Édifiée et inaugurée par le prince-évêque François-Charles de Velbrück en 1773 pour permettre l’expansion de l’esprit artistique et scientifique, la société libre d’Émulation est lourdement endommagée par un incendie le 20 août 1914. Les travaux de reconstruction sont terminés en 1934 selon les plans de l’architecte Julien Koenig. Les bâtiments situés à l’arrière de l’édifice et accessibles par la rue Charles Magnette ont pour leur part été préservés. Partie intégrante de l’ancien couvent des soeurs du Val Sainte-Anne ou Soeurs-de-Hasque, ils appartiennent aujourd’hui à la société libre d’Émulation. Le très bel édifice de style mosan a été édifié vers 1618 et restauré en 1921. De plan rectangulaire, il est flanqué d’une tourelle polygonale encadrée de chaînages et surmontée d’un pavillon à bulbe. La façade principale est ornée d’une niche abritant une Vierge à l’enfant. C’est à cet endroit qu’est organisé un concert en présence du général Dumouriez et de son état-major, le 2 décembre 1792.
Essoufflée et quelque peu oubliée après la Révolution, la société libre d’Émulation fut recréée en 1809 sous l’égide du préfet de l’Ourthe Micoud d’Umons et divisée en plusieurs branches : le comité des sciences physiques et médicales, le comité pour la littérature et les beaux-arts, le comité pour l’agriculture et l’économie rurale et le comité pour les arts, manufactures et l’amélioration de l’industrie. La société devient l’un des hauts lieux de la science médicale à l’époque dans nos régions ; elle dispense des cours d’anatomie, de physiologie, de nombreux médecins et chirurgiens en deviennent membres correspondants. Le 19 novembre 1809, l’institution change de nom et devint la « Société libre d’Émulation et d’encouragement pour les sciences et les arts ». Parmi les membres de cette société de prestige, on retrouve bon nombre de personnalités du département : les industriels Biolley et Simonis, le mécanicien John Cockerill, le banquier Gérard Nagelmackers, des exploitants de houillères et des fabricants en tout genre. Afin de concrétiser sa politique de développement industriel, la société a recours à des prix et des expositions. Le 16 février 1813, la société est également à l’origine de la création d’un athénée des arts, successeur de l’académie de dessin créée par Velbrück sous l’Ancien Régime. Cette école ne survit toutefois pas longtemps et ferme ses portes dès la chute de l’Empire. Le renouveau insufflé par le préfet ne s’éteint toutefois pas avec la fin du régime français, la société d’Émulation poursuit ses activités au gré du développement de la Révolution industrielle.
La taque de foyer représentant Napoléon à cheval conservée à la société libre d’Émulation à Liège. © Bruxelles, KIK-IRPA
La maison Renaissance de l’Émulation conserve également une taque de foyer carrée de 70 cm de côtés représentant Napoléon. Coulée vers 1801-1810, elle se trouvait autrefois dans la salle polyvalente mais a récemment été déposée en réserve. On y voit l’empereur en habits militaires, à cheval et entouré de drapeaux.