Francis Dusépulchre, Les monochromes polychromes. 1995
Place de la Wallonie, avenue Bovesse à 5100 Namur (Jambes), bâtiment 2. Hall accessible aux heures de bureau
Dans ce hall, quand Costa Lefkochir joue des infimes variations de teintes et des nuances raffinées qu'offre sa palette, Francis Dusépulchre choisit une autre voie. L'une n'est pas meilleure que l'autre, que du contraire ! Chaque artiste cherche la manière la plus adéquate de s'exprimer et les formes plastiques se distinguent les unes des autres. Amené à traiter un important pan de mur saccadé de décrochages et perturbé par deux colonnes imposantes, Dusépulchre décide d'amplifier la présence plastique de ce mur par un arc géant, jeté de part et d'autre des deux colonnes. Ce "pont" visuel se compose de panneaux de métal, teints d'un rouge incandescent et d'un bleu profond. La première teinte répond à une fonction de "signal", la seconde à une fonction de "dialogue".
Bien que rigoureusement monochromes, ces panneaux éclatants réagissent différemment à la lumière. Les éclats lumineux approfondissent ou éclatent les couleurs, selon une modulation qui varie en fonction de la place que l'on occupe dans le hall. Le spectateur a alors l'impression que les teintes se modifient en fonction de ses déplacements. C'est particulièrement le cas du bleu que l'artiste a choisi pour ses qualités de modulation à la lumière.
Ce phénomène est accentué par la caractéristique essentielle de la démarche artistique de Francis Dusépulchre : l'animation sculpturale des surfaces. Les panneaux qui forment l'arc ne sont pas simplement apposés à même le mur. Au contraire, ils s'en démarquent et cherchent à prendre leur distance avec sa planéité verticale. Les plaques sont accrochées dans des plans différents, légèrement décalées par rapport aux autres et vis-à-vis du mur. De la sorte, elles absorbent et réfléchissent toujours différemment les diverses impulsions lumineuses. L'évidence simple du monochrome cède ainsi à un jeu subtil de nuances, à un théâtre d'ombres floues dont l'obscurité et la lumière sont les principaux protagonistes.
Focus sur la place de la Wallonie à Jambes
L'évolution constitutionnelle de la Belgique accordant de plus en plus de compétences aux pouvoirs fédérés, la jeune Région wallonne a, dès le début des années 1990, dû trouver l'espace nécessaire à l'installation de ses nouveaux services administratifs. Lors des premières constructions des futurs bâtiments régionaux, c'est le décret pris par la Communauté française (pourcents applicables à l'intégration d'oeuvre d'art) qui fut d'application (immeubles Tilot et Bovesse II).
Rapidement toutefois, la Région, pressée de réussir son implantation dans sa nouvelle capitale, a mis en place sa propre commission des Arts. Avant même d'être officiellement créée, celle-ci a dû plancher sur l'organisation de quatre concours, destiné à l'aménagement du nouveau complexe architectural que la Région était en train d'ériger, sur la nouvelle place de la Wallonie, à Jambes.
Ces concours portaient sur l'aménagement du patio principal et des halls d'accueil des trois bâtiments. Les lauréats désignés ont été Françoise et Georges Pirson (Patio), Costa Lefkochir (Hall du bâtiment I), Francis Dusépulchre (hall du bâtiment II), et Anne Mortiaux (hall du bâtiment III)