Florence Fréson, Le Jardin de pierres. 1999

Namur, place des Célestines n° 1. Œuvre extérieure en accès libre

En quittant la place des Célestines, en direction de la rue du Lombard, le promeneur est attiré par le bruit délicat d'un filet d'eau qui s'écoule librement. L'attention éveillée, il ne manquera pas de remarquer une fontaine, qui se répand sur un lit de pierres taillées, entre de vieux murs envahis de chèvrefeuilles odorants. L'oeuvre-fontaine de Florence Fréson se révèle ainsi lentement, sans enfreindre la prépondérance architecturale du couvent.

Décrit sommairement, le Jardin de pierres de Florence Fréson présente une forme de " l " renversé. Composé de blocs de petit granit condruzien, extraits des carrières de Sprimont, il s'inscrit parfaitement entre les murs classés d'anciens édifices. Sa surface est constituée d'un alignement de trente-deux pierres carrées d'un mètre cinquante-cinq de côté. Elles sont disposées en huit rangées de quatre. À même le bord de la rue de l'Étoile, sortent trois bouillonnements d'eau, bientôt doublés par deux autres sur la rangée suivante. L'eau se répand, aussi naturellement que discrètement, sur les dalles de pierres, par des chemins imprévisibles, contournant les reliefs des pierres, se déchirant sur leurs aspérités laissées saillantes, avant d'épouser un chenal d'évacuation composé de quinze pierres de cinquante centimètres qui invitent le spectateur à s'asseoir.

Le flux est tantôt calme, tantôt accéléré. Avec une discrétion dont le corollaire est une intensité émotive rare, Florence Fréson a suggéré la résurgence du Houyoux, l'ancien ruisseau désormais couvert, dont l'écoulement rythmait la vie du quartier, au cours des siècles précédents. Une manière d'écrire le présent en le reliant aux sources du passé. Pour les enfants du quartier, le Houyoux existe à nouveau !

Focus sur l’ancien couvent des Célestines à Namur

Délimité par la rue de l'Étoile, la rue du Lombard, la rue du Premier-Lanciers et la rue Pépin, le quartier des Célestines, à Namur, doit son nom au remarquable couvent qui y fut érigé entre 1635 et 1658. Il n'en subsiste aujourd'hui que la partie centrale, caractéristique de l'architecture mosane traditionnelle où alternent les briques et les cordons de pierre de taille. Sa réhabilitation récente, confiée à l'atelier d'architecture namurois L'Arbre d'Or, l'a destiné à accueillir un cabinet ministériel.

Ce projet, mené conjointement par la Ville de Namur et la Région, s'inscrit dans un vaste programme urbanistique de revitalisation qui vise à relier le haut et le bas de la cité mosane, jusqu'aux rives du fleuve, par un itinéraire piétonnier jalonné de placettes et d'espaces de verdure. Le coeur de ce nouveau complexe historique est la nouvelle place des Célestines, qui s'étend face à la façade principale de l'ancien couvent. Le principe qui a prévalu à la conception urbanistique de la place est de reconstituer une cour fermée qui évoque l'ancien cloître disparu.

À côté de la future place, s'ouvre une esplanade qui rejoint la rue du Lombard et recoupe partiellement l'ancien tracé d'un cours d'eau, le Houyoux, qui serpentait dans le quartier et conditionnait les activités économiques qui s'y déroulaient. C'est à cet endroit que les architectes ont suggéré d'intégrer une sculpture-fontaine. Après examen et accord, la commission des Arts de Wallonie, chargée du concours, a choisi le projet de Florence Fréson, intitulé Jardin de pierres.