DE VELBRÜCK François-Charles

Le château de Hoyoux

Le hameau de Hoyoux abrite le château du même nom, gentilhommière du prince-évêque François-Charles de Velbrück. Accroché au flanc d’une colline surplombant le Hoyoux, le château d’esprit classique a probablement été construit dans le courant du troisième quart du XVIIIe siècle pour servir de pavillon de chasse au souverain liégeois. Une cour d’honneur en terrasses donne sur le corps central de cinq travées flanqué de deux ailes d’une travée de baies identiques. À l’intérieur se trouvent d’intéressants lambris, portes et armoires d’encoignures en chêne ainsi qu’un escalier à balustres plats dans lequel se trouve un portrait du prince-évêque inscrit dans un médaillon datant de 1740.

Né en 1719 dans le duché de Juliers, à proximité de Düsseldorf, François-Charles de Velbrück devient prince-évêque de Liège en 1772, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1784 au château de Hex près de Tongres, une de ses résidences favorites. Francophile convaincu, il mène une politique étroite avec Louis XV mais c’est définitivement dans le domaine des arts que l’on retient son œuvre. Prince philosophe, Velbrück est à l’origine de nombreux projets à vocation artistique ou culturelle : la société littéraire de Liège ou encore la fondation de la société libre d’Émulation. Protecteur des artistes, il crée en 1774 une académie publique de peinture, sculpture et gravure. Apprécié de son vivant, pleuré à sa mort, François-Charles de Velbrück est résolument un des princes-évêques qui nous laisse le plus de traces marquantes actuellement.

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Le château de Hoyoux
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La cathédrale Saint-Paul

Héritière de la défunte cathédrale Saint-Lambert, Saint-Paul est aussi une des sept collégiales historiques construites à Liège aux Xe et XIe siècles. Très bel exemple du style gothique mosan, l’édifice actuel a été reconstruit entre 1230 et 1579. Il est aujourd’hui devenu un lieu de la mémoire du pouvoir princier disparu à la fin du XVIIIe siècle.

La plaque commémorative des sépultures d’Érard de la Marck, Georges d’Autriche et César-Constantin-François de Hoensbroeck dans le collatéral nord de la cathédrale de Liège © IPW

La plaque commémorative des sépultures d’Érard de la Marck, Georges d’Autriche et César-Constantin-François de Hoensbroeck dans le collatéral nord de la cathédrale de Liège

Le portail gothico-renaissant situé du côté de la place Saint-Paul, édifié sous le règne de Corneille de Berghes (1538-1544), porte les armoiries de celui-ci qui surmontent un grand médaillon où est sculptée une « Conversion de saint Paul ». Mais les principaux souvenirs liés aux prélats liégeois conservés dans l’édifice sont toutefois liés à la disparition de la principauté et à la destruction de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert. Dans le fond du collatéral nord, une dalle de marbre située au niveau de la crypte indique l’emplacement du caveau où furent transférés les restes de trois princes-évêques après la Révolution : Érard de la Marck (1505-1538), Georges d’Autriche (1544-1557) et César-Constantin-François de Hoensbroeck (1784-1792). Ils côtoient de nos jours les dépouilles d’évêques de Liège. Les restes d’ Albert de Cuyck (1194-1200) ont rejoint la crypte par la suite.

Le cénotaphe de Georges-Louis de Berghes dans l’aile sud du cloître de la cathédrale Saint-Paul © IPW

Le cénotaphe de Georges-Louis de Berghes dans l’aile sud du cloître de la cathédrale Saint-Paul

Dans le cloître, parmi de nombreuses pierres tombales de chanoines, se trouvent deux monuments funéraires provenant de l’ancienne cathédrale. Le premier est le cénotaphe de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Du monument d’origine réalisé par Guillaume Évrard en 1744, on n’a malheureusement conservé qu’un médaillon représentant le prince-évêque ainsi qu’une paire d’anges portant les symboles du pouvoir : la mitre (pouvoir spirituel) et des faisceaux à l’antique (pouvoir temporel). Ces éléments ont été intégrés à un monument neuf en 2002, reconstruction réalisée d’après une recherche menée en archives. Dans le bas de la composition, faite d’un monolithe noir de forme pyramidale, une plaque commémorative a été insérée. Elle reprend l’épitaphe du prince : « Ci-gît Georges-Louis, des comtes de Berghes, évêque et prince de Liège, troisième du nom, dernier de sa lignée. Il dirigea l’église durant près de vingt années. Il comprit si bien les pauvres et les démunis qu’il les nourrit de son vivant (…) ». Ce monument, autrefois dans le déambulatoire de Saint-Lambert, fut miraculeusement sauvé en partie et échoua au séminaire épiscopal où il décora longtemps un mur du réfectoire jusqu’à son transfert à la cathédrale.

Le cénotaphe de François-Charles de Velbrück dans l’aile sud du cloître de la cathédrale Saint-Paul © IPW

Le cénotaphe de François-Charles de Velbrück dans l’aile sud du cloître de la cathédrale Saint-Paul

Un second cénotaphe évoque le souvenir du prince-évêque François-Charles de Velbrück (1772-1784). Tout comme pour le précédent, il s’agit d’une œuvre contemporaine réalisée en 2000 incorporant des éléments du mausolée d’origine, réalisé par le sculpteur François Dewandre. De style néoclassique, il se compose également d’un médaillon représentant le défunt et de deux imposants groupes sculptés : une figure féminine tenant une lyre appuyée sur une urne funéraire et un angelot assis sur les attributs des arts (un livre, une palette de peintre, un maillet, un compas, une équerre). Ces figures rappellent le goût de Velbrück pour l’art, la culture et la philosophie des Lumières ainsi que sa grande action de mécène. Une copie de l’inscription commémorative conservée au château de Hex fait partie intégrante de la nouvelle composition : « À la mémoire de François Charles, né des comtes de Velbrück le 11 juin 1719, élu évêque et prince de Liège le 16 janvier 1772 et décédé le 30 avril 1784. Au généreux protecteur des arts, au père des démunis, au compagnon des bons vivants, au soutien de la patrie, les arts recommandent l’immortalité ».

Les ailes du cloître abritent également les très riches collections du Trésor de la cathédrale. Centre d’interprétation d’art et d’histoire de la principauté de Liège, il conserve de nombreuses pièces qui permettent d’embrasser huit siècles d’histoire liégeoise. Parmi les œuvres présentes figurent plusieurs portraits de princes-évêques ainsi que le cercueil d’Érard de la Marck, se trouvant autrefois dans un mausolée grandiose, détruit à la Révolution en même temps que la cathédrale qui l’abritait. Le blason de François-Charles de Velbrück autrefois présent sur son mausolée est également conservé au Trésor.

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La cathédrale Saint-Paul
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La plaque commémorative des sépultures d’Érard de la Marck, Georges d’Autriche et César-Constantin-François de Hoensbroeck dans le collatéral nord de la cathédrale de Liège © IPW
Le cénotaphe de Georges-Louis de Berghes dans l’aile sud du cloître de la cathédrale Saint-Paul © IPW
Le cénotaphe de François-Charles de Velbrück dans l’aile sud du cloître de la cathédrale Saint-Paul © IPW
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Le château Cockerill

Les armoiries de François-Charles de Velbrück à l’entrée de la cour du château de Seraing © IPW

Les armoiries de François-Charles de Velbrück à l’entrée de la cour du château de Seraing

Le château de Seraing fut une des résidences préférées des princes-évêques de Liège depuis le Haut Moyen Âge jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. La terre de Seraing appartenait en effet directement aux souverains liégeois. D’abord simple maison de plaisance située en bord de Meuse et déjà mentionnée au XIe siècle, détruite puis reconstruite, la demeure devint un luxueux château de plaisance au XVIIIe siècle, richement décoré, entouré de splendides jardins et véritablement à la hauteur des souverains qui l’occupaient. Aujourd’hui dépourvu de bon nombre de ses dépendances et perdu dans la végétation industrielle serésienne, l’ensemble témoigne de la présence et de la personnalité de plusieurs princes-évêques qui firent de Seraing leur résidence. La construction de l’édifice débuta sous le règne de Georges-Louis de Berghes (1724-1743) qui érigea le pavillon nord-est, se poursuivit sous Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) qui érigea l’aile sud et se termina par l’achèvement de l’aile nord sous François-Charles de Velbrück (1772-1784). L’édifice présente depuis une grande unité de style : les divers corps ont les mêmes proportions, les briques rouges s’allient aux pierres de taille et les façades présentent une architecture classique des plus élégantes. Le « nouveau pavillon » datant du règne de Georges-Louis de Berghes forme la partie gauche et une construction semblable est érigée à droite. Ces deux corps de logis sont surmontés d’un fronton décoré de sculptures décoratives. Ils comportaient à l’origine le blason de Georges-Louis de Berghes, aujourd’hui disparu. D’autres traces matérielles de l’occupation princière existent pourtant encore : l’ouverture cochère de la cour d’honneur porte les armes de Velbrück et les grilles de ferronnerie celles de Georges-Louis de Berghes. Au rez-de-chaussée de l’aile sud, plusieurs clés de voûtes portent les armes de Jean-Théodore de Bavière et de Charles-Nicolas d’Oultremont. Le site est aujourd’hui connu sous le nom de château de Seraing ou château Cockerill, après son rachat par les frères Cockerill en 1817. La Révolution a fait disparaître les blasons des frontons et les dépendances ; les jardins disparaissent dans le courant du XIXe siècle. L’ensemble parvenu jusqu’à nous reste toutefois exceptionnel et témoigne de la richesse et du pouvoir princier à Liège à la fin de l’Ancien Régime. À côté du château se trouve l’église Notre-Dame, reconstruite en 1731 sous le règne de Georges-Louis de Berghes et absorbant la tour du XVe siècle de l’ancienne église.

Le blason de Charles-Nicolas d’Oultremont sur le linteau des fenêtres du château de Seraing © IPW

Le blason de Charles-Nicolas d’Oultremont sur le linteau des fenêtres du château de Seraing

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le blason de Jean-Théodore de Bavière sur le linteau des fenêtres du château de Seraing © IPW

Le blason de Jean-Théodore de Bavière sur le linteau des fenêtres du château de Seraing

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Le château Cockerill
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Les armoiries de François-Charles de Velbrück à l’entrée de la cour du château de Seraing © IPW
Le blason de Charles-Nicolas d’Oultremont sur le linteau des fenêtres du château de Seraing © IPW
Le blason de Jean-Théodore de Bavière sur le linteau des fenêtres du château de Seraing © IPW
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La société libre d’Émulation

Édifiée et inaugurée par le prince-évêque François-Charles de Velbrück en 1773 pour permettre l’expansion de l’esprit artistique et scientifique, la société libre d’Émulation est lourdement endommagée par un incendie le 20 août 1914. Les travaux de reconstruction sont terminés en 1934 selon les plans de l’architecte Julien Koenig. Les bâtiments situés à l’arrière de l’édifice et accessibles par la rue Charles Magnette ont pour leur part été préservés. Partie intégrante de l’ancien couvent des soeurs du Val Sainte-Anne ou Soeurs-de-Hasque, ils appartiennent aujourd’hui à la société libre d’Émulation. Le très bel édifice de style mosan a été édifié vers 1618 et restauré en 1921. De plan rectangulaire, il est flanqué d’une tourelle polygonale encadrée de chaînages et surmontée d’un pavillon à bulbe. La façade principale est ornée d’une niche abritant une Vierge à l’enfant. C’est à cet endroit qu’est organisé un concert en présence du général Dumouriez et de son état-major, le 2 décembre 1792.

Essoufflée et quelque peu oubliée après la Révolution, la société libre d’Émulation fut recréée en 1809 sous l’égide du préfet de l’Ourthe Micoud d’Umons et divisée en plusieurs branches : le comité des sciences physiques et médicales, le comité pour la littérature et les beaux-arts, le comité pour l’agriculture et l’économie rurale et le comité pour les arts, manufactures et l’amélioration de l’industrie. La société devient l’un des hauts lieux de la science médicale à l’époque dans nos régions ; elle dispense des cours d’anatomie, de physiologie, de nombreux médecins et chirurgiens en deviennent membres correspondants. Le 19 novembre 1809, l’institution change de nom et devint la « Société libre d’Émulation et d’encouragement pour les sciences et les arts ». Parmi les membres de cette société de prestige, on retrouve bon nombre de personnalités du département : les industriels Biolley et Simonis, le mécanicien John Cockerill, le banquier Gérard Nagelmackers, des exploitants de houillères et des fabricants en tout genre. Afin de concrétiser sa politique de développement industriel, la société a recours à des prix et des expositions. Le 16 février 1813, la société est également à l’origine de la création d’un athénée des arts, successeur de l’académie de dessin créée par Velbrück sous l’Ancien Régime. Cette école ne survit toutefois pas longtemps et ferme ses portes dès la chute de l’Empire. Le renouveau insufflé par le préfet ne s’éteint toutefois pas avec la fin du régime français, la société d’Émulation poursuit ses activités au gré du développement de la Révolution industrielle.

La taque de foyer représentant Napoléon à cheval conservée à la société libre d’Émulation à Liège. © Bruxelles, KIK-IRPALa taque de foyer représentant Napoléon à cheval conservée à la société libre d’Émulation à Liège. © Bruxelles, KIK-IRPA

 

La maison Renaissance de l’Émulation conserve également une taque de foyer carrée de 70 cm de côtés représentant Napoléon. Coulée vers 1801-1810, elle se trouvait autrefois dans la salle polyvalente mais a récemment été déposée en réserve. On y voit l’empereur en habits militaires, à cheval et entouré de drapeaux.

 

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La taque de foyer représentant Napoléon à cheval conservée à la société libre d’Émulation à Liège. © Bruxelles, KIK-IRPA
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Église du Saint-Sacrement

Boulevard d’Avroy 132, 4000 Liège (Belgique)

Classée comme monument le 3 août 1956

Située dans l’axe du boulevard Piercot, cette église faisait autrefois partie du couvent des Ermites de Saint-Augustin, fondé en 1527. Désaffectée à la Révolution, elle a été restaurée par Demany en 1866 et desservie par les Sœurs de l’Eucharistie de 1864 à 1993. D’importantes restaurations intérieures (vitraux, pavement, peintures) et de la toiture ont été réalisées par N. Leclerc de 1961 à 1972.

De style néoclassique, le bâtiment en briques et calcaire a été édifié dès 1766, sous le règne de Charles-Nicolas d'Oultremont, prince-évêque de 1764 à 1772, d'après des plans attribués à Jacques-Barthélemy Renoz. Dessinant une croix latine renversée, elle comporte une nef de plan octogonal cruciforme, suivie d'un chœur allongé composé de deux travées terminées par une abside semi-circulaire. L’édifice se complète ensuite d’une tour de plan carré adossée à l’abside.

La sobre façade, entièrement en calcaire, est ornée de quatre pilastres composites soutenant un fronton triangulaire frappé des armoiries d’Oultremont. Au centre, le portail rectangulaire est couronné d’une corniche sur modillons en talon, se prolongeant entre les pilastres. Les vantaux en chêne sont sculptés de médaillons, tandis que l’imposte est ornée d’un bas-relief représentant saint Jean à Patmos. Surmontant le portail, un vaste bas-relief d’Antoine-Pierre Franck, représente saint Augustin. La nef et la tour sont couvertes d’un dôme à l’impériale, le second étant surmonté d’un clocheton. À l’intérieur, la voûte du chœur est ornée d’armoiries stuquées, dont celles du prince-évêque Fr.-Ch. de Velbrück (1772-1784).

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Société littéraire à Liège

Place de la République française, 5 à 4000 Liège

Classée comme monument le 17 décembre 1974, le 11 septembre 1990 (salons et certains éléments intérieurs) et le 7 novembre 1992 (toiture arrière)
Patrimoine exceptionnel de Wallonie (décor des salons du 1er étage en façade)

La Société littéraire de Liège a été fondée en 1779 par le prince-évêque Velbrück. Le but de ce cercle était de se rassembler et de pouvoir consulter les journaux. Construit en pierre blanche en 1787, le bâtiment de style classique est attribué à J.-B. Renoz. La façade de cinq travées s’élève sur trois niveaux. Au centre, les trois travées principales compose un avant-corps percé au rez-de-chaussée d’une porte cantonnée de deux baies et au premier étage de trois baies donnant sur un balcon à grille de fonte du XIXe siècle. L’on y retrouve deux statues, la Bienfaisance et la Concorde. Le deuxième étage est orné d’un bas-relief à putti, guirlandes et cartouche. La façade est surmontée d’un fronton animé d’une scène mythologique.

Incendié en 1859, l’intérieur de l’immeuble de la société littéraire a été reconstruit par L. Demany et décoré par le peintre Carpay. Le hall d’entrée, le vestiaire du hall, la cage d’escalier et les salons du premier étage conserve aujourd’hui leur décoration du XIXe siècle. Remarquons l’exceptionnelle ornementation des salons caractéristiques du second empire uniques à Liège.

 

Société littéraire à Liège - Guy Focant © SPW

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Société littéraire à Liège - Guy Focant © SPW

DE FASSIN Nicolas-Henri

Liège 10/04/1728, Liège 21/01/1811

VELBRUCK François-Charles (de)

Statue du prince-évêque Fr-Ch. de Velbrück, réalisée par Léon Mignon, c. 15 octobre 1880.

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège d’un bâtiment digne de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs qui racontent l’histoire de la principauté de Liège. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Velbrück est parmi celles-ci.
Membre de cette équipe, Léon Mignon (Liège 1847 – Schaerbeek 1898) va réaliser quatre des 42 statues et représenter deux scènes historiques (La bataille de Steppes et L’institution de la Fête-Dieu). De retour d’un séjour de plusieurs mois à Rome, Léon Mignon s’est installé à Paris ; rentrant à Liège de temps à autre, il apporte sa contribution au chantier de décoration du Palais provincial. C’est aussi durant cette période qui va de 1876 à 1884 que l’artiste réalise ses œuvres majeures, celles qui lui assurent en tout cas une réelle notoriété : Li Toré et son vis-à-vis Le Bœuf de labour au repos.
Réalisée en pierre durant la même période, sa statue du prince-évêque Velbrück (Düsseldorf 1719 – Tongres 1784). Située juste à côté de la statue de Saint-Hubert, celle de Velbrück est à l’extrême-droite du péristyle, sur la partie inférieure, dans l’angle de retrait. Initialement réservée à des personnalités du Moyen Âge (pour éviter des polémiques), la façade du Palais provincial réserve quelques exceptions : décédé moins d’un siècle avant le chantier de décoration, François-Charles Velbrück est le plus « récent » d’entre tous et son règne est considéré unanimement comme l’un des plus remarquables de l’histoire de la principauté. Cette unanimité n’était guère rencontrée pour un personnage comme Sébastien Laruelle, dont la statue était initialement prévue à l’endroit où se trouve désormais Velbrück Contrairement au projet de décoration initial, aucune statue ne sera d’ailleurs consacrée à Laruelle, mais un bas-relief – placé juste à côté de Velbrück – évoque l’assassinat du bourgmestre de Liège.
Chanoine de la Cathédrale Saint-Lambert dès les années 1730, François-Charles de Velbrück est venu habiter Liège à partir de 1745 ; il entre alors dans le Conseil privé du prince-évêque. En l’absence de Jean-Théodore de Bavière, il s’occupe de la direction des affaires liégeoises et, jouissant de l’appui des « Français », est même pressenti à sa succession en 1763. Fin diplomate et ecclésiastique apprécié, Velbrück devra patienter : ce n’est qu’en 1772 qu’à l’unanimité du chapitre, il est élu prince-évêque de Liège (1772-1784). Chacun s’accorde à reconnaître que son règne a été remarquable et profitable à l’évolution des idées, du commerce et de l’industrie, ainsi que de la santé et de l’instruction. Le contraste avec son successeur accentue encore l’image positive de ce grand protecteur des artistes, ouvert aux idées nouvelles, qui permit la création de la Société d’Émulation, de la Société littéraire, des Académies et des Écoles. Mis à part le mausolée Velbrück, œuvre de François-Joseph Dewandre, il n’existe aucune sculpture de l’ancien prince-évêque à Liège quand Léon Mignon entreprend de le représenter.
L’éloignement ne permet pas d’apprécier à sa juste valeur le travail de précision réalisé par le sculpteur : outre le portrait très ressemblant, les plis, les effets des vêtements du prince-évêque et surtout les broderies et dentelles de sa chasuble sont d’une qualité exceptionnelle. Cette statue de Velbrück témoigne aussi que Léon Mignon n’est pas qu’un sculpteur animalier, même si son œuvre la plus connue à Liège reste Li Toré. Bénéficiaire d’une bourse de la Fondation Darchis, cet élève studieux de l’Académie des Beaux-Arts de Liège, qui fréquentait depuis son plus jeune âge l’atelier de Léopold Noppius, avait trouvé l’inspiration en Italie (1872-1876). Médaille d’or au salon de Paris en 1880 pour son taureau, il s’était installé dans la capitale française (1876-1884), avant d’être contraint à habiter Bruxelles pour pouvoir  exécuter des commandes officielles du gouvernement : c’est l’époque de ses bustes, mais aussi de la statue équestre de Léopold II particulièrement remarquable, d’une série de bas-reliefs pour le Musée d’Art moderne de Bruxelles et le Musée des Beaux-Arts d’Anvers, ainsi que d’une Lady Godiva, sa dernière œuvre.

Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 96
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html
Michel Péters sur http://fr.slideshare.net/guest78f5a/petit-historique-de-la-sainttor-des-tudiants-ligeois (s.v. août 2013)
Hugo LETTENS, Léon Mignon, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 504-508
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 231
Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
Georges DE FROIDCOURT, Velbrück, dans Biographie nationale, t. 26, col. 523-531
La Meuse, 2 octobre 1880

 

Statue du prince-évêque Fr-Ch. de Velbrück – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

 

 

Statue du prince-évêque Fr-Ch. de Velbrück

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Façade du Palais provincial, face à la place Notger, 4000 Liège
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VELBRUCK François-Charles (de)
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Statue du prince-évêque Fr-Ch. de Velbrück – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam
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