Guy Focant

Coqs de l'Elysette

« Le coq wallon » qui se trouve à proximité du bassin du jardin de l’Élysette à Namur, siège du Gouvernement wallon, est une commande du Ministre-Président (de 1994 à 1999) Robert Collignon (en remplacement de L’Envol de la Wallonie de René Julien, finalement installé à Liège quai Van Beneden). Cette audacieuse sculpture monumentale en métal est l’oeuvre du couple franco-belge Léon et Peggy de Pas, installé à Chaumont-Gistoux. Salvador Dali, entre autres, admirait beaucoup l’art de Léon de Pas, né en 1925, dont les créations sont exposées dans des dizaines de pays différents.

Un autre coq en bronze, posé sur une reproduction en pierre de la carte de Wallonie, se trouve à l’arrière du bâtiment de l’Élysette. Il est l’oeuvre du sculpteur Martin Guyaux.

Rue Mazy 27

5100 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant SPW

Élysette

Située à Jambes, en bord de Meuse, cette demeure privée fut construite en 1877 par Xavier Thibaut-Éloin, maître-tanneur, à la place d’une précédente habitation à cet endroit. De plan rectangulaire, elle s’élève sur trois niveaux. Le « château Thibaut » sera revendu en 1923 et occupé par plusieurs propriétaires dont le bourgmestre de Jambes Raymond Materne dans les années 1960 avant de devenir propriété publique. Rénové dans les années 1990, l’édifice changea peu à l’extérieur, à l’exception d’un étage supplémentaire, ajouté au volume central. L’intérieur fut, quant à lui, entièrement rénové et le parc se trouvant à l’arrière, totalement aménagé.

La présidence de l’Exécutif wallon

Appartenant jusqu’alors à la ville de Namur qui en avait « hérité » de la commune de Jambes, la « Maison jamboise » est acquise par l’Exécutif régional dès 1985 afin d’y installer un cabinet ministériel, mais le changement de coalition à la fin de cette même année reporte sine die la concrétisation de ce projet. Il ne sera réactivé qu’après le retour du PS au pouvoir, par l’Exécutif dirigé par le Namurois Bernard Anselme, qui prévoit d’y installer son propre cabinet. À ce moment, le bâtiment est inoccupé et s’est dégradé lentement, un incendie l’a même ravagé en 1988. La réhabilitation du bâtiment est confiée à l’architecte Francis Haulot et
les travaux durent ensuite une année environ. Le siège de la présidence de la Région est inauguré le 7 juin 1991. Il comporte quatre niveaux : au rez-de-chaussée se trouvent notamment les salles de réception des hôtes de la Région ainsi que la salle réservée aux réunions du Conseil des ministres ; le premier étage abrite le bureau du Ministre-Président, des secrétariats et une salle de réunion. De l’autre côté du parc, de vastes bâtiments abritent les services du cabinet proprement dit.

Depuis Bernard Anselme en 1991 et jusqu’au printemps 2009, cinq Ministres-Présidents se sont succédés dans les lieux : Guy Spitaels (de janvier 1992 à janvier 1994) dont l’arrivée eut pour effet collatéral inattendu le surnom d’Élysette donné par la presse au bâtiment et qui lui est resté, Robert Collignon (1994-1999), Elio Di Rupo (1999-2000 et 2005-2007), Jean-Claude Van Cauwenberghe (2000-2005) et Rudy Demotte (été 2007).

"Sous la présence tutélaire d’une citadelle désormais grande ouverte, le désespoir ne règne pas au coeur de la Présidence. Par les larges baies de la Maison jamboise, un soleil plus ardent semble jaillir, en mille reflets changeants, d’une Meuse empressée de retrouver sa Sambre. Non loin au confluent des artères wallonnes, dans une onde faussement nonchalante, un bâtiment – le Parlement – se mire, sobre et majestueux comme la fonction qu’ il incarne. Face à face, solidement établis dans leur capitale namuroise, exécutif et législatif wallons semblent s’adresser un regard complice, un regard résolument tourné vers l’avenir". Témoignage de Jean-Claude Van Cauwenberghe, in L’Aventure régionale, p. 315. 

Rue Mazy 25-27
5100 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Van Cauwenberghe Jean-Claude

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Charleroi 28/04/1944

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1983* ; 1995* ; 1999* ; 2004* *2005-2009
Ministre wallon : 1995-1999 ; 1999-2000
11e Ministre-président wallon : 2000-2004 ; 2004-2005

Docteur en Droit de l’Université libre de Bruxelles (1970), fondateur d’une section des Étudiants socialistes lors de ses études secondaires, Jean-Claude Van Cauwenberghe milite un temps au sein des Étudiants socialistes de l’ULB, siège au bureau du 1er congrès national du Mouvement des Jeunes Socialistes (1964) et est élu président national de ce mouvement en avril 1965. Cette fonction lui donne le droit de siéger au bureau du PSB. À la fin de ses études à Bruxelles, il est engagé au Cabinet de Lucien Harmegnies, ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Eyskens-Cools. Inscrit au barreau de Charleroi, il effectue son stage chez André Baudson, par ailleurs député socialiste. Empêché de briguer un mandat au niveau communal en raison de la présence de son père, échevin, J-C. Van Cauwenberghe est occupé à ses affaires d’avocat et à des prestations comme professeur dans différents établissements provinciaux durant les années septante. Se spécialisant dans le Droit pénal, il dirigera, avec le liégeois Gérard Lemal, son propre Cabinet d’avocats, ne renonçant jamais lui-même à cette activité professionnelle, malgré ses engagements politiques de plus en plus nombreux.

Quand arrivent les élections communales du nouveau grand Charleroi (1976), il préside l’Union socialiste communale et, à ce titre, restructure la famille socialiste carolorégienne et ses quinze sections. Administrateur-délégué de la société d’habitations sociales « La Maison pour Tous », il devient également administrateur de l’IOS présidée par René De Cooman qui prend le jeune Van Cau sous son aile tutélaire. La chute du gouvernement Tindemans lui ouvre les portes de la Chambre. À partir d’avril 1977, il siège au sein de la Commission de la Justice et, durant l’été 1980, il vote les lois mettant en place les institutions politiques wallonnes. Dès le 15 octobre, il siège au sein du nouveau Conseil régional wallon. S’il est à nouveau élu député en novembre 1981, J-C. Van Cauwenberghe a surtout son esprit occupé par la ville de Charleroi et démissionne de ses mandats parlementaires quand il succède à Lucien Harmegnies à la tête de la métropole wallonne (début 1983), après sa première élection comme conseiller communal. Les défis du nouveau mayeur sont considérables : redressement des finances publiques, mesures d’économies, changement radical de cap dans presque tous les secteurs. S’appuyant sur une cellule de communication efficace, il parvient à vaincre les réticences des « anciens » du PSB et à rallier un acquiescement de l’opposition autour du slogan « Charleroi j’y crois ! ». Fusionnant l’ADEC et l’IEGSP, il constitue la nouvelle intercommunale IGRETEC qu’il préside (1984). Cet outil servira de bras actif pour convaincre le secteur économique de réinvestir à Charleroi. Luttant contre la malpropreté et l’insécurité urbaines, il harcèle le « national » puis le « régional » pour que « sa » ville dispose de davantage de moyens du Fonds des Communes. Il met aussi l’accent sur Charleroi ville sportive, le nom de la métropole sambrienne apparaissant régulièrement dans les compétitions internationales notamment de tennis de table, de basket-ball, de volley-ball, de football et de football en salle, avec des résultats significatifs à l’appui. La BD est remise à l’honneur, tandis que l’expression « pays noir » est progressivement rangée dans les tiroirs de l’histoire.

S’il n’exerce plus aucun mandat législatif aux niveaux national ou régional, J-C. Van Cauwenberghe reste attentif à la question wallonne. Dès septembre 1983, il a pris l’habitude de prononcer un discours résolument politique lors de Fêtes de Wallonie qui sont redynamisées par les autorités communales. Un axe se constitue entre J-C. Van Cauwenberghe, J. Happart et J-M. Dehousse, notamment au sein de Wallonie Région d’Europe (1986). En rejetant la participation du PS au gouvernement national en mai 1988, le maire de Charleroi s’attire les foudres d’André Cools, interlocuteur obligé du Carolorégien puisque le maître de Flémalle est alors le gardien wallon des finances municipales et du Fonds des Communes en particulier, dont les critères sont contestés par Charleroi. Au sommet de sa popularité au scrutin communal d’octobre 1988, celui qui préside l’Union des Villes et des Communes de Wallonie (1989-1995) attend mai 1995 pour briguer un nouveau mandat parlementaire et davantage... Optant résolument pour le nouveau Parlement wallon, il convainc près d’un électeur sur deux dans son arrondissement et figure parmi les 75 premiers députés wallons élus directement « à Namur ». En fait, il siègera peu à l’assemblée wallonne, assumant des fonctions ministérielles pendant dix ans.

Ministre du Budget, des Finances, de l’Emploi et de la Formation dans le gouvernement présidé par Robert Collignon (20 juin 1995-13 juillet 1999), J-C. Van Cauwenberghe est aussi ministre du Budget, des Finances et de la Fonction publique dans le gouvernement de la Communauté française présidé par Laurette Onkelinx. Dès l’entame de la législature, le « grand argentier » a imposé des millions d’€ d’économie à l’horizon 1999. Tenant les comptes, il laisse ses collègues se débrouiller avec les acteurs de terrain. Malgré les multiples mouvements sociaux (1995-1996), l’exécutif communautaire respecte à la lettre son plan pluriannuel d’assainissement. Cela ne dispense pas la Région wallonne de continuer à contribuer aux politiques communautaires. C’est aussi grâce à la Région wallonne que sont installés de nombreux PC dans les écoles. Par ailleurs, le ministre introduit une réforme de l’enseignement artistique à horaire réduit, et relance les travaux de rénovation et de construction pour les bâtiments scolaires tant dans le réseau officiel que dans le libre. En septembre 1997, il achève la fusion des deux ministères qui composaient jusqu’alors l’administration de la Communauté française. À Namur, tout au long de la législature, J-C. Van Cauwenberghe s’est attelé à exploiter le maximum des moyens budgétaires wallons disponibles (le budget wallon de 1999 s’élevait à 4,75 milliards €) pour soutenir la relance de l’économie. Écartant les critiques relatives à l’endettement de la Région, il souligne avoir notamment recherché un maximum de financement alternatif et établi une paix fiscale à travers le pays wallon. En janvier 1999, le lancement du Wall 21, premier emprunt public wallon à cliquet, constitue, aux yeux du ministre, le signe de la maîtrise de ses finances par la Région wallonne.

Lors de la formation des majorités arc-en-ciel, il est le seul ministre wallon à rester en place, conservant le Budget, l’Équipement et les Travaux publics. Durant plusieurs mois, les efforts se concentrent sur l’élaboration du Contrat d’Avenir pour la Wallonie. Quand Elio Di Rupo décide de se consacrer à la présidence du PS (4 avril 2000), Jean-Claude Van Cauwenberghe devient le chef du gouvernement wallon avec la mission de réaliser le Contrat d’Avenir, qu’il va actualiser en 2002. Il ne dispose plus que des Relations internationales (4 avril 2000-10 juillet 2003) et du Patrimoine (10 juillet 2003-7 juillet 2004) dans ses attributions. Depuis Alfred Califice, il est le onzième ministre à présider un exécutif wallon. Il s’emploie à affirmer davantage la Région wallonne au sein de la structure belge, auprès des citoyens wallons, mais aussi en termes d’image de marque à l’étranger. Chargé de la coordination d’un gouvernement wallon qui compte neuf membres et de couleur arc-en-ciel, le socialiste ne manque pas d’intervenir dans les dossiers de ses collègues. Ses relations avec le jeune Charles Michel en sont l’exemple le plus significatif et un certain nombre de projets, débattus alors, ne seront réalisés que sous la législature suivante, toujours placée sous la direction de J-C. Van Cauwenberghe, mais où le PS compte le cdH comme seul partenaire. Confirmé à la présidence wallonne en juillet 2004, le numéro 1 wallon reste le responsable de la cohésion territoriale et des fonds structurels Objectif 1, tout en recevant la compétence du pilotage des nouveaux fonds d’impulsion pour le développement économique des zones en reconversion et pour le développement rural. Il est encore en charge du Commerce extérieur, des Implantations, de la Simplification et de la Modernisation administratives (juillet 2004-20 octobre 2005).

Cependant, la gestion publique dans la région de Charleroi fait de plus en plus l’objet de l’attention des médias, en particulier celle de la « Carolorégienne ». Président de la Communauté urbaine de Charleroi-Val de Sambre et Sud Hainaut (depuis 1996), défenseur du concept de grande communauté urbaine, président de la puissante Fédération des Mutualités socialistes de Charleroi (à partir de 2004), J-C. Van Cauwenberghe est nommément mis en cause en raison de ses responsabilités supposées en tant que bourgmestre de Charleroi entre 1983 et 1999. La fonction de ministre-Président wallon est fragilisée et, le 30 septembre 2005, son titulaire annonce qu’il ne peut plus mener le travail du gouvernement wallon dans des conditions optimales, et notamment l’important dossier du Plan Marshall. En conséquence, il démissionne et retrouve les bancs du Saint-Gilles. Secrétaire du bureau du Parlement wallon, J-C. Van Cauwenberghe achève la législature, sa dernière, en incitant ses collègues à revendiquer davantage d’autonomie pour le pouvoir régional. Avec cinq autres députés PS, il dépose au Parlement wallon une proposition de décret spécial instaurant une Constitution wallonne, texte qui n’est pas pris en considération (avril 2006).

De tous les ministres ayant exercé une fonction dans les exécutifs wallons entre octobre 1974 et décembre 2014, Jean-Claude Van Cauwenberghe est le ministre socialiste qui a exercé le plus longtemps (130 mois).
En octobre 2006, J-C. Van Cauwenberghe renonce à se présenter au scrutin communal de Charleroi. À diverses reprises, bien qu’il s’en défende et plaide la présomption d’innocence, son nom est cité dans les « affaires » qui éclatent dans le pays de Charleroi et qui touchent d’anciens échevins socialistes qui ont dirigé la ville au temps où il était bourgmestre. La mise sous tutelle de l’Union socialiste communale du PS de Charleroi est une première pour le parti socialiste. Progressivement, J-C. Van Cauwenberghe est écarté des structures du PS carolo. En juin 2009, pour la première fois depuis 1995, il n’est plus candidat au scrutin wallon.

Sources 

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 547-551

Mandats politiques

Député (1977-1983)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1983)
Conseiller communal de Charleroi (1983-2006)
Bourgmestre (1983-1995)
Député wallon (1995, 1999, 2004)
Ministre wallon (1995-1999)
Ministre communautaire (1995-1999)
Bourgmestre en titre (1995-1999)
Ministre wallon (1999-2000)
Ministre-Président du gouvernement wallon (2000-2005)
Député wallon (2005-2009)

Œuvres principales

Rendre la ville aux citoyens (1980)
Oser être Wallon (1998)
L’aventure régionale (2000)
Choisir la Wallonie (2004)

Spitaels Guy

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Ath 03/09/1931, Bruxelles 21/08/2012

Député wallon : 1974-1977 ; 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995-1999
8e Ministre-Président wallon : 1992-1994*
7e Président du Parlement wallon : 1995-1997*
 

Docteur en Droit (1955) et licencié en Sciences politiques et sociales (1957) de l’Université catholique de Louvain, diplômé en Hautes Études européennes du Collège de Bruges (1958), Guy Spitaels effectue une recherche d’un an au Congo (1959-1960), est associé – comme conseiller – à la Table ronde économique sur ce pays à la veille de son indépendance (1960), avant de devenir chercheur à l’Université libre de Bruxelles, plus particulièrement à l’Institut de Sociologie Solvay (1958-1964). Nommé directeur de recherche de l’Institut (1964-1968), il dirige ensuite le Centre d’Économie sociale et de Sociologie (1968). Maître de conférences à l’Institut du Travail de l’ULB (1961-1964), professeur ordinaire (1966-1971), professeur extraordinaire (1975), il ne cessera jamais, quelles que soient ses occupations, de remplir certaines charges d’enseignement dans des écoles supérieures, dont le Collège de Bruges et la Faculté de Droit de l’Université de Reims.

Affilié au parti socialiste à la suite des grèves wallonnes contre la Loi unique de l’hiver ’60-’61, Guy Spitaels adhère également au Mouvement populaire wallon (1961), mais cette filiation ne le conduit pas à des prises de responsabilité politique dans les années soixante. C’est comme chargé de mission spécial, avec rang de Chef de Cabinet, auprès du ministre de l’Emploi et du Travail, Louis Major, que G. Spitaels fait ses premiers pas en politique. Appelé par André Cools, il entre ainsi dans le gouvernement Eyskens-Cools II (20 janvier 1972-26 janvier 1973) pour organiser une « conférence pour l’emploi ». Quand Edmond Leburton forme un gouvernement tripartite, A. Cools pousse G. Spitaels à accepter de devenir le chef de Cabinet du nouveau Premier ministre. Il est en charge des dossiers économiques (26 janvier 1973-25 avril 1974). Les élections anticipées du 10 mars 1974 constituent la première apparition de G. Spitaels comme candidat du PSB. Septième sur la liste dans l’arrondissement de Tournai-Ath-Mouscron, il réalise le 3e score des socialistes (1.163 vp.) et est désigné par son parti comme sénateur provincial du Hainaut (20 mars 1974).

Malgré son souhait de voir se constituer rapidement des institutions politiques wallonnes, Guy Spitaels refuse de voter la loi de régionalisation provisoire du duo Perin-Vandekerckhove (loi ordinaire du 1er août) et il boycotte les travaux du Conseil régional wallon provisoire dont il est membre de droit (novembre 1974-mars 1977). Le 19 juin 1976, son exposé devant le 10e congrès des socialistes wallons réunis à Jolimont porte sur l’évolution défavorable de la démographie et de l’emploi en Wallonie. Dans un rapport dont il a choisi lui-même la thématique, G. Spitaels constate que la minorisation de la Wallonie ne cesse de s’accentuer. Une semaine plus tard, le PSB-BSP adopte un plan de régionalisation définitive qui a l’accord de la FGTB.

Élu directement comme sénateur à partir de 1977, Guy Spitaels est choisi comme ministre de l’Emploi dans la nouvelle équipe de Leo Tindemans. Initiateur des projets CST et des stages Onem, et négociateur de l’accord sur la réduction du temps de travail à 38h/semaine, le ministre Spitaels est associé aux discussions institutionnelles. Vice-Premier ministre en charge du Budget dans les gouvernements Martens I (3 avril 1979-16 janvier 1980) et Martens II (23 janvier 1980-18 mai 1980), vice-Premier ministre en charge des Communications dans les gouvernements Martens III (18 mai 1980-7 octobre 1980) et Martens IV (22 octobre 1980-26 février 1981), Guy Spitaels est le chef de file du PS. Sous le gouvernement Martens III, l’accord décisif est scellé et, durant l’été 1980, le sénateur adopte les dispositions mettant notamment en place les bases définitives des institutions régionales, hormis pour Bruxelles. Dès le 15 octobre, il siège au sein du nouveau Conseil régional wallon.

En février 1981, à l’issue d’un deuxième tour serré, Guy Spitaels est élu à la présidence du PS où il succède à A. Cools qui soutenait sa candidature. Renonçant à ses fonctions ministérielles, le nouveau président est conscient que sa première mission sera de rassembler les diverses composantes de la famille socialiste, avant de repositionner le PS comme principale force politique de Wallonie. S’opposant à toute atteinte à l’index, le président Spitaels rejette fermement la fusion entre la Communauté française et la Région wallonne et plaide en faveur d’un fédéralisme reposant sur trois régions fortes. Menant l’opposition aux thèses néolibérales, le président du PS – qui exerce alors conjointement les mandats de sénateur, de membre du Conseil régional wallon et du Conseil de la Communauté française, ainsi que de bourgmestre d’Ath depuis 1977 – donne à son parti une image de socialisme gestionnaire et s’érige en défenseur de la Wallonie, face à l’omnipotence du CVP, principal parti « d’un État belgo-flamand ». La présence de José Happart sur la liste européenne du PS en 1984 est un maître atout. Patient, Guy Spitaels assure au PS un succès historique en  décembre 1987, surtout en Wallonie (43,9%) où le PS fleurte avec la majorité absolue. La négociation pour le gouvernement national en sera d’autant plus difficile : informateur, Guy Spitaels ne convainc pas les battus du CVP et il faut 100 jours pour sortir de l’impasse. Néanmoins, il parvient à casser l’alliance PSC-PRL et à imposer ses scénarios tant sur le plan socio-économique que sur le plan institutionnel. Une formule moyenne est trouvée pour Fourons et, en janvier 1989, les parlementaires votent la communautarisation de l’Enseignement, la régionalisation de nouvelles compétences, la reconnaissance de Bruxelles comme capitale, ainsi que les accords de la Saints-Innocents. Tout en s’attachant à réconcilier les mécontents de son camp, Guy Spitaels renonce à mener la liste du PS aux européennes de juin 1989, mais assure la présidence de l’Union des Partis socialistes de la Communauté européenne (janvier 1989-juillet 1992), et est vice-président de l’Internationale socialiste (1989-1992).

Si les questions internationales l’attirent, la troisième phase de la réforme de l’État reste à mener. Les difficultés rencontrées par les ministres de l’Enseignement de la Communauté française et la crise portant sur les licences des exportations d’armes témoignent que le processus de fédéralisation doit être poursuivi. Attendu comme Premier ministre ou comme ministre des Affaires étrangères, le président du PS est le négociateur informel de la reconduction des majorités sortantes à la Région wallonne et à la Communauté française. À nouveau, les entités fédérées sont installées avant le « national ». Mais l’événement est créé par le choix de Guy Spitaels de présider lui-même le gouvernement wallon (6 janvier 1992).

S’attribuant les compétences de l’Économie, des PME et des Relations extérieures, G. Spitaels fait clairement le choix de la Wallonie. C’est le choix de la Région et non de la Communauté. Un signal clair est lancé à l’adresse des prochains négociateurs institutionnels, dont Ph. Busquin, nouveau président du Parti socialiste. Depuis Alfred Califice, il est le huitième ministre à présider un exécutif wallon. À la tête du gouvernement wallon, Guy Spitaels s’attaque d’emblée aux dossiers qui lui sont chers : l’économie, l’Europe, la rigueur budgétaire et le respect des critères de Maastricht, l’affirmation wallonne, tout en veillant à la coordination et à la cohérence de la politique d’ensemble (redéfinition des priorités en matière de grands travaux publics, aide aux communes, aide financière à la Communauté française, etc.). Au-delà de la réforme des lois d’expansion économique et de bon nombre d’autres mesures, c’est la reconnaissance du Hainaut à l’Objectif I européen qui marque le plus « les années Spitaels ».

Dans la foulée des accords de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin, dont il vote les dispositions en tant que sénateur, il devient le Président du « gouvernement wallon » et s’apprête à accueillir les nouvelles compétences « à Namur » quand la juge d’instruction Véronique Ancia demande la levée d’immunité parlementaire des trois Guy : Coëme, Mathot et Spitaels (décembre 1993). Si la procédure pour les trois parlementaires est différente, la décision que prend Guy Coëme de démissionner entraîne une attitude similaire des sénateurs Mathot et Spitaels de leur fonction ministérielle. Quelques mois plus tard, aucune charge ne sera finalement retenue contre G. Spitaels dans « l’affaire Agusta » qui a provoqué son départ de l’Élysette et ruiné toutes ses perspectives d’avenir. L’image du « commandeur » est atteinte.

En retrait de la vie politique régionale et nationale pendant de nombreux mois, Guy Spitaels ne demande pas le renouvellement de son mandat de sénateur, préférant être candidat aux toutes premières élections régionales du 21 mai 1995 dans l’arrondissement de Tournai-Ath-Mouscron. Déjà reconduit comme bourgmestre en octobre 1994, il figure sans peine parmi les 75 premiers députés wallons élus directement au Parlement wallon. Dans les coulisses, il participe à la négociation des reconductions de majorité PS-PSC en Wallonie et en Communauté française, notamment pour tout ce qui touche à l’Emploi, à l’Économie et au Commerce extérieur, y compris les Relations internationales. Et le 20 juin, il est choisi comme premier président officiel d’un Parlement wallon élu directement au suffrage universel. Il devient le septième titulaire de la fonction (20 juin 1995-7 février 1997). Rapidement, il règle la question de l’implantation du Parlement wallon à Namur, respectant l’avis exprimé par les citoyens namurois. 

En 1997, d’autres dossiers rattrapent l’ancien président du PS : affaire Inusop et affaire Dassault. Dans ce dossier, la levée partielle de son immunité est demandée. Comprenant qu’aucun répit ne lui serait laissé, G. Spitaels quitte la présidence du Parlement wallon. Inculpé de corruption passive dans le dossier Dassault (fin mars), il siège comme député et, bourgmestre faisant fonction (il n’avait toujours pas été nommé officiellement), il remet sa démission et renonce aussi à redevenir le bourgmestre de la Cité de Goliath, se contentant de siéger comme conseiller communal. Guy Spitaels limite ses commentaires politiques au strict minimum.

Objet de multiples accusations émanant de Merry Hermanus et entraîné en Cour de Cassation « par connexité » à cause de l’inculpation de Guy Coëme, Guy Spitaels laisse à ses défenseurs le soin de répondre à Éliane Liekendael puis d’argumenter quand s’ouvre le procès Agusta-Dassault, le 2 septembre 1998. Le 23 décembre, il est acquitté dans le volet Agusta et condamné à deux ans de prison avec sursis pour faits de corruption dans le volet Dassault et à cinq ans « de déchéance du droit de remplir des fonctions, offices ou emplois publics ». Cette sanction ne prive pas Guy Spitaels de son mandat parlementaire, mais lui interdit, pendant cinq ans, de prétendre à une fonction éventuelle de ministre, bourgmestre ou gouverneur de province. Il achève son mandat communal à Ath et ne se présente plus en octobre 2000.

Retiré du monde politique, Guy Spitaels se consacre à l’écriture : L’improbable Équilibre (2003), La triple insurrection islamiste (2005) et Obama président : la méprise (2008) sont autant de livres-références qui le conduisent à traiter de sujet de politique internationale. En septembre 2011, une importante manifestation d’hommage est organisée à Ath à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire ; quelques jours plus tard, il reçoit le titre de commandeur du Mérite wallon, titre le plus élevé de cette distinction instituée en mars 2011 par la Région wallonne.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse -2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 521-528

Mandats politiques

Sénateur provincial du Hainaut (1974-1977)
Membre du Conseil régional wallon provisoire (1974-1977)
Sénateur (1977-1995)
Conseiller communal d’Ath (1977-2000)
Bourgmestre (1977-1997), en titre (1977-1981, 1992-1994, 1997)
Ministre (1977-1981)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1995)
Ministre d’État (1983)
Ministre-Président du gouvernement wallon (1992-1994)
Député wallon (1995-1999)
Président du Parlement wallon (1995-1997)

Di Rupo Elio

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Morlanwelz 18/07/1951

Député wallon : 1988-1989* ; 1992-1995 ; 2009-2010
10e Ministre-Président wallon : 1999-2000 ; 2005-2007 ; 2019-

Benjamin d’une famille nombreuse italienne des Abruzzes ayant trouvé du travail au Borinage, Elio Di Rupo grandit à Morlanwelz, où il accomplit ses humanités à l’Athénée puis à l’Institut technique (1970), avant d’étudier les Sciences à l’Université de Mons-Hainaut. Docteur en Chimie, il est assistant à l’Université de Leeds (1977-1978), puis au Service de Chimie générale et de Sciences des matériaux de l’Université de Mons-Hainaut (1978). Chercheur scientifique à l’Institut interuniversitaire des matériaux (1979), il devient directeur de recherche à l’Université de Mons (1982). À partir de novembre 1990, il y est chargé d’enseignement à la Faculté des Sciences psychopédagogiques.

Militant dans les rangs des Jeunesses socialistes (1977), conseiller communal élu à Mons en octobre 1982, il entre au Cabinet de Jean-Maurice Dehousse, en charge de l’Économie wallonne, puis devient successivement attaché de Cabinet et chef de Cabinet adjoint auprès de Philippe Busquin, ministre wallon du Budget et de l’Énergie (1981-1985). Nommé inspecteur général à l’Inspection de l’Énergie du Ministère de la Région wallonne (1985-1987), il devient échevin de la Santé, de la Rénovation urbaine et des Affaires sociales de Mons (janvier 1986-décembre 1987), avant de décrocher un siège de député dans l’arrondissement de Mons lors du scrutin de décembre 1987, lui donnant notamment accès au Conseil régional wallon (1988-1989)

Si son score personnel lui permet de revendiquer le maïorat montois en octobre 1988, Elio Di Rupo joue la carte de l’apaisement au sein de sa famille politique, décroche un mandat européen en 1989, avant de retrouver la politique belge, en étant élu au Sénat fin 1991, dans l’arrondissement de Mons-Soignies. Avant de siéger à Strasbourg, le député montois a eu le temps d’adopter les accords institutionnels difficilement négociés par Guy Spitaels et qui conduisent à reconnaître un statut à la Région de Bruxelles-Capitale, à la communautarisation de l’enseignement et à la régionalisation d’importantes compétences. Sénateur, il vote aussi, en 1993, l’approfondissement de la réforme des institutions. Depuis janvier 1992, Elio Di Rupo a accédé à des fonctions ministérielles. Il est responsable du portefeuille de l’Éducation dans le gouvernement de la Communauté française présidé par Bernard Anselme (7 janvier 1992). Refinancement et réforme de l’école sont au programme du ministre qui hérite aussi du volet Audiovisuel et de la Fonction publique en mai 1993.

Début 1994, la démission de G. Coëme, G. Spitaels et G. Mathot provoque de nouvelles modifications dans les exécutifs : quittant le gouvernement de la Communauté française, Elio Di Rupo remplace Guy Coëme dans le gouvernement fédéral comme vice-Premier ministre et ministre des Communications et des Entreprises publiques (23 janvier 1994-23 juin 1995). À 42 ans, il devient le chef du PS au fédéral et va le rester jusqu’en 1999.

En mai 1995, E. Di Rupo opte pour la Chambre fédérale, où il est régulièrement réélu et où il siège entre 2000 et 2005, 2007 et 2009, 2010 et 2011. Vice-Premier ministre, en charge de l’Économie et des Télécommunications dans le gouvernement Dehaene (23 juin 1995-12 juillet 1999), Elio Di Rupo est désigné à la présidence du gouvernement wallon le 12 juillet 1999. Depuis Alfred Califice, il est le dixième ministre à présider un exécutif wallon. Chargé de la coordination du gouvernement wallon, des Fonds structurels, des Relations internationales, des « Relations intra-belges », du Comité de concertation gouvernement fédéral-gouvernements de Communautés et Régions et des relations avec le Parlement, le 10e titulaire de la fonction de ministre-Président wallon lance le « Contrat d’Avenir pour la Wallonie », plan destiné à mobiliser les forces vives de Wallonie autour de priorités partagées. Dans le même temps, élu pour la première fois au suffrage universel des membres, il accède à la présidence du PS (9 octobre 1999). Remettant à Jean-Claude Van Cauwenberghe les clés de l’Élysette au printemps 2000 (4 avril), il est candidat bourgmestre à Mons. Chef du groupe PS au conseil communal depuis deux législatures, il succède à Maurice Lafosse le 1er janvier 2001, s’appuyant sur une solide majorité absolue qui s’ouvre pourtant au PRL de Richard Miller.

Vice-président de l’Internationale socialiste (novembre 1999), membre de la Convention sur l’avenir de l’Europe (2002), ministre d’État (2002), informateur royal (juin 2003) et négociateur des majorités depuis les années ’90, Elio Di Rupo engage son parti dans une nouvelle alliance fédérale avec les seuls libéraux, sous la conduite de Guy Verhofstadt, en 2003. Par comparaison avec les années 1991-1999, le PS vit une période de sérénité que son président veut préserver, laissant MR, cdH et Écolo se quereller entre eux. Cependant, les scrutins régionaux et européen voient PS et MR s’affronter durement et, dès juillet 2004, le PS tourne le dos aux libéraux pour s’allier au cdH à la Région wallonne. Avec le Contrat d’Avenir actualisé et le Contrat stratégique pour l’École, l’exécutif wallon et son homologue communautaire s’engagent dans une politique de synergies accrues au niveau francophone. L’accord PS-cdH s’intitule Wallonie-Bruxelles, 2004-2009 : une dynamique positive pour chacun

S’appuyant sur Karl-Heinz Lambertz, Jean-Claude Van Cauwenberghe, Charles Picqué et Marie Arena, autant de ministres-Présidents socialistes, l’homme fort du PS incite la Wallonie à faire plus vite et mieux. « Il faut un plan Marshall à l’échelle de la Wallonie » (L’Écho, 11 juin 2005). Les démarches antérieures du ministre Marcourt permettent de mettre au point le « Plan d’actions prioritaires pour l’avenir wallon » dès la rentrée parlementaire de septembre 2005, moment où J-C. Van Cauwenberghe fait l’objet de nombreuses attaques médiatiques. Pour se défendre, il décide de renoncer à l’Élysette. Considéré par les médias comme le père spirituel du Plan Marshall, Elio Di Rupo finit par accepter de reprendre la présidence du gouvernement wallon (6 octobre 2005). Pilote du Plan Marshall, bourgmestre empêché, le ministre-Président wallon conserve la présidence du PS afin de pouvoir « continuer son œuvre de rénovation ». Après avoir passé le cap des communales de 2006 et des élections fédérales de 2007, E. Di Rupo confie la présidence du gouvernement wallon à Rudy Demotte et reprend à temps plein la présidence du PS (juillet 2007), au moment où s’amorcent les longues et difficiles négociations pour la formation du gouvernement fédéral. Critique à l’égard des négociateurs de « l’orange bleu », le PS réclame la constitution d’un Front francophone solide, affirme son attachement à l’unité belge et soutient les divers gouvernements « d’union nationale » qui se mettent alors en place avec des ministres PS, cdH, MR, VLD et CD&V (2007-2010). Élu député wallon au scrutin régional de 2009, Elio Di Rupo siège à Namur pendant un an. 

Président du PS, il doit cependant constater l’échec du gouvernement Leterme II sur la question de BHV, suite à l’ultimatum de l’Open VLD. Le scrutin fédéral anticipé de juin 2010 se transforme en un véritable succès pour le PS. À l’exemple du Hainaut où la tête de liste est plébiscitée par les électeurs, le PS reprend au MR le leadership en Wallonie et à Bruxelles, tandis que du côté flamand, la NVA – séparée du CD&V – devient la première force politique. Abandonnant son siège au Parlement wallon, Elio Di Rupo revient siéger à la Chambre fédérale durant toute la durée de la formation d’un nouveau gouvernement.

Alors que les entités fédérées assurent sereinement la continuité de l’État, le « fédéral » connaît sa plus longue crise politique : 541 jours de réunions, de crispations, de rebondissements, de notes et de discussions seront nécessaires pour que se dégagent un premier accord sur le volet institutionnel (octobre), puis un second sur le volet socio-économique (décembre). Le 6 décembre 2011, Elio Di Rupo devient le Premier ministre du nouveau gouvernement fédéral ; premier à bien des égards, puisque depuis Edmond Leburton (1974) et depuis que la Belgique s’est radicalement transformée en un État fédéral, aucun Wallon et aucun socialiste n’avait occupé le 16 rue de la Loi. Par ailleurs, après Yves Leterme, il est le deuxième ancien ministre-président d’une entité fédérée à devenir Premier ministre de l’État fédéral.

En raison de ses nouvelles fonctions, Elio Di Rupo abandonne son siège à la Chambre fédérale. À la tête du PS, Thierry Giet assure l’intérim, organisant notamment la campagne électorale pour le scrutin communal. À Mons, où il est à nouveau candidat, le bourgmestre pourtant empêché est véritablement plébiscité, mais il reste bourgmestre en titre, Nicolas Martin assurant la continuité de la coalition PS-MR. Au fédéral, au-delà des questions socio-économiques, le Premier Ministre veille à l’exécution des accords institutionnels. Durant la courte législature 2011-2014, sont adoptées les nombreuses dispositions de la 6e Réforme de l’État, dont la scission de BHV, la réforme profonde du Sénat, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions et le transfert d’importantes compétences vers les entités fédérées.

À nouveau candidat à la Chambre dans le Hainaut le 25 mai 2014, Elio Di Rupo est réélu à la Chambre fédérale. Très vite, avec Paul Magnette qui a succédé à Th. Giet à la présidence du PS, Elio Di Rupo négocie avec le cdH et parvient à un accord de majorité en Wallonie, en Fédération Wallonie-Bruxelles et, en associant le FDF et des partis flamands, en Région de Bruxelles-Capitale. Avec la désignation de Paul Magnette à la présidence du gouvernement wallon, Elio Di Rupo retrouve la présidence officielle du PS (juillet 2014) ; député fédéral, il reprend également sa fonction de bourgmestre de Mons. Quand le MR de Charles Michel parvient à un accord de majorité avec l’Open VLD, le CD&V et la NVA, le PS se retrouve dans l’opposition au fédéral. Sans négliger les dossiers liés à ses nouvelles fonctions (député et président du principal parti de l’opposition), le maïeur de Mons inaugure en janvier 2015 le programme des nombreuses activités de « Mons 2015, capitale européenne de la culture ».

À l'issue des élections fédérales et régionales de 2019, il devient Ministre-Président de la Wallonie pour la 3e fois. Il quitte alors la présidence du Parti socialiste.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 202-209

Mandats politiques

Conseiller communal de Mons (1983-)
Échevin (1986-1987)
Député (1988-1989)
Membre du Conseil régional wallon (1988-1989)
Député européen (1989-1991)
Sénateur (1992-1995)
Membre du Parlement wallon (1992-1995)
Ministre de la Communauté française (1992-1994)
Ministre et vice-Premier ministre fédéral (1994-1995)
Député fédéral (1995)
Ministre et vice-Premier ministre fédéral (1995-1999)
Député fédéral (1999)
Ministre-Président du gouvernement wallon (1999-2000)
Député fédéral (2000-2005)
Bourgmestre de Mons (2001-2005, 2007-2011, 2014-)
Ministre d'État (2002)
Ministre-Président du gouvernement wallon (2005-2007)
Député fédéral (2007-2009)
Député wallon (2009-2010)
Député fédéral (2010-2011)
Premier ministre fédéral (2011-2014)
Député fédéral (2014-2019)
Ministre-Président du gouvernement wallon (2019-)

Collignon Robert

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Villers-le-Bouillet 10/02/1943



Député wallon : 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995* ; 1999* *2000-2004 
Ministre wallon : 1992-1995 
9e Ministre-Président wallon : *1994-1995 ; 1995-1999 
11e Président du Parlement wallon : *2000-2004 

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1966), professeur de Droit dans l’enseignement technique (1967), le militant wallon et socialiste fait brièvement partie du Cabinet du ministre des Relations communautaires, Freddy Terwagne, en qualité d’attaché de presse (1968). C’est d’ailleurs dans l’étude de ce dernier que Robert Collignon mène sa carrière d’avocat, avant de reprendre le Cabinet après le décès de celui-ci. Sur les pas de son mentor, il est élu député PS dans l’arrondissement de Huy-Waremme (1971-1974).

Conseiller communal d’Amay élu en 1976, d’emblée échevin de l’Instruction publique (1977-1982), puis des Finances (1983-1987), il succède au bourgmestre Maurice Dumongh démissionnaire en 1987. Hormis durant la période où il exerce des fonctions ministérielles, il restera le bourgmestre d’Amay jusqu’en décembre 2006.

Retrouvant la Chambre des représentants après l’adoption des lois d’août 1980, il siège également au Conseil régional wallon (1981-1995). En 1985, il quitte la Chambre pour le Sénat (1985-1995), où il préside la commission parlementaire d’enquête sur le drame du Heysel. Dans les commissions parlementaires, il se montre particulièrement intéressé par les problèmes institutionnels, économiques, de Justice et des Affaires étrangères. Régionaliste wallon affirmé, il prend fait et cause pour la question fouronnaise et l’installation des institutions régionales à Namur. Membre de la Commission du Sénat chargée de transformer les termes de l’accord institutionnel de 1988 en dispositions de loi, le chef de groupe du PS au Sénat (1988-1989) veille à l’adoption de chacune d’elles.

Chef du groupe socialiste au Conseil régional wallon (1988-1992), président du Comité permanent des Fédérations wallonnes du PS, et vice-président du PS (1989-1992), principal animateur du Congrès d’Ans des socialistes wallons (février 1991), il devient ministre de l’Aménagement du territoire, du Logement et du Budget dans le gouvernement wallon présidé par Guy Spitaels (1992-1994), tout en restant un acteur attentif du « dialogue de communauté à communauté » qui aboutit aux accords de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin. Conséquence de ces réformes, le ministre Collignon hérite de compétences supplémentaires : la Santé et l’Aide aux personnes, alors que l’Aménagement du Territoire est confié à André Baudson.

La démission de Guy Spitaels cité dans le dossier Agusta modifie la trajectoire politique de Robert Collignon qui se retrouve ministre-Président wallon (25 janvier 1994), en charge de l’Économie, des PME, des Relations internationales et du Tourisme. Depuis Alfred Califice, il est le neuvième ministre à présider un exécutif wallon. Il préside aussi le Comité de suivi d’Objectif 1. Au sein de son Cabinet, il crée une cellule dite « Identité wallonne », fort active de 1994 à 1999.

Plébiscité dans son arrondissement de Huy-Waremme en mai 1995, R. Collignon figure parmi les 75 premiers députés élus directement au Parlement wallon. Reconduit comme ministre-Président du gouvernement wallon (1995-1999), le député wallon est remplacé par son suppléant, Marc Mélin. Le « Premier wallon » retrouve les mêmes compétences auxquelles s’ajoute le Patrimoine, matière à laquelle il accorde beaucoup d’importance. En 1998, un premier site wallon est inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco (les ascenseurs du Canal du Centre) ; il ne s’agit là que d’un petit exemple de l’important travail effectué durant toute la législature et dont l’Institut du Patrimoine wallon – créé en 1999 – pérennisera les principes.

Soucieux de vaincre les sous-régionalismes, partisan résolu du transfert des compétences culturelles et d’enseignement aux Régions, il accorde une grande importance à la lutte contre la pauvreté et au redressement socio-économique. En raison des critiques du partenaire PSC, notamment, une « Déclaration de politique générale complémentaire » fixe à l’exécutif wallon 65 actions concrètes à réaliser dans un délai rapproché (novembre 1997) ; la transversalité et l’évaluation alimentent désormais la réflexion politique wallonne. Par ailleurs, il appuie aussi une résolution du Parlement wallon en faveur du droit de vote des étrangers, rappelant la définition du Manifeste pour la Culture wallonne selon laquelle Sont de Wallonie tous ceux qui vivent et travaillent dans l’espace wallon.

« Le fédéralisme belge sera arrivé à maturité lorsqu’il comprendra quatre entités : la Flandre, la Wallonie, Bruxelles et la Région germanophone, dotées d’un territoire propre et de compétences identiques », écrit-il en substance dans Le Pari wallon (1999). Lors du scrutin de juin 1999, la crise de la dioxine propulse les Écolos en premières lignes, alors que les partenaires sortants subissent un ressac. Dans sa circonscription, Robert Collignon retrouve son mandat de député wallon, emmenant d’ailleurs avec lui un second élu socialiste (Meureau), mais il a perdu des voix (21.519 vp.), au moment où émerge le jeune Écolo Jean-Michel Javaux. Malgré tout, il réalise, avec Willy Taminiaux, le meilleur taux de pénétration de Wallonie. Avec Elio Di Rupo et Jean-Claude Van Cauwenberghe, Robert Collignon négocie la nouvelle majorité wallonne : elle sera arc-en-ciel. Mais R. Collignon n’en sera plus. Avec un peu plus de 66 mois à la tête du gouvernement wallon, il est, après Rudy Demotte, celui qui a exercé cette fonction le plus longtemps.

En juillet 1999, il reste ministre, mais au sein du gouvernement de la Communauté française. Numéro 2 de cette équipe, il est en charge du Budget, de la Culture et des Sports (juillet 1999-avril 2000). Au Parlement wallon, Micheline Toussaint occupe son siège. Maître rigoureux du budget communautaire, il s’attire le courroux de ses collègues et accepte avec plaisir de retrouver Namur et le Parlement wallon, dont il devient le onzième président (2000-2004). Il retrouve du même coup deux bords de Meuse qui lui conviennent mieux que la place Surlet de Chokier. À Namur, il reprend son mandat de député wallon et, à Amay, il exerce effectivement le maïorat après le scrutin d’octobre 2000 (2001-2006). 
Mettant l’accent sur l’identité wallonne, il tente de relancer le dossier de l’installation d’un nouveau bâtiment pour le Parlement wallon, sans succès. 

En juin 2004, il n’est pas candidat à sa propre succession. S’il met un terme à sa carrière parlementaire (2004) et communale (2006), il reste actif dans les milieux d’action wallonne, tant auprès du Mouvement du Manifeste wallon qu’en manifestant sa sympathie pour une forme de rapprochement avec la France qui respecterait l’identité wallonne. Il se montre avant tout partisan d’une régionalisation de la culture. 
En octobre 2012, à la demande de la section amaytoise du PS, il tente un retour sur la scène politique locale ; mais les Amaytois renforcent plutôt le leadership de Jean-Michel Javaux, en repoussant davantage le PS dans l’opposition. Bien qu’élu, Robert Collignon ne siègera pas au conseil communal.

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 112-118 – Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014

Mandats politiques

Député (1971-1974) 
Conseiller communal d'Amay (1977-2006) 
Échevin (1977-1987) 
Bourgmestre (1987-2006) 
Député (1981-1985) 
Sénateur (1985-1995) 
Membre du Conseil régional wallon (1981-1995) 
Chef de groupe au CRW (1988-1991) 
Ministre wallon (1992-1994) 
Ministre-Président du gouvernement wallon (1994-1999) 
Ministre de la Communauté française (1999-2000) 
Député wallon (2000-2004) 
Président du Parlement wallon (2000-2004) 
 

Anselme Bernard

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Mouscron, 3/11/1945

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995*, 1999-2001*
Ministre wallon : 1979-1980, 1988-1991, 1994-1999
7e Ministre Président wallon : 1988-1991
 

Actif dans les milieux fédéralistes, socialistes et syndicalistes wallons au début des années 1960 lorsqu’il achève ses études en Sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles, Bernard Anselme devient secrétaire adjoint (1964-1968), secrétaire (1968) puis finalement président (1968-1970) des Jeunesses de la FGTB. Conseiller auprès des Cabinets Terwagne (1969-1971) et Fernand Dehousse (1971-1972), il devient le secrétaire du président du Conseil économique régional de Wallonie (1972-1977). Au printemps 1977, il est élu député de Namur pour la première fois ; il est constamment réélu à un mandat parlementaire jusqu’en 1999.

Secrétaire d’État adjoint au ministre-Président de la Région wallonne, Bernard Anselme fait partie des deux tout premiers « Exécutifs régionaux wallons » (1979-1980). Il est en charge notamment du Logement, de la Rénovation urbaine et des Affaires sociales. En août 1980, il apporte sa voix à la mise en application de l’article 107 quater et à la naissance des institutions politiques wallonnes. Président du Comité permanent des Fédérations wallonnes du PS (1981-1983), où il succède à Léon Hurez, secrétaire du bureau du Conseil régional wallon (1982-1988), il contribue à l’émergence de la Région wallonne et à l’implantation de ses institutions à Namur. Finalement adoptée en novembre 1986 et promulguée par l’Exécutif le 11 décembre, sa proposition de décret instituant Namur capitale de la Région wallonne a suscité un débat passionné.

Le 10 mai 1988, il succède à Guy Coëme à la tête du nouvel Exécutif régional wallon. Ministre-Président en charge de l’Économie et des PME (1988-1991) et de la Fonction publique (1989-1991), il est chargé de coordonner toute la politique wallonne quand, en application de la réforme de 1988, de nouvelles et importantes compétences sont transférées vers la Région. Depuis Alfred Califice, président du Comité ministériel des Affaires wallonnes, Bernard Anselme est le septième ministre à présider un exécutif wallon. Au-delà de la formule « Une Wallonie qui gagne », il s’emploie à ancrer définitivement l’ensemble des institutions wallonnes à Namur (inauguration de la Maison Jamboise en 1991), à (re)structurer l’administration, à créer de nouveaux outils (Conseil wallon de l’économie sociale, AWEX, OFI, etc.) ou à fixer de nouveaux objectifs à ceux qui existent déjà (Invests, SRIW, etc.). Garant d’un budget wallon rigoureux, le ministre-Président défend l’autonomie régionale face aux revendications financières de la Communauté française et rejette tout projet de fusion qui ferait disparaître la Wallonie au profit d’une institution francophone. Face au « fédéral », il revendique la prise en compte des intérêts wallons en matière de transport ferroviaire.

Désigné à la tête du gouvernement de la Communauté française (janvier 1992), B. Anselme est chargé de la Culture, de la Communication, des Sports et du Tourisme, mais surtout du Budget. Il s’agit pour lui de relever le défi du financement autonome de la Communauté et de rechercher de nouveaux moyens propres, notamment en révisant la dotation de la RTBf ou en créant une « wallo-taxe » communautaire. Les réformes comme l’ingéniosité fiscale du nouveau ministre-Président font grand bruit, y compris dans les rangs politiques flamands surtout lorsque le principe de « la wallo-taxe » est validé par le Conseil d’État. Tout en investissant en faveur de Mons comme capitale culturelle de la Wallonie (Centre d’art contemporain de la Communauté française au Grand-Hornu, Mundaneum, théâtre et bibliothèque, etc.), le ministre veut faire la preuve que « la Communauté française, dans son état actuel, est aujourd’hui dépassée par les faits » (discours du 27 septembre 1992). Les accords de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin vont répondre en grande partie aux souhaits du socialiste wallon qui, en tant que député, a voté les réformes de 1988 et 1989 et adopte aussi les dispositions issues de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin.

C’est au fédéral qu’il est appelé en mai 1993 pour remplacer Philippe Moureaux démissionnaire. Il abandonne la Communauté pour le portefeuille des Affaires sociales dans le gouvernement Dehaene. À peine a-t-il ouvert les dossiers des mutuelles, des franchises médicales, du numerus clausus, et du budget de la Sécurité sociale, que le voilà rappelé à Namur suite à « la démission des trois Guy » (janvier 1994). Au sein du gouvernement wallon, il retrouve des matières qu’il connaît bien : les Affaires intérieures, la Fonction publique et le Budget (1994-1995). En décembre 1994, la Wallonie est la première autorité régionale du pays à collecter des fonds directement auprès des épargnants (un total de 100 millions d’€) : l’emprunt wallon est surnommé le « Bernard 1er ». Conservant les Affaires intérieures et la Fonction publique (1995-1999) au lendemain des premières élections directes du Parlement wallon (il est l’un des 75 premiers élus), le ministre est contraint à la réforme du statut des intercommunales (1996), mais celle des provinces n’aboutit pas. Il impose le Pacte fiscal wallon aux pouvoirs subordonnés. Avec un peu plus de 123 mois dans un exécutif wallon, Bernard Anselme fait partie des cinq ministres ayant exercé plus de 10 ans dans les gouvernements wallons entre octobre 1974 et décembre 2014.

Réélu au Parlement wallon en 1999, B. Anselme renonce à son mandat le 1er janvier 2001 quand il devient le nouveau bourgmestre de Namur. Sur base d’un consensus obtenu au sein de la Commission Namur-Capitale du Parlement wallon (2002), il tente de consolider le statut « de centre politique wallon de sa ville » en proposant de la doter d’un nouvel hémicycle. En vain. En décembre 2006, le PS est envoyé dans l’opposition pour la première fois depuis 1976 et Bernard Anselme achève sa carrière politique comme conseiller communal de Namur (novembre 2012).

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 16-22 – Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse -2014

Mandats politiques

Député (1977-1995)
Ministre de l’Exécutif régional wallon (1979-1980)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1995)
Conseiller communal de Namur (1983-2012)
Ministre-Président de l’Exécutif régional wallon (1988-1991)
Ministre-Président de l’Exécutif de la Communauté française (1992-1993)
Ministre fédéral (1993-1994)
Ministre wallon (1994-1995)
Député wallon (1995)
Ministre wallon (1995-1999)
Député wallon (1999-2000)
Bourgmestre (2001-2006