Seul écrivain émergeant en pays wallon au XVIIIe siècle, Charles-Joseph Lamoral, prince de Ligne, a servi plusieurs cours impériales et princières. Si sa brillante carrière militaire est bien connue, son apport aux lettres l’est tout autant. Maréchal et diplomate, il fréquente les salons parisiens, où son esprit le met en évidence, de même que son caractère de séducteur. Mme de Staël disait de lui qu’il était : « Le seul étranger qui, dans le genre français, soit devenu modèle plutôt qu’imitateur ». Curieux de tout, l’écrivain commet une trentaine d’ouvrages, les uns consacrés à l’art de la guerre, les autres au théâtre ; romancier, autobiographe et mémorialiste, il commence à écrire en 1796 un « Mélange ou essai très négligé de plusieurs genres de poésies » sous le titre Mes écarts ou Ma tête en liberté, où « il se joue à lui-même une comédie, sans être dupe de l’action où défilent, dans un désordre bigarré : combat de cavalerie, dix femmes, trente pièces de vers, cent pièces de canon, sorciers, voleurs, revenants, palais enchantés, fêtes magnifiques, duels, ambassades, tempêtes, corsaires et bals d’opéras » (Stiennon).