François Huon, intégration artistique. 2009
Namur, rue Namêche n° 54 et rue Dewez n° 49. Accessible aux heures de bureau
Tenant compte de la pertinence sociale et sensible de la communication par l’art, l’œuvre proposée par François Huon résulte d’une proposition simple, issue de la volonté d'exprimer l'idée de la relation et de la rencontre humaines dans une intégration artistique qui concerne à la fois le hall du médiateur et celui du Service Social.
A l’image des bâtiments dont les fonctions se rejoignent, les formes créées par François Huon se conjuguent entre elles et composent, avec rigueur et finesse, un réseau irrégulier et proliférant de signes, de codes et de couleurs.
Il s’agit, pour lui, d’établir un code de relations entre les services par l’intermédiaire de formes plastiques codées, créées et déclinées dans un système de lattes structurées, en réseau dont la lecture s’apparente à un plan directionnel.
Les entrecroisements de lattes d’aluminium laqué expriment les interactions et les liens d’intelligence et de pensée, tout comme la variété des contacts et des situations sociales. Ils évoquent aussi les aléas et les dérives nécessitant des processus de réconciliation qui ne sont jamais qu’une espèce de résultante de la diversité aléatoire de la nature.
Le carré formé à chaque croisement de lattes revêt une couleur distincte, comme pour mieux pointer, appuyer et préciser la rencontre, l’échange et le dialogue. Ce point d’intersection et de coïncidence marque les jonctions qui s’établissent. Il précise, au propre comme au figuré, le résultat du rendez-vous. Elément crucial, au cœur de la fonction des lieux, cet emblème artistique annonce qu’un résultat fait suite à toute rencontre, qu’il s’agisse de médiation ou de service social à rendre aux agents de la l’administration wallonne.
Au-delà du carré, la perspective se poursuit et aboutit sur un autre registre de langage. Les formes sont issues d’un alphabet de signes dérivés du carré divisé en deux dont une partie opère un déplacement par rotation, changement d’axe ou translation pour reconstituer une tout autre configuration plus complexe. Plusieurs variantes de solutions possibles forment les extrémités des lattes ; elles expriment la diversité des solutions trouvées par chaque service.
Dans ces espaces accessibles au public, les figures géométriques issues du processus créatif de François Huon se déclinent en écho aux réseaux de couloirs, de passages, de parkings. Elles les ponctuent de repères colorés aux apparences ludiques.
Cependant, les signaux imaginés par l’artiste se dégagent d’un premier degré de lecture, leur sens est bien éloigné de celui des panneaux arborant directions, régies, index et nomenclatures.
Inattendus dans des bâtiments d’une administration publique, les systèmes de réseaux aux couleurs vives se plaisent dans un apparent contraste. Ils divertissent le regard et se moquent des schémas habituels d’orientation. Loin des panneaux de signalisation, ils indiquent et signalent les méandres de la pensée humaine, le questionnement, les cheminements de la réflexion. Chaque parcours s’ouvre sur un éventail de solutions.
Ces entrelacs de lignes ponctuées de petits carrefours et dont les extrémités semblent regagner un univers non programmé, informel et organique chuchotent le long des murs au rythme des pas des visiteurs dont ils deviennent les complices. Mine de rien, ils œuvrent comme une main tendue et tentent d'avoir une incidence sur la réalité en racontant une autre histoire que celle qui guide les pas du visiteur.
Peut-être se font-ils l’écho coloré d’un ensemble de réalités à concilier. Peut-être racontent-ils les numéros de dossiers, les nombres de pages, les piles d’avis et de recommandations dont ils garderont à jamais tous les secrets. Peut-être ramènent-ils les souvenirs du temps de l’enfance et de la douce insouciance bercée de naïveté. Peut-être !
Peut-être chantent-ils à l’oreille des visiteurs égarés - en attente ou en besoin - un air d’été et de lumière, un air d’optimisme et de sérénité, un air de beauté et d’harmonie. Sans doute, la réponse est dans leurs yeux…
Hélène Martiat