Godeaux Lucien

Académique, Mathématique, Militantisme wallon

Morlanwelz 11/10/1887, Liège 21/04/1975

Dans le monde des mathématiques, le nom de Lucien Godeaux émerge littéralement. Professeur à l’Université de Liège de 1925 à 1957, il s’inscrit dans la lignée de géomètres doués et s’impose comme le chef de file de l’école liégeoise moderne des Sciences mathématiques. Son don était précoce ; il avait été repéré par ses professeurs à l’Athénée d’Ath. Jeune étudiant à l’École des Mines de Mons (1906), il adressait déjà des notes à l’Académie afin de faire progresser les sciences, en particulier la géométrie algébrique, différentielle et projective. Ce réflexe, communiquer en publiant des articles, il le conservera toute sa vie comme en témoigne sa volumineuse bibliographie, dont ressort un titre phare Les géométries (1933). Quand il est fait docteur en Sciences physiques et mathématiques de l’Université de Liège en 1911, il compte déjà soixante articles… Voyager, aller à la rencontre de la connaissance étaient aussi une nécessité pour celui qui avait suivi les cours de Federigo Enriques à Bologne. En 1949, il fonde le Centre belge de Recherches mathématiques, qu’il préside jusqu’en 1966.

Le mathématicien s’intéresse aussi à la chose publique, à la défense de la langue mais surtout du droit des gens. Cofondateur de la section de Liège de la Ligue des Intellectuels wallons (1938), il figure parmi les promoteurs de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie qu’il préside dès 1943. Vice-président du Congrès national wallon qui se tient à Liège les 20 et 21 octobre 1945, il se prononce en faveur du fédéralisme. Résumant les griefs wallons en matière culturelle, il s’inquiète de la disparition de foyers de langue française en Flandre, de la flamandisation progressive des structures belges et d’un gaspillage de moyens financiers par des saupoudrages justifiés par des préoccupations seulement linguistiques. En 1947, il est l’un des signataires de la pétition La Wallonie en alerte, dénonçant la minorisation du pays wallon. Actif au sein de mouvements wallons jusque dans les années 1960, il fut, sans conteste, l’un des piliers de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie.

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 730
François JONGMANS, dans Nouvelle Biographie nationale, vol. 4, 1997, p. 188-191

© Sofam

Ochs Jacques

Culture, Caricature, Peinture, Sport, Olympisme

Nice 18/02/1883, Liège 03/04/1971

Né à Nice de parents musiciens venus d’Allemagne, Jacques Ochs arrive à Liège avec sa famille, en 1893. Dès 1897, il arrache à ses parents l’autorisation de suivre les cours du soir de dessin à l’Académie des Beaux-Arts de Liège. Après le Collège Saint-Hadelin de Visé, l’Athénée de Herve et celui de Liège, il fréquente à temps plein les cours supérieurs de l’Académie (1899). Élève d’Émile d’Heur, d’Évariste Carpentier et d’Adrien de Witte, il publie ses premiers dessins, humoristiques, sous forme de cartes postales. 

Premier prix de peinture avec la médaille en vermeil du gouvernement et prix Auguste Donnay, il achève l’Académie en 1903, séjourne brièvement en Toscane, avant de poursuivre sa formation à l’Académie des Beaux-Arts de Paris (1904-1906). Hésitant entre la peinture et la caricature, il est sollicité par des journaux et des revues qui apprécient le talent de l’observateur attentif et critique de la société. 

En 1910, quand Jacques Ochs apporte son premier dessin au Pourquoi Pas ?, commence une très longue et fructueuse collaboration, l’hebdomadaire le laissant exprimer sa verve de caricaturiste ironique et incisif dans des croquis qui feront la couverture de nombreux numéros jusqu’en 1958. Sa réputation de caricaturiste est faite. Pourtant, il s’occupe toujours de peinture et expose à diverses reprises. Après la Grande Guerre, il s’orientera vers le genre des tableaux historiques ou commémoratifs, ainsi que des scènes de la vie quotidienne puis, de plus en plus, vers le portrait. Affichiste et portraitiste, Jacques Ochs pratique encore le reportage dessiné (dans les grands procès) et apporte sa contribution au Petit Parisien et à la Nation belge.

Avant-guerre, Jacques Ochs se montre aussi brillant escrimeur, enlevant de nombreuses épreuves tant en Belgique qu’à l’étranger. Il décroche notamment une médaille d’or olympique à Stockholm en 1912 et le titre de champion du monde à l’épée à Barcelone, en 1914. Amateur d’aviation, il accomplit très tôt son baptême de l’air (vers 1909-1910) et deviendra officier observateur en 1917. Bien que dispensé de service militaire, il s’est porté volontaire et, en 1915, a été initialement engagé dans le corps des autos blindées comme chauffeur mitrailleur canonnier. Passé à l’aviation, il est blessé lors d’une mission de reconnaissance (août 1917). Néanmoins rappelé au front (avril-octobre 1918), le dessinateur réalise durant sa convalescence des croquis du front et des dessins évoquant l’actualité de l’immédiat après-guerre.

Au lendemain de l’Armistice, Jacques Ochs entre comme professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Liège où, à partir de 1921, il est en charge du cours de peinture. En 1934, il est nommé directeur de l’Académie. Simultanément, lui échoit la direction du musée des Beaux-Arts de la ville de Liège. Avec Jules Bosmant, il conseille l’échevin Auguste Buisseret lors de la vente par Hitler de tableaux considérés comme « Art dégénéré » (Lucerne, 30 juin 1939). À cette occasion, la ville de Liège se porte propriétaire de Picasso, Gauguin et autre Chagall.

Défenseur du monopole de la langue française partout en Belgique, celui qui a fondé les Amitiés françaises avec Olympe Gilbart notamment en 1909 produit volontiers des dessins pour Noss Pèron (1922), La Défense wallonne (1923-1926), L’Action wallonne (1933-1940) et, après la Libération, Wallonie libre (1945-1946). Membre de la section de Liège des Amitiés françaises (1937-1940), il prend une part active dans l’organisation de nombreuses manifestations visant à défendre l’influence de la France en Belgique. Mais la reconnaissance publique dont jouit alors Jacques Ochs, notamment ses fonctions à l’Académie, suscite des jalousies.

Après s’être réfugié en France en mai 1940, il revient à Liège où il est arrêté le 20 novembre 1940 par la Gestapo qui lui reproche une couverture du Pourquoi Pas ? représentant un Hitler aux mains sanglantes. En fait, J. Ochs est victime de dénonciations de la part de son collègue de l’Académie Auguste Mambour. Mis au secret à la prison Saint-Léonard à Liège, J. Ochs est ensuite conduit à Breendonck où il est incarcéré (décembre 1940-février 1942). Durant cette captivité, il parvient à réaliser des croquis et des portraits bouleversants qui, publiés en 1947, sont un témoignage des pénibles conditions vécues par les détenus. De février 1942 à juillet 1944, il est assigné à résidence. Il se plonge tout entier dans la peinture avant d’en être brutalement ressorti par la Gestapo qui l’arrête à nouveau. Il est encore arrêté le 4 juillet 1943 et emprisonné jusqu’à la Libération. Dénoncé comme “ juif ”, il est conduit au camp de Malines et évite in extremis la déportation, grâce à l’arrivée des troupes alliées (septembre 1944). Il recouvre alors ses fonctions de directeur de l’Académie et de conservateur du musée des Beaux-Arts de Liège, avant d’y renoncer en 1948. La même année, il devient correspondant de la section de peinture de la classe des Beaux-Arts de l’Académie dont il est élu membre en 1953.

En octobre 1945, il participe au Congrès national wallon de Liège sans que l’on sache pour quelle solution il a voté. Néanmoins, quand il signe, en 1949, la pétition La Wallonie en alerte, avec une cinquantaine d’académiciens et de professeurs d’université, il se montre clairement opposé à la minorisation politique de la Wallonie et favorable à une formule d’un Parlement paritaire, à défaut de l’instauration du fédéralisme. En décembre 1952, il est encore l’un des cinquante signataires wallons du Manifeste des Intellectuels wallons et flamands, aussi appelé Accord Schreurs-Couvreur.

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1200-1201
Nouvelle Biographie nationale, Bruxelles, 1997, t. 4, p. 283-285
Jacques Ochs (1883-1971) œuvre graphique, Fondation Jacques et Yvonne Ochs-Lefèvre, Catalogue rédigé par Bénédicte SCHIFFLERS, Bruxelles, 1997
Index biographique des membres, correspondants et associés de l’Académie de Belgique, 1769-1984, p. 198
La Wallonie, le Pays et les Hommes, t. 3, p. 271
Rétrospective Jacques Ochs. Musée de l’Art wallon. Liège juin 1975, Liège, 1975
Jacques OCHS, Breendonck, bagnards et bourreaux (1947)

Le Congrès national wallon des 20 et 21 octobre 1945

Durant la guerre, des mouvements wallons de résistance sont unanimes lorsqu’il s’agit de se défaire du joug nazi mais les notes sont discordantes quand il faut présenter un projet politique commun pour la Wallonie à l’heure de la Libération. Pour construire un consensus, le mouvement Wallonie libre, créé en juin 1940, propose d’organiser, dès la libération venue, un Congrès qui définirait ce projet. Les 20 et 21 octobre 1945, le Congrès national wallon organisé à Liège est le premier grand rendez-vous de toutes les forces vives de la Wallonie libérée et consciente de son identité. Il va permettre à toutes les opinions de s’exprimer, les plus radicales comme les plus modérées. Plus d’un millier de personnes sont présentes.
Quatre solutions seront proposées au vote des congressistes qui ont le loisir de les défendre, discuter et argumenter :
- le maintien de la structure unitaire de la Belgique avec des modifications plus ou moins importantes dans l’appareil constitutionnel ou légal ;
- l’autonomie de la Wallonie dans le cadre de la Belgique ;
- l’indépendance complète de la Wallonie ;
- la réunion de la Wallonie à la France.
Un double vote est officiellement prévu. Le premier qualifié de sentimental permettra aux congressistes de laisser parler leur cœur. En effet, sur 1048 votants, il y a :
- 17 voix en faveur de la première solution - le maintien de la structure unitaire de la Belgique avec des modifications plus ou moins importantes dans l’appareil constitutionnel ou légal ;
- 391 voix en faveur de l’autonomie de la Wallonie dans le cadre belge ;
- 154 voix en faveur de l’indépendance complète de la Wallonie ;
- 486 voix en faveur de la réunion de la Wallonie à la France.
Après de nouveaux débats, c’est à main levée qu’une proposition favorable au projet fédéraliste est approuvée (à l’unanimité moins 12 voix). Ce second vote sera présenté comme un vote de raison. Une commission sera créée au sein du Congrès national wallon afin d’étudier les modalités du fédéralisme ainsi retenu. Le Congrès national wallon s’entoure de juristes et rédige un projet de réforme institutionnelle visant à introduire le fédéralisme en Belgique. Une proposition de loi est déposée à la Chambre en 1947 mais elle est rejetée sous prétexte qu’aucune modification institutionnelle ne peut intervenir en période de Régence. Le combat pour l’instauration du fédéralisme sera encore long.

Références
Pôle Recherche et Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Schreurs Fernand

Militantisme wallon, Politique, Résistance

Liège, 26/07/1900, Liège 11/12/1970

Avocat inscrit au Barreau de Liège, Fernand Schreurs a été l’une des chevilles ouvrières du Mouvement wallon de 1938 à 1970. Militant et résistant wallon, il a été le secrétaire général du Congrès national wallon (1943-1970), travaillant au rassemblement des forces wallonnes autour d’un programme commun. Convaincu que le fédéralisme est la solution à la question belge, il cherchera durablement des relais auprès des fédéralistes flamands (Accords Schreurs-Couvreur en 1952, Centre Harmel de 1949 à 1955, collège fédéraliste en 1962). 

Au sein de son propre parti, ce libéral wallon n’aura de cesse de souligner les griefs wallons et de suggérer des solutions adaptées. Fédéraliste de la première heure, défenseur du retour des Fourons à la Province de Liège, il dénonçait dès 1945 les dangers qui menaçaient l’économie wallonne : fermeture d’usines, déplacement des entreprises vers la Flandre, des conseils d’administration et centres de décision vers Bruxelles, disparition des banques wallonnes.

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. III
Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
DELFORGE Paul, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II, p. 327
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV, p. 457

Plisnier Charles

Culture, Littérature

Ghlin-les-Mons 13/12/1896, Bruxelles 17/07/1952

En 1937, l’attribution du Prix Goncourt à Faux-Passeports consacre pour la première fois un écrivain ne possédant pas la nationalité française. Né à Mons, Charles Plisnier n’aurait certainement pas renié cette identité comme en témoignent à la fois son écriture et ses engagements citoyens. De sa ville natale, il ne pourra jamais se déprendre ; et si la Wallonie était sa patrie charnelle, la France, assurément, était une patrie spirituelle, dont il admirait la culture et la langue.

Avant la Grande Guerre déjà, l’adolescent frayait dans les milieux wallons, à Charleroi comme à Mons. Inscrit en droit à l’Université libre de Bruxelles, Plisnier publie le recueil de ses premiers vers (1912), prête sa plume à plusieurs journaux et revues aux idées socialistes révolutionnaires et est de plus en plus attiré par l’action révolutionnaire. La Révolution russe le sensibilise au communisme. Fils d’un industriel progressiste, Plisnier rallie la Troisième Internationale (1919), puis le parti communiste (1921). Avocat inscrit au Barreau de Bruxelles, il ne plaide que dans les affaires qui concernent les ouvriers. Adhérant aux thèses de la Révolution permanente prônée par Trotsky, il est exclu de l’Internationale, par les Staliniens (1928), alors qu’il est membre du Praesidium juridique international. Par la suite, rejeté par les Trotskistes, Charles Plisnier devient un communiste déçu, qui se pose beaucoup de questions, avant de se tourner vers Dieu. Ce parcours atypique fait définitivement de Plisnier « un hérétique pour la majorité de ses contemporains » (la formule est de Ch. Bertin).

La rupture avec le communisme ramène sa plume dans la main du poète : en moins de six ans, il publie onze volumes, où la poésie occupe la première part. Une poésie marquée par certaines libertés surréalistes. Une poésie où le vers est libre, la ponctuation absente. Puis vient son premier roman, Mariages (1936), qui remporte un éclatant succès de librairie. L’année suivante, Faux-Passeports est consacré par le Goncourt qui retient aussi – fait exceptionnel – Mariages. Ce recueil de nouvelles fait le bilan de son expérience de militant : est-il artiste ou politique ?
Renonçant au barreau, Plisnier part s’installer en France (1937) pour se consacrer exclusivement à l’écriture. 

Le contexte international – en particulier le danger immédiat que court la Wallonie face à la montée du nazisme – le ramène vers la politique. Opposé à la politique de neutralité de la Belgique, il aspire à un changement radical de statut pour sa terre natale. Lors du Congrès national wallon d’octobre 1945, il plaide sans ambages en faveur de la réunion de la Wallonie à la France. Il alliera la défense de la spécificité française de la Wallonie à un combat en faveur de la construction européenne. Membre du Mouvement européen, on le rencontre à tous les congrès européens de l’après-guerre où il se préoccupe en particulier de la question des minorités. En 1950, il accepte la présidence du bureau permanent de l’Union fédéraliste des Minorités et des Régions européennes (UFMRE). Membre du Comité permanent du Congrès national wallon, il assiste à la plupart des grands rendez-vous wallons de l’après-guerre.

Wallon français, membre de l’Académie (Destrée) de Langue et de Littérature françaises (1937-1952), Plisnier est tenaillé par l’écriture ; très souvent, ses personnages connaissent un drame intérieur... « Écrire n’est pas un jeu, déclare-t-il. C’est le suicide d’un être qui se détruit pour s’accomplir ».

En 1949, il signe la pétition La Wallonie en alerte, avec 52 autres académiciens, affirmant que « la Wallonie a enfin pris conscience d’elle-même (...) » et que c’est pour cette raison qu’elle demande « (...) qu’on lui garantisse l’existence en tant que nationalité ». Peu de temps avant sa mort, Charles Plisnier publie un important article dans la revue Synthèses, Lettre à mes concitoyens sur la nécessité d’une révision constitutionnelle. Cette lettre deviendra son testament politique.

Les funérailles de Charles Plisnier ont lieu le 21 juillet 1952, jour de la fête nationale belge. Jusqu’à son dernier souffle, Plisnier est resté le champion du paradoxe. Son souvenir sera entretenu notamment par l’Association des Amis de Charles Plisnier (1953) qui s’occupera de diffuser l’œuvre de l’écrivain. Quant à la Fondation Charles Plisnier, distincte de la précédente et créée en 1954, elle s’est donné pour but la défense de la langue française, langue qu’avait si bien maniée Plisnier tant dans le verbe que par les mots.

Sources

BODART M-Th., Charles Plisnier, dans Biographie nationale, t. 33, col. 596-601
DELFORGE Paul, Encyclopédie du Mouvement wallon, t. III, Charleroi, 2001
DESTATTE Ph., Actualité politique de Charles Plisnier sur la question wallonne, dans Francophonie vivante, n° 4, décembre 1996, p. 245-250, (Bruxelles, Fondation Charles Plisnier.)
FONTAINE J., Plisnier, dans Solidarité française, Wallonie-Bruxelles, 2e trimestre 1995, p. 24
FOULON Roger, Charles Plisnier, Institut Jules Destrée, collection Figures de Wallonie, 1971
Wallonie, Le Pays et les Hommes, t. 3, p. 56-60
Wallonie, Le Pays et les Hommes, t. 4, p. 239-240

Oeuvres principales

Romans

Mariages, 1936
Faux-passeports, 1937
Meurtres, en 5 volumes, 1939-1941
Hospitalité, 1943
Mères, en 3 volumes, 1946-1949
Héloïse, 1945
La Matriochka, 1945
Beauté des Laides, 1951

Poésies

L’Enfant qui fut déçu, 1912
Histoire sainte, 1912
Prière aux mains coupées, 1930
Histoire sainte, 1931
Figures détruites, 1932
L’Enfant aux Stigmates, 1933
Fertilité du Désert, 1933
Déluge, 1933 
Babel, 1934 
Odes pour retrouver les Hommes, 1935
Sel de la Terre, 1936 
Périple, 1936
Sacre, 1938 
Ave Genitrix, 1943 

Théâtre

Hospitalité, 1943
Nouvelles 
Croix de Vénus, 1943
L’Homme nocturne, 1943
Une Voix d’Or, 1944
Folies douces, 1952

Merlot Joseph

Militantisme wallon, Politique

Seraing 14/09/1886, Seraing 31/01/1959

Bourgmestre de Seraing (1921-1947), député POB de Liège (1924-1958), Joseph Merlot a été successivement ministre des Travaux publics (1936-1938), de l’Intérieur et de la Santé publique (1938-1939), du Budget (1946-1948), de l’Administration générale et des Pensions (1948-1949). En 1945, il est nommé Ministre d’État. Sous l’Occupation, le bourgmestre de Seraing est placé sous surveillance par l’occupant avant d’être démis de sa fonction (1941) voire d’être utilisé comme otage. Prenant le maquis, il est dénoncé par Paul Collin, arrêté par la Gestapo et connaît la captivité à Nordhausen jusqu’à la fin de la guerre. À son retour au pays, il accepte de prendre la présidence du Congrès national wallon. Jusqu’en 1953, il assure la direction de toutes les assises wallonnes et en défend la revendication principale : l’instauration du fédéralisme. En 1952, avec François Van Belle, et au nom du Groupe parlementaire wallon, Joseph Merlot réintroduit une nouvelle proposition de loi visant une réforme fondamentale de la Belgique sur la base de deux communautés - wallonne et flamande - et de trois territoires : la Wallonie, la Flandre et le territoire fédéral de Bruxelles. À l’époque, sans succès. 

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Seraing (1911-1952)
Bourgmestre (1921-1947)
Député (1924-1958)
Ministre (1936-1939, 1946-1949)
Ministre d’État (1945)

 

Sources

Un siècle de projets fédéralistes pour la Wallonie. 1905-2005, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 2005
Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. II
Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005

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Hubin Georges

Militantisme wallon, Politique

Bouvignes 18/03/1863, Modave 29/07/1947

Tour à tour ouvrier-fondeur, tailleur aux fours à chaux de Moha puis sculpteur en pierres, Georges Hubin milite au sein du Parti ouvrier belge, est élu conseiller communal à Vierset-Barse (1894-1932), échevin (1896-1932), conseiller provincial de Liège (1894-1898), et député de l’arrondissement de Huy (1898-1946). Socialiste ardent mais pragmatique, militant wallon par sympathie, - il est membre de l’Assemblée wallonne mais n’assiste pas à ses séances (1912-1914, 1919-1940) – il s’engage par contre dans la Grande Guerre comme volontaire. À 51 ans ! Unitariste bon teint à l’Armistice, il tient un discours ferme en faveur du fédéralisme dans les années ‘30. À nouveau volontaire de guerre le 10 mai 1940, il s’exile dans le Midi de la France après la capitulation de l’armée belge. Il ne regagne son pays qu’après la Libération. Nommé ministre d’État le 3 septembre 1945, il devient membre du Congrès national wallon.

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Vierset-Barse (1894-1932)
Echevin (1896-1932)
Conseiller provincial de Liège (1894-1898)
Député (1898-1946)
 

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. II
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II, p. 321

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Toussaint Michel

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Namur 26/11/1922, Namur 23/03/2007

Député wallon : 1974-1977 ; 1980-1981 ; 1981-1984*
Ministre wallon : 1976-1977

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1947), directeur aux établissements Materne (1947-1952), directeur de la Banque de Bruxelles, au siège social de Bruxelles (1953-1954), Michel Toussaint s’inscrit au barreau de Namur en 1954, avant de se lancer en politique au sein du Parti libéral. Durant ses études à Liège, il a participé au Congrès national wallon des 20 et 21 octobre 1945, mais c’est à la fin des années cinquante et au début des années soixante qu’il s’implique plus particulièrement dans le Mouvement wallon : président de l’Entente libérale wallonne (1958-1961), président de l’Entente wallonne du PLP (1961-1965), il soutient les travaux du Congrès national wallon. Déjà à cette époque, il recherche une formule institutionnelle destinée à améliorer les rapports entre les composantes de la Belgique, et à faire reconnaître la place de la Wallonie dans une Belgique fédérale. 

Administrateur de l’asbl Les Amis et Disciples de François Bovesse, administrateur de l’asbl Œuvre provinciale de Solidarité François Bovesse, président de la fédération libérale de Namur (1957-1965), vice-président du Parti libéral puis du PLP, Michel Toussaint est élu conseiller communal de Namur aux élections d’octobre 1958 et il est désigné comme sénateur provincial en janvier 1963. Lors des élections de 1965, il est élu sénateur direct et conservera ce mandat jusqu’en 1984, année où il devient député européen. Premier échevin de Namur (1er janvier 1965-19 mars 1966), il abandonne son échevinat lorsqu’il est choisi comme Secrétaire d’État adjoint au ministre de l’Éducation nationale (19 mars 1966-7 février 1968). Son gouvernement tombe sur l’Affaire de Louvain. Lors du scrutin de 1968, il a réalisé un score personnel impressionnant (28.369), le meilleur dans le Namurois depuis la Libération.

Au sein du PLP-PVV unitariste conduit par Omer Vanaudenhove, le sénateur namurois tente de faire entendre une voix wallonne. En 1972, il contribue à la formation du PLP wallon et soutient fermement la présidence d’Émile-Edgard Jeunehomme. Par contre, il sera constamment en butte avec celle d’André Damseaux (1973-1979). En 1970, sous la conduite de Pierre Descamps et de Gérard Delruelle, il apporte sa voix pour assurer la majorité des deux tiers nécessaire à la révision de la Constitution. D’autre part, en application de la Loi Terwagne de décentralisation économique, le Conseil économique régional de Wallonie s’établit à Namur en octobre 1971 et Michel Toussaint y représente officiellement son parti (1971-1975). Membre du Conseil culturel de la Communauté française de Belgique (1971-1984), vice-président du Sénat (1971-1972), il devient ministre de l’Éducation nationale dans l’équipe d’Ed. Leburton (26 janvier 1973-19 janvier 1974). Dans le gouvernement formé par Leo Tindemans, il devient ensuite ministre du Commerce extérieur (25 avril 1974-8 décembre 1976). En tant que sénateur, il vote la loi dite Perin-Vandekerckhove de régionalisation provisoire, et il siège au Conseil régional wallon provisoire établi à Namur (novembre 1974-mars 1977). À la suite de la démission du ministre François Perin, Michel Toussaint hérite de son portefeuille des Réformes institutionnelles (8 décembre 1976-18 avril 1977) et, à ce titre, il devient membre du Comité ministériel des Affaires wallonnes présidé par Alfred Califice.

Sénateur PRLW puis PRL, M. Toussaint figure à nouveau parmi les libéraux qui, en août 1980, débloquent la situation institutionnelle et vote la mise en place de la régionalisation définitive, même si le cas de Bruxelles reste au frigo. Dès le 15 octobre 1980, il siège au Conseil régional wallon (1980-1981). Dès la séance du 6 novembre, il en devient d’ailleurs l’un des secrétaires du bureau (6 novembre 1980-6 octobre 1981), puis le premier vice-président (23 décembre 1981-24 juillet 1984), lorsque le Conseil régional wallon s’installe dans l’ancienne Bourse de Commerce de Namur. En octobre 1982, Michel Toussaint est élu à la présidence du Conseil culturel de la Communauté française (19 octobre 1982-15 octobre 1984) et devient ainsi le huitième président de cette assemblée depuis Georges Dejardin en 1971 et le 2e libéral depuis É-Ed. Jeunehomme. Dans ses nouvelles fonctions, M. Toussaint exige la mise en place rapide des administrations communautaires et régionales.

Tête de liste du PRL lors des élections européennes du 17 juin 1984, il réalise le huitième score tous partis confondus (41.311 vp.), le PRL gagnant plus de 6% et un eurodéputé. Pour siéger au Parlement européen à Strasbourg (octobre 1984-1989), le Namurois quitte la présidence du Conseil de la Communauté française, le Conseil régional wallon (1980-1984) et le Sénat (1965-1984). Nommé ministre d’État en décembre 1983, il était resté conseiller communal de la ville de Namur (1959-1988). En 1989, ayant atteint la limite d’âge fixée par le parti, il ne demande pas de dérogation, ne désirant plus se présenter, après trente années de mandats et d’engagement portés par un charisme unanimement reconnu. Rejoignant le Mouvement wallon, Michel Toussaint devient le responsable de la fédération de Namur de Wallonie libre et prône avec force l’installation des institutions politiques et administratives wallonnes à Namur, capitale de la Wallonie.

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Namur (1959-1988)
Sénateur provincial de Namur (1963-1965)
Echevin (1965-1966)
Sénateur (1965-1984)
Secrétaire d’État (1966-1968)
Ministre (1973-1977)
Membre du Conseil régional wallon provisoire (1974-1977)
Membre du Comité ministériel des Affaires wallonnes (1976-1977)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1984)
Ministre d’État (1983)
Député européen (1984-1989)

 

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 539-540

Schreurs Fernand

Officier (Historique)

LIÈGE 26.07.1900 – LIÈGE 10.12.1970

Issu d’une famille d’origine hollandaise ayant combattu dans la légion belgo parisienne lors de la révolution de 1830, Fernand Schreurs grandit dans un environnement libéral et francophile. C’est ainsi qu’encore étudiant à l’Athénée de Liège, il fonde la Ligue des Lycéens wallons qui devient, en 1919, la Jeune Garde wallonne.

Docteur en droit de l’Université de Liège en 1924, avocat auprès de la Cour d’Appel de Liège, il s’affirme rapidement comme une des chevilles ouvrières du Mouvement wallon de l’Entre-deux-guerres, principalement en raison de sa contribution active à de nombreuses revues.

Pendant la guerre, dès septembre 1940, il rejoint les résistants wallons réunis sous la bannière de Wallonie libre. Le rôle de Fernand Schreurs au sein de la résistance en Wallonie est majeur. Il dirige le journal clandestin de Wallonie libre, participe à la relance du Conseil économique wallon et devient membre du comité directeur du Rassemblement démocratique et socialiste wallon qui vise à rapprocher socialistes et libéraux, lui-même siégeant parmi ces derniers. Il contribue aussi aux projets pour la Wallonie libérée, défend des patriotes devant les conseils de guerre allemands, parallèlement à ses actions de résistance armée.

Plusieurs fois décoré - notamment, de la Croix de guerre - pour son action de résistant, il s’affirme à la libération comme l’animateur du Mouvement wallon pour lequel il organise le Congrès national wallon de 1945, qui verra les congressistes wallons de toutes tendances se prononcer pour le fédéralisme, après un vote « sentimental » en faveur du rattachement à la France. Pendant quinze ans, il contribuera ainsi à coordonner tous les mouvements wallons.

Après la Question royale au cours de laquelle il milite, avec le Congrès national wallon, contre le retour du roi Léopold III, il noue le dialogue avec les fédéralistes flamands. Le 3 décembre 1952 est ainsi signé par cinquante Flamands et cinquante Wallons un texte commun, connu sous le nom d’Accord Schreurs-Couvreur. Défendant l’idée d’une fédéralisation de la Belgique reposant sur la reconnaissance des peuples wallon et flamand, ce Manifeste reconnaît Bruxelles comme capitale fédérale jouissant d’un statut spécial, alors que la frontière linguistique serait définitivement fixée.

Faute de résultats tangibles, le Congrès national wallon s’essouffle et, dans la foulée des grèves de l’hiver 1960, cède la place à une nouvelle prise de conscience, sous l’impulsion d’André Renard et du Mouvement populaire wallon. Le rôle de Fernand Schreurs n’en reste pas moins important, notamment pour la défense de Fourons et dans la réflexion devant mener à la réforme de l’Etat de 1970.

Libéral de tendance radicale, il s’éloigne peu à peu du PLP défendant l’unitarisme pour rejoindre le PSB, en 1968, deux ans avant sa mort. Il aura ainsi la satisfaction de voir aboutir une partie de son combat avec l’annonce, par le Premier Ministre Gaston Eyskens, que l’Etat unitaire avait vécu.

Fernand Schreurs fut fait officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Orientation bibliographique : Paul DELFORGE, SCHREURS Fernand, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 5664.