Guy Focant
Hôtel d'Ansembourg
Patrimoine exceptionnel de Wallonie
Construit entre 1738 et 1741 par un riche banquier liégeois, Michel Willems, l’hôtel d’Ansembourg possède une façade symétrique faite en brique et en pierre calcaire. Son riche intérieur est caractéristique des arts décoratifs liégeois du XVIIIe siècle dont il en constitue un des plus beaux exemples : tapisseries, mobilier, cuirs peints, plafonds en stucs.
Le plafond de la cage d’escalier est orné d’une Apothéose d’Hercule en stucs, comme c’est aussi le cas de l’Apollon musagète du salon aux Tapisseries. Celles-ci, aux thèmes champêtres, proviennent d’Audenarde (vers 1700). La salle à manger et, à l’étage, la salle Henrijean-Hennet possèdent des murs recouverts de cuirs peints et dorés. Les murs de la cuisine sont revêtus de carreaux bleus en faïence dits de Delft.
Dans les premiers jours de la débâcle de 1814, l’hôtel accueille Jean-Baptiste Bernadotte. L’entrée de troupes russes et prussiennes dès les premiers jours de l’année a mis fin au régime français à Liège : le préfet Micoud d’Umons a rejoint la France début janvier, laissant le département de l’Ourthe sans administration. Né en 1763, maréchal d’Empire, Bernadotte est proche de Napoléon au début de l’Empire avant de s’en éloigner. Élu roi de Suède en 1810 sous le nom de Charles XIV, il se rapproche de la Russie et de la Prusse. C’est alors qu’on lui fait miroiter le trône de France qu’il arrive à Liège, le 27 février 1814. Accueilli par les vivats de la foule, il se rend à l’hôtel d’Ansembourg accompagné de sa suite où il donne audience aux autorités du département (ou ce qu’il en restait). Durant son long séjour chez nous, il assiste à diverses réjouissances parmi lesquelles un concert à l’Émulation. Il assiste également à un bal à l’hôtel de l’Aigle noire, situé plus haut dans la rue Féronstrée mais dont la façade a aujourd’hui été lourdement remaniée. C’est dans cet hôtel que logent les officiers généraux et supérieurs. C’est également à cet endroit que Bernadotte rencontre le maréchal Blücher et le comte Henry de Stolberg-Wernigerode, chargé par la Prusse d’administrer les territoires libérés de l’occupation française à la suite des guerres de 1812-1814. Il quitte Liège le 8 mars pour Bruxelles, d’où il prend la route de Paris. Après la restauration officielle des Bourbons sur le trône de France, Bernadotte retourne à Stockholm où il décède sur le trône le 8 mars 1844.
Acquis par la ville de Liège en 1903, l’hôtel de maître abrite aujourd’hui le musée des Arts décoratifs ou musée d’Ansembourg.
Féronstrée 114
4000 Liège
Classé comme monument le 17 septembre 1941
Institut du Patrimoine wallon