Florence Fréson, intégration sculpturale. 2005
Spa, Bérinzenne 4. Zone publique
Ancienne élève de l’atelier de sculpture monumentale animé par Jacques Moeschal à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, Florence Fréson a marqué de ses œuvres divers paysages tantôt urbains tantôt naturels à Bruxelles et en Wallonie. Rappelons la forêt de monolithes qu’elle dresse sur un rond-point, aux portes de Bruxelles (Drogenbos, 1991-93) ou celle qu’elle pose sur le campus du Sart Tilman (Liège, 2002).
Lauréate en 1997 d’un concours de la Commission des arts pour la création d’une fontaine au couvent des Célestine à Namur, Florence Fréson nous avait montré qu’elle pouvait nuancer la puissante simplicité de ses monolithes. Alors que dans ses premiers travaux, les pierres levées s’imposaient au regard comme leurs référents préhistoriques, ici elles se fondent intégralement au paysage, comme s’ils avaient été emportés par le ruisseau dont l’oeuvre souligne la présence. Symboliquement, la naissance des sources naturelles était riche de sens pour la région spadoise.
Chargée, en collaboration avec le paysagiste Alain Hinant, d’aménager la zone d’accès et de stationnement au site de Bérinzenne, la sculptrice a cette fois choisi la fusion de sa démarche sculpturale avec la nature environnante. L’intervention consiste en la création de légères retenues d’eau par un réseau de blocs de tailles variables. Ceux-ci sont organisés pour créer une retenue plus importante au niveau de la passerelle qui joint le parking au pavillon d’accueil.
Les blocs de quartzite de un à deux mètres cubes sont de couleur grise veinée de blanc avec des accents ocre. Ceux-ci ont été glanés dans les environs et alignés principalement en trois rangs dont la régularité trahit à peine l’intervention du sculpteur. Les variations de textures, les passages de zones lisses à des surfaces brutes et rugueuses, le miroitement de la lumière… éléments du vocabulaire plastique de Florence Fréson, sont utilisés avec parcimonie en cédant plutôt à la beauté nue des blocs simplement lavés au jet d’eau. Lorsque la nature est absente, Florence Fréson tente de réévaluer la force du minéral, le côté magnétisant de ces pierres sur l’homme, par contre lorsqu’elle s’impose, l’artiste pose son œuvre délicatement, nous laissant le choix de découvrir, de nous étonner de la régularité de la composition.
Œuvre en évolution, selon l’importance des crues, la nature changeante puis la patine des pierres qui apparaîtra avec leur vieillissement, Fréson situe ses sculptures à une échelle du temps dépassant la vie de l’homme.