La Belgique contestée (1831-1838)

La campagne que mène Guillaume d’Orange pour restaurer l’unité des Pays-Bas ne dure que quelques jours (du 2 au 12 août 1831) et montre la faiblesse du nouvel État belge. L’avancée des troupes hollandaises est rapide et aisée ; une bonne partie des provinces flamandes sont reprises quand, garante – comme l’Angleterre – de l’indépendance belge, la France est appelée à la rescousse (8 août). Dépourvus de l’aide militaire de la Prusse et de la Russie, les Pays-Bas ne résistent pas devant l’avancée fulgurante de l’armée française sous le commandement du maréchal Gérard. De plus, la crainte d’une guérilla meurtrière pousse les armées hollandaises à se replier de toutes leurs positions en Belgique à l’exception de la citadelle d’Anvers (cessez-le-feu signé le 12 août).
Néanmoins, Guillaume Ier continue de refuser de signer le traité de Londres qui comporte désormais 24 articles. Il refuse aussi de rendre la citadelle anversoise. Il faudra une seconde intervention de l’Armée française du Nord du même commandant Gérard qui sort victorieux du siège du fort d’Anvers (15 novembre – 23 décembre 1832). La jeune armée belge a également participé à l’opération pour protéger la ville. Guillaume Ier n’est toujours pas décidé à reconnaître le nouvel État belge qui vivra sous le régime d’un armistice jusqu’en 1839.
En 1897, un monument français est sculpté pour honorer la mémoire des soldats français tombés lors de la prise d’Anvers. Suite au refus des autorités de cette ville de dresser un monument français sur leur sol, c’est Tournai qui accueillit le souvenir imposant dédié au maréchal Gérard et à ses hommes.

Références
HaHu150 ; Sel146 ; WTcM01 ; WTcM19 ; www_cm1830


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Le royaume uni des Pays-Bas (1815-1830)

Le royaume uni des Pays-Bas a été constitué pour repousser toute tentation de Paris de lorgner davantage vers le nord. « L’Amalgame » de 1815 place sous la couronne de Guillaume Ier d’Orange plusieurs entités que seule la France républicaine puis impériale avait réussi à réunir. Désormais, et pour la première fois depuis 880, la frontière impériale germanique passe à l’est de la Meuse. Seules les terres luxembourgeoises figurent encore dans la Confédération germanique.

Références
Duby176 ; GeGB50 ; GM03-271 ; HaHu149 ; M132 ; Sel145 ; WPH01-264


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Deux gouvernements généraux (12 juin – 20 août 1814)

À partir du 12 juin 1814, la fusion des deux gouvernements du Bas-Rhin et du Rhin-Moyen est effective ; le gouvernement général du Bas-Rhin est placé sous la direction unique de Sack. Dans le même temps, une convention a été signée entre les puissances alliées, le 31 mai, qui prévoit une révision territoriale importante : désormais, la Meuse constituera la frontière entre la Belgique et le Bas-Rhin, la première occupant la rive gauche, le second la rive droite. Cet accord ne devient effectif que le 20 août 1814 au moment où la Prusse évacue effectivement toute la rive gauche de la Meuse, hormis la ville de Liège. Le siège du département de l’Ourthe est établi à Herstal.
Par ailleurs, depuis le 1er août 1814, le baron Charles de Vincent a cédé son poste de gouverneur général de la Belgique au prince d’Orange-Nassau. Plus qu’un changement de titulaire, il s’agit de la détermination du sort des anciennes provinces autrichiennes. Si la Convention de Bâle (janvier 1814) avait prévu la manière de gérer les territoires reconquis et si les puissances alliées étaient unanimes à rétablir la France dans ses limites au 1er janvier 1792, il restait à définir à qui attribuer définitivement les territoires soustraits à la France. Dans le Traité de Paix dit de Paris du 30 mai 1814 (art. 6), apparaît pour la première fois le principe que les anciennes Provinces-Unies bénéficieraient d’un accroissement de territoire, et même si on sous-entend ainsi que lui reviendrait toute la rive gauche de la Meuse, rien n’est décidé ; la Convention de Londres du 20 juin 1814 confirme le principe mais sans en préciser les modalités, tandis que le prince Guillaume souhaite l’union de tous les anciens Pays-Bas et de la principauté de Liège avec les anciennes Provinces-Unies. Quand le prince d’Orange-Nassau devient gouverneur général de la Belgique (1er août), la situation se précise, mais reste indécise.


Pasinomie, Collection des lois, décrets, arrêtés et règlements généraux qui peuvent être invoqués en Belgique, t. III, 1er janvier 1814-15 mars 1815, Bruxelles, 1860


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Trois gouvernements généraux (février-juin 1814)

Avant la reconquête militaire des puissances alliées, celles-ci avaient convenu la manière d’organiser les territoires repris : la Convention de Bâle (12 janvier 1814) prévoyait en effet la constitution de trois gouvernements généraux : le Bas-Rhin, le Rhin-Moyen et la Belgique avec, à leur tête, un gouverneur (le conseiller intime d'État prussien Sack, Juste Gruner et le baron Charles de Vincent), détenteur du pouvoir législatif. La Justice et l’Exécutif restaient aux mains des « Alliés ». Cette tripartition est effective dès la fin février 1814, mais ne dure que jusqu’au 12 juin 1814 date de la fusion des deux gouvernements du Bas-Rhin et du Rhin-Moyen.

Pasinomie, Collection des lois, décrets, arrêtés et règlements généraux qui peuvent être invoqués en Belgique, t. III, 1er janvier 1814-15 mars 1815, Bruxelles, 1860


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