Monument Adolphe SAX

Monument Adolphe Sax, 28 juin 2002. 
Réalisé par Jean-Marie Mathot.

En dépit des destructions dont Dinant a été victime durant les deux guerres mondiales, le n°37 de la rue Adolphe Sax est considéré comme la maison natale du célèbre inventeur du saxophone. Afin de satisfaire la curiosité des nombreux touristes qui se pressent dans la cité mosane, surtout depuis l’année Sax 1994, l’année du centenaire de sa disparition, les autorités locales ont confié au sculpteur Jean-Marie Mathot le soin d’immortaliser Adolphe Sax en un monument significatif : assis sur un banc en bois, le bras appuyé sur le dossier, le héros local coulé dans le bronze tient sur ses jambes croisées son invention la plus célèbre. Réalisé dans des dimensions « réelles », l’ensemble est placé sur le trottoir et constitue une réelle attraction touristique, tout en étant un hommage moderne et pédagogique. En effet, la statue attire aussi les curieux vers le rez-de-chaussée du n°37 où un espace muséal dynamique est ouvert en libre accès. Derrière de grandes vitrines, au moyen d’objets et de panneaux descriptifs, le parcours de Sax est expliqué en plusieurs langues.

On y rappelle notamment que ce maître de la clarinette devenu l’inventeur du saxophone a révolutionné le monde des instruments à vent. Déjà son père était facteur d'instruments et c’est entre fabrication d’instruments et apprentissage des sons, qu’Adolphe Sax (Dinant 1814 – Paris 1894) se révèle vite très doué. Après des cours à l’École de chant de Bruxelles (1830), il introduit déjà ses premiers changements techniques sur sa clarinette, déposant déjà des brevets (1835). Parti s’installer à Paris (1842), il met au point un ensemble de nouveaux instruments à touches dont la qualité conduit à les identifier en les assimilant au nom de leur fabricant. Vient ensuite un autre instrument (brevet déposé en 1846) qui assure la célébrité à son inventeur : le saxophone. En introduisant cet instrument dans son Chant sacré pour sextuor à vent, Hector Berlioz lui donne ses lettres de noblesse. Devenu industriel, Adolphe Sax devra sans cesse veiller à protéger ses inventions. Il passera de nombreuses heures dans des procès et à assurer la rentabilité de la société « Adolphe Sax et Cie ». Inventeur, industriel, professeur, Adolphe Sax est encore éditeur de musique, organisateur de concerts, chef de fanfare de l’opéra, le réorganisateur des musiques des régiments militaires français, et même nommé professeur au Conservatoire de Paris (1857), pour y diriger une classe nouvelle dédiée au saxophone.

Qui d’autre qu’un autre artiste de renommée internationale pouvait réaliser le monument dinantais ? Le Namurois Jean-Marie Mathot (Namur 1948) disposait du profil recherché. Après sa formation à l’Académie de Bruxelles à la fin des années 1960, il y est nommé professeur de sculpture et de modelage (1978). Il enseigne aussi à l’École des Arts de Braine-l’Alleud. Issu d’une famille de marbriers, il opte d’abord pour la peinture et le dessin avant de se tourner résolument vers la sculpture. Il a commencé par la création de figures en taille directe, avant de mener diverses expériences qui rompent ponctuellement avec sa production habituelle. Délaissant les représentations figuratives, il s’oriente vers « l’exploration des potentialités expressives de la matière ». Tour à tour, il intègre des pierres peintes dans ses compositions, il s’attaque à des « déchets » de carrière, s’essaye au travail du béton et de l’acier. Deux de ses œuvres ornent un rond-point à La Louvière et à Gembloux. Récompensé à diverses reprises (Prix Donnay, Prix Georges Van Zevenbergen, Prix de la Gravure au Festival de la Jeunesse à Auderghem, Premier Prix de la présélection au Concours International Musée 2000 à Luxembourg, Prix Eugène Delattre de sculpture et Prix Constant Montald de l'Académie Royale de Belgique), il est aussi  lauréat de la Fondation belge de la Vocation et de la Bourse triennale Maurice et Henri Evenepoel. Artiste expérimental, il signe plusieurs œuvres en acier Corten au moment où lui est passée la commande dinantaise. Cette œuvre est coulée dans les Ateliers des arts du feu, ASBL à finalité sociale de La Louvière.

 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Ernest CLOSSON, Adolphe Sax, dans Biographie nationale, t. 21, col. 523-526
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 147
http://mathot-sculpture.be/ 
http://acabat.blogspot.be/2010/03/vitaminesarts-20-0309.html 

Rue Adolphe Sax 37
5500 Dinant

carte

Paul Delforge

Arts populaires par excellence, la musique, le cinéma et la bande-dessinée ont vu plusieurs artistes wallons s’imposer comme des références dans leur domaine. D'Eugène Ysaye aux frères Dardenne en passant par l’école de Marcinelle en bande-dessinée, retrouvez dans cette leçon la diversité et la créativité d’auteurs qui ont donné leurs lettres de noblesse à ces disciplines.

Sax Adolphe

Culture, Musique

Dinant 6/11/1814, Paris 7/02/1894

Mariant musique et progrès techniques, un nom s’impose : Adolphe Sax, ce maître de la clarinette devenu l’inventeur du saxophone, a révolutionné le monde des instruments à vent.

Le jeune Sax est né dans un milieu qui prédisposait à sa brillante carrière. Son père, Charles-Joseph (1790 (ou 1791)-1865), est en effet facteur d'instruments et il « équipe » les régiments belges nouvellement créés. Entre fabrication d’instruments et apprentissage des sons, Adolphe se révèle vite très doué. Inscrit à l’École de chant de Bruxelles (1830), il excelle à la flûte et à la clarinette. C’est sur cet instrument qu’il va introduire les premiers changements techniques, déposant plusieurs brevets dès 1835. Parti s’installer à Paris (1842), il met au point un ensemble de nouveaux instruments à touches dont la qualité conduit à les identifier en les assimilant au nom de leur fabricant : les cors de Sax, ou saxhorn, sont encore utilisés aujourd’hui dans les fanfares. Mais c’est un autre instrument, dont le brevet est déposé en 1846, qui assure la célébrité à son inventeur : le saxophone. Les compositions de son ami Jules Demersseman mettent en valeur les qualités de cet instrument à vent qui veut se rapprocher des instruments à cordes par le caractère de sa voix, mais avec davantage de force et d’intensité (Description du saxophone par Sax, brevet français du 21 mars 1846).

En introduisant le saxophone dans son Chant sacré pour sextuor à vent, Hector Berlioz lui donne ses lettres de noblesse. Lors de la première (1844), Adolphe Sax lui-même joue sur un saxophone baryton qui n’est encore qu’un prototype. D’autres interprétations permettent à Sax d’affiner son instrument ; c’est le cas dans l'opéra Le Dernier Roi de Juda de Jean-Georges Kastner ; mais aussi, en 1845, sur le Champ de Mars, où les musiques militaires testent de nombreux instruments mis en concurrence : celui de Sax sort du lot, tant le son est incomparable.

Soprano ou baryton, les saxophones s’imposent progressivement en dépit des critiques et jalousies. Sans aliéner le son, Sax améliore l’apparence de sa gamme d’instruments. Devenu industriel, Adolphe Sax devra sans cesse veiller à protéger ses inventions. À diverses reprises, il est victime d’escrocs, de « contrefacteurs » et de calomnies ; il passera de nombreuses heures dans des procès et à assurer la rentabilité de la société « Adolphe Sax et Cie ». Elle sera rachetée par « Selmer Paris » en 1929. Inventeur, industriel, professeur, Adolphe Sax est encore éditeur de musique, organisateur de concerts, chef de fanfare de l’opéra et le réorganisateur des musiques des régiments militaires français.

Témoignage de sa réputation, Sax est nommé professeur au Conservatoire de Paris (1857), pour y diriger une classe nouvelle dédiée au saxophone. L’enseignant ne cessera pas pour autant d’apporter des innovations aux instruments de musique et, d’ailleurs, en 1876, il crée le tuba wagnérien à la demande de l’illustre Richard qui veut une sonorité spécifique dans le Walhalla de l’Anneau du Nibelung. D’autres inventions ont fleuri de l’imagination fertile du Dinantais, mais beaucoup – assez folles – ne sont pas sorties de son atelier. Offrant aux compositeurs un champ ouvert à l’imagination, le saxophone connaîtra un essor extraordinaire au XXe siècle, se dégageant de la musique classique pour caractériser des musiques nouvelles, surtout le jazz. 

De nombreuses initiatives ont été prises à travers le monde pour honorer Adolphe Sax et le saxophone. Sa ville natale de Dinant n’est pas en reste. Centre du monde du saxophone en 1994, la bonne ville  qui a créé un Musée Sax organise régulièrement un « Concours international de saxophone », la « Mise à sax de Dinant », ainsi qu’un « Grand Rassemblement des saxophonistes ».

Sources

Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III

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Godefroid Félix

Culture, Musique

Namur 24/07/1818, Villers-sur-Mer 12/07/1897

La personnalité d’Adolphe Sax écrase le XIXe siècle namurois. Pourtant, à la même époque, un autre musicien se fait un nom sur la scène internationale avec un instrument tout aussi « exotique ». Surnommé « le Paganini de la harpe », Félix Godefroid avait grandi dans le milieu de la musique avant de partir étudier à Paris dans la foulée de son frère. Formé par les meilleurs harpistes de l’époque tant à Paris qu’à Londres, le jeune virtuose se fait à la fois interprète, compositeur et technicien, conseillant en effet Pierre Erard dans sa manufacture de harpes. En 1997, à l’occasion du centième anniversaire de la mort de Félix Godefroid, les Amis de la harpe mosane crée le concours Godefroid, organisé à Namur tous les trois ans, pour mettre en valeur le talent des harpistes interprétant les compositions de Godefroid.

La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III, p. 395-396
http://www.lamediatheque.be/travers_sons/godefroid.htm
http://www.harpemosane.be/

Carrefour de l'Europe ouvert à ses influences, la Wallonie a, de tout temps, été traversée par les grands courants scientifiques et technologiques. Les Wallons en ont assimilé les multiples apports et ont développé leurs propres techniques, participant ainsi, parfois de façon décisive, à l’évolution de la connaissance. Des parcours édifiants que vous pourrez retrouver dans cette leçon, au travers d’une synthèse et de documents éclairants.

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