Tournant le dos à ses obligations de neutralité, la Belgique conclut, au lendemain de la Grande Guerre, un premier accord militaire avec la France (1920), avant de signer le Pacte de Locarno (octobre 1925). Quand la France signe un traité d’assistance mutuelle avec l’URSS (1935-1936) pour faire face à la montée du nazisme en Allemagne, des voix s’élèvent en Flandre pour dénoncer les liens entre Paris et Bruxelles. En février 1936, l’accord militaire de 1920 est dénoncé et, en juillet 1936, Paul-Henri Spaak, ministre des Affaires étrangères d’un gouvernement tripartite, annonce la volonté de la Belgique de pratiquer une politique des mains libres ou politique d’indépendance. Rendue publique, l’intervention de Léopold III au Conseil des ministres du 14 octobre confirme une politique qui place sur le même pied la France, l’Angleterre et l’Allemagne. Dans les milieux wallons, les réactions sont immédiates. Dans le journal L’Action wallonne du 15 novembre 1936, Auguste Buisseret écrit « La Belgique a choisi Berlin, La Wallonie choisira Paris », tandis qu’une caricature résume le nouvel état de fait. La censure interviendra pour empêcher le lecteur de voir le roi Léopold III serrant la main d’Hitler pendant que font de même Spaak et Goering, Degrelle et Goebbels, Declercq et un général allemand ; la légende donnant sens au dessin est ainsi libellée :
Tendons la main à d’anciens frères
De nous trop longtemps désunis
Jusqu’en 1940 et même après, les milieux wallons n’auront de cesse de dénoncer ce qu’ils considèrent comme le mauvais choix opéré par « Bruxelles » en matière de politique étrangère.