La question de l’origine géographique des volontaires de 1830 fait débat depuis de longues années. Comme le montre la carte postale éditée par la Ligue wallonne de Charleroi en 1913, les Wallons qui vivaient au tournant des XIXe et XXe siècles étaient convaincus que leurs ancêtres étaient les fondateurs de la Belgique et, dans leur lecture de l’histoire, ils étaient persuadés de la participation déterminante des Wallons lors des événements de septembre 1830.
Au début des années 1980, cette conception est remise en question par les scientifiques qui acceptent les conclusions d’une étude menée par l’historien américain J.W. Rooney. Selon ce dernier qui dessine un profil du combattant de 1830 à partir de sources originales (quatre listes de près de 3.000 noms), il s’agirait avant tout d’une révolution d’ouvriers et de journaliers à majorité bruxelloise écrasante et dont la langue maternelle est le flamand. La participation des volontaires accourus des provinces wallonnes serait donc minime dans les combats de Bruxelles contre les troupes « hollandaises ». L’historiographie intègre prestement cette interprétation des événements.
En 2008, cependant, dans une biographie consacrée à Franz Foulon, l’historien J-P. Delhaye montre les limites de l’analyse de Rooney et invite à mener de nouvelles recherches. Par exemple, il incite à examiner tous les documents qui recensent les volontaires aux journées révolutionnaires et à réaliser un recomptage précis. Peut-être comprendra-t-on mieux, alors, pourquoi les citoyens des années 1890/1900 – dépourvus de toute étude historique et statistique – étaient persuadés du caractère « wallon » de la Révolution de 1830.
Références
DELH_Foul ; RooJW
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)