Mortiaux Anne
Art public
Huy, 9 septembre 1964
Etudes à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels - La Cambre, à Bruxelles (sculpture souple).
Bourse à la Fondation de la Tapisserie, des Arts du Tissu et des Arts Muraux, à Tournai
L'une des premières préoccupations d'Anne Mortiaux a été d'éclater les notions d'intérieur et d'extérieur, en multipliant les possibilités d'interfaces entre elles. Par exemple, la fenêtre, en tant qu'espace qui "filtre" les mouvements de va-et-vient entre le "dedans" et le "dehors", a fait l'objet d'expériences diverses, développant chaque fois de nouvelles possibilités esthétiques. En outre, elle s'est intéressée aux manières de rendre palpable la lumière et la couleur, une autre manière d'interroger les notions d'intérieurs et d'extérieurs, toujours via la fenêtre.
Anne Mortiaux a également réalisé des installations, en divers lieux, qui condensent ce qu'elle appelle des "moments transportés". Comme l'intégration "retour aux sources" exprimait un retour presque introspectif aux origines, elle a réalisé, lors d'une exposition à Ixelles, une cabane en terre, dont les matériaux (terres, bois etc.) avaient été glanés sur les lieux et endroits de son enfance. La cabane, dont la taille était conditionnée par l'espace disponible mais aussi par le corps de l'artiste, exprimait cette idée de retour vers l'intériorité, de condensation de souvenirs et d'émotions liés à la mémoire de l'enfance. En outre, la cabane était construite de part et d'autre d'une baie vitrée ; de telle sorte qu'elle semblait à la fois dans et hors du musée.
L'idée de conserver des traces d'instants se manifeste encore lors d'une installation, réalisée à Rome. Anne Mortiaux avait construit une sorte qu'Aqueduc dans une galerie, avec des objets de rebuts qu'elle avait ramassés, dans des terrains vagues de la capitale italienne. Durant un mois, ce sont près de trois cents litre d'eau, récoltés précédemment dans la mer de Naples, qui se sont écoulés dans cet aqueduc.
Ces gestes d'apparence simple (comme, par exemple, ramasser des fragments de bâtiment en voie de destruction ou faire de boules avec la boue des rivières), mais très chargés affectivement prennent un sens poétique intense, lors de leur mise en forme finale, faussement sommaire mais extrêmement précise. Pratiqués dès le début des années nonante, ils anticipent une tendance caractéristique de la fin de la décennie 1990-2000 qui exprime une poétique du "presque rien".