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Hôtel de ville d'Arlon

Terminé en novembre 1843, l’hôtel de ville d’Arlon était à l’origine un athénée. Construit sur une grande terrasse entourée de grillages de fer, il était le bâtiment le plus considérable construit jusqu’alors à Arlon. L’édifice s’étant vite dégradé, décision est prise de construire un nouvel athénée. La ville d’Arlon dresse alors des plans d’appropriation de l’ancien bâtiment, destiné à devenir le nouvel hôtel de ville. La façade est remise à neuf, l’escalier central partiellement renouvelé. Tous les services communaux sont définitivement installés dans leurs nouveaux locaux le 19 août 1898. Le bâtiment, ayant souffert au cours de la grande guerre, sera à nouveau restauré en 1920.

L’édifice présente un volume principal composé d’une façade en double corps de cinq travées sur deux niveaux et un niveau d’attique. De part et d’autre, deux ailes transversales en léger retrait présentent en façade une travée sur trois niveaux de baies rectangulaires. Le tout surmonte un haut soubassement ajouré de baies.

Aujourd’hui, l’hôtel de ville a été considérablement agrandi car la fusion des communes demandait un espace plus grand pour gérer la nouvelle population. Les travaux d’extension furent terminés en 1997.  Contemporains, les nouveaux bâtiments s’intègrent néanmoins parfaitement avec le bâtiment d’origine.

 

1908 : la réception d’ouverture du Congrès international de langue française

Présidée par le bourgmestre Numa Ensch-Tesch, cette réception solennelle, le 20 septembre 1908, était un moyen de célébrer plus que d’ouvrir le Congrès. Arlon, encore essentiellement empreinte de culture germanique au début du siècle, avait à coeur en tant que chef-lieu d’une province belge de montrer son appartenance francophone au reste du pays.

Réunis autour des autorités communales et provinciales, les congressistes sont présentés aux officiels présents par le président du congrès, Maurice Wilmotte. Parmi ceux-ci, plusieurs personnalités étrangères de haut rang sont venues faire honneur à la francophonie : Jules Gautier, délégué du ministre français de l’Instruction publique, Monsieur Bonnard, délégué de la Confédération helvétique, et d’autres personnalités françaises ou encore luxembourgeoises. Le bourgmestre, lors de son discours, commentera le choix d’Arlon comme siège du congrès. Après cette soirée inaugurale le Congrès pouvait s’ouvrir, dans la foulée de celui de Liège de 1905, déjà présidé par Wilmotte. Mais si le Congrès de Liège était resté fort linguistique et littéraire, celui d’Arlon fut l’occasion de tentatives de débats nettement plus politiques avec les rapports d’Hector Chainaye (Pourquoi et comment les Wallons doivent combattre les flamingants) et de Julien Delaite (Le français en Wallonie et en Belgique).

Rue Paul Reurer 8
6700 Arlon

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant - SPW 

Sources de l'Oise

Rivière du nord de la France longue de 302 km et affluent de la Seine, l’Oise prend sa source dans le massif forestier de la Fagne, dans la province du Hainaut.

Alors que l’Oise prend réellement sa source dans la localité de Bourlers (sur la commune de Chimay aujourd’hui), des militants wallons préfèreront la situer à Macquenoise (entité de la commune de Momignies), non loin de Chimay également, pour des raisons toponymiques et organisèrent là et non à Bourlers un événement militant. À l’initiative de l’Avant-Garde wallonne, une manifestation hautement symbolique se déroula pendant quatre années, en mai, de 1958 à 1961, sur le petit pont traversant l’Oise : les participants se regroupaient ainsi au pied d’une rivière prenant sa source en terre wallonne pour couler vers la France et se jeter dans la Seine. Évoquant le premier rassemblement, on peut d’ailleurs lire dans Wallonie libre : « L’Oise qui naît en Wallonie et reflète les paysages de la France est le symbole de l’union des coeurs et des esprits
des Filles et des Fils de la grande famille française ». Durant ce rassemblement, les participants affirmèrent leur fidélité et leur appartenance à la civilisation française.

6464 Chimay (Momignies)

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

SPW - G. Focant

Monument Le coq à Jemappes

Depuis 1890, l’idée de réaliser une commémoration de la bataille de Jemappes était dans l’air. Cette bataille, remportée par la jeune République française le 6 novembre 1792 sur les armées autrichiennes, avait permis la victoire de la République et, à terme, le rattachement de nos régions à la France. Le symbole était fort pour le Mouvement wallon naissant. L’idée de l’érection d’un monument se précisa dans les colonnes d’un quotidien hennuyer en 1908. Un comité d’action, dans lequel se trouvait Jules Destrée, fut constitué en mai 1909 et sélectionna le sculpteur arlonnais Jean-Marie Gaspar, le plus grand spécialiste de la sculpture animalière à l’époque.

Le monument consiste en un obélisque de granit de 16 mètres de hauteur. À son sommet un coq en cuivre qui symbolise la puissance de la France révolutionnaire, tourné vers l’est, immense, aux lignes élégantes, se dresse vers le ciel, les ergots en bataille et le cou gonflé par le cri qu’il pousse. Il fut inauguré avec faste le 24 septembre 1911 à l’occasion du Congrès international des Amitiés françaises, en présence de quelque cent mille personnes venues de toutes les régions de Wallonie. Des Français de Lille et Valenciennes étaient également présents en nombre. Parmi de nombreuses interventions, le discours de Jules Destrée marqua les esprits par sa fougue et son éloquence. La sculpture fut détruite par les Allemands dès le 24 août 1914, et un nouveau coq réalisé par le sculpteur Charles Samuël fut installé sur l’obélisque le 21 mai 1922. Épargné par la seconde occupation, il trône toujours en haut du monument, aujourd’hui au coeur d’une cité sociale.

Tout comme Waterloo, Jemappes - célébrant une victoire et non une défaite - accueillera de nombreuses manifestations francophiles. Un premier événement y est organisé par les Ligues wallonnes affiliées à la Concentration wallonne le 14 novembre 1937. À partir de 1938, la date du 6 novembre devient celle de la célébration de l’amitié franco-wallonne. En 1950, Joseph Merlot y représente le Congrès national wallon et le 160e anniversaire de la bataille, en 1952, est l’occasion pour le Mouvement wallon d’organiser un grand rassemblement à la lumière de torches qui sont réunies en un énorme brasier au pied du monument. Une cérémonie se tient encore dans les années suivantes, à l’initiative de membres de « Wallonie libre », mais elle se fait en petit comité. Un essai de relance, par « Wallonie Région d’Europe » et l’Institut Jules Destrée, eut lieu en 1989, sans lendemain.

Butte du Campiau
7012 Mons (Jemappes)

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Classé comme monument le 4 novembre 1976

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

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Buste PLISNIER Charles

Le parc érigé sur les vestiges de l’ancien château fort des comtes de Hainaut abrite notamment un buste de l’écrivain montois Charles Plisnier (Ghlin, 1896 – Ixelles, 1952), qui adhéra très tôt au Mouvement wallon et y défendit avec éloquence - notamment au Congrès de Liège de 1945 – la thèse réunioniste (profrançaise) ou, à défaut, fédéraliste. À sa mort, Marcel Thiry avait salué la mémoire du « champion le plus prestigieux de la Wallonie depuis Jules Destrée ».

Plisnier avait été, en 1937, le premier écrivain non français à recevoir le prix Goncourt et il fut sérieusement proposé pour le prix Nobel de littérature en 1951. Le 8 mars 1997, la commune de Lasnes (Brabant wallon) a inauguré une plaque commémorative sur la maison où l’auteur résida de 1935 à 1937 à Ohain. Enterré au cimetière de Mons, Plisnier a également un buste en son honneur au parc Jacques Franck à Saint-Gilles (Région bruxelloise), oeuvre de l’ancienne danseuse Akarova (Marguerite Akarin, 1904-1999), buste dont un double se trouve depuis 1957 à Woluwé-Saint-Lambert à l’intersection des avenues des Géraniums et des Camélias.

Parc du Château
7000 Mons

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

SPW - G. Focant

Ancien palais des princes-évêques de Liège

Les premières mentions d’un « palais épiscopal » remontent au IXe siècle, lorsque son occupant n’était encore qu’évêque de Liège. C’est toutefois sous l’épiscopat de Notger (972-1008), considéré comme le premier prince-évêque suite à la donation du comté de Huy en 985, que l’on trouve la trace d’un nouveau palais, que nous considérons aujourd’hui comme le « premier palais des princes-évêques ».

Le palais de Liège a connu les affres du temps, des raids normands de 881 au grave incendie de 1185 (le siège du pouvoir est immédiatement reconstruit par Raoul de Zähringen (1167-1191)) et aux conflits entre Liège et le duché de Bourgogne au XVe siècle.

C’est sous le règne du richissime bâtisseur Érard de la Marck (1505-1538) que la renaissance du palais a lieu. L’édifice actuel en est encore en grande partie l’héritier : articulation autour de deux cours en enfilade dont la première est caractérisée par une série de colonnes aux motifs Renaissance.

Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, les princes-évêques n’ont de cesse d’imprimer leur marque dans l’intérieur de leur résidence dont ils modernisent les locaux. L’extérieur connaît de lourdes modifications sous le règne de Georges-Louis de Berghes (1724-1743) lorsqu’un grave incendie ravage le palais dans la nuit du 23 mars 1734 et détruit intégralement la façade Renaissance construite sous Érard de la Marck.

Aux premières heures de la Révolution, le palais est épargné. Il faut dire que les premières années qui suivent le soulèvement populaire sont confuses à Liège où les deux derniers princes-évêques prennent la fuite et sont chacun rétablis dans leurs États à deux reprises. La bataille de Fleurus et l’arrivée des Français signent pour de bon la fin de l’occupation princière au palais de Liège. Le 27 juillet 1794, la foule envahit l’édifice et procède à un pillage en règle de tout ce que le prince-évêque n’a pu emporter, c’est-à-dire la majorité des richesses. Cet envahissement populaire fait disparaître les blasons et portraits rappelant le régime déchu. Ensuite, on procède à une totale laïcisation du bâtiment qui est préservé dans sa totalité pour des raisons pratiques évidentes. Déjà lors de la première occupation de nos régions par les armées républicaines, le général Dumouriez avait choisi le palais pour y loger lors de son passage en novembre 1792. Sous la seconde occupation, l’édifice devient le palais de Justice de la République et, en son sommet, un carillon vient remplacer le globe et l’aigle impériale.

Le palais abrite ainsi, jusqu’à l’annexion, le tribunal révolutionnaire de Liège, installé dans l’ancienne chapelle du prince. Ce tribunal criminel est installé le 12 octobre 1794, il est composé de dix membres et étend sa juridiction sur les anciens pays de Liège, Franchimont, Stavelot, Logne et Limbourg. On y trouve 8 juges, un greffier et un accusateur public. L’ancien « palais des princes-évêques » est rebaptisé « palais national ». En tant que chef-lieu de département, Liège devient le siège des juridictions d’instance et d’appel sous le régime français. Les salles jusqu’alors occupées par le Synode, la Cour féodale et l’Échevinage, institutions abolies, sont réaffectées en dépôt d’archives. Après l’annexion, le tribunal d’appel du département de l’Ourthe s’installe dans l’aile ouest. Le palais abrite alors non seulement les institutions judiciaires, mais également les institutions centrales. C’est au préfet Desmousseaux que l’on doit, en 1800, le départ de ces dernières vers l’hôtel de Hayme de Bomal. La destinée du palais est désormais écartée de celle du pouvoir central et conserve une fonction essentiellement judiciaire.

Chaque changement de régime en France à l’époque est accompagné de changements institutionnels : nouvelle constitution, réforme administrative, réforme judiciaire… L’Empire ne déroge pas à la règle. Créée par la loi du 20 avril 1810 et établie le 20 mai 1811, la cour impériale de Liège s’installe logiquement au palais. Sa juridiction s’étend sur les départements de la Lippe, de la Meuse inférieure, de l’Ourthe, de la Roer et de Sambre-et-Meuse. Il s’agit bien ici d’une « super » cour de justice dont l’importance est considérable qui est installée dans l’ancienne capitale principautaire. La cour impériale est divisée en quatre chambres : deux chambres civiles, composées de 7 à 9 conseillers et tenant chacune quatre audiences par semaine ; une chambre des mises en accusation, composée de 3 conseillers et tenant audience tous les lundis ; une chambre des appels de police correctionnelle, composée de 7 conseillers.

Hormis ces institutions strictement judiciaires, le palais abrite d’autres administrations parmi lesquelles celle des domaines nationaux, chargée de procéder à la vente d’immeubles déclarés « biens nationaux ». On y trouve également, à partir de 1800, une prison pour femmes, installée dans la partie orientale du palais, autour de la seconde cour, où les arcades des galeries sont murées afin d’augmenter l’espace carcéral.

De cette affectation judiciaire apportée par les Français, rien n’a changé. Aujourd’hui encore, le palais abrite, dans sa partie droite, le palais de justice. Le régime belge affecte également le bâtiment à la résidence du gouverneur de la province de Liège, fonction qu’il occupe toujours actuellement.

Plus de deux siècles après sa disparition en 1795 au terme d’un millénaire d’existence, les Liégeois restent encore viscéralement attachés au souvenir de leur ancienne principauté, de son autonomie, du rôle de capitale de Liège. Ce sentiment d’appartenance distinctive de l’ancienne "Nation liégeoise" a contribué, sinon à nourrir un sentiment wallon, en tous cas à affaiblir un sentiment national belge que d’autres options politiques, bien plus tard, ne renforceront pas davantage.

Ainsi, ce n’est pas un hasard si le 14 juillet est fêté à Liège autant qu’en France, et bien plus que le 21 juillet : c’est en 1937 que la Ville (qui avait déjà été la première ville étrangère à recevoir la Légion d’Honneur en 1919 – des mains du Président de la République française Raymond Poincaré en personne – pour sa résistance face à l’armée allemande en août 1914) décida de s’associer officiellement à la fête nationale française, en signe de protestation contre la rupture de l’alliance militaire franco-belge et la politique de neutralité vis-à-vis du IIIe Reich, l’une et l’autre voulues par les milieux flamands radicaux et par le roi Léopold III, et qui portaient déjà en elles les signes avant-coureurs des errements de ces derniers durant l’occupation allemande. Mais l’ancien palais princier a également été le cadre de manifestations plus tangibles du Mouvement wallon et un détail de sa façade principale rappelle un élément fondateur de celui-ci, à savoir la « pierre noire ». 

La « pierre noire »

Sur la façade principale du palais, à gauche de l’entrée principale, se trouve encore, épargnée par les changements de régimes et les restaurations successives depuis deux siècles, une pierre prévue pour l’affichage et dont le dessus porte la mention gravée : Loix publiées dans le département de l’Ourte. Elle fut utilisée à partir du 12 mars 1796, alors que le palais n’avait plus, provisoirement, qu’une fonction judiciaire depuis le rattachement de l’ancienne principauté à la France et son démantèlement dans le cadre de la création de départements préfigurant nos actuelles provinces.

Le palais provincial

Partie intégrante du palais, le nouveau palais provincial est érigé à l’emplacement des anciennes écuries épiscopales sur les plans de Jean-Charles Delsaux, lauréat d’un concours organisé en 1848. De style néogothique, le bâtiment de trois niveaux se développe sur un corps central flanqué de deux marteaux en saillie. La façade, imposante, s’élève sur vingt-cinq travées, au centre desquelles un péristyle soutenu par cinq colonnes trouve sa place au rez-de-chaussée. La décoration de cette façade est exceptionnelle : quarante-deux statues, soixante blasons et dix-neuf bas-reliefs évoquent l’histoire de la ville et de la principauté de Liège.

La décoration intérieure est elle aussi remarquable : le hall d’entrée est orné d’un harmonieux plafond à caissons et de peintures murales décoratives. Les salles des pas perdus et du Conseil provincial sont également très intéressantes. Richement décorée, cette dernière salle comporte un plafond à caissons orné de peintures d’Édouard van Marcke, mais également une imposante double tribune baroque en chêne sculpté polychrome. Une frise et des colonnes polychromes courent tout le long de la pièce et s’harmonisent avec les pupitres couverts de velours pourpre.

1907 : la réunion des ligues wallonnes

À l’occasion du dixième anniversaire de la Ligue wallonne de Liège, toutes les ligues wallonnes se réunissent à Liège, au palais provincial, le 9 mai 1907, date du dixième anniversaire de la Ligue de Liège. Celle-ci, comme les autres ligues, a pour but de défendre les droits des Wallons sans porter de couleur politique. 

La Ligue liégeoise a pour président Julien Delaite, déjà secrétaire de la Société liégeoise de Littérature wallonne. Promotrice du chant des Wallons, la Ligue wallonne de Liège sera également l’organisatrice des Congrès wallons de 1912 et 1913, tenus à Liège. Cette Ligue aura toutefois une existence éphémère : sans aucune action durant la Première Guerre mondiale, elle tient quelques réunions après l’Armistice, mais le comité directeur décide de la fin des activités le 28 novembre 1919. La Ligue wallonne de Liège fut cependant une des associations les plus militantes et les plus dynamiques du Mouvement wallon à la prétendue belle époque.

1930 : le premier Congrès de la Concentration wallonne

Au début de l’année 1930, la Ligue d’Action wallonne décide d’organiser les 27 et 28 septembre un premier Congrès de la Concentration wallonne, au moment où la ville de Liège organise une exposition internationale s’inscrivant dans le cadre du centenaire de l’indépendance de la Belgique. Désireux d’affirmer franchement une identité wallonne, ce Congrès est présidé par Charles Defrêcheux et Marcel Franckson, et tient ses séances dans la salle du Conseil provincial. À nouveau, les discussions portent sur la coexistence des Wallons et des Flamands au sein de l’État belge, et sur l’identité française du sud du pays. Une commission est chargée d’étudier la forme institutionnelle que pourrait prendre la Wallonie.

1947 : l’action du groupe « Jeune France »

Fin 1945, Liège avait accueilli en novembre, au palais provincial notamment, le général français de Lattre de Tassigny, qui avait accepté alors de porter l’insigne de « Wallonie libre ». Un an et demi plus tard, à l’été 1947, alors que la mise au placard des revendications wallonnes de 1945 commence à se dessiner, André Schreurs (le fils du secrétaire du Congrès national) et Fernand Massart (futur parlementaire Rassemblement wallon), animant le groupe « Jeune France », font nettoyer et redorer « la pierre noire » en tant que témoin des vingt années de période française.

Le bâtiment que nous connaissons actuellement garde les traces des interventions de nombreux prélats liégeois et est l’héritier de plusieurs autres bâtiments défunts.

Les témoins du passé

Aujourd’hui, si les blasons, armoiries et portraits des princes d’Ancien Régime ont été restaurés, le palais garde encore quelques maigres traces physiques qui viennent rappeler la période française. Sur la façade principale, à gauche du porche d’entrée, une pierre discrète est encore visible. Appelée « pierre noire », il s’agit de l’endroit sur lequel étaient placardées les lois publiées dans le département et que le régime utilisa à partir du 12 mars 1796. On peut encore y lire, en lettres dorées sur sa partie supérieure « Loix publiées dans le département de l’Ourte ». Dans le grandiloquent programme iconographique du palais provincial, construit à partir de 1836 dans le but de célébrer plusieurs siècles d’histoire liégeoise, la période française ne fut pas oubliée. Parmi les noms présents dans les phylactères du plafond de la salle du Conseil provincial figurent les noms des deux préfets du département de l’Ourthe : Antoine Desmousseaux (1800-1806) et Charles-Emmanuel Micoud d’Umons (1806-1814).

Outre de nombreux portraits, plusieurs traces nous sont parvenues, la plupart témoignant des interventions ayant suivi l’incendie de 1734.

Le fronton courbe de la façade principale porte les armoiries de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Il est le témoin principal de la reconstruction par l’architecte bruxellois Jean Anneessens suite à l’incendie de 1734. Les armoiries datent de 1737 et présentent le blason du prince, entouré de deux lions et portant la couronne, la crosse et l’épée. Une inscription en-dessous de la composition rappelle l’incendie et la reconstruction suite à l’intervention des États : « Georges-Louis, évêque et prince de Liège, a restauré le palais, détruit partiellement par un incendie, grâce à la générosité des États, du Clergé et de la Cité – 1738 ». Disparues à la Révolution, ces armoiries furent rétablies vers 1905.

Les voûtes des galeries de la première cour sont ornées des armoiries de plusieurs princes-évêques au niveau des clés de voûte.

Seul témoin de la première campagne d’édification, les armes d’Érard de la Marck (1505-1538) se trouvent à l’angle nord-ouest. La fragilité de la construction obligea ses successeurs à ordonner des travaux de reconstruction et de consolidation tout au long du XVIe siècle.

Les armoiries de Gérard de Groesbeeck (1564-1580), présentes dans la galerie est, commémorent la réfection des voûtes en 1568 ; la première arcade au nord-est porte, quant à elle, un chronogramme daté de la même année témoignant également de cette reconstruction et portant une inscription latine signifiant « À l’exemple de ton prédécesseur, Gérard de Groesbeeck ». Les armes d’Ernest de Bavière (1581-1612) figurent, quant à elles, dans la galerie nord et commémorent la restauration des voûtes en 1587.

Un autre chronogramme, tracé non loin du premier témoigne lui aussi de cette campagne de restauration : « Ô chef et roi Ernest de Bavière, tu consolides les choses branlantes ».

Toutes les façades de la première cour sont ornées de nombreuses armoiries d’Érard de la Marck (1505-1538). Placées sous chaque baie, elles indiquent l’identité du commanditaire. Martelées à la Révolution, elles furent rétablies au XIXe siècle lors de la restauration des façades de la cour par l’architecte Lambert Noppius.

Le cabinet du Procureur général est notamment décoré d’une cheminée datée de 1742 dont le contre-cœur est orné des armoiries de Jean-Théodore de Bavière ; le cabinet du Premier Substitut du Procureur du roi abrite une brique de cheminée aux armes de Jean-Théodore de Bavière ; la salle du conseil de la 4e chambre de la Cour d’appel conserve une taque de foyer datée de 1744 aux armes de Jean-Théodore de Bavière. Celles-ci se présentent sous leur forme habituelle : le blason de Bavière est entouré de la couronne, de la crosse, de l’épée et de deux lions. Sous l’ensemble, un bandeau portant la mention « I.T.H.B. 1744 » ; la salle du Conseil de l’ordre des avocats abrite une taque de foyer aux armes et initiales de Jean-Théodore de Bavière. Datée de la même année que la précédente, elle est son exacte réplique et est, elle aussi, placée dans une cheminée en marbre de Saint-Rémy datée de 1750 ; le cabinet du secrétaire du Procureur du roi conserve une taque de foyer aux armes et initiales de Charles-Nicolas d’Oultremont (1763-1771). Située sur la paroi est et datée de 1767, elle représente les armes traditionnelles du prince, telles que l’on peut les voir sur le fronton de l’église du Saint-Sacrement. L’inscription « C.N.A.O.E.P.L. » (Charles-Nicolas-Alexandre d’Oultremont, Évêque et Prince de Liège) est gravée dans le bas de la composition. La même cheminée comporte aussi une brique de foyer de 1764 aux armes de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; l’escalier royal figure le monogramme de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Réalisé vers 1740, ce très bel ensemble en fer forgé présente les initiales G et L entrelacées, dans un médaillon surmonté du bonnet de prince du Saint-Empire romain germanique.

Au sommet de cet escalier, une large baie est surmontée par le monogramme du même prince et ouvre sur la grande galerie Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière. Installé entre 1762 et 1764, l’ensemble réalisé en fer forgé présente, en médaillon, les initiales J et T entrelacées, surmontées du bonnet de prince du Saint-Empire ; l’escalier des États conserve des motifs au monogramme de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; les galeries de la seconde cour sont aujourd’hui transformées en « galerie lapidaire » et conservent des pierres aux armes d’Érard de la Marck (1505-1538) et de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688); la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé, dite aussi « salle bleue » est entièrement lambrissée d’armoires aux initiales de Maximilien-Henri de Bavière, entrelacées et placées sous le bonnet de prince du Saint-Empire, rappelant que le prince était également Électeur de Cologne. Ces monogrammes constituent un témoin rare et privilégié de la décoration intérieure liégeoise de l’époque

La salle du Conseil provincial, bien que datée du XIXe siècle, conserve la tribune de l’ancienne salle des échevins. La haute tribune en chêne sculpté et polychrome, portée par des atlantes et des putti, date en effet du siècle précédent. Elle présente, en son centre, le blason des princes de Bavière: crosse, épée et couronne sur un grand manteau de prince du Saint-Empire, doublé d’hermine. Le tout est l’œuvre du sculpteur Jean Del Cour, sculpteur officiel de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688) mais ornait vraisemblablement le trône édifié pour Joseph-Clément de Bavière (1694-1723) ou Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; le palais provincial abrite également l’escalier de la maison des États, dans les appartements du gouverneur de la province. Dessiné en 1749 par l’architecte Charles-Antoine Galhausen et réalisé par Jean-François Ermel en 1752, il comporte des motifs évoquant le monogramme de Jean-Théodore de Bavière.

Avec les multiples richesses patrimoniales que recèlent ses façades, ses deux cours et ses nombreuses pièces d’apparat, le palais de Liège est incontestablement à placer au rang des plus beaux palais européens et il bénéficie d’ailleurs du label "Patrimoine européen". Sa fonction politique donna au bâtiment ses plus beaux salons d’Ancien Régime et ses très belles réalisations du XIXe siècle dans la partie provinciale. Architecturalement, celles-ci furent une des premières manifestations du style historiciste (néogothique en l’occurrence) et, à cet égard, en avance sur leur temps comme l’avait été, des siècles auparavant, l’adoption précoce et très éclectique dans le palais des princes-évêques des premiers canons de la Renaissance italienne dont témoignent le plan de l’édifice et les colonnes de l’imposante première cour.

Place Saint-Lambert et Place Notger
4000 Liège

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Classé comme monument le 22 octobre 1973
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant - SPW

Statue Congrès de Polleur

« Ce que la France a été pour l’Europe, le Pays de Liège l’a été pour la Belgique et le Pays de Franchimont et de Stavelot pour le Pays de Liège ». C’est en ces termes que Merlin de Douai, président de la Convention nationale, saluait le 8 août 1794 les patriotes réfugiés du Franchimont qui s’apprêtaient à quitter Paris pour regagner les rives de l’Amblève, de la Hoëgne et de la Vesdre. Liège venait d’être libérée par l’armée de Sambre-et-Meuse. Cette phrase maintes fois citée situe très bien le caractère plus progressiste encore et plus radical de la révolution de 1789 dans le Franchimont. Cette tendance se traduisit notamment dans deux faits historiques importants. Ce furent d’abord, du 26 août 1789 au 23 janvier 1791, les vingt-cinq séances du Congrès de Polleur rassemblant au centre géographique de l’ancien marquisat des délégués des cinq bans de celui-ci, qui adoptèrent le 16 septembre 1789 une Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, la troisième au monde après celle de Virginie et de Paris, mais plus démocrate que cette dernière en certains de ses articles. Ce furent ensuite, le 23 décembre 1792, les voeux émis par les habitants des communes de Theux et de Spa en faveur de la réunion à la France, premiers du genre et imités un mois plus tard par Liège et par près de 380 autres localités de l’ancienne principauté.

 En 1964, deux militants wallons, responsables de la section verviétoise de « Wallonie libre » depuis sa création, le Verviétois Jules Nissenne (1907-1991) et le Disonais Joseph Gélis (1923-2006), prennent l’initiative d’organiser des cérémonies à l’occasion du 175e anniversaire du Congrès de Polleur et de sa Déclaration de 1789 pour rappeler à leurs contemporains l’importance de « lutter pour les droits sacrés de liberté des Citoyens et de respect de la Constitution »179. Huit ans plus tard, ce duo est encore à la base du comité créé pour le 180e anniversaire des voeux de rattachement à la France de 1792, qui souligne que « ces voeux procédaient d’un idéal de liberté et concrétisaient un droit essentiel, celui des peuples à disposer d’eux-mêmes, qu’il convient de célébrer en un temps où, de la périphérie bruxelloise aux Fourons, cet idéal, ce droit, cyniquement, sont bafoués ».


En 1989 enfin, pour le bicentenaire du Congrès de Polleur (et des révolutions franchimontoise, liégeoise et française), l’asbl « Congrès de Polleur » est constituée : elle est à l’initiative d’une route des Droits de l’Homme qui parcourt tout le territoire de l’ancien marquisat de Franchimont et est balisée par seize stèles qui égrènent chacun des droits proclamés par le Congrès en invitant le passant à la réflexion181. Une statue symbolisant le Congrès fut également installée en retrait de la stèle placée à Polleur.


Elle représente un personnage féminin portant dans ses bras le texte de la Déclaration franchimontoise.

Carrefour de la N640 et de la voie du Vieux Chemin
4800 Verviers

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Dès la fin du XIXe siècle, des militants s’organisent pour défendre les intérêts de la Wallonie. Révélant la réalité wallonne, ils contribuent à créer les symboles identitaires adoptés par tous les Wallons, comme le drapeau, l’hymne ou la fête de la Wallonie. Cette leçon fait le point sur les origines et l’évolution du Mouvement wallon, dont l’action fédéraliste a eu une influence déterminante sur l’organisation actuelle de l’Etat.

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Dubois Albert

Culture, Journalisme, Littérature

Écaussinnes-d’Enghien 1872 – Bruxelles 1940


Diplomate, écrivain, journaliste, auteur de plusieurs essais, Albert du Bois est considéré comme le théoricien de l’âme française de la Wallonie.

 

Sources

MURET Philippe, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, t. I, p. 520-521
MURET Philippe, dans Biographie nationale, Bruxelles, 1976, t. 39, col. 124-132

Plisnier Charles

Culture, Littérature

Ghlin-les-Mons 13/12/1896, Bruxelles 17/07/1952

En 1937, l’attribution du Prix Goncourt à Faux-Passeports consacre pour la première fois un écrivain ne possédant pas la nationalité française. Né à Mons, Charles Plisnier n’aurait certainement pas renié cette identité comme en témoignent à la fois son écriture et ses engagements citoyens. De sa ville natale, il ne pourra jamais se déprendre ; et si la Wallonie était sa patrie charnelle, la France, assurément, était une patrie spirituelle, dont il admirait la culture et la langue.

Avant la Grande Guerre déjà, l’adolescent frayait dans les milieux wallons, à Charleroi comme à Mons. Inscrit en droit à l’Université libre de Bruxelles, Plisnier publie le recueil de ses premiers vers (1912), prête sa plume à plusieurs journaux et revues aux idées socialistes révolutionnaires et est de plus en plus attiré par l’action révolutionnaire. La Révolution russe le sensibilise au communisme. Fils d’un industriel progressiste, Plisnier rallie la Troisième Internationale (1919), puis le parti communiste (1921). Avocat inscrit au Barreau de Bruxelles, il ne plaide que dans les affaires qui concernent les ouvriers. Adhérant aux thèses de la Révolution permanente prônée par Trotsky, il est exclu de l’Internationale, par les Staliniens (1928), alors qu’il est membre du Praesidium juridique international. Par la suite, rejeté par les Trotskistes, Charles Plisnier devient un communiste déçu, qui se pose beaucoup de questions, avant de se tourner vers Dieu. Ce parcours atypique fait définitivement de Plisnier « un hérétique pour la majorité de ses contemporains » (la formule est de Ch. Bertin).

La rupture avec le communisme ramène sa plume dans la main du poète : en moins de six ans, il publie onze volumes, où la poésie occupe la première part. Une poésie marquée par certaines libertés surréalistes. Une poésie où le vers est libre, la ponctuation absente. Puis vient son premier roman, Mariages (1936), qui remporte un éclatant succès de librairie. L’année suivante, Faux-Passeports est consacré par le Goncourt qui retient aussi – fait exceptionnel – Mariages. Ce recueil de nouvelles fait le bilan de son expérience de militant : est-il artiste ou politique ?
Renonçant au barreau, Plisnier part s’installer en France (1937) pour se consacrer exclusivement à l’écriture. 

Le contexte international – en particulier le danger immédiat que court la Wallonie face à la montée du nazisme – le ramène vers la politique. Opposé à la politique de neutralité de la Belgique, il aspire à un changement radical de statut pour sa terre natale. Lors du Congrès national wallon d’octobre 1945, il plaide sans ambages en faveur de la réunion de la Wallonie à la France. Il alliera la défense de la spécificité française de la Wallonie à un combat en faveur de la construction européenne. Membre du Mouvement européen, on le rencontre à tous les congrès européens de l’après-guerre où il se préoccupe en particulier de la question des minorités. En 1950, il accepte la présidence du bureau permanent de l’Union fédéraliste des Minorités et des Régions européennes (UFMRE). Membre du Comité permanent du Congrès national wallon, il assiste à la plupart des grands rendez-vous wallons de l’après-guerre.

Wallon français, membre de l’Académie (Destrée) de Langue et de Littérature françaises (1937-1952), Plisnier est tenaillé par l’écriture ; très souvent, ses personnages connaissent un drame intérieur... « Écrire n’est pas un jeu, déclare-t-il. C’est le suicide d’un être qui se détruit pour s’accomplir ».

En 1949, il signe la pétition La Wallonie en alerte, avec 52 autres académiciens, affirmant que « la Wallonie a enfin pris conscience d’elle-même (...) » et que c’est pour cette raison qu’elle demande « (...) qu’on lui garantisse l’existence en tant que nationalité ». Peu de temps avant sa mort, Charles Plisnier publie un important article dans la revue Synthèses, Lettre à mes concitoyens sur la nécessité d’une révision constitutionnelle. Cette lettre deviendra son testament politique.

Les funérailles de Charles Plisnier ont lieu le 21 juillet 1952, jour de la fête nationale belge. Jusqu’à son dernier souffle, Plisnier est resté le champion du paradoxe. Son souvenir sera entretenu notamment par l’Association des Amis de Charles Plisnier (1953) qui s’occupera de diffuser l’œuvre de l’écrivain. Quant à la Fondation Charles Plisnier, distincte de la précédente et créée en 1954, elle s’est donné pour but la défense de la langue française, langue qu’avait si bien maniée Plisnier tant dans le verbe que par les mots.

Sources

BODART M-Th., Charles Plisnier, dans Biographie nationale, t. 33, col. 596-601
DELFORGE Paul, Encyclopédie du Mouvement wallon, t. III, Charleroi, 2001
DESTATTE Ph., Actualité politique de Charles Plisnier sur la question wallonne, dans Francophonie vivante, n° 4, décembre 1996, p. 245-250, (Bruxelles, Fondation Charles Plisnier.)
FONTAINE J., Plisnier, dans Solidarité française, Wallonie-Bruxelles, 2e trimestre 1995, p. 24
FOULON Roger, Charles Plisnier, Institut Jules Destrée, collection Figures de Wallonie, 1971
Wallonie, Le Pays et les Hommes, t. 3, p. 56-60
Wallonie, Le Pays et les Hommes, t. 4, p. 239-240

Oeuvres principales

Romans

Mariages, 1936
Faux-passeports, 1937
Meurtres, en 5 volumes, 1939-1941
Hospitalité, 1943
Mères, en 3 volumes, 1946-1949
Héloïse, 1945
La Matriochka, 1945
Beauté des Laides, 1951

Poésies

L’Enfant qui fut déçu, 1912
Histoire sainte, 1912
Prière aux mains coupées, 1930
Histoire sainte, 1931
Figures détruites, 1932
L’Enfant aux Stigmates, 1933
Fertilité du Désert, 1933
Déluge, 1933 
Babel, 1934 
Odes pour retrouver les Hommes, 1935
Sel de la Terre, 1936 
Périple, 1936
Sacre, 1938 
Ave Genitrix, 1943 

Théâtre

Hospitalité, 1943
Nouvelles 
Croix de Vénus, 1943
L’Homme nocturne, 1943
Une Voix d’Or, 1944
Folies douces, 1952

GENDEBIEN Paul-Henry

Militantisme wallon, Politique, Député wallon

Hastière-par-delà 9/07/1939

Député wallon : 1980-1981 ; 1985-1987 ; 1988-1989*

Docteur en Droit (1962) et licencié en Sciences économiques (1964) de l’Université catholique de Louvain, Paul-Henry Gendebien est chercheur au CRISP (1964), puis séjourne en Afrique, comme assistant à l’Université Lovanium de Kinshasa (1965-1967). Administrateur d’Inter Sud (Association intercommunale pour le développement économique et l’aménagement du territoire du sud Hainaut), directeur du Bureau d’étude économique et sociale du Hainaut (1968-1971), il s’engage dans les rangs du Rassemblement wallon naissant (mars 1968), convaincu de la nécessité de décentraliser l’État belge et de s’inscrire dans l’Europe des Régions et des peuples.

Conseiller communal de Thuin élu en 1970 sur une liste wallonne, il est reconduit au lendemain de la fusion des communes (1971-1982), décrochant même un poste d’échevin des Affaires économiques, de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire (1977-1982). Député Rassemblement wallon élu dans l’arrondissement de Thuin en 1971, il conserve ce mandat jusqu’en 1981. En 1974, il soutient la participation de son parti au gouvernement et vote le projet de loi de régionalisation préparatoire mise au point par le duo ministériel Perin-Vandekerckhove (1er août 1974). Lors du renouvellement du Conseil économique régional de Wallonie, en décembre 1975, P-H. Gendebien siège au sein de ce conseil (1975-1980).

Lorsque Robert Moreau – déjà remplaçant provisoire de François Perin à la présidence du RW – est désigné comme ministre (octobre 1974), P-H. Gendebien est élu à la tête du parti wallon (1974-1979). L’expérience gouvernementale tourne mal pour le RW qui se déchire et finit par imploser (1977). Si P-H. Gendebien conserve son mandat parlementaire, le Rassemblement wallon est en perte de vitesse. Restant fidèle à la ligne de conduite du RW, il ne peut voter les lois spéciale et ordinaire donnant naissance notamment aux institutions régionales wallonnes et leur garantissant l’équipollence des normes. Le 4 août, le jour du vote à la Chambre, le député RW est absent. Néanmoins, il s’en vient siéger à Wépion, lorsque le nouveau Conseil régional wallon se réunit pour la première fois le 15 octobre 1980. Il participe aussi à ses travaux durant les quelques mois qui précèdent les élections anticipées de novembre 1981.

En juin 1979, lors de la toute première élection européenne au suffrage universel, P-H. Gendebien est élu à Strasbourg et proclame qu’il y siégera non pas comme un élu belge mais comme un élu wallon. Allié pour l’occasion au FDF, le RW a réalisé un très bon résultat dans l’ensemble du collège électoral français. Pour P-H. Gendebien, cette alliance ne doit être que circonstancielle ; il rejette sa prolongation lors des législatives de 1981, refusant une stratégie Wallonie-Bruxelles qui conduit à la fusion, qui tend à privilégier la Communauté française et à nier la Wallonie. En désaccord avec les orientations du président Henri Mordant, l’ancien chef du RW claque la porte avec les quatre vice-présidents ainsi que le secrétaire général.

Candidat sur la liste PWE (Présence wallonne en Europe) aux européennes de juin 1984, P-H. Gendebien n’obtient pas la reconduction de son mandat. Accompagné de plusieurs amis politiques, P-H. Gendebien conclut une association avec le PSC, au sein duquel il forme l’Alliance démocratique wallonne, qu’il dirige avec le docteur Pierre Falise (1985-1988). Élu à la Chambre dans l’arrondissement de Namur, il siège simultanément au Conseil régional wallon et au Conseil de la Communauté française (octobre 1985-décembre 1987). Député ADW-PSC de Namur, il est candidat dans l’arrondissement de Liège en décembre 1987 et y est élu grâce au désistement de Georges Flagothier. Entre 1985 et 1988, P-H. Gendebien assure la présidence du groupe politique PSC au Conseil régional wallon.

En octobre 1988, P-H. Gendebien abandonne ses mandats parlementaires lorsqu’il est nommé Délégué général de la Communauté française à Paris (1988-1996). Fonctionnaire, il est tenu par un devoir de réserve et n’exprime plus ses idées politiques sur la place publique. De retour en terre wallonne en 1996, il reprend le combat wallon. Auteur de plusieurs ouvrages, il crée une formation politique favorable à la réunion de la Wallonie à la France : il préside le RWF de novembre 1999 à mars 2012 ; le parti est présent à tous les scrutins, avec des candidats dans presque tout le pays wallon quel que soit l’échelon institutionnel. Tantôt à Liège, tantôt à Namur, P-H. Gendebien reste par ailleurs candidat, avec des résultats en dents de scie.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 259-260
L’intervention des Nations unies au Congo, Éditions Mouton - Paris La Haye, 1968 
L’environnement… un problème politique pour la Wallonie, pour l’Europe, pour le Monde, Éditions Jules Destrée, 1972 
Une certaine idée de la Wallonie, Édition Longue Vue - Bruxelles, 1987 
Splendeurs de la Liberté, Éditions Quorum, Gerpinnes, 1999 
Le Choix de la France, Éditions Luc Pire, 2002 
La Belgique : dernier quart d’heure ?, Éditions Labor, 2006

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Thuin (1971-1982)
Député (1971-1981)
Echevin (1977-1982)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1981)
Député européen (1979-1984)
Député (1985-1988)
Membre du Conseil régional wallon (1985-1988)
Chef de groupe au CRW (1985-1988)