Congrès wallon de 1905

Quelques aspects du Mouvement wallon

Dès la fin du XIXe siècle, des militants s’organisent pour défendre les intérêts de la Wallonie. Révélant la réalité wallonne, ils contribuent à créer les symboles identitaires adoptés par tous les Wallons, comme le drapeau, l’hymne ou la fête de la Wallonie. Cette leçon fait le point sur les origines et l’évolution du Mouvement wallon, dont l’action fédéraliste a eu une influence déterminante sur l’organisation actuelle de l’Etat.

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DONNAY Auguste

Mémorial Auguste Donnay, réalisé par Georges Petit, 4 septembre 1927.

Surnommé « le maître de Méry », le peintre Auguste Donnay ne pouvait être honoré d’un mémorial que dans l’entité qui fait actuellement partie de la commune d’Esneux et en particulier au sommet du bois des Manants, lieu que l’artiste nommait son « Fuji-Yama ». Né à Liège en 1862, l’artiste wallon avait pris les paysages de l’Ourthe en particulière affection et était devenu citoyen de Tilff à titre officiel dès octobre 1905. Professeur à l’Académie de Liège nommé en 1901, il avait choisi de résider à la campagne pour profiter en permanence du ravissement de la vallée de l’Ourthe. Cherchant l’endroit idéal à Méry même, il changea d’adresse à quatre reprises, trouvant finalement le nid idéal dans un repli du vallon, dans une demeure discrète qui transformait l’artiste en ermite ; c’est là qu’il vécut jusqu’en 1921. Là, Donnay disposait du paysage recherché, avec ses multiples variations de couleurs. Le dessinateur y avait trouvé l’inspiration de la couleur, notamment grâce à l’utilisation des crayons Raffaëlli. En raison de ce profond attachement à Méry, l’évidence a poussé les promoteurs d’un mémorial Auguste Donnay à l’installer au plus près de l’endroit où l’artiste exprima son talent.
C’est sur la crête du coteau de Méry que fut inauguré, le 4 septembre 1927, le bas-relief réalisé par Georges Petit et posé sur une pierre brute, au sommet d’une série de roches assemblées. Dans la clairière de la chêneraie, ce jour-là, ils étaient plusieurs dizaines – autorités locales, amis de l’artiste, enfants des écoles – pour se souvenir de celui qui avait l’habitude de se promener dans cet endroit en solitaire (10.000 personnes affirme le Bulletin de l’ADO, 1929, p. 162). Simultanément, à deux pas de là, étaient aussi inaugurés un belvédère fournissant un point de vue élevé sur la vallée de l’Ourthe, ainsi qu’une série de chemins de promenade. En plus des discours (le bourgmestre de Tilff Delrée, Charles Delchevalerie, Olympe Gilbert) et de la lecture d’un hymne composé pour l’occasion par Félix Bodson, deux ouvriers fondeurs, auteurs de la plaque, ont fait le déplacement et sont venus exprimer, au nom de leurs camarades, leur sympathie au grand Wallon qu’était l’artiste aux peintures si réussies.
L’idée initiale du Mémorial revient à Jacques Ochs qui s’en ouvre à Louis Gavage fin 1926. L’initiative en revient à l’Association pour la Défense de l’Ourthe (ADO, présidée par Louis Gavage) qui en confie l’organisation à la société Tilff-Attractions. Les défenseurs de l’Ourthe avaient trouvé en Donnay un éminent propagandiste. En illustrant si bien la vallée, le peintre rencontrait, volens nolens, les objectifs des protecteurs de la nature, soucieux de la préserver face à des investissements « sauvages ». S’il peint la nature, Auguste Donnay s’en avère aussi un défenseur affirmé. En août 1899 – bien avant Les Peupliers de Thierry Haumont –,  il avait rédigé une très ironique Lettre à M. le Directeur des arbres, des plantes et des herbes de la bonne ville de Liège en Belgique afin de protester contre le sacrifice de la nature à l’auteur des promoteurs immobiliers. Un an plus tard, le peintre adressera une autre missive aux accents écologistes aux industriels désireux de s’implanter dans les Fonds de Quarreux (STASSEN). Au lendemain de la Grande Guerre, il était un membre actif de la Comité provincial liégeois des monuments et des sites.
À la démarche d’hommage des amis de la nature s’est activement associée la section liégeoise des Amis de l’Art wallon, cercle dont faisait aussi partie Donnay depuis 1912 ; cette société ne cessait de prendre ses références dans l’important rapport/discours présenté par Auguste Donnay lui-même, lors du Congrès wallon de 1905. À cette occasion mémorable, Donnay avait apporté des arguments convaincants en faveur de l’existence d’un sentiment wallon en peinture.
En figeant le profil gauche du peintre avec une sobriété expressive, le sculpteur Georges Petit (1879-1958) fixait définitivement les traits du « maître de Méry » pour les générations futures. Pour le promeneur qui ne connaîtrait par Donnay, la dédicace figée dans le bronze précise :

DEVANT CES HORIZONS
AUGUSTE DONNAY
PEINTRE ET POETE
ENTENDIT CHANTER
L’AME DE SON PAYS

Ami d’Auguste Donnay, Georges Petit était né à Lille, de parents liégeois. Il grandit à Liège et reçoit une formation artistique à l’Académie des Beaux-Arts où il est l’élève de Prosper Drion, Jean Herman et Frans Vermeylen. Il deviendra plus tard professeur de cette Académie. « Depuis 1901, date de ses premières œuvres, jusqu’à la guerre de 1940, Georges Petit a occupé avec autorité la scène artistique liégeoise », affirme Jacques Stiennon qui explique qu’il devait sa position aux multiples commandes officielles reçues autant qu’à sa maîtrise précoce de son art. Sa sensibilité et sa capacité à transformer une anecdote en symbole universel ont influencé durablement ses élèves, parmi lesquels Oscar et Jules Berchmans, Robert Massart, Louis Dupont et Adelin Salle. D’abord attiré par les portraits, Petit a livré plusieurs bustes de grande facture, tout en s’intéressant à la condition humaine. Marqué par la Grande Guerre, l’artiste y puise une force qui se retrouve dans ses réalisations des années 1917 à 1927, période où s’inscrit la stèle dédiée à Auguste Donnay. C’est aussi à cette époque (1919 précisément) qu’il réalise la médaille commémorant la remise par la France de la Croix de la Légion d’honneur à la ville de Liège. Ensuite, comme épuisé par tant de souffrances, il choisit la peinture de chevalet et devient plus léger, sans tomber dans la facilité. Les visages humains tendent à disparaître et tant les paysages que les traditions wallonnes l’inspirent : en peinture, comme dans ses médailles (qui sont très nombreuses et d’excellente facture), voire dans les quelques sculptures qu’il exécute encore, comme la Tradition commandée par le Musée de la Vie wallonne.

La Vie wallonne, septembre 1927, LXXXV, p. 25-28
La Vie wallonne, octobre 1927, LXXXVI, p. 42-53
Liliane SABATINI, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 507-508
Jacques PARISSE, Auguste Donnay, un visage de la terre wallonne, Bruxelles, 1991
Maurice KUNEL, dans Biographie nationale, 1967-1968, t. 34, col. 244-247
Paul DELFORGE, Société des Amis de l’Art wallon, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1484-1486
Jacques STIENNON (introduction), Georges Petit, catalogue de l’exposition organisée à Liège du 9 janvier au 2 février 1980, Verviers, 1980
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, printemps 1970, p. 11
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 282
Benjamin STASSEN, La Fête des Arbres. L’Album du Centenaire. 100 ans de protection des arbres et des paysages à Esneux et en Wallonie (1905-2005), Liège, éd. Antoine Degive, 2005, p. 18, 85.
Bulletin de l’Association pour la Défense de l’Ourthe, juillet 1928, n°1, p. 4 ; n°2, p. 26 ; 1929, p. 161-163

 

Mémorial Auguste Donnay

Mémorial Auguste Donnay

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Carte : 
Adresse : 
bois des Manants – 4130 Esneux (Méry)
Titre alternatif : 
DONNAY Auguste
Image : 
Mémorial Auguste Donnay
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Auteur de la fiche : 

JASPAR Paul

Liège 23/06/1859, Liège 18/02/1945

DUPONT Émile

Liège 23/06/1834, Liège 12/03/1912

LEQUARRÉ Nicolas

Romsée 20/10/1833, Retinne 24/07/1914

La peinture wallonne sous l'Ancien Régime

Si la notion d’« art wallon » a longtemps fait débat, il est incontestable que le territoire wallon actuel a engendré quelques grands noms de la peinture sous l’Ancien Régime. Avec le temps, plusieurs spécialistes ont pu identifier des traits communs à ces artistes dont le talent a traversé les époques. Au travers d’une synthèse et de documents illustratifs, cette leçon présente leurs parcours et leur travail.

Issu : 

La musique wallonne sous l'Ancien Régime

Au cours des siècles, les musiciens wallons ont assimilé les grands courants culturels européens tout en dépassant rapidement leurs frontières, tant politiques qu’artistiques. Ce trait commun, notamment dû au fait que la Wallonie fut toujours une terre romane aux confins du monde germanique, a produit quelques œuvres magistrales qui ont traversé les siècles. Cette leçon vous permet de les (re)découvrir et de les écouter.

Issu : 

GILBART Olympe

Saint-Trond 7/06/1874, Liège 26/08/1958

Journaliste libéral, rédacteur en chef du quotidien La Meuse, chargé de cours à l’Université de Liège, Olympe Gilbart y défend l’art wallon. En 1905, il est l’un des principaux organisateurs du Congrès wallon. Échevin de la ville de Liège, il a été élu sénateur de Liège (1939-1946).

La salle académique de l’Université de Liège

La salle académique de l'Université de Liège : un berceau de la conscience wallonne

La salle académique de l’Université – fondée par Guillaume Ier des Pays-Bas en 1817 – est l’oeuvre de l’architecte Jean- Noël Chevron. Elle se présente comme un hémicycle néoclassique à vaste galerie à deux étages, avec colonnes ioniques et corinthiennes recouvertes de dorures. Terminée en 1824, elle est couverte d’une demi-coupole avec plafond à caissons orné de stucs à motifs de rosaces. De nombreuses niches abritent des statues dont celles d’Athéna et de Mercure. Au-dessus de la tribune, une élégante grisaille, oeuvre du peintre Alexandre Rifflaert, représente Guillaume d’Orange offrant à un jeune diplômé guidé par Minerve une couronne de laurier tendue par la Justice. La salle académique est reconnue patrimoine exceptionnel de Wallonie.

Caricature de Julien Delaite (1868-1928)

© Province de Liège – Musée de la Vie wallonne 

1905 : le cinquième Congrès wallon. Présidé par Julien Delaite, le cinquième Congrès wallon s’ouvre le dimanche 1er octobre 1905 dans le cadre de l’exposition universelle. Les travaux se poursuivent le lendemain alors que la veille, le samedi 30 septembre, les congressistes ont visité l’exposition et déposé une gerbe de fleurs sur la tombe des héros de 1830 à Sainte-Walburge, à l’invitation de la Ligue wallonne de Liège. Au cours de cet important congrès, deux questions vont être longuement discutées : celle de la prédominance de la langue française en Belgique et celle de la littérature wallonne. Tout au long des débats, les congressistes s’attachent à mettre au point la construction d’une identité wallonne. Le but sera de différencier l’âme wallonne de l’âme flamande et tout est fait pour le montrer : on chante le Tchant dès Walons et l’idée d’un drapeau wallon surgit pour la première fois. La Wallonie est définie, caractérisée et son existence affirmée. Le Congrès de 1905 a donc pour la première fois tracé les contours d’une identité wallonne faite d’une mosaïque diversifiée mais unifiable. Tout comme le Congrès national wallon de 1945, le Congrès de 1905 constitue une étape capitale dans l’histoire du Mouvement wallon en dépassant pour la première fois les questions culturelles et linguistiques pour entrer de plein pied dans la discussion politique.

1930 : le deuxième Congrès international des Amitiés françaises. Organisé du 10 au 15 juillet 1930 et placé sous la présidence d’honneur de l’ancien Président de la République française Raymond Poincaré, ce Congrès international des Amitiés françaises programme son travail en trois sections : manifestations du génie français dans tous les domaines, tourisme et relations économiques entre la France et les autres pays, organisation des Amitiés françaises dans le monde. Au niveau belge, un projet de réunir les divers groupements en une Fédération des Amitiés françaises de Belgique est esquissé. Pour fêter la tenue du Congrès à Liège, les autorités communales organisent de nombreuses manifestations : réception à l’hôtel de ville, soirée de gala au théâtre royal, garden-party à l’exposition internationale et grand banquet le 14 juillet, en l’honneur de la fête nationale française.

1955 : le deuxième Congrès culturel wallon.  Initialement prévu en 1945, le second Congrès culturel wallon ne sera organisé que dix ans plus tard. Réparti en quatre sections (éducation populaire, activités culturelles, folklore et culture régionale, histoire et histoire de l’art), il s’ouvre sous la présidence de Maurice Delbouille. Au terme des travaux, plusieurs résolutions sont adoptées parmi lesquelles une sur la fin de l’inégalité entre la Wallonie et… Bruxelles. Le Congrès souhaite également une autonomie culturelle des deux communautés nationales. En marge de ce Congrès, un dîner en présence de figures de proue du Mouvement wallon est organisé le 23 octobre dans le but de célébrer un double anniversaire : les cinquante ans du Congrès wallon de 1905 et les dix ans du Congrès national wallon de 1945.

 

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Carte : 
Adresse : 
Place du XX août, 7, 4000 Liège
Plaque commémorative : 
Titre alternatif : 
Salle académique de l’Université de Liège
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