Guy Focant

Hôtel de Ville de Liège

Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Bâtiment d’importance et lieu de pouvoir depuis le Moyen Âge, l’hôtel de ville de Liège garde lui aussi plusieurs traces, liées à Joseph-Clément de Bavière (1694-1723), sous l’épiscopat duquel le bâtiment fut édifié.

Héritier du Conseil de la cité installé sur la place du Marché dès le XIIIe siècle et d’un hôtel de ville bâti au début du XVe siècle, l’édifice fut construit de 1714 à 1718 après la destruction de l’ancienne maison gothique par les troupes françaises du maréchal de Boufflers en 1691. Surnommé « La Violette », le bâtiment est édifié en briques et calcaire sur trois niveaux.

Accessible par un imposant escalier à double rampe et triple volée, le vaste hall d’entrée est orné de huit colonnes, de quatre pilastres en pierre noire et d’une tribune soutenue par quatre atlantes en chêne (1717/1718). Il comporte de nombreux salons richement décorés dont la majestueuse salle du Conseil communal et l’ancienne salle des mariages, décorées de stucs, marbres, tapisseries et toiles peintes.

S’il est le lieu du pouvoir communal où siègent les deux bourgmestres de la ville, le souvenir du prince est toutefois très présent. Les armoiries des deux bourgmestres Michel-Nicolas de Lohier et Louis-Lambert de Liverlo présentes dans un fronton millésimé de 1718, date de la première réunion des bourgmestres, côtoient ainsi, au centre, celles du prince-évêque. Les armes de Joseph-Clément de Bavière, comportant elles aussi le blason azur et argent de Bavière ainsi que deux lions, sont encadrées par l’aigle bicéphale impériale et, comme il se doit, par la représentation de la couronne, de la crosse et de l’épée. Le fronton actuel est une copie conforme de l’original, réalisé par Oscar Berchmans en 1923-1924. Les armes de Joseph-Clément se retrouvent également à l’intérieur, sur la balustrade du vestibule. La coupe du corps central montre en effet les armoiries du prince-évêque. L’édifice conserve enfin l’ancienne tribune épiscopale, située dans l’actuelle salle du Conseil communal.

Liège, ancienne capitale d’État, a toujours joué un rôle moteur dans le Mouvement wallon et son hôtel de ville a été le témoin de nombreux événements importants.

Constitué dans la salle du Conseil communal le 16 novembre 1913, le Comité d’Action wallonne regroupe plusieurs associations parmi lesquelles les Amitiés françaises de Liège, la Ligue wallonne de Liège ou l’Union des femmes de Wallonie. En différend avec l’Assemblée wallonne, le Comité verra naître en son sein en 1923 la Ligue d’Action wallonne de Liège, plus radicale. Au fil des années, les deux associations finiront par se confondre.

L’hôtel de ville fut également le théâtre privilégié d’un événement symbolique de la plus haute importance pour les Wallons qui résistèrent à l’envahisseur en 1914 dans les forts de la ceinture liégeoise : le 24 juillet 1919, en présence des Souverains, les autorités communales recevaient la Légion d’Honneur des mains du Président français en personne, Raymond Poincaré. Cette cérémonie fut également l’occasion pour les Amitiés françaises de Liège de remettre une épée au Maréchal Foch, sur laquelle étaient ciselés un coq et le perron liégeois. 
L’Assemblée wallonne, qui se réunira à deux reprises à Liège dans l’Entre-deux Guerres, est le premier organisme wallon unifié. Sorte de parlement du Mouvement wallon, elle est créée en 1912 et étudie toutes les questions en rapport avec la Wallonie. Issue du Congrès wallon du 7 juillet 1912, elle fonctionne en constituant des commissions chargées de réfléchir chacune sur un thème différent. Sans couleur politique, elle se réunit deux fois par an sous la présidence de Jules Destrée. Volontairement inactive au cours de la guerre au contraire des mouvements flamingants les plus radicaux, elle se retrouve à Liège le 27 avril 1919 et élimine tout collaborateur qui se trouverait parmi ses membres. L’hôtel de ville de Liège accueille encore l’Assemblée wallonne le 27 mai 1922, en plein débat politique sur la flamandisation de l’Université de Gand.

À partir de 1924, il accueille la réception des fêtes de Wallonie et des discours d’une grande importance politique y sont prononcés. Le bourgmestre et les autorités se réunissent alors sur le balcon devant la foule massée place du Marché et, après les discours, assistent au passage d’un cortège folklorique. La séance matinale du troisième Congrès wallon, le 20 novembre 1892, se déroule dans l’ancienne salle des mariages. Les Congrès tenus à Liège sont l’occasion d’une réception d’ouverture ou d’une soirée où les autorités communales convient les congressistes. Ce fut notamment le cas à l’occasion du premier congrès de la Concentration wallonne le 27 septembre 1930, à l’invitation du bourgmestre Xavier Neujean.
 

Place du Marché
4000 Liège

carte

Classé comme monument le 13 novembre 1942

Institut du Patrimoine wallon