baudouin l’espoir d’un rétablissement de l’union entre Hainaut et Flandre. Sous Baudouin III (1098-1120), Baudouin IV le bâtisseur (1120-1171) et Baudouin V le courageux (1171-1195), les comtes de Hainaut renforcent l’organisation de leurs biens : les cités sont fortifiées (entre 1127 et 1158) ; une administration très centralisée est mise en place, contrôlant l’impôt et la justice sans laisser de place au partage du pouvoir ; les grandes familles sont muselées ; des chartes de franchises sont octroyées aux bourgeois, mais de manière parcimonieuse Les mêmes comtes nouent des alliances matrimoniales pour garantir la pérennité voire l’extension de leur patrimoine. Enfin, dès 1184, en l’absence d’héritier, le comte de Namur vend ses terres en viager à Baudouin. La naissance d’une fille (1186) pousse Henri l’Aveugle à dénoncer l’accord et c’est par les armes que le comte de Hainaut s’empare du Namurois (1194) érigé en marquisat. Jusqu’à Philippe le Bon, le marquisat reste un fief lige des maisons du Hainaut (1194-1263) puis de Flandre (1263-1429).
Références
ANA ; Bo ; DCM17 ; DCM20 ; Er35c ; Er-Cover ; ErCoverNa-Lg ; WPH01-219
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)
Réunion des comtés de Flandre et de Hainaut sous la couronne de Baudouin VI et de Richilde (1067-1070)
Par son mariage avec Richilde, Baudouin – dont le père est comte de Flandre – devient comte de Hainaut sous le nom de Baudouin Ier (1051-1070). À la mort de son père, il hérite du comté de Flandre et, pendant trois années, Hainaut et Flandre sont réunis sous une même couronne (1067-1070). Baudouin VI ne survit que trois années à la mort de son père. Les deux comtés reviennent alors à des souverains différents.
Références
ANA ; Bo ; DCM17; DCM20; Er35c; WPH01-219
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)