DE LA MARCK Erard

L'église Saint-Bathélemy

Consacrée le 30 octobre 1015, deux jours après la cathédrale notgérienne, Saint-Barthélemy est une des sept collégiales liégeoises. Témoin particulier de l’architecture romane à Liège, l’édifice a récemment connu une profonde restauration, lui rendant son aspect extérieur du XIe siècle. L’intérieur de l’édifice, lui aussi restauré, correspond aux transformations architecturales du vaisseau à l’époque baroque. Outre les fonts baptismaux, œuvre majeure de l’art occidental, l’église conserve plusieurs pierres tombales.

Au sol de la chapelle située dans le transept sud, la dalle funéraire de Philippe de Mohiville rappelle le souvenir d’Érard de la Marck. Ce chanoine de la collégiale Saint-Barthélemy, mort en 1567, contemporain du prince-évêque, avait assuré des fonctions au palais, comme l’indique son épitaphe : « Ci-gît (…) Philippe de Mohiville, chanoine de cette église (…) ainsi que chapelain du révérendissime sire Érard de la Marck, cardinal de Liège (…) ». La dalle représente le défunt en gisant, taillé en bas-relief et entouré de divers motifs parmi lesquels des médaillons circulaires portant les symboles des évangélistes.

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L'église et le presbytère de Saint-Séverin

L’histoire de Saint-Séverin se confond avec celle de son prieuré, fondé en 1091 suite au don fait par le comte de Clermont à l’abbaye de Cluny. En outre, le village possédait une cour de justice. Remarquable édifice de style roman dont les origines remontent au XIIe siècle, l’église Saints-Pierre-et-Paul fut bâtie entre 1136 et 1145 et est notamment caractérisée par sa tour octogonale percée de baies géminées inscrites dans des arcades et surmontée d’une frise de bandes lombardes, typique de l’architecture romane. Attaché à l’abbaye de Cluny jusqu’au début du XVIe siècle, le prieuré fut réuni à la mense épiscopale de Liège sous le règne d’Érard de la Marck (1505-1536) et une campagne de restauration de tous les bâtiments fut entreprise par Arnold van Mulcken, architecte attitré du prince-évêque. Protégé dès 1851, cet édifice remarquable connut à nouveau à cette époque une importante période de restauration : reconstruction du chœur, du transept et des absides en 1862, des nefs en 1900.

La cheminée portant les armoiries du prince-évêque Érard de la Marck dans le presbytère de Saint-Séverin. Photo de 1943 © KIK-IRPA, Bruxelles

La cheminée portant les armoiries du prince-évêque Érard de la Marck dans le presbytère de Saint-Séverin

À l’extérieur, sous la fenêtre nord-est, se trouve une pierre aux armes d’Érard de la Marck. Sculptée vers 1531-1535, elle représente les armoiries traditionnelles du prince-évêque : son blason surmonté du chapeau de cardinal. Le prince-évêque fut en effet promu cardinal en 1520, avec l’appui de Charles Quint, qu’il avait soutenu face au roi de France François Ier pendant la campagne pour l’élection impériale. Il s’agit ici des armoiries traditionnelles du prince de la Marck, que l’on retrouve encore aujourd’hui à maints endroits de la principauté.
Le presbytère jouxtant l’église conserve également un souvenir du prince à l’origine de sa reconstruction : la cheminée de la cuisine est sculptée de trois blasons. Au centre les armoiries du prince-évêque, identiques à celle présentes sur le mur de l’église et accompagnées de l’inscription « erard – marck » ; de part et d’autres, le blason des la Marck-Sedan, branche de la famille dont était issue le prince-évêque et analogue au blason présent au centre de ses armoiries.

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L'église et le presbytère de Saint-Séverin
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La cheminée portant les armoiries du prince-évêque Érard de la Marck dans le presbytère de Saint-Séverin. Photo de 1943 © KIK-IRPA, Bruxelles
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Le palais des princes-évêques de Liège

Bâtiment emblématique du pouvoir et du centre de Liège, le palais des princes-évêques est certainement la trace la plus évidente et la plus imposante de l’ancienne principauté épiscopale. Siège du pouvoir dès avant Notger, il est construit à côté de la cathédrale Saint-Lambert, le siège du pouvoir temporel étant ainsi joint à celui du pouvoir spirituel. Tout comme les palais abritent encore de nos jours des rois, princes et présidents, le palais de Liège est la résidence du chef de l’État. Il est pourtant bien plus que cela : il sert de lieu de réunion pour les États jusqu’à la fin de l’Ancien Régime et abrite les organes principaux du gouvernement de la principauté, à savoir le Conseil privé et la Chambre des comptes, il abrite les tribunaux, le Conseil ordinaire du prince, la Cour féodale, la Cour allodiale, la Cour des échevins, le tribunal ecclésiastique, le Synode.

Le bâtiment que nous connaissons actuellement garde les traces des interventions de nombreux prélats liégeois et est l’héritier de plusieurs autres bâtiments défunts. Les premières mentions d’un « palais épiscopal » remontent au IXe siècle, lorsque son occupant n’était encore qu’évêque de Liège. C’est toutefois sous l’épiscopat de Notger (972-1008), considéré comme le premier prince-évêque suite à la donation du comté de Huy en 985, que l’on trouve la trace d’un nouveau palais, que nous considérons aujourd’hui comme le « premier palais des princes-évêques ». L’incendie qui en 1185 ravage la cathédrale notgérienne, détruit également le palais. Le siège du pouvoir est immédiatement reconstruit par Raoul de Zähringen (1167-1191) et connaît par la suite de nombreux aménagements. Les conflits entre Liège et Bourgogne et les guerres qui ravagent nos contrées dans la seconde moitié du XVe siècle ont raison de l’édifice. C’est sous le règne du richissime bâtisseur Érard de la Marck (1505-1538) que la renaissance du palais a lieu. L’édifice actuel en est encore en grande partie l’héritier : articulation autour de deux cours en enfilade dont la première est caractérisée par une série de colonnes aux motifs Renaissance. Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, les princes-évêques n’auront de cesse d’imprimer leur marque dans l’intérieur de leur résidence dont ils modernisent les locaux. L’extérieur connaît de lourdes modifications sous le règne de Georges-Louis de Berghes (1724-1743) lorsqu’un grave incendie ravage le palais dans la nuit du 23 mars 1734 et détruit intégralement la façade Renaissance construite sous Érard de la Marck. S’il perd ses fonctions de résidence princière et épiscopale après l’annexion de la principauté de Liège à la France en 1795, le palais ne connaît pas de modifications d’envergure depuis. La construction d’une aile néogothique du côté de la place du Marché et du palais provincial à partir de 1849 à l’emplacement des anciennes écuries constituent des ajouts au bâtiment d’origine. Siège du palais de justice et du palais provincial depuis lors, il est aujourd’hui le témoin le plus marquant du riche passé liégeois, en plus d’être le plus grand édifice civil public de Wallonie.

Il ne revient pas ici de faire une étude architecturale détaillée du bâtiment, qui a déjà fait l’objet de nombreuses autres interventions. Comme cela est le cas pour les autres notices de cet ouvrage, il convient de dresser un aperçu le plus exhaustif possible de toutes les traces matérielles d’époque présentes dans l’édifice et rappelant le souvenir des princes-évêques. Outre de nombreux portraits, plusieurs traces nous sont parvenues, la plupart témoignant des interventions ayant suivi l’incendie de 1734 :

Les monumentales armoiries de Georges-Louis de Berghes sur le fronton du palais des princes-évêques © IPW

Les monumentales armoiries de Georges-Louis de Berghes sur le fronton du palais des princes-évêques

- le fronton courbe de la façade principale porte les armoiries de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Il est le témoin principal de la reconstruction par l’architecte bruxellois Jean Anneessens suite à l’incendie de 1734. Les armoiries datent de 1737 et présentent le blason du prince, entouré de deux lions et portant la couronne, la crosse et l’épée. Une inscription en-dessous de la composition rappelle l’incendie et la reconstruction suite à l’intervention des États : « Georges-Louis, évêque et prince de Liège, a restauré le palais, détruit partiellement par un incendie, grâce à la générosité des États, du Clergé et de la Cité – 1738 ». Disparues à la Révolution, ces armoiries furent rétablies vers 1905 ;

Le blason et l’inscription dédicatoire d’Ernest de Bavière sur les voûtes de la galerie nord de la première cour du palais des princes-évêques © IPW

Le blason et l’inscription dédicatoire d’Ernest de Bavière sur les voûtes de la galerie nord de la première cour du palais des princes-évêques

- les voûtes des galeries de la première cour sont ornées des armoiries de plusieurs princes-évêques au niveau des clés de voûte. Seul témoin de la première campagne d’édification, les armes d’Érard de la Marck (1505-1538) se trouvent à l’angle nord-ouest. La fragilité de la construction obligea ses successeurs à ordonner des travaux de reconstruction et de consolidation tout au long du XVIe siècle. Les armoiries de Gérard de Groesbeeck (1564-1580), présentes dans la galerie est, commémorent la réfection des voûtes en 1568 ; la première arcade au nord-est porte quant à elle un chronogramme daté de la même année témoignant également de cette reconstruction et portant une inscription latine signifiant « À l’exemple de ton prédécesseur, Gérard de Groesbeeck ». Les armes d’Ernest de Bavière (1581-1612) figurent quant à elles dans la galerie nord et commémorent la restauration des voûtes en 1587. Un autre chronogramme, tracé non loin du premier témoigne lui aussi de cette campagne de restauration : « Ô chef et roi Ernest de Bavière, tu consolides les choses branlantes » ;

Les armoiries du cardinal Érard de la Marck dans la première cour du palais des princes-évêques © IPW

Les armoiries du cardinal Érard de la Marck dans la première cour du palais des princes-évêques

- toutes les façades de la première cour sont ornées de nombreuses armoiries d’Érard de la Marck (1505-1538). Placées sous chaque baie, elles indiquent l’identité du commanditaire. Martelées à la Révolution, elles furent rétablies au XIXe siècle lors de la restauration des façades de la cour par
l’architecte Lambert Noppius ;

- le cabinet du Procureur général est notamment décoré d’une cheminée datée de 1742 dont le contre-cœur est orné des armoiries de Jean-Théodore de Bavière ;

- le cabinet du Premier Substitut du Procureur du roi abrite une brique de cheminée aux armes de Jean-Théodore de Bavière ;

- la salle du conseil de la 4e chambre de la Cour d’appel conserve une taque de foyer datée de 1744 aux armes de Jean-Théodore de Bavière. Celles-ci se présentent sous leur forme habituelle : le blason de Bavière est entouré de la couronne, de la crosse, de l’épée et de deux lions. Sous l’ensemble, un bandeau portant la mention « I.T.H.B. 1744 » ;

- la salle du Conseil de l’ordre des avocats abrite une taque de foyer aux armes et initiales de Jean-Théodore de Bavière. Datée de la même année que la précédente, elle est son exacte réplique et est elle aussi placée dans une cheminée en marbre de Saint-Rémy datée de 1750 ;

- le cabinet du secrétaire du Procureur du roi conserve une taque de foyer aux armes et initiales de Charles-Nicolas d’Oultremont (1763-1771). Située sur la paroi est et datée de 1767, elle représente les armes traditionnelles du prince, telles que l’on peut les voir sur le fronton de l’église du Saint-Sacrement. L’inscription « C.N.A.O.E.P.L. » (Charles-Nicolas-Alexandre d’Oultremont, Évêque et Prince de Liège) est gravée dans le bas de la composition. La même cheminée comporte aussi une brique de foyer de 1764 aux armes de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ;

Détail de la rampe de l’escalier royal du palais des princes-évêques avec le monogramme de Georges-Louis de Berghes © KIK-IRPA, Bruxelles

Détail de la rampe de l’escalier royal du palais des princes-évêques avec le monogramme de Georges-Louis de Berghes

- l’escalier royal figure le monogramme de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Réalisé vers 1740, ce très bel ensemble en fer forgé présente les initiales G et L entrelacées, dans un médaillon surmonté du bonnet de prince du Saint-Empire romain germanique. Au sommet de cet escalier, une large baie est surmontée par le monogramme du même prince et ouvre sur la grande galerie ;

Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière © KIK-IRPA, Bruxelles

Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière

- l’escalier du synode figure le monogramme de Jean-Théodore de Bavière. Installé entre 1762 et 1764, l’ensemble réalisé en fer forgé présente, en médaillon, les initiales J et T entrelacées, surmontées du bonnet de prince du Saint-Empire ;

- l’escalier des États conserve des motifs au monogramme de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ;

- les galeries de la seconde cour sont aujourd’hui transformées en « galerie lapidaire » et conservent des pierres aux armes d’Érard de la Marck (1505-1538) et de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688) ;

- la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé, dite aussi « salle bleue » est entièrement lambrissée d’armoires aux initiales de Maximilien-Henri de Bavière, entrelacées et placées sous le bonnet de prince du Saint-Empire, rappelant que le prince était également Électeur de Cologne. Ces monogrammes constituent un témoin rare et privilégié de la décoration intérieure liégeoise de l’époque ;

Le monogramme de Maximilien-Henri de Bavière dans la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé © KIK-IRPA, Bruxelles

Le monogramme de Maximilien-Henri de Bavière dans la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé

- la salle du Conseil provincial, bien que datée du XIXe siècle, conserve la tribune de l’ancienne salle des échevins. La haute tribune en chêne sculpté et polychrome, portée par des atlantes et des putti date en effet du siècle précédent. Elle présente en son centre le blason des princes de Bavière : crosse, épée et couronne sur un grand manteau de prince du Saint-Empire, doublé d’hermine. Le tout est l’œuvre du sculpteur Jean Del Cour, sculpteur officiel de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688) mais ornait vraisemblablement le trône édifié pour Joseph-Clément de Bavière (1694-1723) ou Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ;

- le palais provincial abrite également l’escalier de la maison des États, dans les appartements du gouverneur de la province. Dessiné en 1749 par l’architecte Charles-Antoine Galhausen et réalisé par Jean-François Ermel en 1752, il comporte des motifs évoquant le monogramme de Jean-Théodore de Bavière.

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Le palais des princes-évêques de Liège
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Les monumentales armoiries de Georges-Louis de Berghes sur le fronton du palais des princes-évêques © IPW
Le blason et l’inscription dédicatoire d’Ernest de Bavière sur les voûtes de la galerie nord de la première cour du palais des princes-évêques © IPW
Les armoiries du cardinal Érard de la Marck dans la première cour du palais des princes-évêques © IPW
Détail de la rampe de l’escalier royal du palais des princes-évêques avec le monogramme de Georges-Louis de Berghes © KIK-IRPA, Bruxelles
Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière © KIK-IRPA, Bruxelles
Le monogramme de Maximilien-Henri de Bavière dans la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé © KIK-IRPA, Bruxelles
Les armoiries de Bavière sur la tribune de la salle du Conseil provincial © KIK-IRPA, Bruxelles
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Hôtel Torrentius

Rue Saint-Pierre, 15bis à 4000 Liège

Classé comme monument le 13 octobre 1969
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

L’hôtel Torrentius doit son nom à son commanditaire, le représentant d’une vieille famille gantoise, Liévain van der Beke, dit Laevinus Torrentius, membre du Conseil privé du prince-évêque. La conception de la demeure peut, selon toute vraisemblance, être attribuée à Lambert Lombard (1505-1566), artiste attitré du prince-évêque Erard de la Mark (1505-1538). Ami des arts et riche mécène, celui-ci envoie l’artiste en Italie afin de faire l’acquisition d’œuvres destinées à orner son palais. Imprégné par la Renaissance italienne, Lambert Lombard créera à son retour une importante académie et se tournera vers l’architecture à travers notamment la réalisation de cet hôtel. Bâti en brique, calcaire et tuffeau de Maastricht en 1565, l’édifice formé de deux corps de bâtiment perpendiculaires rassemblés par une tourelle est par conséquent un des rares témoins liégeois d’architecture civile du XVIe siècle – en ce compris les fresques du grand salon – empreinte de Renaissance italienne. L’hôtel a subi au cours du temps diverses altérations, principalement au XVIIIe siècle, mais a pu échapper aux menaces de démolition, avant d’être restauré et réhabilité de 1978 à 1981 par l’architecte liégeois Charles Vandenhove. À l’intérieur, les interventions artistiques de Daniel Buren, Olivier Debré et Léon Wuidar, entre autres, traduisent une volonté d’intégrer à l’hôtel ainsi restauré des œuvres d’artistes contemporains.

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Couvent des Sœurs grises

Rue du Sergent Sortet
1370 Jodoigne

Classé comme monument le 16 novembre 1982

L’établissement des Sœurs grises ou Hospitalières de l’Ordre de Saint-François à Jodoigne remonte à 1512, lorsque l’évêque de Liège, Érard de la Marck les autorise à prendre en charge un hôpital attesté dès le XIVe siècle. En 1515, le bailli de Wasseiges, Jacques de Glymes, leur fait construire, face à l’hôpital et contre les murailles, un bâtiment conventuel et une chapelle dédiée à saint Nicolas. Supprimé en 1798 dans la foulée des événements suivant la Révolution française, seuls quelques vestiges du couvent, sous la forme d’un soubassement biseauté et de traces de fenêtres, sont encore visibles sur le parking de la rue du Sergent Sortet. L’emplacement des bâtiments conventuels est actuellement occupé par un édifice du XIXe siècle qui a abrité l’ancienne école moyenne de Jodoigne.

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ERARD DE LA MARCK

Statue d’Erard de la Marck, réalisée par Léopold Noppius, c. 15 octobre 1880.

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège d’un bâtiment digne de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser une toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Elles racontent l’histoire de la principauté de Liège, privilégiant les acteurs du Moyen Âge.
Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle d’Erard de la Marck est parmi celles-ci.
À titre personnel, Léopold Noppius, le frère de l’architecte liégeois, signe onze décorations particulières, dont 9 statues de personnalités majeures de l’histoire de la principauté de Liège, parmi lesquelles l’ambitieux prince-évêque de Liège et cardinal de Valence, Erard de la Marck (1472-1538), celui qui fit entrer la principauté dans la Renaissance. Placée entre Albert de Cuyck et Saint-Hubert, sa statue est située en plein centre du péristyle, témoignant de l’importance du personnage dans la manière de retracer l’histoire liégeoise au milieu du XIXe siècle. Élu Prince-Évêque de Liège le 30 décembre 1505 et sacré en mai 1506, celui qui est né à Sedan quatre ans après la destruction de Liège par les troupes bourguignonnes ne cache pas vouloir jouer un rôle en vue dans la politique européenne de son temps Fait évêque de Chartres par le roi de France en 1507, il négocie le statut de la principauté de Liège et, en dépit d’une neutralité affirmée, fait alliance avec Charles Quint qui l’ordonne évêque (1520) puis cardinal de Valence (1521), en échange de sa protection. Reconstructeur de la cité, mécène de Lambert Lombard, correspondant d’Erasme, il rétablit l’ordre dans les finances et n’hésite pas à mâter violemment l’insurrection des Rivageois (1531). Sa présence sur la façade du jeune Palais provincial ne pouvait se discuter : n’était-il pas celui qui avait fait reconstruire le palais des princes-évêques dans le style qu’on lui connaît aujourd’hui, après l’incendie de 1505 ? Avec son porte-chef caractéristique, la statue d’Erard de la Marck est l’une des rares montrant le personnage en train de lire le long manuscrit qu’il tient entre les mains. Peut-être s’agit-il du traité garantissant la neutralité liégeoise.
Avant ce chantier de décoration, Léopold Noppius dont l’atelier accueillait le tout jeune Léon Mignon avait déjà signé quelques bas-reliefs, médaillons et bustes en région de Liège, comme sur le fronton du portique d’accès à l’Institut de Zoologie de l’Université de Liège. Réalisant des statues s’inspirant de sujets religieux (Vierge, Saint-Sébastien, etc.) qui ornent les églises, il rédige et publie, en 1880, un Projet de cortège historique pour Liège. Après le succès rencontré par celui organisé à Bruxelles à l’occasion des cinquante ans de la Belgique, il présente aux autorités liégeoises, et aussi à tous les partenaires du pays wallon, un projet de cortège historique qui pourrait se dérouler à Liège afin d’honorer et de glorifier tous ceux qui ont contribué à l’histoire de la principauté de Liège, voire du pays wallon. Nombre des personnalités évoquées dans son opuscule se retrouvent sur la façade du palais provincial.

Léopold NOPPIUS, Cortège historique, Liège son passé son présent, Liège, éd. Blanvalet et Cie, 1880
Jean LEJEUNE (dir.), Liège et son palais : douze siècles d’histoire, Anvers, Fonds Mercator, 1979
Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 94
http://perso.infonie.be/liege06/07sept.htm
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html (s.v. août 2013)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 231
Jean-Luc GRAULICH, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
Henri LONCHAY, Biographie nationale, t. 13, col. 497-511
La Meuse, 2 octobre 1880

 

Statue Erard de la Marck (Liège)

Statue Erard de la Marck (Liège)

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façade latérale du Palais provincial, face à la place Notger – 4000 Liège
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ERARD DE LA MARCK
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Statue Erard de la Marck (Liège)
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DE LA MARCK Erard

Sedan 31/05/1472, Liège 16/02/1538

La sculpture en pays wallon (du Moyen Âge au XVIIIe siècle)

La sculpture de la fin du Moyen Âge en pays wallon est d’abord marquée par l’introduction de nouvelles formes inspirées de l’Antiquité. Le style évoluera ensuite vers un mélange de style baroque et de néo-classicisme. Grâce à une synthèse accompagnée de documents, découvrez les artistes et les œuvres les plus marquantes, de la fin du Moyen Âge aux Temps modernes.

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L’architecture en pays wallon (du Moyen Âge au XVIIIe siècle)

En pays wallon, les édifices bâtis durant les Temps modernes restent longtemps de facture classique. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que les bâtisseurs et architectes s’ouvrent aux nouvelles influences, venues d’Italie et de France, avant de les adopter dans le courant du XVIIIe siècle. Grâce à une synthèse enrichie d’exemples concrets, cette leçon vous conduit au cœur du patrimoine architectural wallon, du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle.

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FUSCH Gilbert

Limbourg 1504, Liège 1567

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