Jean Glibert, De forme et de couleur. 2004

Liège, place Saint-Michel n° 86. Œuvre extérieure, accès public 

Ayant abandonné la création d’objets peints pour des démarches plasticiennes où l’idée de peinture se conjugue avec le projet architectural ou urbanistique, Jean Glibert est l’un des rares artistes dont les œuvres n’existent que dans leur valeur « d’intégration ». Il n’est d’ailleurs pas étonnant que ce défenseur de la couleur et de la lumière ait dirigé l’atelier de vitrail de La Cambre (Institut supérieur des arts visuels), entre 1975 et 1995. Traditionnellement, le vitrail est cette interface entre intérieur et extérieur, par laquelle la lumière extérieure prend une couleur, une chaleur. La référence au vitrail, au-delà des l‘idée que l’on se fait de cet art appliqué traditionnel, nous permet de saisir le principe de conjonction « transparence – espace – lumière » que recherche l’artiste.

En collaboration avec le designer Jacques Tilman, le plasticien fut chargé par la commission des Arts de la mise en lumière de l’ancien hôtel Desoër de Solières et de son environnement immédiat.

La transformation ou la simple orientation de la lecture des espaces architecturaux par la couleur et donc, inévitablement par la lumière, est la principale préoccupation que Jean Glibert poursuit depuis près de quarante ans. 

Face à un édifice, certes ancien, mais tout aussi contemporain par l’interventionnisme de sa réhabilitation, Jean Glibert a choisi d’installer des « drapeaux de lumière », c’est à dire des disques réfléchissants portés par des mâts de hauteurs et d’inclinaisons différents.

 Fonctionnant la nuit tombée, la lumière colorée, provenant de diffuseurs dans le sol de la cour, donne vie à ces drapeaux qui la réfléchissent sur l’édifice. Le propos sur la couleur d’un monument historique à la lumière du jour étant du ressort des spécialistes de la restauration, Jean Glibert dut réfléchir au rôle de son intégration. D’où l’idée d’intervenir sur un éclairage nocturne et indirect. Celui-ci soutient la couleur diurne naturelle des badigeons, son intensité chromatique étant régulée par domotique. Parallèlement, Philippe Greisch s’est chargé d’un éclairage de la tour circulaire par un dispositif qui diffuse la lumière par le recours à la fibre optique à tous les étages.

Jean Glibert ne travaille pas uniquement par réflexion de sources lumineuses émises artificiellement, il est aussi connu comme coloriste de nombreux travaux d’architecture.

Focus sur l’ancien hôtel Desoër de Solières à Liège

L’espace Wallonie à Liège est implanté dans un hôtel édifié entre 1555-1561 pour Guillaume d’Elderen, président du Conseil privé et de la Chambre des comptes. L’hôtel doit cependant son nom à un occupant de la fin du XIXe siècle, Oscar Desoër de Solières. Complètement ruiné, ravagé par un incendie, l’avenir de l’édifice était plus qu’incertain. Composé de deux ailes perpendiculaires réunies par une tour carrée à leur intersection, il présente la particularité d’être l’un des rares édifices liégeois de style Renaissance. Situé dans le cœur historique de la ville, à deux pas des Places Saint-Lambert et Saint-Michel, il offrait à la Région, une visibilité certaine. On peut considérer que sa réhabilitation constituait un véritable défi. Les volumes intérieurs ont été totalement reconstruits car plus rien d’original ne pouvait être préservé. Les façades, avec leurs baies riches d’éléments sculptés en tuffeau si caractéristiques, constituent les seuls témoins anciens dont la préservation était envisageable. Les éléments sculpturaux les plus fragiles sont exposés à l’intérieur, dans des espaces de transition. 

Le bureau d’architecture Greisch, auteur du projet, décida de supprimer les extensions sans intérêt historique pour y substituer une tour vitrée en rupture avec le style de l’ancien hôtel particulier. Matériaux de haute technologie (aciers spéciaux, vitrages…) et insertions contemporaines se substituant aux formes passées, comme les mansardes notamment, attestent d’un souhait de préserver le patrimoine régional en laissant à l’architecte contemporain suffisamment de possibilité d’expression.