Jean Glibert, intégration artistique. 2005
Arlon, place Didier n° 45. Passage et patio accessibles aux heures de bureau
Ayant abandonné la création d’objets peints pour des démarches plasticiennes où l’idée de peinture se conjugue avec le projet architectural ou urbanistique, Jean Glibert est l’un des rares artistes dont les œuvres n’existent que dans leur valeur « d’intégration ». Il n’est d’ailleurs pas étonnant que ce défenseur de la couleur et de la lumière ait dirigé l’atelier de vitrail de La Cambre (Institut supérieur des arts visuels), entre 1975 et 1995. Traditionnellement, le vitrail est cette interface entre intérieur et extérieur, par laquelle la lumière extérieure prend une couleur, une chaleur. La référence au vitrail, au-delà des l’idée que l’on se fait de cet art appliqué traditionnel, nous permet de saisir le principe de conjonction « transparence – espace – lumière » que recherche l’artiste.
Pour l’édifice arlonais, Jean Glibert s’est posé une question inévitable : « Peut-on s’intégrer à l’espace et ses fonctions sans prendre en compte la forme du lieu ». Peut-on éviter son aspect général (couleurs, matières, volumes) et interagir sur l’orientation esthétique choisie par les architectes ? Cette question est essentielle car l’œuvre de Jean Glibert déploie un minimum de moyens pour un maximum de présence visuelle.
L’œuvre se compose de deux grands cadres sculpturaux, aux vitrages feuilletés rouges ou bleus, dressés en enfilade dans l’atrium ; d’un vitrage fonctionnel, feuilleté jaune, comme signal au niveau de la communication entre la place Didier et cette cour intérieure. Quatrième élément, un mur peint en vert « fluo » dans la cafétéria venant faire écho aux deux vitrages de la cour.
L’ensemble vit de la lumière naturelle qui atteint la cour, grâce à la hauteur de l’édifice, les panneaux vitrés ne sont jamais atteints directement par les rayons du soleil. Ce sont les projecteurs, imposés par le projet, qui permettent un mélange des couleurs. Dans la cafétéria, étant donné qu’il s’agit d’un mur peint, le recours au vert fluo permet une émission de couleur.
D’un point de vue technique, ces murs de verre sont colorés par l’adjonction de films soudés entre les épaisseurs du verre. Étant donné que la collaboration du plasticien avec les architectes du bâtiment fut limitée, pour toutes les questions techniques, Glibert sollicita les services de l’ingénieur Vincent Servais et des architectes Anne Dengis et de Jean-Luc Petit.