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7130

Paul Delforge

Statue Charles-Quint

Statue de Charles-Quint, réalisée par Frantz Vermeylen, septembre 1911.

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, appelée place Eugène Derbaix, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze.

Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911.

Œuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau d’Edmond de Valériola : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (statue disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie (statue volée en 1993) ; toutes ces statues sont à gauche quand on fait face à la gare. Les quatre autres ont été réalisées par Frantz Vermeylen (1857-1922) : Guillaume de Bavière, Marguerite d’York, Arnould de Binche et le Charles-Quint qui nous occupe ici.

Natif de Louvain, où son père (Jan Frans) exerçait déjà le métier, Fr. Vermeylen a appris la sculpture dans l’atelier familial, avant de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Louvain (1869-1878) où son père enseigne, et de se perfectionner à Paris (chez A-A. Dumont). Ayant certainement travaillé sur les chantiers de décoration de l’hôtel de ville de Louvain, de la gare d’Amsterdam et au Rijksmuseum dans les années 1880, il devient l’expert attitré des autorités louvanistes, avant de répondre aussi à des commandes de décoration pour la ville d’Audenarde, l’abbaye Saint-Gertrude, la Volksbank, etc. Spécialisé dans les intérieurs d’église (par ex. Saint-Martin à Sambreville), il reste un artiste demandé tant pour ses médailles que pour ses bustes et ses statues, comme celle du gouverneur Orban de Givry à Arlon (1903), que pour les quatre statues qu’il réalise pour Binche.

Son Charles Quint (1500-1558) est aisément reconnaissable. Sur la longue balustrade, en faisant face à la gare, c’est la deuxième statue en commençant par la droite. Fils de Jeanne et de Philippe Ier de Castille, duc de Bourgogne sous le nom de Charles II (1515) avant de devenir roi des Espagnes sous le nom de Charles Ier, souverain de Naples et de Sicile, celui qui était né à Gand en 1500 se fera un nom comme empereur du Saint-Empire romain germanique, Charles Quint exerçant cette dignité élective de 1519 à 1558. Assurément, il marque l’histoire de l’Europe occidentale, comme celle des provinces flamandes et brabançonnes réunies par les anciens ducs de Bourgogne : Gand, Anvers et Bruxelles prospèrent comme jamais. Qu’en est-il de Binche ? Au tournant des XIXe et XXe siècles, on considère que le règne de Charles Quint assure à la cité une période de grande prospérité et qu’il est « un bienfaiteur insigne de la cité », qu’il a « comblée de faveurs ». C’est l’époque où Marie de Hongrie, la sœur de l’empereur, vient y résider : elle a reçu de Charles la ville de Binche et sa seigneurie avec le privilège d’y tenir cour royale (c. 1542). La régente des Pays-Bas y fait construire un palais Renaissance où, en 1549, elle reçoit son frère (Charles Quint) et son fils (Philippe II) lors des « triomphes de Binche ». C’est aussi l’époque de la construction du premier château de Mariemont. Certes, ce faste sera éphémère, les armées françaises détruisant tout sur leur passage en 1554 ; mais le moment a marqué l’histoire de Binche et les esprits ; cela explique, en partie, le choix de Charles Quint comme personnalité majeure représentée sur le square Derbaix, aux côtés d’ailleurs de Marie de Hongrie. La devise de la ville de Binche (« Plus oultre » que l’on peut comprendre comme : toujours plus loin) est aussi celle de l’empereur, dont le blason a fortement inspiré celui de la cité : il est représenté sur la façade de l’hôtel de ville.

Sources:

Statue de Charles-Quint

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911
Ludo BETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 602-604
Eugène D

ERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Victor DE MUNTER, Frantz Vermeylen et son œuvre, dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, Société royale de Numismatique, 1925, n°1, p. 57-68
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 739

 


 

 


 

Place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

carte

Paul Delforge

http://www.sculpturepublique.be/7130/DeValeriola-GillesBinchois-.jpg 

Statue Gilles BINCHOIS

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, appelée place Eugène Derbaix, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911.

Statue de Gilles Binchois

Oeuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau de Frantz Vermeylen : Guillaume de Bavière, Marguerite d’York, Arnould de Binche et Charles-Quint (toutes les statues de droite, quand on fait face à la gare). Les quatre autres ont été réalisées par Edmond de Valériola (1877-1956) : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie dont la statue a été volée en 1993. Dans le projet initial, présenté en octobre 1910, Gilles Binchois, comme d’ailleurs Yolande de Gueldre et Guillaume de Bavière, n’avait pas été retenu. Figuraient alors Albert, Isabelle et Jacques Du Broeucq qui, sur

 décision du conseil communal de Binche et d’Eugène Derbaix en particulier, furent remplacés dans la version définitive du projet, arrêtée au printemps 1911.

Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1894-1904), de Valériola est le cadet de 20 ans de Frantz Vermeylen avec lequel il travaille sur le chantier binchois. Plusieurs fois candidat au Prix de Rome, le Bruxellois s’est spécialisé dans les portraits (surtout les jeunes filles et les femmes) et les médailles. La ville d’Ostende lui a confié le monument James Ensor (1930), celle d’Etterbeek celle de Constantin Meunier (1931) et il est aussi l’auteur d’un buste en marbre de Jules Bordet (Académie royale de Médecine, 1950). Comme beaucoup de sculpteurs de son époque, il fut sollicité pour réaliser des monuments commémoratifs des événements de 14-18, puis de la Seconde Guerre. Il semble cependant que les critiques émises lors de la présentation de son lieutenant-général Bernheim (inauguré à Bruxelles, au square Marie-Louise, en 1936) aient quelque peu porté préjudice à sa réputation. Cela ne l’empêche pas de réaliser de nombreuses œuvres personnelles, l’artiste travaillant le marbre autant que le bronze suivant son inspiration qui trouva aussi à s’épanouir comme médailliste. À Binche, en 1910, ce sont cependant quatre statues qu’il réalise dont un Gilles Binchois (1400-1460) aisément reconnaissable : face à la gare, sa statue est située sur la partie latérale gauche de la balustrade ; elle est la première.

Contemporain de l’illustre Guillaume Dufay, Gilles Binchois est reconnu comme un compositeur de chansons profanes dont l’influence sur les générations suivantes semble s’être davantage exercée que celle de Dufay, voire de l’Anglais John Dunstable. Ses œuvres ont en effet été maintes fois empruntées, utilisées voire transformées. Ses musiques sont presque toujours écrites à trois voix, et se fondent généralement sur des poèmes à forme fixe, des ballades et surtout des rondeaux, dont il n'a pas écrit le texte lui-même, sans que l’on connaisse toujours l’auteur. À l’instar de Dufay, Binchois est l’initiateur d'un style nouveau. Aux alentours de 1430, la musique de Binchois à la fois profane et religieuse est considérée comme une véritable ars nova.
Il est intéressant d’observer que sur les 8 statues réalisées devant la gare de Binche, six représentent des « princes ou princesses », contre deux artistes : Arnould de Binche et Gilles Binchois. Toutes les personnalités ont vécu avant le XVIIe siècle.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Robert WANGERMÉE, Guillaume Dufay et la renaissance en musique, dans Robert WANGERMÉE et Philippe MERCIER (dir.), La musique en Wallonie et à Bruxelles, t. I : Des origines au XVIIIe siècle, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1980, p. 130-133
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. I, p. 479-486
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 460

 

place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Baudouin le Bâtisseur

Statue de Baudouin le Bâtisseur, réalisée par Edmond de Valériola, 1910.

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, appelée place Eugène Derbaix, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. La place a été aménagée en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à leur bonne exécution.

Statue de Baudouin le Bâtisseur (Binche)

Oeuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, inaugurées en même temps que la gare en 1910, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau de Frantz Vermeylen : Charles-Quint, Guillaume de Bavière, Marguerite d’York et Arnould de Binche (toutes les statues de droite, quand on fait face à la gare). Les quatre autres ont été réalisées par Edmond de Valériola (1877-1956) : Gilles Binchois, Marie de Hongrie dont la statue a été volée en 1993 Yolande de Gueldre et Baudouin le Bâtisseur.

Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1894-1904), de Valériola est le cadet de 20 ans de Frantz Vermeylen avec lequel il travaille sur le chantier binchois. Plusieurs fois candidat au Prix de Rome, le Bruxellois s’est spécialisé dans les portraits (surtout les jeunes filles et les femmes) et les médailles. La ville d’Ostende lui a confié le monument James Ensor (1930), celle d’Etterbeek celle de Constantin Meunier (1931) et il est aussi l’auteur d’un buste en marbre de Jules Bordet (Académie royale de Médecine, 1950). Comme beaucoup de sculpteurs de son époque, il fut sollicité pour réaliser des monuments commémoratifs des événements de 14-18, puis de la Seconde Guerre. Il semble cependant que les critiques émises lors de la présentation de son lieutenant-général Bernheim (inauguré à Bruxelles, au square Marie-Louise, en 1936) aient quelque peu porté préjudice à sa réputation. Cela ne l’empêche pas de réaliser de nombreuses œuvres personnelles, l’artiste travaillant le marbre autant que le bronze suivant son inspiration qui trouva aussi à s’épanouir comme médailliste. À Binche, en 1910, ce sont cependant quatre statues qu’il réalise dont un Baudouin le Bâtisseur, située à l’extrême gauche et « dans l’angle » lorsqu’on fait face à la gare. Il se trouve entre Marie de Bourgogne et Yolande de Gueldre.

Dans l’histoire de la ville de Binche, Baudouin – comme Yolande – occupe une place particulière. À Yolande, on attribue en effet d’avoir choisi le site d’où est née une ville neuve au début du XIIe siècle : bâtie sur un éperon rocheux, au pied de la Samme, Binche sera fortifiée par Baudouin IV de Hainaut, le fils de Yolande, dans les années 1140, ce qui lui vaut le surnom de « Bâtisseur ». La date précise de l’édification de cette enceinte n’est pas connue, mais elle semble achevée en 1147 lorsque Bernard de Clairvaux est en visite à Binche. Veuve de Baudouin III de Hainaut (1088-1120), Yolande de Gueldre avait épousé, en 1107, le 4e héritier du comté de Hainaut depuis que Baudouin Ier avait acquis le titre en 1051. Leur fils, Baudouin IV, exercera un long règne sur le Hainaut, héritant de son père en 1120 et gardant son titre jusqu’à son décès en 1171. Cependant, jusqu’en 1127, Baudouin doit composer avec sa mère, comtesse douairière, administratrice vigilante du pays. Par son mariage avec Alix de Namur (1130), il fait entrer le marquisat de Namur dans la couronne de Hainaut.

Contrairement à ce que laisserait paraître la statue binchoise, Baudouin IV de Hainaut a été, dans un premier temps, un prince belliqueux, qui n’hésitait pas à lancer des attaques contre ses voisins immédiats de Flandre et d’Artois. Dans un second temps, la paix ayant été retrouvée au début des années 1150, Baudouin se montre moins téméraire (à l’image de la statue), tout en renforçant cependant son pouvoir à l’égard de vassaux turbulents et en faisant fortifier les cités de Mons, Le Quesnoy, Beaumont, Bouchain et Binche. Autorisant la construction d’églises et de cathédrales, il est encore à l’origine de la ville d’Ath.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 460

place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Arnould de Binche

Statue d’Arnould de Binche, réalisée par Frantz Vermeylen, septembre 1911.

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911.

Oeuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau d’Edmond de Valériola : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (statue disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie (statue volée en 1993) ; il s’agit en fait de toutes les statues de gauche quand on fait face à la gare. Les quatre autres ont été réalisées par Frantz Vermeylen (1857-1922) : Charles-Quint, Guillaume de Bavière, Marguerite d’York et Arnould de Binche qui nous occupe ici. Il s’agit de la statue la plus à droite (par rapport à la gare) et la plus éloignée de celle-ci.

Natif de Louvain, où son père (Jan Frans) exerçait déjà le métier, Fr. Vermeylen a appris la sculpture dans l’atelier familial, avant de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Louvain (1869-1878) où son père enseigne, et de se perfectionner à Paris (chez A-A. Dumont). Ayant certainement travaillé sur les chantiers de décoration de l’hôtel de ville de Louvain, de la gare d’Amsterdam et au Rijksmuseum dans les années 1880, il devient l’expert attitré des autorités louvanistes, avant de répondre aussi à des commandes de décoration pour la ville d’Audenarde, l’abbaye Saint-Gertrude, la Volksbank, etc. Spécialisé dans les intérieurs d’église (par ex. Saint-Martin à Sambreville), il reste un artiste demandé tant pour ses médailles que pour ses bustes et ses statues, comme celle du gouverneur Orban de Givry à Arlon (1903), que pour les quatre statues qu’il réalise pour Binche.

 

Statue d’Arnould de Binche

Concernant les 8 statues qui composent l’ensemble face à la gare, tous les personnages ont vécu avant le XVIIe siècle, six représentent des « princes ou princesses », et les deux autres sont des artistes : Gilles Binchois et Arnould de Binche. Représenté tenant un plan et un compas dans ses mains, ce dernier est un architecte né à Binche au XIIIe siècle et auquel on attribue la construction de l’église de Pamele près d’Audenaerde, édifice datant de 1235 et remarquable en raison de son style curieux, typique de la transition entre le roman et l’ogival. Les connaissances dont l’architecte fait preuve dans la construction de Pamele témoignent de sa grande maîtrise des techniques nouvelles de son temps. Au XIXe siècle, Arnould de Binche apparaît comme l’architecte le plus ancien d’un monument belge. Une recherche menée par Félix Hachez au milieu du XIXe siècle apporte quelques renseignements sur le parcours d’un Arnould de Binche qui reste néanmoins un personnage fort mystérieux.




 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911
Ludo BETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 602-604
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 192

0, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Victor DE MUNTER, Frantz Vermeylen et son œuvre, dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, Société royale de Numismatique, 1925, n°1, p. 57-68
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 739
Baron de SAINT-GENOIS, dans Biographie nationale, t. 1, col. 464-465
Félix HACHEZ, Notice sur maître Arnould de Binche, architecte au XIIIe siècle, Mons, 1859

place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

carte

Paul Delforge

© Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Marguerite d'YORK

Statue Marguerite d’York (Binche)Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance. Autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. 

Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). 

Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911. 
 

Œuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues de Binche représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). 

Quatre sont dues au ciseau d’Edmond de Valériola : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (statue disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie (statue volée en 1993). Il s’agit en fait de toutes les statues de gauche quand on fait face à la gare. 

Les quatre autres ont été réalisées par Frantz Vermeylen (1857-1922) : Charles-Quint, Guillaume de Bavière, Marguerite d’York et Arnould de Binche. La statue de Marguerite d’York se situe sur le côté droit (par rapport à la gare) et est entourée d’Arnould de Binche et de Guillaume de Bavière. 
 

Natif de Louvain, où son père (Jan Frans) exerçait déjà le métier, Fr. Vermeylen a appris la sculpture dans l’atelier familial, avant de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Louvain (1869-1878) où son père enseigne, et de se perfectionner à Paris (chez A-A. Dumont). Ayant certainement travaillé sur les chantiers de décoration de l’hôtel de ville de Louvain, de la gare d’Amsterdam et au Rijksmuseum dans les années 1880, il devient l’expert attitré des autorités louvanistes, avant de répondre aussi à des commandes de décoration pour la ville d’Audenarde, l’abbaye Saint-Gertrude, la Volksbank, etc. 

Spécialisé dans les intérieurs d’église (par ex. Saint-Martin à Sambreville), il reste un artiste demandé tant pour ses médailles que pour ses bustes et ses statues, comme celle du gouverneur Orban de Givry à Arlon (1903), que pour les quatre statues qu’il réalise pour Binche. 
 

Concernant les 8 statues qui composent l’ensemble face à la gare, tous les personnages ont vécu avant le XVIIe siècle, six représentent des « princes ou princesses », et les deux autres sont des artistes : Gilles Binchois et Arnould de Binche. Veuve de Charles le Téméraire, sœur des rois d’Angleterre Édouard IV et Richard III, Marguerite d’York (1446-1503) a souvent séjourné à Binche et a contribué à donner à la ville ses lettres de noblesse. Son mariage avec le « Bourguignon » en 1468 restera sans descendance. Veuve à la suite de la mort de Charles le Téméraire à Nancy en 1477, elle continuera de veiller à l’éducation de Marie de Bourgogne (1457-1482), née du deuxième mariage du duc de Bourgogne. Comme Bruges (qui rappelle tous les cinq ans les fastes du mariage de Marguerite d’York avec Charles le Téméraire) ou Malines (où elle est décédée), Binche entretient le souvenir d’une princesse qui contribua à la magnificence de la cité. En 1476, elle avait offert au chapitre de la ville le remarquable reliquaire de l’église de Saint-Ursmer. 

 

Sources 
 

- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
- Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911 
- Ludo BETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 602-604 
- Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39 
- Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999 
- Victor DE MUNTER, Frantz Vermeylen et son œuvre, dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, Société royale de Numismatique, 1925, n°1,    p. 57-68 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 739 
- Didier DEHON, Marie de Hongrie, Mariemont et Binche ou de la chasse à la cour, dans Cahiers nouveaux, n°83, septembre 2012, p. 34-38

Square Eugène Derbaix
7130 Binche

carte

Inaugurée en 1911

Paul Delforge

G. Focant 

Vestiges du palais de Marie de Hongrie et du château des comtes de Hainaut

Simple centre économique, administratif et religieux, Binche accède au rang de ville neuve en 1120 suite à une faveur comtale attribuée par Yolende de Gueldre, veuve du comte de Hainaut Baudouin III. Quelques années plus tard, Baudouin IV dote la ville d’une enceinte confiée aux bons soins de l’autorité communale, un cas unique. Comme cela sera le cas pour les principales villes du comté, de grands travaux de renforcement, d’agrandissement et de consolidation des remparts sont entrepris au XIVe siècle. Binche devient une des villes clés du Hainaut : elle est le siège d’une prévôté et devient une des Bonnes Villes du comté. 

Le portail provenant de l’ancien palais de Marie de Hongrie devant le musée du masque à Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

L’histoire binchoise reste toutefois marquée par l’arrivée sur son territoire de Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, gouvernante et régente des Pays-Bas espagnols. Elle choisit Binche pour y installer une de ses splendides résidences et confie au célèbre architecte montois Jacques du Broeucq la construction d’un palais intra-muros. C’est dans ce lieu d’exception qu’elle recevra Charles Quint du 22 au 31 août 1549. L’empereur y est reçu avec son fils, le futur Philippe II, dans le but de présenter le prince héritier à ses futurs États des Pays-Bas.

Vue du chœur de l’église du Très Saint Sacrement à Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

De cette résidence, il ne reste toutefois que très peu de vestiges. Les ruines du palais de Marie de Hongrie se confondent avec ceux du château des comtes de Hainaut, installé au même endroit. Creusé à même la roche, le donjon médiéval est accolé aux remparts et prend appui sur un éperon rocheux. Le donjon, résidence comtale édifiée au XIIe siècle, est accompagné d’une basse-cour, d’un marché et d’une église paroissiale. Les vestiges aujourd’hui retrouvés de ce château médiéval ont permis de montrer que le palais de Marie de Hongrie a quant à lui été édifié à partir du noyau castral primitif ; Jacques du Broeucq habille et surélève les structures existantes, réutilise certains volumes. Si de cette demeure, il ne reste que des ruines, plusieurs témoins plus conséquents ont été conservés : dix-huit colonnes provenant de la chapelle castrale du palais Renaissance se trouvent aujourd’hui dans l’église du Très Saint-Sacrement (anciennement église Sainte-Élisabeth de Hongrie) ; un portail de ce palais se trouvent aujourd’hui dans la cour du musée du Carnaval et du masque de Binche et un second à l’entrée de l’ancien hôpital militaire situé rue Masquelier à Mons. Tout autour des ruines de ces anciennes résidences se trouvent les remparts de Binche, reconnus patrimoine exceptionnel de Wallonie.
 

Les remparts de Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

L’hôtel de ville de Binche compte lui aussi des traces considérables de la présence de Marie de Hongrie dans la cité. Ce monument exceptionnel date essentiellement du XVIe siècle et a longtemps servi de poste de guet pendant les guerres incessantes en Hainaut. Le beffroi est incendié par les Français en 1554 et immédiatement reconstruit par Jacques du Brœucq à la demande de Marie de Hongrie. La façade porte encore les armoiries de la ville de Binche, de Charles Quint et de Marie de Hongrie, ainsi que le monogramme de la gouvernante des Pays-Bas espagnols. Des cartouches de pierre armoriés similaires se trouvent à l’étage. Enfin, la très belle et monumentale cheminée de la salle du Conseil, bien qu’étant une reconstitution, est décorée des armoiries et de la devise de Charles Quint.

 

 

Les armoiries de Charles Quint dans la salle des mariages de l’hôtel de ville de Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine
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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Calvaire de la ferme du Buttiau

La ferme de Bultia ou du Buttiau, datée par ancres de 1723 et 1827, se présente sous la forme d’un spacieux quadrilatère de briques blanchies bâti, selon la tradition, sur le site d’une villa romaine. Un calvaire, placé sur les hauteurs de la ferme, rend hommage à des soldats morts le 12 mai 1794 lors d’un combat entre Français et Autrichiens.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

© SPW-Patrimoine-Guy Focant

Mémoire des frères Boussart

La ville de Binche conserve plusieurs souvenirs liés aux frères Boussart, militaires qui se sont illustrés sous l’Empire. 

André-Joseph Boussart (1758-1813) entame sa carrière en qualité d’officier dans les troupes autrichiennes avant de prendre le parti des troupes belges en 1789 et de passer à la France en 1791. Il fait la campagne de 1792 vers la Belgique puis fait partie de l’armée d’expédition d’Égypte en 1797. Sous l’Empire, il participe aux campagnes de Prusse en 1806 et d’Espagne en 1810-1811. Promu baron d’Empire en 1809, il est nommé général de division le 16 mars 1812. Il meurt le 11 août 1813 à Bagnèresde-Bigorre. 

Son frère cadet, Félix Boussart (1771-1814), est lui aussi volontaire parmi les troupes belges de la Révolution et passe également à l’armée française en 1791. Il fait les campagnes de l’armée du Nord en 1792-1793, sous le commandement de son aîné. Suivant à nouveau son frère, il participe à la campagne d’Égypte. Il est fait prisonnier de guerre lors de la capitulation de Dresde le 11 novembre 1813. Blessé, il est soigné dans la maison des invalides de Pest où il décède le 23 janvier 1814.

Le monument à l’indépendance, situé en face de la gare, dans le square Eugène Derbaix, est en partie un hommage aux frères Boussart. Conçu par l’architecte Dufour et le sculpteur De Beule en 1931, il rend hommage aux révolutionnaires de 1789, aux volontaires de 1830, ainsi qu’aux soldats et déportés de la Première Guerre mondiale. Le personnage représentant la révolution de 1789 porte un uniforme que l’on pourrait comparer à celui que devait porter André-Joseph Boussart à l’époque bien que l’on ne puisse l’affirmer. Le sculpteur s’en est peut-être inspiré. 

Un autre monument, cette fois directement dédié aux deux frères, se trouve dans le parc communal de Binche. Cette haute stèle de pierre bleue comporte des inscriptions sur ses deux faces. Un buste en bas-relief d’André-Joseph Boussart, entouré d’une couronne de laurier et du monogramme de Napoléon, se trouve sur une face, au-dessus de l’inscription suivante : « Au général André Boussart, baron de l’Empire, commandeur de la Légion d’honneur, 1758-1813 ». 

De l’autre côté se trouve l’aigle impériale et le même monogramme, ainsi que l’inscription suivante : « Au lieutenant-colonel Félix Boussart, membre de la Légion d’honneur, 1771-1813, et à ses frères d’armes binchois ». Ce monument indique que le cadet est décédé en 1813. Son acte de décès de la maison des invalides de Pest indique toutefois qu’il est décédé dans les premiers jours de 1814. Enfin, un médaillon en fonte d’une quarantaine de centimètres représentant André-Joseph Boussart est conservé à l’hôtel de ville de Binche.

Square Eugène Derbaix
7131 Binche

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Paul Laforge

Statue Guillaume IV de Hainaut-Bavière

Statue de Guillaume de Bavière, réalisée par Frantz Vermeylen, septembre 1911.

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911.

Oeuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau d’Edmond de Valériola : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (statue disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie (statue volée en 1993) ; il s’agit en fait de toutes les statues de gauche quand on fait face à la gare. Les quatre autres ont été réalisées par Frantz Vermeylen (1857-1922) : Charles-Quint, Marguerite d’York, Arnould de Binche et Guillaume de Bavière qui nous occupe ici. Il s’agit de la statue située entre Charles Quint et Marguerite d’York. Dans le projet initial, présenté en octobre 1910, Guillaume de Bavière, comme d’ailleurs Yolande de Gueldre et Gilles Binchois, n’avait pas été retenu. Figuraient alors Albert, Isabelle et Jacques Du Broeucq qui, sur décision du conseil communal de Binche et d’Eugène Derbaix en particulier, furent remplacés dans la version définitive du projet, arrêtée au printemps 1911.


Natif de Louvain, où son père (Jan Frans) exerçait déjà le métier, Fr. Vermeylen a appris la sculpture dans l’atelier familial, avant de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Louvain (1869-1878) où son père enseigne, et de se perfectionner à Paris (chez A-A. Dumont). Ayant certainement travaillé sur les chantiers de décoration de l’hôtel de ville de Louvain, de la gare d’Amsterdam et au Rijksmuseum dans les années 1880, il devient l’expert attitré des autorités louvanistes, avant de répondre aussi à des commandes de décoration pour la ville d’Audenarde, l’abbaye Saint-Gertrude, la Volksbank, etc. Spécialisé dans les intérieurs d’église (par ex. Saint-Martin à Sambreville), il reste un artiste demandé tant pour ses médailles que pour ses bustes et ses statues, comme celle du gouverneur Orban de Givry à Arlon (1903), que pour les quatre statues qu’il réalise pour Binche.


Concernant les 8 statues qui composent l’ensemble face à la gare, tous les personnages ont vécu avant le XVIIe siècle, deux sont des artistes (Gilles Binchois et Arnould de Binche) et six représentent des « princes ou princesses » qui « ont apporté la prospérité à Binche ». Guillaume IV est le dernier comte de Hainaut, avant que les Bourguignons n’imposent sa cession en 1428, par une habile politique de mariages. Pourtant, en 1324, par le mariage de Marguerite II d’Avesnes avec Louis IV de Wittelsbach (sacré empereur), le comté de Hainaut était entré dans l’orbite de l’importante famille de Bavière. De cette union, naîtra notamment Albert Ier, héritier des titres et propriétés de la famille, marié à Marguerite de Brzeg. De cette union naîtront Marguerite (mariée à Jean sans Peur), Guillaume, héritier principal, et Jean qui deviendra évêque de Liège. À la mort d’Albert Ier, en décembre 1404, Guillaume (1365-1417) devient duc de Bavière sous le nom de Guillaume II, comte de Hainaut sous le nom de Guillaume IV, ainsi que comte de Hollande et de Zélande. Son mariage avec Marguerite de Bourgogne conforte le rapprochement entre les Bavière et les ducs de Bourgogne, mais introduit surtout le loup bourguignon dans la bergerie hennuyère. L’intégration du Hainaut dans le giron bourguignon sera scellée en 1433 quand Jacqueline de Bavière (la fille de Guillaume IV et l’épouse de Jean IV de Bourgogne, le neveu de Jean Sans Peur) finit par abandonner le comté de Hainaut à Philippe le Bon institué comme héritier dès 1428. Mais ce n’est pas cet aspect-là que veulent mettre en évidence les autorités de Binc

he au début du XXe siècle. Elles souhaitent honorer Guillaume IV de Bavière parce qu’il a assuré la translation des reliques de saint Ursmer de Lobbes vers Binche (1409). 
En fait, dans la guerre opposant les Liégeois à leur prince-évêque, Jean de Bavière, le comte de Hainaut (son frère) vient à sa rescousse avec le comte de Namur et le soutien des Bourguignons. Se sentant menacé, le chapitre de Lobbes vient chercher la sécurité dans la ville fortifiée voisine de Binche. Ce transfert constitue un événement pénible pour Lobbes et une aubaine pour Binche : pendant plusieurs siècles, les deux cités entretiendront une inimitié tenace. En honorant Guillaume IV d’une statue au début du XXe siècle, les autorités de Binche entretenaient en quelque sorte une vieille rivalité villageoise.

 

Statue de Guillaume de Bavière

 


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911
Ludo BETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 602-604
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Victor DE MUNTER, Frantz Vermeylen et son œuvre, dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, Société royale de Numismatique, 1925, n°1, p. 57-68
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 739
http://www.histoire-des-belges.be/listes/comtes-de-hainaut 
(Monique MAILLARD-LUYPAERT, Alain DIERCKENS), Autour de saint Ursmer, de Lobbes à Binche, conférences, Tournai, 2011
Des Trésors à partager autour de Saint Ursmer, comité du 600e anniversaire de la translation des reliques et du Chapitre de Saint Ursmer, Lobbes, 2011

Place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Yolande de GUELDRE

Statue de Yolande de Gueldre, réalisée par Edmond de Valériola, septembre 1911.


Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, appelée place Eugène Derbaix, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911.


Œuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau de Frantz Vermeylen : Guillaume de Bavière, Marguerite d’York, Arnould de Binche et Charles-Quint (toutes les statues de droite, quand on fait face à la gare). Les quatre autres ont été réalisées par Edmond de Valériola (1877-1956) : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie dont la statue a été volée en 1993. Dans le projet initial, présenté en octobre 1910, Yolande de Gueldre, comme d’ailleurs Gilles Binchois et Guillaume de Bavière, n’avait pas été retenue. Figuraient alors Albert, Isabelle et Jacques Du Broeucq qui, sur décision du conseil communal de Binche et d’Eugène Derbaix en particulier, furent remplacés dans la version définitive du projet, arrêtée au printemps 1911.


Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1894-1904), de Valériola est le cadet de 20 ans de Frantz Vermeylen avec lequel il travaille sur le chantier binchois. Plusieurs fois candidat au Prix de Rome, le Bruxellois s’est spécialisé dans les portraits (surtout les jeunes filles et les femmes) et les médailles. La ville d’Ostende lui a confié le monument James Ensor (1930), celle d’Etterbeek celle de Constantin Meunier (1931) et il est aussi l’auteur d’un buste en marbre de Jules Bordet (Académie royale de Médecine, 1950). Comme beaucoup de sculpteurs de son époque, il fut sollicité pour réaliser des monuments commémoratifs des événements de 14-18, puis de la Seconde Guerre. Il semble cependant que les critiques émises lors de la présentation de son lieutenant-général Bernheim (inauguré à Bruxelles, au square Marie-Louise, en 1936) aient quelque peu porté préjudice à sa réputation. Cela ne l’empêche pas de réaliser de nombreuses œuvres personnelles, l’artiste travaillant le marbre autant que le bronze suivant son inspiration qui trouva aussi à s’épanouir comme médailliste. À Binche, en 1910, ce sont cependant quatre statues qu’il réalise dont une Yolande de Gueldre, située à gauche lorsqu’on fait face à la gare et qui se trouve entre Gilles Binchois (la plus éloignée par rapport à la gare) et Baudouin le Bâtisseur qui n’est autre que son fils.


Dans l’histoire de la ville de Binche, tant Yolande que Baudouin occupent une place particulière. À la première, on attribue en effet d’avoir choisi le site d’où est née une ville neuve au début du XIIe siècle : bâtie sur un éperon rocheux, au pied de la Samme, Binche sera fortifiée par le second dans les années 1140. Veuve de Baudouin III de Hainaut (1088-1120), Yolande de Gueldre avait épousé, en 1107, le 4e héritier du comté de Hainaut depuis que Baudouin Ier avait acquis le titre en 1051. Leur fils exercera un long règne sur le Hainaut, héritant de son père en 1120 et gardant son titre jusqu’à son décès en 1171. Née dans la famille des comtes de Gueldre, Yolande de Wasseberg (1089-1140) épousera en secondes noces Geofroy, seigneur d’Ostrevant. 

 

Sources


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 460

 

Statue de Yolande de Gueldre

 

Place et square Eugène Derbaix

7130 Binche

carte

Paul Delforge