Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste MÉLOTTE Jules

Monument  Jules Mélotte

Prenant prétexte de la commémoration du cinquantième anniversaire de l’invention de l’écrémeuse à bol librement suspendu, Alfred Mélotte prend 

l’initiative de faire ériger un monument, à Remicourt, à proximité de l’usine familiale, en l’honneur de son frère, le génial inventeur. Le brevet n°82314 scellant l’invention de cette écrémeuse révolutionnaire porte la date du 23 juin 1888. 

Son inventeur, Jules Mélotte (1858-1919), avait repris la petite entreprise paternelle créée en 1852 et avait donné, dans les années 1880 et surtout 1890, un essor considérable aux « Ateliers de Construction de Veuve Mélotte » par la fabrication industrielle de la fameuse écrémeuse Mélotte, premier prix du Grand concours international de Bruxelles 1888. 

À la fin du siècle, son produit a envahi le marché mondial et plus de 1 000 ouvriers sont occupés à Remicourt dans une usine citée comme « exemple de développement industriel de très haut niveau en milieu rural ». Ni les machines ni leur patron ne survivront cependant au pillage allemand de 14-18. 

Avec courage, Alfred Mélotte reprendra l’entreprise de Remicourt, la transformera en SA Ecrémeuse Mélotte (1921), se spécialisera dans « la traite 

mécanique » et lui apportera encore quelques belles années de développement. Ne souhaitant pas que l’on oublie le rôle majeur joué par son frère qui fut aussi conseiller communal et échevin de la localité (1894-1917), Alfred Mélotte confie au sculpteur Pierre Theunis le soin de fixer les traits de Jules Mélotte dans la pierre et à l’architecte Michel Polak d’aménager le monument.

L’inauguration se déroule en juin 1938 et la foule peut ainsi admirer, juste à l’entrée de l’usine, l’imposant ensemble réalisé. Michel Polak a disposé le buste en bronze de Theunis sur une haute colonne carrée en pierre blanche et a donné de la dimension au monument en édifiant latéralement deux murets arrondis avec des pierres disposées sur trois niveaux, carrées au centre, rectangulaires en haut et en bas. À l’avant du monument, un dégagement a été créé avec un pavement de pierres aux formes arrondies. 

Actuellement une importante végétation maîtrisée a pris possession de l’arrière du monument. Avec le temps les inscriptions se sont effacées ; actuellement, on lit simplement : JULES MELOTTE - 1858-1919, alors qu’à l’origine, Alfred Mélotte avait tenu à une dédicace précise sur l’objet et les circonstances de cet édifice : 

« A Jules Mélotte. Fondateur de l’usine. 
1888-1938. Cinquantenaire de l’invention de l’écrémeuse à bol suspendu. 
Monument érigé par la Société Anonyme Écrémeuses Mélotte ».

Formé à l’Académie de Bruxelles auprès de Charles Van der Stappen et de Julien Dillens, Petrus Josephus Theunis (Anvers 1883-Schaerbeek 1950) est deuxième du Prix de Rome 1906. Sculpteur, portraitiste, médailleur, il voyage en Europe, s’arrête sur plusieurs chantiers et il est notamment ornementaliste à Londres. De sa rencontre avec Thomas Vinçotte naîtra une solide collaboration, Theunis secondant ce dernier sur de nombreux projets comme la décoration du Palais royal ou la statue équestre de Léopold II à Bruxelles. Comme nombre de sculpteurs de sa génération, il réalise plusieurs monuments aux victimes de la Grande Guerre. Réalisant de nombreux bustes, il répond à des commandes publiques comme privées (à l’exemple du buste de Mélotte), tout en réalisant des œuvres de sa propre inspiration, les nus féminins ayant sa préférence.  
 

Sources

- Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434 et 442 
- Daniel PIROTTE, Jules Mélotte, dans Grands hommes de Hesbaye, Remicourt, éd. du Musée de la Hesbaye, 1997, p. 57-64. 
- Alphonse LEUNEN, Jules Mélotte, dans Biographie nationale, t. XXXVIII, col. 579-588. 
- Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 135. 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 500

Rue Jules Mélotte 27
4350 Remicourt

carte

Paul Delforge

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Mélotte Alfred

Socio-économique, Entreprise

Remicourt 24/03/1858, Gembloux 23/12/1943

Au milieu du XIXe siècle, Guillaume Mélotte (1826-1878) est à la tête d’une fabrique qui construit du matériel agricole. À la fois menuisier et forgeron, il contribue à de nombreuses améliorations techniques qui sont fort appréciées par le monde agricole des riches terres de Hesbaye. Ses batteuses notamment ont une excellente réputation. C’est dans l’atelier paternel qu’Alfred apprend le métier à partir de 1872, imité trois ans plus tard par son frère Jules. Un an après l’implantation de nouvelles installations face à la sucrerie de Remicourt (1877), le père Mélotte décède, propulsant Alfred à la tête des « Ateliers de Construction de Veuve Mélotte », où il poursuit la production de batteuses et de charrues.

Conscients de la nécessité de maîtriser davantage les techniques nouvelles et d’équiper leur usine de manière plus moderne, les frères Mélotte observent ce qui se fait lors des grandes expositions ou, par l’intermédiaire de Jules qui s’est fait engager comme ouvrier dans une usine spécialisée de Liège, acquièrent un nouveau savoir-faire. C’est ainsi que Jules Mélotte invente l’écrémeuse à bol librement suspendu, la fameuse écrémeuse Mélotte. Les besoins de production nécessitent de nouveaux locaux et Alfred Mélotte décide d’installer la fabrication des charrues à Gembloux et de se spécialiser dans les instruments aratoires, laissant à Jules l’usine de Remicourt (1890).

Raccordée directement à la ligne ferroviaire, la nouvelle usine de Gembloux est aussi à proximité de l’Institut agricole de l’État, et forcément de ses étudiants, dont un certain nombre vient de l’étranger. Les Mélotte ont tôt compris le sens de la communication et de la publicité. À cela, Alfred ajoute la qualité et les innovations de ses produits, ce qui assure un succès immédiat à l’entrepreneur hesbignon. L’atelier devient usine quand les commandes abondent de l’étranger. 600 ouvriers produisent près de 30.000 machines par an quand éclate la Première Guerre mondiale.

Réfugiés en France jusqu’en 1918, les frères retrouvent leurs usines dévastées et pillées par l’occupant allemand. Jules Mélotte n’y survit pas et, en 1919, à plus de 70 ans, Alfred se retrouve aussi à la tête de l’usine de Remicourt qu’avait dirigée son frère. Elle devient la SA Ecrémeuse Mélotte (1928), produit la première écrémeuse en acier inoxydable et va se spécialiser dans « la traite mécanique » : avec plus d’un millier d’ouvriers, elle exporte dans le monde entier où elle dispose de ses propres comptoirs commerciaux. À Gembloux, il constitue la SA Charrue Mélotte et, pour contourner les droits de douane français prohibitifs, il installe à Givet la Société française des Machines agricoles Mélotte SA (1927). Jusqu’à la fin de sa vie, et malgré des problèmes de cécité qui le handicapent depuis le début des années 1930, l’inventeur-entrepreneur reste à la tête de ses trois usines. Maintes fois copiée et imitée, la charrue Mélotte est assurément son produit-phare, et le plus apprécié si l’on en juge par la quantité de premiers prix remportés lors de concours et d’expositions en Europe et en Amérique.

 

Sources

Daniel PIROTTE, Alfred Mélotte, dans Grands hommes de Hesbaye, Remicourt, éd. du Musée de la Hesbaye, 1997, p. 51-57.
Alphonse LEUNEN, Alfred Mélotte, dans Biographie nationale, t. XXXVIII, col. 588-590.
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 135.

© Sofam

Mélotte Jules

Conception-Invention

Remicourt 07/08/1858,  Liège 11/07/1919

Au milieu du XIXe siècle, Guillaume Mélotte (1826-1878) est à la tête d’une fabrique qui construit du matériel agricole. À la fois menuisier et forgeron, il contribue à de nombreuses améliorations techniques qui sont fort appréciées par le monde agricole des riches terres de Hesbaye. Ses batteuses notamment ont une excellente réputation. C’est dans l’atelier paternel que Jules apprend le métier à partir de 1875, suivant ainsi l’exemple de son frère aîné, Alfred. Un an après l’implantation de nouvelles installations face à la sucrerie de Remicourt (1877), le père Mélotte décède, propulsant Alfred à la tête des « Ateliers de Construction de Veuve Mélotte ». N’ayant guère profité de sa scolarité, Jules Mélotte s’efforce de pallier ses lacunes ; esprit curieux, il lit énormément et multiplie les expérimentations dans l’atelier familial, poursuivant la tradition des petites mais précieuses améliorations techniques, pour lesquelles il dépose ses premiers brevets.

Conscients de la nécessité d’un plus grand savoir-faire et d’équiper leur usine de manière plus moderne, les frères Mélotte observent ce qui se fait lors des grandes expositions. Jules lui-même se fait engager comme ouvrier dans une usine spécialisée de Liège, vraisemblablement les Ateliers de la Meuse, et prendra exemple sur la Fabrique national d’Armes de Herstal. En 1884, il découvre l’écrémeuse Laval lors d’une exposition agricole, machine rare et chère dont le fonctionnement l’impressionne, de même que l’écrémeuse Burminster Wayn. Mais à l’instar des ordinateurs des années 1960, l’usage et l’accès paraissent limités tant la machine demande de place et d’énergie. Le génie de Jules Mélotte consista à créer un appareil maniable par une personne ordinaire et produisant un lait écrémé de qualité.

Le 23 juin 1888, Jules Mélotte dépose le brevet n°82314 scellant l’invention de l’écrémeuse à bol librement suspendu. En remportant le premier prix du Grand concours international de Bruxelles, la fameuse écrémeuse Mélotte offre une récompense de 10.000 francs à son inventeur qui décide de passer lui-même au stade de la fabrication industrielle. Alors qu’Alfred établit de nouveaux locaux à Gembloux où il se spécialise dans les instruments aratoires, Jules prend la tête de l’usine de Remicourt. En 1890, les premières écrémeuses Mélotte commencent à être commercialisées. Sans cesse améliorées, elles vont envahir le marché européen, puis mondial, dès la fin du siècle. Comme son frère, Jules met l’accent sur la qualité et l’innovation, et est particulièrement attentif à la productivité et à l’organisation de l’usine de Remicourt, comme à l’amélioration de la formation des ouvriers et de leurs conditions de vie. Cette préoccupation sociale se manifeste aussi dans les décisions que prendra Jules Mélotte comme échevin de l’Instruction publique de Remicourt. En 1900, le site de Remicourt est cité en exemple au niveau international ; plus de mille ouvriers y travailleront. Comme l’écrit Daniel Pirotte, cette entreprise est un très rare « exemple de développement industriel de très haut niveau en milieu rural ».

Réfugiés en France pendant la Première Guerre mondiale, les deux frères retrouvent, à l’Armistice, leurs usines dévastées et pillées par l’occupant allemand. Jules Mélotte n’y survit pas et, en 1919, Alfred hérite de l’usine de Remicourt qu’avait dirigée son frère. Créée en 1852, devenue « Usine Alfred Mélotte, successeur Jules Mélotte » en 1902, elle devient la SA Ecrémeuse Mélotte (1921) et va se spécialiser dans « la traite mécanique ». En 2012, le groupe Boumatic-Gascoigne-Mélotte reste présent à Remicourt qui est le centre unique de distribution en Europe.

Tout au long de leur vie, les deux frères ont conservé d’excellentes relations. Et en 1938, Alfred fera ériger un monument en l’honneur de son frère pour commémorer le cinquantième anniversaire de l’invention de la fameuse écrémeuse, « La Mélotte », produit-phare et géniale invention de l’entrepreneur hesbignon.

Sources

Daniel PIROTTE, Jules Mélotte, dans Grands hommes de Hesbaye, Remicourt, éd. du Musée de la Hesbaye, 1997, p. 57-64.
Alphonse LEUNEN, Jules Mélotte, dans Biographie nationale, t. XXXVIII, col. 579-588.
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 135.

Mandats politiques

Conseiller communal de Remicourt (1894-1917)
Échevin (1894-1917)