Si un statut de neutralité a été reconnu à la principauté de Liège par le roi de France et l’empereur germanique le 13 juillet 1492, cette neutralité peut paraître relative. Dès 1518, le prince-évêque Erard de la Marck signe en effet un traité « défensif » avec Charles Quint, qui lui permet notamment de conserver un duché de Bouillon en pleine agitation. Quand la « révolte des gueux » commence à semer le désordre aux portes de la principauté de Liège, le prince-évêque confirme, en 1569, le traité de 1518, en dépit de la dislocation des évêchés décidée en 1559. Mais quand le conflit dégénère en guerre civile et que chacune des parties sollicite l’aide de la principauté, Liège ne veut pas avoir à choisir entre les atrocités du duc d’Albe, ou les exactions des troupes orangistes, voire les décisions des États généraux. Dès lors, sans dénoncer le traité de 1518, mais sans non plus le confirmer, le prince-évêque Gérard de Groesbeek préfère être appelé en arbitre neutre et éviter de prendre parti.
On a souvent affirmé que le prince-évêque avait proclamé, en novembre 1577, la neutralité perpétuelle de la principauté, en mettant un terme au traité défensif de 1518 (traité de Saint-Trond). Il n’en est rien. En fait, Gérard de Groesbeek, comme ses successeurs, se montrera « diplomate », prétextant que l’appartenance de la principauté au Cercle impérial de Westphalie ne lui permet pas d’intervenir dans les affaires intérieures du Cercle impérial de Bourgogne, fût-il voisin.