Statue François-Charles de VELBRÜCK

Statue du prince-évêque Fr-Ch. de Velbrück, réalisée par Léon Mignon, c. 15 octobre 1880.


Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège d’un bâtiment digne de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs qui racontent l’histoire de la principauté de Liège. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Velbrück est parmi celles-ci.

Membre de cette équipe, Léon Mignon (Liège 1847 – Schaerbeek 1898) va réaliser quatre des 42 statues et représenter deux scènes historiques (La bataille de Steppes et L’institution de la Fête-Dieu). De retour d’un séjour de plusieurs mois à Rome, Léon Mignon s’est installé à Paris ; rentrant à Liège de temps à autre, il apporte sa contribution au chantier de décoration du Palais provincial. C’est aussi durant cette période qui va de 1876 à 1884 que l’artiste réalise ses œuvres majeures, celles qui lui assurent en tout cas une réelle notoriété : Li Toré et son vis-à-vis Le Bœuf de labour au repos.
Réalisée en pierre durant la même période, sa statue du prince-évêque Velbrück (Düsseldorf 1719 – Tongres 1784). Située juste à côté de la statue de Saint-Hubert, celle de Velbrück est à l’extrême-droite du péristyle, sur la partie inférieure, dans l’angle de retrait. Initialement réservée à des personnalités du Moyen Âge (pour éviter des polémiques), la façade du Palais provincial réserve quelques exceptions : décédé moins d’un siècle avant le chantier de décoration, François-Charles Velbrück est le plus « récent » d’entre tous et son règne est considéré unanimement comme l’un des plus remarquables de l’histoire de la principauté. Cette unanimité n’était guère rencontrée pour un personnage comme Sébastien Laruelle, dont la statue était initialement prévue à l’endroit où se trouve désormais Velbrück Contrairement au projet de décoration initial, aucune statue ne sera d’ailleurs consacrée à Laruelle, mais un bas-relief – placé juste à côté de Velbrück – évoque l’assassinat du bourgmestre de Liège.

Chanoine de la Cathédrale Saint-Lambert dès les années 1730, François-Charles de Velbrück est venu habiter Liège à partir de 1745 ; il entre alors dans le Conseil privé du prince-évêque. En l’absence de Jean-Théodore de Bavière, il s’occupe de la direction des affaires liégeoises et, jouissant de l’appui des « Français », est même pressenti à sa succession en 1763. Fin diplomate et ecclésiastique apprécié, Velbrück devra patienter : ce n’est qu’en 1772 qu’à l’unanimité du chapitre, il est élu prince-évêque de Liège (1772-1784). Chacun s’accorde à reconnaître que son règne a été remarquable et profitable à l’évolution des idées, du commerce et de l’industrie, ainsi que de la santé et de l’instruction. Le contraste avec son successeur accentue encore l’image positive de ce grand protecteur des artistes, ouvert aux idées nouvelles, qui permit la création de la Société d’Émulation, de la Société littéraire, des Académies et des Écoles. Mis à part le mausolée Velbrück, œuvre de François-Joseph Dewandre, il n’existe aucune sculpture de l’ancien prince-évêque à Liège quand Léon Mignon entreprend de le représenter.

L’éloignement ne permet pas d’apprécier à sa juste valeur le travail de précision réalisé par le sculpteur : outre le portrait très ressemblant, les plis, les effets des vêtements du prince-évêque et surtout les broderies et dentelles de sa chasuble sont d’une qualité exceptionnelle. Cette statue de Velbrück témoigne aussi que Léon Mignon n’est pas qu’un sculpteur animalier, même si son œuvre la plus connue à Liège reste Li Toré. Bénéficiaire d’une bourse de la Fondation Darchis, cet élève studieux de l’Académie des Beaux-Arts de Liège, qui fréquentait depuis son plus jeune âge l’atelier de Léopold Noppius, avait trouvé l’inspiration en Italie (1872-1876). Médaille d’or au salon de Paris en 1880 pour son taureau, il s’était installé dans la capitale française (1876-1884), avant d’être contraint à habiter Bruxelles pour pouvoir  exécuter des commandes officielles du gouvernement : c’est l’époque de ses bustes, mais aussi de la statue équestre de Léopold II particulièrement remarquable, d’une série de bas-reliefs pour le Musée d’Art moderne de Bruxelles et le Musée des Beaux-Arts d’Anvers, ainsi que d’une Lady Godiva, sa dernière œuvre.

Sources

Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 96
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html
Michel Péters sur http://fr.slideshare.net/guest78f5a/petit-historique-de-la-sainttor-des-tudiants-ligeois (s.v. août 2013)
Hugo LETTENS, Léon Mignon, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 504-508
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 231
Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
Georges DE FROIDCOURT, Velbrück, dans Biographie nationale, t. 26, col. 523-531 
La Meuse, 2 octobre 1880
 

Statue du prince-évêque Fr-Ch. de Velbrück – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Façade du Palais provincial
Face à la place Notger
4000 Liège

carte

Paul Delforge

G. Focant - SPW Patrimoine

Château de Hoyoux

Le hameau de Hoyoux abrite le château du même nom, gentilhommière du prince-évêque François-Charles de Velbrück. Accroché au flanc d’une colline surplombant le Hoyoux, le château d’esprit classique a probablement été construit dans le courant du troisième quart du XVIIIe siècle pour servir de pavillon de chasse au souverain liégeois. Une cour d’honneur en terrasses donne sur le corps central de cinq travées flanqué de deux ailes d’une travée de baies identiques. À l’intérieur se trouvent d’intéressants lambris, portes et armoires d’encoignures en chêne ainsi qu’un escalier à balustres plats dans lequel se trouve un portrait du prince-évêque inscrit dans un médaillon datant de 1740.

Né en 1719 dans le duché de Juliers, à proximité de Düsseldorf, François-Charles de Velbrück devient prince-évêque de Liège en 1772, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1784 au château de Hex près de Tongres, une de ses résidences favorites. Francophile convaincu, il mène une politique étroite avec Louis XV mais c’est définitivement dans le domaine des arts que l’on retient son œuvre. Prince philosophe, Velbrück est à l’origine de nombreux projets à vocation artistique ou culturelle : la société littéraire de Liège ou encore la fondation de la société libre d’Émulation. Protecteur des artistes, il crée en 1774 une académie publique de peinture, sculpture et gravure. Apprécié de son vivant, pleuré à sa mort, François-Charles de Velbrück est résolument un des princes-évêques qui nous laisse le plus de traces marquantes actuellement.

4560 Hoyoux (Clavier)

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Château Cockerill

Les armoiries de François-Charles de Velbrück à l’entrée de la cour du château de Seraing © IPW

Le château de Seraing fut une des résidences préférées des princes-évêques de Liège depuis le Haut Moyen Âge jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. La terre de Seraing appartenait en effet directement aux souverains liégeois. 

D’abord simple maison de plaisance située en bord de Meuse et déjà mentionnée au XIe siècle, détruite puis reconstruite, la demeure devint un luxueux château de plaisance au XVIIIe siècle, richement décoré, entouré de splendides jardins et véritablement à la hauteur des souverains qui l’occupaient. 

Aujourd’hui dépourvu de bon nombre de ses dépendances et perdu dans la végétation industrielle serésienne, l’ensemble témoigne de la présence et de la personnalité de plusieurs princes-évêques qui firent de Seraing leur résidence. 

La construction de l’édifice débuta sous le règne de Georges-Louis de Berghes (1724-1743) qui érigea le pavillon nord-est, se poursuivit sous Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) qui érigea l’aile sud et se termina par l’achèvement de l’aile nord sous François-Charles de Velbrück (1772-1784). 

L’édifice présente depuis une grande unité de style : les divers corps ont les mêmes proportions, les briques rouges s’allient aux pierres de taille et les façades présentent une architecture classique des plus élégantes. Le « nouveau pavillon » datant du règne de Georges-Louis de Berghes forme la partie gauche et une construction semblable est érigée à droite. Ces deux corps de logis sont surmontés d’un fronton décoré de sculptures décoratives. Ils comportaient à l’origine le blason de Georges-Louis de Berghes, aujourd’hui disparu. 

Le blason de Charles-Nicolas d’Oultremont sur le linteau des fenêtres du château de Seraing © IPW

D’autres traces matérielles de l’occupation princière existent pourtant encore : l’ouverture cochère de la cour d’honneur porte les armes de Velbrück et les grilles de ferronnerie celles de Georges-Louis de Berghes. Au rez-de-chaussée de l’aile sud, plusieurs clés de voûtes portent les armes de Jean-Théodore de Bavière et de Charles-Nicolas d’Oultremont. 

La Révolution a fait disparaître les blasons des frontons et les dépendances ; les jardins disparaissent dans le courant du XIXe siècle. 

Pillé et mis à sac à la Révolution par les Liégeois tout comme le fut le palais des princes-évêques, le château attire l’attention des Français dès leur arrivée à Liège après la bataille de Fleurus. L’édifice est réquisitionné, mis à la disposition du ministre de la Guerre et transformé en hôpital militaire entre 1794 et 1797. Le château prend à l’époque le nom d’« hôpital Égalité ». L’organisation de cette institution dépend donc du ministère de la Guerre et son personnel est composé d’officiers de santé et d’infirmiers. Les frais engendrés par l’hôpital sont à la charge du gouvernement.

Après la suppression de l’hôpital, le château reste abandonné quelques années et se dégrade rapidement. La Constitution de l’an VIII, adoptée le 24 décembre 1799, procure de nouvelles destinées à l’ancienne demeure princière. Ce nouvel ensemble législatif crée le Sénat conservateur qui compte 24 membres. Le 1er janvier 1803, le Premier Consul crée les sénatoreries qui correspondent aux arrondissements d’appel. Les titulaires sont nommés à vie et sont considérés comme des « super-préfets » chargés de missions d’importance dans plusieurs départements. Chaque sénateur est doté d’une habitation et doit résider au moins trois mois dans sa sénatorerie. 

Par arrêté gouvernemental du 5 septembre, le château de Seraing est affecté comme maison d’habitation au sénateur de Liège, non encore nommé. Le 28 septembre 1803, Bonaparte offre la sénatorerie de Liège à Gaspard Monge, mathématicien, créateur de la géométrie descriptive et un des fondateurs de l’école polytechnique de Paris en 1795. Monge et sa famille ne s’installent pourtant jamais dans leur résidence, trop délabrée à leur goût et constituant un cadeau empoisonné. Le château nécessite en effet de lourdes campagnes de remise en état et le sénateur refuse d’en assumer les frais. Après plusieurs années de doute, l’administration départementale de l’Ourthe marque son intérêt pour le rachat du château de Seraing. Le décret impérial du 29 août 1813 affecte la demeure et ses dépendances au préfet qui doit se charger d’y installer un dépôt de mendicité pour le département de l’Ourthe. En décembre de la même année, les armées coalisées forcent les frontières de la France ; le château ne connut jamais cette nouvelle affectation.

Lors des tous derniers jours du régime, le château est occupé militairement pendant les campagnes de 1814-1815. Il sert entre autres de lieu de cantonnement aux troupes prussiennes et de magasin à poudre.

Le site est aujourd’hui connu sous le nom de château de Seraing ou château Cockerill, après son rachat par les frères Cockerill en 1817. 

L’ensemble parvenu jusqu’à nous reste toutefois exceptionnel et témoigne de la richesse et du pouvoir princier à Liège à la fin de l’Ancien Régime. À côté du château se trouve l’église Notre-Dame, reconstruite en 1731 sous le règne de Georges-Louis de Berghes et absorbant la tour du XVe siècle de l’ancienne église.

Avenue Greiner 1 
4100 Seraing

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

no picture

Église du Saint-Sacrement à Liège

Située dans l’axe du boulevard Piercot, cette église faisait autrefois partie du couvent des Ermites de Saint-Augustin, fondé en 1527.

De style néoclassique, le bâtiment en briques et calcaire a été édifié dès 1766, sous le règne de Charles-Nicolas d'Oultremont, prince-évêque de 1764 à 1772, d'après des plans attribués à Jacques-Barthélemy Renoz. Dessinant une croix latine renversée, elle comporte une nef de plan octogonal cruciforme, suivie d'un chœur allongé composé de deux travées terminées par une abside semi-circulaire. L’édifice se complète ensuite d’une tour de plan carré adossée à l’abside. La sobre façade, entièrement en calcaire, est ornée de quatre pilastres composites soutenant un fronton triangulaire frappé des armoiries d’Oultremont, dont le centre du cartouche est surmonté de la couronne princière, de la crosse et de l’épée mais cette fois encadré par un lion et un homme sauvage portant un pagne fait de feuillages et tenant entre ses mains un bâton.

Au centre, le portail rectangulaire est couronné d’une corniche sur modillons en talon, se prolongeant entre les pilastres. Les vantaux en chêne sont sculptés de médaillons, tandis que l’imposte est ornée d’un bas-relief représentant saint Jean à Patmos. Surmontant le portail, un vaste bas-relief d’Antoine-Pierre Franck, représente saint Augustin. La nef et la tour sont couvertes d’un dôme à l’impériale, le second étant surmonté d’un clocheton. À l’intérieur, la voûte du chœur est ornée d’armoiries stuquées, dont celles du prince-évêque Fr.-Ch. de Velbrück (1772-1784). La composition de ces armoiries est analogue à celles de la façade.

Désaffectée à la Révolution, elle a été restaurée par Demany en 1866 et desservie par les Sœurs de l’Eucharistie de 1864 à 1993. D’importantes restaurations intérieures (vitraux, pavement, peintures) et de la toiture ont été réalisées par N. Leclerc de 1961 à 1972.
 

Boulevard d’Avroy 132
4000 Liège

carte

Classée comme monument le 3 août 1956

Institut du Patrimoine wallon

SPW - G. Focant 

Société littéraire à Liège

La Société littéraire de Liège a été fondée en 1779 par le prince-évêque Velbrück. Le but de ce cercle était de se rassembler et de pouvoir consulter les journaux. Construit en pierre blanche en 1787, le bâtiment de style classique est attribué à J.-B. Renoz. La façade de cinq travées s’élève sur trois niveaux. Au centre, les trois travées principales compose un avant-corps percé au rez-de-chaussée d’une porte cantonnée de deux baies et au premier étage de trois baies donnant sur un balcon à grille de fonte du XIXe siècle. L’on y retrouve deux statues, la Bienfaisance et la Concorde. Le deuxième étage est orné d’un bas-relief à putti, guirlandes et cartouche. La façade est surmontée d’un fronton animé d’une scène mythologique.

Incendié en 1859, l’intérieur de l’immeuble de la société littéraire a été reconstruit par L. Demany et décoré par le peintre Carpay. Le hall d’entrée, le vestiaire du hall, la cage d’escalier et les salons du premier étage conserve aujourd’hui leur décoration du XIXe siècle. Remarquons l’exceptionnelle ornementation des salons caractéristiques du second empire uniques à Liège.

Société littéraire à Liège - Guy Focant © SPW

Place de la République française 5
4000 Liège

carte

Classée comme monument le 17 décembre 1974, le 11 septembre 1990 (salons et certains éléments intérieurs) et le 7 novembre 1992 (toiture arrière)
Patrimoine exceptionnel de Wallonie (décor des salons du 1er étage en façade)

Institut du Patrimoine wallon

Ramoux Gilles Joseph Evrard

Eglises

Liège 21/01/1750, Glons 08/01/1826


En principauté de Liège, durant le règne du prince-évêque Velbruck, Joseph Ramoux occupe une position particulière ; outre ses fonctions importantes d’enseignement, il est parmi les fondateurs de la Société d’Emulation (1779). À son nom est aussi accroché un chant « patriotique » célèbre ; Ramoux est en effet l’auteur du Valeureux Liégeois (1790).

Le 16 août 1773, le pape Clément XIV décide de dissoudre la Compagnie de Jésus. Un mois plus tard, tous les collèges jésuites établis en pays wallon ferment leurs portes (il y en avait un à Nivelles, Huy, Ath, Marche, Tournai, Dinant, Liège, Mons et Namur). Comme l’empereur d’Autriche dans les Pays-Bas, le prince-évêque de Liège remplace les établissements supprimés. Ainsi en est-il par exemple à Liège où est ouvert le Grand Collège. Velbruck y nomme à sa tête l’abbé (Gilles) Joseph Ramoux, qui exerce aussi comme professeur de rhétorique jusqu’à la fin du règne de ce prince-évêque (de 1773 à 1784). Dès 1761, Ramoux avait suivi les cours… du collège des jésuites wallons, et s’était révélé par ses aptitudes. Entré au séminaire, ordonné prêtre (1773), le jeune Ramoux était « premier chantre » à Amsterdam lorsque Velbruck le rappelle « au pays » et lui confie la direction du Collège.
Dans le climat favorable aux idées nouvelles que permet Velbruck, quelques lettrés Liégeois créent la Société d’Émulation : la réunion constitutive se déroule en avril 1779 chez Ramoux qui devient administrateur et bibliothèque du cercle. Il y joue un rôle actif.

Sans doute la disparition de Velbruck au printemps 1784 précipita-t-elle la mise à l’écart de Ramoux des affaires liégeoises. Le hasard voulut qu’au moment où disparaissait son protecteur s’ouvrait une place à la cure primaire de Glons. Cette offre ne pouvait être refusée et Ramoux quitta les bords de la Meuse pour ceux du Geer, sans jamais revoir les premiers. Tous les efforts de l’abbé se concentrèrent désormais sur ses ouailles. Sa démarche fut spirituelle, morale et matérielle. L’injustice, la mendicité et le manque d’hygiène furent combattues avec la même rigueur et la même efficacité, si bien que Ramoux reçut de ses contemporains le surnom de « Législateur des bords du Geer » ; esprit inventif et imaginatif, sans doute toujours influencé par les idées nouvelles, il joua un rôle important en redynamisant la confection et le commerce des chapeaux de paille, transformant l’activité « traditionnelle » dans la vallée en une véritable industrie. 

Dans sa cure reculée, Ramoux semble s’être aussi consacré à la botanique, à la musique, ainsi qu’à l’écriture, en français comme en wallon, sans que l’on en ait conservé beaucoup de traces. D’avril 1790, une chanson intitulée Sur la marche nationale émerge cependant. Ayant sans doute répondu à un appel de Lambert-Joseph Donceel – commandant des milices liégeoises - , Ramoux compose les paroles d’une chanson, en français, deux strophes et un refrain, qui deviendra si populaire qu’elle s’imposera comme l’hymne des Liégeois, Le Valeureux Liégeois.

 

Sources


Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 306, 307
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, poètes et prosateurs, Liège (Mardaga), 1979, p. 90
Joseph DEFRECHEUX, dans Biographie nationale, t. 18, col. 635-646
Antoine-Gabriel BECDELIEVRE, Biographie liégeoise…, t. II, p. 695-698
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 85, 464 ; t. IV, p. 481

Dewandre François-Joseph

Culture, Sculpture

Liège 04/09/1758, Liège 29/06/1835


Sculpteur, François-Joseph Dewandre est particulièrement connu pour le Mausolée funéraire de Velbrück qu’il a réalisé à la mort du prince-évêque (1784).

François-Joseph Dewandre suit ses humanités au Collège des Jésuites de Liège avant de se former auprès du sculpteur, peintre et architecte Jean Latour, durant deux ans. Très jeune – il a vingt ans –, sur le conseil du prince-évêque de Liège de Velbrück, il s’en va à Rome pour se perfectionner dans les ateliers de Bottoni et de Conca. Fréquentant l’académie du Capitole, il reçoit le Prix de Rome de sculpture, en 1783. En 1784, après six années passées en Italie, il revient à Liège, où il est chargé de réaliser le Mausolée funéraire de Velbrück, décédé la même année. 

Médaille d’honneur de la Société d’Émulation, Dewandre réside à Liège lorsqu’éclate « l’Heureuse Révolution ». Nommé premier adjoint du maire de Liège, en 1800, il est désigné auprès de Léonard Defrance comme professeur de dessin à l’Académie centrale française de Liège, à partir de 1801. Nommé professeur à l’Académie de Dessin, sous le gouvernement des Pays-Bas, de 1819 à sa mort, en 1835, il assume, dans le même temps la fonction d’architecte, directeur des travaux de la cathédrale et des bâtiments civils.

 

Sources

Dictionnaire biographique illustré des artistes en Belgique depuis 1830, Bruxelles, Arto, 1987, p. 139
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 477
Biographie liégeoise, t. II, p. 726-729

no picture

de Fassin Nicolas-Henri

Culture, Peinture

Liège 10/04/1728, Liège 21/01/1811


Issu d’une famille de notables liégeois qui le destinaient à une carrière de magistrat, le peintre d’animaux et de paysages Nicolas-Henri de Fassin vient de fêter ses vingt ans lorsqu’il se rend à Paris pour s’engager dans les armes. Devenu officier, mais accusé d’avoir voulu passer à l’ennemi, il est finalement innocenté par la commission spéciale nommée pour examiner l’affaire. 

Amer, il rentre au pays et part pour Anvers, où il étudie les chefs-d’œuvre des peintres flamands. À l’âge de trente-quatre ans, il se lance dans des études à l’Académie d’Anvers pour se perfectionner dans son art. À quarante ans, il fait le voyage d’Italie, séjournant à Rome et à Naples. Il visite ensuite Genève, où il se fait une réputation en faisant la connaissance d’un amateur d’art célèbre, Tronchu, également possesseur d’une impressionnante collection de tableaux, que Fassin entreprend de copier.

En 1769, se trouvant dans le voisinage du château de Ferney, acquis par Voltaire dix ans plus tôt, Nicolas-Henri de Fassin se rend auprès du philosophe qui lui permet de faire son portrait. Celui-ci, appartenant à la collection de Maxime de Soer de Solières, représente le philosophe en bonnet de nuit et en robe de chambre. 

Nicolas-Henri de Fassin revient à Liège, en 1770, où sa réputation l’avait précédé et où il retrouve son ancien ami, le peintre Léonard Defrance. Ensemble, il projette de doter Liège d’une académie de dessin, de peinture et de sculpture, un projet qui put voir le jour, en 1775, grâce à l’appui du prince-évêque François-Charles de Velbrück. 
Quand éclate la Révolution liégeoise, Nicolas-Henri de Fassin, à qui l’on confia, par ailleurs, le commandement de la milice locale, est installé à Spa. Une fois le pays de Liège réuni à la France, le peintre s’établit définitivement à Liège où il continue ses activités, jusqu’à sa mort.
 

Sources

Paul SIRET, dans Biographie nationale, t. 6, col. 891-894
Jacques STIENNON, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. II, p. 248
Revue belge, t. 5, 1837 http://books.google.be/books?id=7VMFAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false (s.v. 26 septembre 2014)