Conséquence de la féodalité qui s’installe, entre le Xe siècle et le XVIIIe siècle, le pays wallon est morcelé en de nombreux territoires, parfois indépendants. Ces comtés, duchés et autres principautés suscitent la convoitise des puissants voisins européens et s’inscrivent au coeur de l'histoire européenne. Au travers d’une synthèse et de documents, retrouvez le sort de ces hommes et de ces femmes, que l’on désigne déjà par l’adjectif « wallon ».

La scission de la Lotharingie (959)

Afin de contrôler les « grands » de Lotharingie dont il connaît l’esprit d’indépendance, Henri Ier a cherché une union durable notamment avec la famille des Régnier. Force est cependant de constater la défiance des « grands » à l’égard du roi et bientôt de l’empereur. Dès 953, Brunon (frère d’Otton), nommé duc de Lotharingie, tente de rétablir l’autorité. En 959, la Lotharingie est scindée en deux : au sud, la Haute Lotharingie qui lèguera son nom à la Lorraine ; au nord, la Basse Lotharingie dans laquelle s’inscrit l’espace wallon actuel, hormis Tournai. Le titre de duc de Basse-Lotharingie sera attribué jusqu’en 1190. Le dernier titulaire sera Godefroy VII, landgrave de Brabant (1143-1190). À la Diète de Schwäbisch Hall, l’exercice du pouvoir ducal de Basse-Lotharingie est limité aux territoires et fiefs impériaux des comtes de Louvain. Le titre honorifique de duc de Lothier (qui fait référence à un territoire beaucoup plus réduit que la Basse-Lotharingie) se transmet aux successeurs des ducs de Brabant jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

Références
Duby110 ; Duby4 ; GaMa ; H49 ; SchnJ649 ; VdEss03 ; VuBrbt44 ; www.cm1000 ; www_cm1001


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Le duché de Lotharingie au sein de l’espace germanique (925-962)

La Lotharingie est l’un des cinq duchés constitutifs du royaume de Germanie (avec la Bavière, la Franconie, la Saxe et la Souabe). La puissance de ces ducs est telle qu’ils écartent les Carolingiens de la succession de la Francie orientale et choisissent Henri Ier l’Oiseleur (919). C’est ce dernier qui intègre définitivement la Lotharingie à l’espace germanique et, avec elle, le territoire wallon à l’exception notoire de Tournai (925).
Quand Otton Ier reçoit à Rome la couronne impériale et devient l’héritier des empereurs romains (2 février 962), nos contrées font désormais partie de l’empire germanique, puis, à partir du milieu du XIIe siècle du Saint-Empire romain germanique (l’expression « de la nation germanique » commencera à être employée à partir du XVe siècle). Ce statut géopolitique détermine l’histoire du territoire wallon jusqu’en 1795, et l’annexion des « États Belgiques » par la France républicaine.

Références
Duby110 ; Duby46 ; H49 ; www_cm1000


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Entre Francie et Germanie : le Traité de Ribemont (880)

En 876, quand meurt Louis le Germanique, Charles le Chauve tente de récupérer toute la Lotharingie. Vaincu par Louis III (de Germanie) il meurt en 877. En 879-880, Baudouin II de Flandre, comte de Flandre, prend son indépendance ; il est imité par le duc de Bourgogne ; Boson V est proclamé roi de Provence, faisant renaître un territoire absorbé précédemment par les royaumes d’Italie et de France. Ces mouvements d’indépendance conjugués à la menace que font peser les Vikings forcent les héritiers carolingiens à s’accorder. Par le traité de Ribemont (880), les petits-fils de Charles le Chauve cèdent leur part de la Lotharingie à Louis III. L’ensemble de la Lotharingie (et l’essentiel de l’espace wallon actuel) est donc rattaché à la Germanie (situation confirmée définitivement en 925). Repoussée sur l’Escaut (pour ce qui concerne l’espace wallon actuel), la frontière qui est fixée à ce moment entre France et Allemagne va résister durablement.

Références
Dor46 ; Duby110 ; Er33 ; GaMa ; GeniMA54 ; SchnJ649 ; VdEss03 ; www_cm0880


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Le partage du royaume de Lothaire II : le Traité de Meerssen (870)

Situé dans la zone qui fut le berceau des dynasties franques et carolingiennes, le Regnum Lotharii est convoité par ses voisins immédiats. Obtenant l’annulation du second mariage de Lothaire II qui vient de décéder, Charles le Chauve élimine le successeur pressenti et se fait couronner roi de Lotharingie à Metz (869). La réaction de Louis le Germanique contraint Charles le Chauve à négocier le traité de Meerssen (870). En l’absence de Louis II, la Lotharingie est scindée en deux, selon une ligne nord-sud, qui suit quasiment la Meuse, l’Ourthe et la Moselle. L’espace wallon actuel voit la ligne de partage généralement située le long de l’Escaut se déplacer sur la Basse-Meuse.
Ce traité – comme la plupart des autres conclus à cette époque – tiennent compte des grands cours d’eau, tentent de respecter une répartition équitable entre les comtés, les villes épiscopales et les abbayes.
Entre-temps, au décès de Charles de Provence (863), les comtés de Lyon, Vienne et Vivarais reviennent à Lothaire II. La Provence, c’est-à-dire les provinces ecclésiastiques d’Arles, d’Aix et d’Embrun, passe, sous l’autorité directe de Louis II, empereur d’Occident et roi d’Italie.

Références
Dor46 ; Duby42 ; Er33 ; H45 ; www_cm0843 ; www_cm0844


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Le partage de l’empire de Lothaire (855)

Juste avant sa mort (Traité de Prüm, 855), Lothaire partage son empire entre ses trois fils. Avec le titre d’empereur, Louis II dit le Jeune reçoit l’Italie. Charles hérite des territoires s’étendant de la Provence au nord de Lyon et au sud de la Bourgogne. Quant à Lothaire II, il lui revient toute la partie nord, du Jura à la Frise, entre Escaut et Rhin, en passant par l’essentiel de l’espace wallon actuel et en conservant Aix-la-Chapelle comme capitale.

Références
Dor46 ; Duby42 ; Er33b ; GeniMA54 ; H45 ; www_cm0843 ; www_cm0844


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Le partage décisif de l’empire : le Traité de Verdun (843)

À la mort de Louis le Pieux, Louis et Charles refusent de reconnaître Lothaire comme suzerain, contestent le dernier partage et se coalisent. Le sort des armes leur est favorable (bataille de Fontenay-en-Puisaye, 841). Renforçant leur alliance par les Serments de Strasbourg, ils forcent Lothaire à signer le Traité de Verdun.
En 843, le Traité de Verdun consacre la scission définitive de l’empire en trois royaumes nouveaux et distincts ; entre le royaume occidental des Francs et celui situé à l’orient, le territoire de la Francie médiane ne cessera de se réduire en raison de la convoitise de ses voisins et des problèmes de succession. Parce qu’il continuait de régner sur la partie italienne, Lothaire avait conservé le titre impérial.

Références
Duby42 ; EHA353; Er33b ; H45 ; Pu14b ; www_cm0843


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