Plaques parc de la Dodaine

Lieu de rencontre important de la vie nivelloise, le parc de la Dodaine abrite, dans son jardin central, trois plaques commémoratives d’artistes wallons nivellois. Au cours des hommages rendus par le Mouvement wallon dans la cité brabançonne, ces plaques furent toujours une étape de leur pèlerinage.

Plaque en mémoire de Franz Dewandelaer

Né le 20 mai 1909, Franz Dewandelaer découvre la poésie wallonne sur les bancs de l’école primaire ; il reçoit son premier prix en 1930. Poète dialectal, il écrit à la fois en français et en wallon. Membre du Congrès national wallon, il se présente sur les listes électorales du Parti d’Unité wallonne en 1949. Il décède le 23 août 1952. Un quatrain en wallon issu de son recueil de poèmes dialectaux Bouquet tout fait est inscrit sur sa plaque commémorative.

 

 

Plaque en mémoire du comte Albert du Bois

Poète et dramaturge, Albert du Bois est né le 4 septembre 1872. Après des études de droit et un passage à l’Ambassade de Belgique à Londres, il publie en 1903 Le catéchisme wallon, œuvre marquante dans laquelle il affirme son attachement à ses racines latines et défend ardemment la culture wallonne. Il s’impose rapidement comme une figure de proue du Mouvement wallon au même titre que ses contemporains Albert Mockel et Jules Destrée. Il participe au Congrès wallon de 1905 et fonde Le Réveil wallon, journal hebdomadaire, en 1907. Il participe à l’érection du monument de Jemappes et représente l’arrondissement de Nivelles à l’Assemblée wallonne. Il meurt le 3 décembre 1940, et son corps repose dans le caveau familial du château d’Écaussinnes-d’Enghien. La plaque commémorative rappelle qu’il fut un « précurseur duMouvement wallon » et précise son attachement à la culture latine et à la versification : « Il aima passionnément la musique du vers français et défendit la culture latine. »

 

Plaque en mémoire de Paul Collet

Né le 29 juillet 1889, docteur en droit, homme de lettres et également un des meilleurs dessinateurs-graveurs de son époque, Paul Collet mène en parallèle un combat pour la Wallonie. Fondateur et principal rédacteur de la revue Le Roman païs de Brabant, il crée le comité des Fêtes de Wallonie de Nivelles en 1928, à l’exemple de ce que venait de faire François Bovesse à Namur. Membre de l’Assemblée wallonne, il participe aussi au premier Congrès culturel wallon de 1938, mais son engagement politique l’a alors mené au Parlement en tant que député rexiste de l’arrondissement de Nivelles. Non réélu en 1939, il quitte Degrelle et il rejoint les rangs du comité nivellois de Wallonie libre en août 1944. Il est encore président du comité nivellois des fêtes de Wallonie et membre du Congrès national wallon. Il meurt à Nivelles le 22 juillet 1952. La plaque commémorative fut installée par la Ville dans le parc de la Dodaine en 1967. Elle rappelle l’attachement de Collet à la Wallonie : « À Paul Collet 1889-1952, avocat, homme de lettres, imagier de Nivelles et du Roman Pays de Brabant, défenseur de la terre wallonne et de la pensée française. » Les Fêtes de Wallonie de 1989 furent l’occasion pour la ville de commémorer le centième anniversaire de la naissance de Collet. La plaque comporte également une reproduction d’une gravure de Paul Collet, ainsi qu’un drapeau aux couleurs françaises, tout comme cela est le cas pour la plaque dédiée à Franz Dewandelaer.

Parc de la Dodaine
1400 Nivelles

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Plaque Albert DU BOIS

Plaque commémorative Albert du Bois, réalisé par le maître tailleur de pierres Dhyne, , à l’initiative du Cercle d’information et d’histoire locale des Écaussinnes, 25 septembre 1982.

La maison familiale de la famille du Bois, appelée au XIXe siècle « le château du Bois » et devenue à la fin du XXe siècle « la pharmacie Poulet », se trouve au cœur d’Écaussinnes, sur la Grand Place. Y ont vécu plusieurs générations de « du Bois », dont le grand-père d’Albert qui fut garde d’honneur de Napoléon puis bourgmestre d’Écaussinnes d’Enghien (entre 1836 et 1843). C’est là qu’a grandi Albert (1872-1940) ; c’est là aussi qu’un précepteur lui apprend à lire et à calculer, avant son inscription au Collège Saint-Michel, à Bruxelles (1881), puis au Collège Notre-Dame de la Paix à Namur, auprès des pères Jésuites pour son école secondaire (1884-1890). Élève brillant, il obtient son diplôme de docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain dès 1895, année où son talent littéraire est déjà bien connu ; il a en effet commencé à écrire dès ses humanités à Namur (Fatalité, une œuvre jamais éditée, date de cette période, de même que la poésie Dernier chant qui est distinguée par un prix de l’Académie Mont Réal de Toulouse en 1889). En 1892, certaines de ses pièces sont déjà jouées à Paris. Un séjour prolongé en Grèce, au début des années 1890, inspire son premier roman (Amour antique), suivi de plusieurs autres qui forment une sorte de cycle où l’écrivain exprime sa nostalgie de la civilisation antique. Engagé dans la carrière diplomatique, le comte Albert du Bois est nommé en décembre 1897 comme attaché de Légation. Il entre en fonction à Londres durant l’été 1898 et est promu Secrétaire de Légation de 2e classe en 1899.

Très vite, le jeune diplomate perçoit un sentiment anti-français généralisé dans la population anglaise et s’irrite de l’impérialisme dont font preuve les hauts-responsables britanniques à l’égard de tout ce qui leur est étranger. Parallèlement, il élabore une grille de lecture particulièrement critique à l’égard de la Belgique. Observant le débat parlementaire sur la loi dite d’Égalité adoptée en 1898, son inquiétude à l’égard du sort qui est réservé en Belgique à la culture française alimente une pensée qui s’exprime dans des libelles et des romans qui ne passent pas inaperçus. En 1902, à la manière de Defuisseaux, il rédige une brochure à grand tirage populaire intitulée Le catéchisme des Wallons. Nos droits. Nos devoirs. Nos espérances. Cette démarche attire l’attention de la diplomatie belge sur les idées de son fonctionnaire en poste à Londres. Représenté pour la première fois au théâtre de Mons le 9 février 1903, son drame intitulé La veille de Jemmapes attise la polémique. Publié aussi en 1903, Belges ou français est l’œuvre d’un Secrétaire de Légation qui a fait l’objet d’une révocation (arrêté royal du 10 février 1903), en dépit du congé illimité qu’Albert du Bois avait demandé et obtenu en novembre 1901 pour préparer ses écrits incendiaires.

Considérant les Wallons comme des Français éloignés de leur mère patrie, il suggère, dans La république impériale publié en 1905, des formes pratiques d’unions entre la Belgique et la France. Considéré comme le théoricien de l’irrédentisme français de la Wallonie, il contribue par ses articles et par ses moyens personnels à la vie de revues wallonnes (comme Le Réveil wallon) et à l’élévation de symboles forts (les pierres du Coq de Jemappes – monument inauguré en 1911 – venaient de carrières d’Écaussinnes appartenant à la famille du Bois). En novembre 1913, il est élu comme représentant de Nivelles à l’Assemblée wallonne, mais il n’en est plus membre après 1919. Pendant la Grande Guerre, il a trouvé refuge en Suisse ; depuis Lugano, il semble maintenir un contact régulier avec plusieurs militants. Dans l’Entre-deux-Guerres, il apporte son patronage aux premiers rassemblements à l’Aigle blessé (dès 1928), préside différents cercles, mais est davantage une référence disponible qu’un acteur du mouvement qu’il a lancé.

Ses talents d’écriture sont aussi au service d’une œuvre littéraire personnelle tournée principalement vers le théâtre, où il privilégie la versification, assurément d’inspiration romantique. Avec le Cycle des XII génies, du Bois crée douze pièces dramatiques qui chacune porte le nom d’un « grand homme ». A côté de Rabelais, Hugo, Voltaire et même Shakespeare, L’Hérodienne est la plus connue. Il signe aussi un drame en prose Notre Déesse ou Dea Gallia, où il fait notamment un éloge de la politique extérieure du cardinal de Richelieu. S’inspirant à nouveau de la Grèce antique, du Bois signe d’autres ouvrages qui forment le cycle des Romans de l’hécatombe. Il use aussi des pseudonymes Albert d’Haufremont et Eugène Renaud. Ayant quitté Écaussinnes pour Nivelles déjà avant la Grande Guerre (le château de Fonteneau est une propriété de la famille de Prelle de la Nieppe dont il est issu par sa mère), du Bois aménage un théâtre de verdure dans sa propriété où se joueront des pièces interprétées par des sociétaires de la Comédie française. Marié dans la cathédrale de Nantes en 1929, il n’aura pas de descendant. L’exode de mai 1940 – il quitte Nivelles précipitamment pour Paris avant de rentrer au pays et de retrouver son château occupé les Allemands – a raison de sa santé.

Si un timbre-poste sort à son effigie en 1961, Albert du Bois reste oublié pendant quelques années dans ses deux communes wallonnes d’élection, Écaussinnes et Nivelles. En 1970, Nivelles organise une exposition en son honneur en même temps qu’une stèle est inaugurée au Parc de la Dodaine, à la suite de Franz Dewandelaer et de Paul Collet. En 1982, les autorités communales d’Écaussinnes s’associent au Cercle d’information et d’histoire locale pour inaugurer une plaque commémorative sur sa maison natale, à l’occasion des Fêtes de Wallonie. Bien sûr, c’est une pierre sortie d’une carrière d’Écaussinnes qui a servi de support au travail de gravure réalisé par M. Dhyne, maître tailleur de pierres choisi par le Cercle historique, initiateur du projet. S’inscrivant dans le cadre des Fêtes de Wallonie, l’inauguration se déroule le 25 septembre 1982, en présence de la veuve d’Albert du Bois. 

 

Plaque Albert du Bois (Écaussinnes)

 
La plaque commémorative Albert du Bois a été inaugurée sur la maison de famille d’Écaussinnes, en présence de madame de Prelle de la Nieppe et de Marcel Jacobs, premier bourgmestre du « Grand Écaussinnes ». 

Inauguration de la plaque commémorative Albert du Bois sur la maison de famille d’Écaussinnes, en présence de madame de Prelle de la Nieppe et de Marcel Jacobs, premier bourgmestre du « Grand Écaussinnes ». Photographie extraite de la revue Val Vert, 4e trimestre 1982, n°40, p. 82-84

 

Sources

Pierre PELTIER, Albert du Bois, romancier, poète, doctrinaire écaussinnois méconnu, dans Val Vert, 3e trimestre 1982, n°39, p. 52-59
Jules LEMAIRE, Discours prononcé à l’inauguration de la plaque commémorative, dans Val Vert, 4e trimestre 1982, n°40, p. 82-84
Philippe MURET, dans Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 520-521

Grand Place
Boulevard de la Sennette
7190 Écaussinnes

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Paul Delforge

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Dubois Albert

Culture, Journalisme, Littérature

Écaussinnes-d’Enghien 1872 – Bruxelles 1940


Diplomate, écrivain, journaliste, auteur de plusieurs essais, Albert du Bois est considéré comme le théoricien de l’âme française de la Wallonie.

 

Sources

MURET Philippe, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, t. I, p. 520-521
MURET Philippe, dans Biographie nationale, Bruxelles, 1976, t. 39, col. 124-132

Colleye Raymond

Culture, Journalisme, Militantisme wallon

Bruxelles 18/01/1890, Forest 09/04/1963

Connu aussi sous les pseudonymes de Raymond De Weerdt, de Henri Navarre, Saint-Séverin ou Wally, Raymond Colleye est journaliste et le fondateur de plusieurs revues littéraires et l’initiateur d’expériences journalistiques plus ou moins heureuses. Amené au Mouvement wallon par son père, Alfred Colleye, il est très tôt en contact avec le comte Albert du Bois, « le théoricien de l’irrédentisme français de Wallonie », dont il sera un fervent disciple.

Propagandiste dynamique, éditeur-imprimeur, Raymond Colleye milite via des revues, des journaux (L’Opinion wallonne, La Réforme, etc.) et des associations ; il prend aussi la tête de partis politiques qui présentent des candidats aux élections ; à partir de 1928, il est encore l’instigateur du pèlerinage annuel à Waterloo, qui, à la mi-juin, rassemble des Wallons autour du monument de l’Aigle blessé à Plancenoit. Particulièrement attentif à la défense des intérêts communs à la Wallonie et à la France, Colleye multiplie les contacts politiques à Paris, où il s’est réfugié durant toute la Première Guerre mondiale. 

L’idée d’une union douanière avec la France le séduit particulièrement. C’est aussi sous l’occupation de 14-18 qu’il noue ses premiers contacts avec les milieux flamands. Ils perdureront pendant l’Entre-deux-Guerres. C’est l’occasion pour Colleye d’élaborer l’un des nombreux projets fédéralistes wallons de l’époque (1919).
 

Sources

Philippe MURET, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 294-295