Bouillon

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6830

Maison Maugré

Place des Champs-Prévôts 10, 6830 Bouillon, Belgique

Classement comme monument le 29 mars 1976

La maison Maugré fut également appelée « maison des Monnayeurs » et date des 18e et 19e siècles. Vu depuis la place, seul le premier tiers gauche de l’édifice date de la seconde moitié du 18e siècle. À cette époque, il appartient à Remacle Henry, connu pour avoir réalisé un certain nombre d’ouvrages pour le roi de France et le duc de Bouillon. À sa mort, le bien est transmis à sa nièce, Élisabeth-Sophie Bourgeois et son époux Richard Chauchet, avocat à la Cour souveraine du duché de Bouillon. Issu d’une famille renommée d’architectes ayant participé aux fortifications de la ville, il devient une des personnalités bourgeoises incontournables de Bouillon après la Révolution française. Il fut notamment sénateur à partir de 1831 et bourgmestre de Bouillon en 1836. C’est à lui que l’on doit la construction de la totalité du bâtiment actuel en façade de la place des Champs-Prévôts. En 1852, l’immeuble devient propriété de la famille Ozeray dont plusieurs membres laissent leur nom dans l’Histoire. Michel Ozeray fut le premier à écrire une synthèse sur l’histoire du duché de Bouillon ; Jules Ozeray fut sénateur et bourgmestre au moment de la guerre franco-prussienne de 1870 ; Madeleine était une comédienne célèbre de l’Entre-deux-Guerres, égérie de Louis Jouvet et emblématique interprète de l’Ondine de Jean Giraudoux.

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Hôtel d'Artaize

Rue Saint-Nicolas 39, 6830 Bouillon, Belgique

Classement comme monument le 27 juin 1977

Ce bel hôtel de maître est une des nombreuses demeures patriciennes du 18e siècle situées au cœur de Bouillon. La construction de cet édifice est située entre 1753 et 1762. Bien que le commanditaire en ait été Jean-Charles Le Ruth, conseiller à la Cour souveraine du duché de Bouillon, issu d’une importante famille de magistrats, c’est une succession qui contribua à lui donner son nom avec l’arrivée en 1820 du comte Alexandre d’Artaize Roquefeuil (1771-1856), lieutenant-colonel de cavalerie. Habitant essentiellement à Paris, il transforme la demeure en résidence « de campagne ». Le bâtiment présente une belle façade classique caractérisée par sa toiture dite « à la Mansart » (haute toiture d’ardoises avec combles aménagés). L’hôtel s’élève sur deux niveaux enduits et peints et présente une ordonnance symétrique au départ de la travée centrale caractérisée par sa porte d’entrée surmontée d’une belle fenêtre en fer forgé. Les quatre autres travées possèdent des fenêtres identiques, agrémentées de garde-corps en fer forgé également. Le fer était à l’époque travaillé mais également produit à Bouillon même. La bâtisse fut restaurée à la fin des années 1980 dans le but de préserver le charme de l’ensemble qui, au tournant des 19e et 20e siècles, fut un brillant salon d’art et de littérature sous la houlette de l’industriel Albert Camion. De cette époque date l’annexe située à droite de l’hôtel et attribuée à l’architecte-décorateur bruxellois Georges Hobé.

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Bastion du Dauphin

Boulevard Heynen, 6830 Bouillon, Belgique

Classement comme monument le 2 septembre 1985

En contrebas du château fort, Bouillon conserve de petits bijoux de l’architecture militaire de l’Époque moderne. Au 17e siècle, les princes-évêque de Liège et les vicomtes de Turenne se disputent le titre de duc de Bouillon. Après la prise du château en 1676 par les armées de Louis XIV, le titre est confirmé aux membres de la famille de La Tour d’Auvergne, vicomtes de Turenne. Le grand ingénieur et architecte militaire Vauban se rend par la suite à Bouillon et rédige un mémoire pour la fortification de la ville. En 1680, l’ingénieur Choisy érige un nouveau rempart, des portes et neuf bastions défensifs, sous la direction de Vauban. Ces travaux prennent place à l’extrémité nord de la ville de l’époque, à l’intérieur du méandre de la Semois. On y trouve également deux casernes, dont une aujourd’hui disparue, et la maison du Prévôt, chef militaire de la ville. Le bastion du Dauphin est un des trois bastions conservés aujourd’hui et se trouve à proximité de la caserne. Comme le bastion de Bretagne, il s’agit d’une solide bâtisse de schiste en forme de pentagone, comprenant deux étages, percée de meurtrières et renforcée d’échauguettes, petits abris en pierre situés en hauteur à l’angle des façades. Les deux bastions ont malheureusement été percés sur deux pans afin de permettre la circulation sur les boulevards au début du 20e siècle.

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Bastion de Bretagne

Boulevard Heynen, 6830 Bouillon, Belgique

Classement comme monument le 2 septembre 1985

En contrebas du château fort, Bouillon conserve de petits bijoux de l’architecture militaire de l’Époque moderne. Au 17e siècle, les princes-évêque de Liège et les vicomtes de Turenne se disputent le titre de duc de Bouillon. Après la prise du château en 1676 par les armées de Louis XIV, le titre est confirmé aux membres de la famille de La Tour d’Auvergne, vicomtes de Turenne. Le grand ingénieur et architecte militaire Vauban se rend par la suite à Bouillon et rédige un mémoire pour la fortification de la ville. En 1680, l’ingénieur Choisy érige un nouveau rempart, des portes et neuf bastions défensifs, sous la direction de Vauban. Ces travaux prennent place à l’extrémité nord de la ville de l’époque, à l’intérieur du méandre de la Semois. On y trouve également deux casernes, dont une aujourd’hui disparue, et la maison du Prévôt, chef militaire de la ville. Il s’agit d’un important quartier militaire isolé de la ville par une muraille qui se greffait au rempart proprement dit et constituait l’ultime réduit défensif en cas d’attaque de la cité. Cette enceinte, composée de murs de schiste percés de nombreuses meurtrières, est partiellement conservée derrière le numéro 22 de la rue des Écoles, le long du boulevard Heynen et de la rue de l’Hospice. Le bastion de Bretagne est un des trois bastions conservés aujourd’hui et se trouve à proximité de la maison du Prévôt.

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Château fort

Rue du Château, 6830 Bouillon

Classé comme monument et site le 26 mai 1975
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Installé sur une crête rocheuse enserrée par la Semois, le site du château est, en réalité, double. Sur un premier éperon rocheux était installée une motte castrale classique. En 1082, un second donjon fut construit par Godefroid de Bouillon qui vend le domaine à l’évêque de Liège avant de partir en Croisade. À l’Époque moderne, le château est réaménagé notamment sous l’impulsion de Vauban, durant l’occupation française : ouvrages en avancée, casernes, arsenal et une poudrière. Sous le régime hollandais, le donjon est détruit en 1824 pour laisser la place à d’autres casernes, mais le site militaire est déclassé en 1853. Il devient vite un site touristique très prisé.

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FRANKINET Paul

Stèle à la mémoire de Paul Frankinet, réalisé à l’initiative de Denise Frankinet et des Amis de la Terre-Belgique, 31 octobre 2004.
 

Pendant plusieurs années, l’architecte Paul Frankinet (1919 – 1999) a mené campagne contre la présence de campings installés de manière illégale sur le site de Frahan. Alors que le méandre formé par la Semois avait été relativement épargné par la présence humaine au cours du temps, l’implantation de deux campings au tournant des années 1960 et 1970 crée une situation nouvelle : le paysage naturel remarquable se trouve désormais envahi par des tentes, des voitures et des caravanes multicolores, sans oublier les baraques à frites, tandis que la vie traditionnelle du village est chamboulée par la présence massive et saisonnière des campeurs. Faisant valoir à la fois l’intérêt paysager, la préservation de la nature et le caractère illégal des exploitations, les Amis de la Terre se mobilisent autour de Paul Frankinet, leur représentant sur le terrain.
Architecte de formation et de profession, Frankinet a fait l’essentiel de sa carrière en Afrique ; s’il s’y est occupé de construire des maisons, il s’est surtout préoccupé de l’alphabétisation des populations. À la suite de l’indépendance du Congo en 1960, il est forcé de rentrer en Europe et choisit de s’installer à Rochehaut, en raison du cadre exceptionnel que lui offre le méandre de la Semois, à hauteur de Frahan. S’opposant au développement du tourisme de masse, Frankinet va, de manière plus générale, se préoccuper de conservation du patrimoine. Il était d’ailleurs membre de la Commission des Monuments et des Sites avant la régionalisation, il se préoccupe de la sauvegarde de la Lyresse et il contribue activement à la préservation du Couvent des Sépulcrines, au cœur de Bouillon, y rencontrant de vives oppositions, comme à Frahan.
En dépit des dispositions légales – des arrêtés d’interdiction de camping sont adoptés en 1972 ; le plan de secteur approuvé par la Région wallonne en 1984 classe le site en zone verte d’intérêt paysager ; le Conseil d’État valide le plan de secteur en 1987 contre le recours introduit par les propriétaires de camping –, la situation ne change pas sur le terrain ; avec l’aide des Amis de la Terre, Frankinet porte l’affaire en justice et, en juin 1989, le tribunal de Neufchâteau ordonne la cessation des activités et la remise du site dans son état d’origine, endéans une année. Ce succès fait l’objet d’un article dans le tout premier numéro (n°0) de la revue des ami(e)s de la Terre (août 1989). Alors que de nouvelles caravanes résidentielles sont installées, un véritable bras de fer oppose les parties en présence, créant l’agitation dans toute la région. Finalement, en septembre 1990, les campings illégaux sont définitivement fermés. Paul Frankinet a fini par remporter une vraie guerre d’usure, non sans que l’atelier de céramique de son épouse ne pâtisse de sa détermination. En janvier 1992, en effet, une intrusion nocturne se solde par la mise à sac de la poterie de la rue des Moissons, à Rochehaut. En février 1991, Frankinet avait été distingué par Inter-Environnement Wallonie qui, en lui décernant sa palme 1990 de l’environnement, entendait renforcer sa lutte contre l’installation des campings industriels dans les fonds de vallée et favoriser, sur les hauteurs, un tourisme respectueux de la nature et de ceux qui vivent en permanence à la campagne. Quant aux épicéas plantés dans les vallées, ils étaient aussi dans la ligne de mire de Frankinet d’IEW : dans les années 2000 plusieurs projets, soutenus par l’Europe et l’OWDR, rencontrent cette préoccupation. En 1997, à l’initiative du ministre-président Robert Collignon, le site de Frahan fait l’objet d’un arrêté de classement au Patrimoine majeur de Wallonie.
Quelques mois après le décès de Paul Frankinet est lancée l’idée d’élever un monument en mémoire de ce défenseur de l’environnement. Mais aucune autorisation n’est accordée par les autorités locales pour élever un monument privé sur une propriété communale (2000). Finalement, c’est en bord de trottoir, sur un terrain privé que, le 31 octobre 2004, en présence des responsables des Amis de la Terre-Belgique et du voisinage, une stèle est inaugurée,

A la  mémoire
de
PAUL FRANKINET
1919 – 1999
Avec le soutien des AMIS de la TERRE
IL A SAUVEGARDÉ LE SITE DE
FRAHAN

Cette plaque en céramique est fixée sur la face avant d’une stèle rectangulaire formée de pierres de schiste de la région. Au sommet du monument qui ne dépasse pas le mètre de hauteur, se trouve un cadran solaire en bronze. Le cadran est l’œuvre de Laure Frankinet, la fille de Paul et de Denise Frankinet, cette dernière étant à l’initiative du monument et la créatrice tant de la stèle que de la céramique. Sculpteur, dessinatrice et pastelliste, Laure Frankinet (Stanleyville 1955 – Rochehaut 1998) s’est formée à La Cambre (auprès de Rik Poot) en choisissant la sculpture monumentale. Installée à Oisy, elle réalise, à partir du métal, des œuvres inspirées des femmes, des enfants ou des chevaux, pleines de fantaisie. Son travail s’apparente en quelque sorte à celui d’un artiste-forgeron ; en 1998, elle participe activement aux Eurofêtes, à Viroinval, au Trou du Diable et l’année suivante, ses œuvres font l’objet d’une exposition d’hommage. Denise Frankinet, pour sa part, elle aussi diplômée de La Cambre, est avant tout céramiste, même si elle signe de nombreuses aquarelles représentant… des paysages. En 2012, il fait paraître un roman, Le Requiem de Carlsbad qui porte aussi la signature de Paul Frankinet.

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, en particulier Le Soir (1989-1991 et 12 février 1991)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 588
http://www.molignee-ecologie.be/hommages/renee_christine_bequet/renee_christine_bequet.htm
http://www.molignee-ecologie.be/hommages/renee_christine_bequet/contenu.htm (s.v. avril 2015)

 

Stèle Paul Frankinet (Frahan/Rochehaut)

Stèle Paul Frankinet (Frahan/Rochehaut)

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17 rue des Moissons – 6830 Frahan/Rochehaut
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FRANKINET Paul
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Stèle Paul Frankinet (Frahan/Rochehaut)
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ARNOULD

Statue de saint Arnould, réalisée par Victor Demanet, sur le pont de Liège 25 juin 1939 puis au bout du quai de la Tannerie après la Libération de 1945.

 

Sculpteur des rois et des reines, des soldats et des résistants, des personnages historiques lointains comme de personnalités contemporaines, Victor Demanet a fait de l’espace public, notamment de Wallonie, sa galerie d’exposition. Remarqué au Salon des Artistes français de Paris, en 1923, pour son buste de Bonaparte à Arcole, Victor Demanet s’est rapidement imposé comme un portraitiste de talent auquel sont confiées de nombreuses commandes publiques. Il a déjà participé à plusieurs expositions internationales et reçu d’importants prix et distinctions lorsque lui est confiée la réalisation de deux statues, l’une de saint Arnould et l’autre de Godefroid de Bouillon, destinées à la ville de Bouillon. Dans la deuxième moitié des années 1930, la cité achève en effet d’importants travaux de voirie : dédoublement de la rue de la Maladrerie et création d’un nouveau quai qui dégage de nouvelles perspectives (circa 1937). S’inspirant du Pont Saint-Ange à Rome, les autorités locales ont par conséquent décidé de garnir les deux accès du pont de Liège des statues en question. Chargé de cette importante commande publique, Victor Demanet doit inscrire les deux statues sur un socle imposant (2,5 m de haut, sur 0,9 m de large) où viendront s’inscrire des bas-reliefs en bronze à motifs héraldiques.
Dès 1938, les statues d’Arnould et de Godefroid sont achevées par le sculpteur et peuvent être installées aux accès du Pont de Liège. La cérémonie d’inauguration, le 25 juin 1939, se déroule en grandes pompes. La duchesse de Vendôme (la sœur de feu le roi Albert Ier) a fait le déplacement. Mais quelques mois plus tard, lors de l’invasion allemande de mai 1940, aucune chance n’est laissée au Pont de Liège. Miraculeusement, le bombardement épargne les deux statues. À la Libération, il n’est plus question de les réinstaller sur le pont reconstruit. Elles sont séparées et le Godefroid de Bouillon escalade le contrefort pour trouver place à quelques mètres de l’entrée du château, tandis que le saint Arnould est relégué en bord de Semois, au bout du quai de la Tannerie. On l’aperçoit tant bien que mal depuis l’autre rive, en scrutant bien depuis le boulevard Vauban. Saint Arnould aura moins de visibilité que son homologue Godefroid.
Moins célèbre en dehors de Bouillon que l’homme des croisades, Arnould (ou Arnoul) n’en est pas moins considéré comme le premier dans la généalogie des ducs de Bouillon, descendant des comtes d’Ardenne. Né vers 582 à Lay-Saint-Christophe, près de Nancy, Arnoul serait le fils de Bodogisel et de Chrodoara (celle qui deviendra l’abbesse d’Amay). Ayant grandi au sein d’une noble famille franque, il est considéré comme le fondateur de la dynastie des Arnulfiens, famille alliée aux Pépinides. Aussi appelé Arnoul de Metz, il a gouverné l’Austrasie avec Pépin de Landen à l’époque des Mérovingiens (en l’occurrence Thibert II, la régente Brunehilde, puis Clotaire II). Fils d’Arnoul, Ansegisel épouse d’ailleurs Begge, la fille de Pépin, contribuant ainsi au développement de la dynastie carolingienne. Mais lassé par la vie de cour, Arnoul accepte d’être désigné évêque de Metz, alliant alors fonctions administratives et religieuses (613-628) ; il est à ce moment aussi précepteur du jeune Dagobert Ier. Mais il aspire à consacrer exclusivement sa vie à Dieu ; il renonce définitivement aux affaires de la cité et vit désormais en ermite solitaire jusqu’à son décès en 640. Godefroid en serait un lointain descendant. Décédé un 18 juillet de l’année 640 ou 641, Arnoul est fêté localement à cette date. Patron des brasseurs, il n’est pas le saint patron de Bouillon car c’est saint Eloi qui a ce titre.
Ayant grandi au confluent de la Sambre et de la Meuse où ses parents tiennent un commerce d’antiquités au cœur de la ville, Victor Demanet (Givet 1895 – Namur 1964) était appelé à leur succéder si ses études à l’Académie des Beaux-Arts (1916-1919), ne lui avaient pas donné le goût de la pratique de la sculpture. Élève de Désiré Hubin, Demanet eut la révélation en voyant des œuvres de Constantin Meunier et surtout celles traitant de la thématique sociale et ouvrière développée par le peintre/sculpteur bruxellois. Lors d’un séjour à Paris, les œuvres de Rude, Carpeaux et Rodin avaient fini de convaincre Demanet que sa voie était dans la sculpture. Comme d’autres artistes de son temps, il va réaliser plusieurs monuments aux victimes des deux guerres ; auteur de plusieurs dizaines de médailles, il poursuit aussi une œuvre plus personnelle à l’inspiration comparable à celle de Constantin Meunier, avec de nombreux représentants du monde du travail.

Les sculptures en pierre de Victor Demanet à Bouillon, Les jalons d’une ville n°3, dans http://bouillon.communesplone.be/shared/revue-communale/2008.09.pdf
http://www.sculpturepublique.be/6830/Demanet-GodefroidDeBouillon.htm
http://www.osotatarl.com/monument_chapuis.86.html#Ch%C3%A2teau%20Bouillon%2001 (s.v. novembre 2013)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 397
Jacques TOUSSAINT, Les médailles du sculpteur-médailleur Victor Demanet (1895-1964), dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, 1984, n°130, p. 141-204 + planches
Jacques TOUSSAINT, Victor Demanet dans Arts plastiques dans la province de Namur 1800-1945, Bruxelles, Crédit communal, 1993, p. 147
M-J-F. OZERAY, Histoire des pays, château et ville de Bouillon, depuis l’origine du Duché jusqu’à la révolution de 1789…, Luxembourg, 1827, p. 313
Le Guetteur wallon, 1961, n°3, p. 65

 

 

Statue de saint Arnould (Bouillon)

Statue de saint Arnould (Bouillon)

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sur le pont de Liège puis au bout du quai de la Tannerie après la Libération de 1945 – 6830 Bouillon
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ARNOULD
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Statue de saint Arnould (Bouillon)
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GODEFROID DE BOUILLON

Statue de Godefroid de Bouillon, réalisé par Victor Demanet, sur le pont de Liège, 25 juin 1939 ; à droite de l’entrée du château, sur le contrefort, après la Libération de 1945

Sculpteur des rois et des reines, des soldats et des résistants, des personnages historiques lointains comme de personnalités contemporaines, Victor Demanet a fait de l’espace public, notamment de Wallonie, sa galerie d’exposition. Remarqué au Salon des Artistes français de Paris, en 1923, pour son buste de Bonaparte à Arcole, Victor Demanet s’est rapidement imposé comme un portraitiste de talent auquel sont confiées de nombreuses commandes publiques. Il a déjà participé à plusieurs expositions internationales et reçu d’importants prix et distinctions lorsque lui est confiée la réalisation d’une statue de Godefroid de Bouillon destinée à la ville de Bouillon. Paradoxalement, en effet, il existe à Bruxelles, depuis 1848, l’impressionnante statue équestre réalisée par Eugène Simonis et à Liège, depuis 1884, une statue due au ciseau de Léon Mignon sur la façade du Palais provincial, mais Bouillon ne dispose d’aucune représentation de son plus illustre représentant. L’occasion de réparer cet oubli est offerte aux autorités locales au moment où s’achèvent d’importants travaux de voirie : jusque-là fort encombrée, la rue de la Maladrerie a fait l’objet d’un dédoublement et le nouveau quai dégage de nouvelles perspectives (circa 1937). À l’instar plus modeste du Pont Saint-Ange à Rome, les autorités locales décident de garnir les deux accès du pont de Liège d’une statue : l’une dédiée à Saint-Arnould, l’autre à Godefroid de Bouillon. La commande des deux œuvres est passée à Victor Demanet qui doit inscrire les deux statues sur un socle imposant (2,5 m de haut, sur 0,9 m de large) où viendront s’inscrire des bas-reliefs en bronze à motifs héraldiques.
Artiste certes aguerri, Victor Demanet est ainsi confronté au défi de supporter la comparaison avec ses illustres devanciers liégeois, tout en inscrivant « son » Godefroid dans l’histoire locale, celle du duché millénaire et de la ville natale de Léon Degrelle.
Réalisée en terre cuite en 1938, son étude (19 cm) convainc ses commanditaires et rapidement la statue de Godefroid de Bouillon, signée Victor Demanet et datée de 1938 (sur le côté droit du socle), peut être installée à l’un des deux accès du Pont de Liège. La cérémonie d’inauguration, le 25 juin 1939, se déroule en grandes pompes. La duchesse de Vendôme (la sœur de feu le roi Albert Ier) a fait le déplacement. Mais quelques mois plus tard, lors de l’invasion allemande de mai 1940, aucune chance n’est laissée au Pont de Liège. Le bombardement épargne miraculeusement les deux statues. À la Libération, il n’est plus question de les réinstaller sur le pont reconstruit. Elles sont séparées et le Godefroid de Bouillon escalade le contrefort pour trouver place à quelques mètres de l’entrée du château. Son socle est réduit au minimum, bénéficiant cependant de la pente du contrefort pour conserver le caractère dominateur qu’avait imaginé le sculpteur. Ni cheval ni cotte de maille, ni heaume ni épée, ni couronne ni drapeau, le Godefroid de Bouillon de Demanet est plutôt solennel, presque religieux, en partie caché ou protégé par un haut bouclier. Ostensiblement, sur le côté droit du duc lotharingien, apparaît un parchemin avec trois sceaux, et seule se lit la fameuse formule des croisés répondant à l’appel du pape Urbain II : « Dieu le veult ». On ignore si le sculpteur était ravi par l’emplacement choisi après-guerre pour sa statue, mais on sait que l’œuvre avait été appréciée. De nombreux exemplaires en petit format ont en effet été produits et vendus par la suite ; de surcroît, lors du neuf centième anniversaire de la naissance de Godefroid de Bouillon (1961), les talents de médailliste de Victor Demanet sont à nouveau sollicités pour la réalisation d’une médaille représentant en buste l’illustre chef de la croisade.
Ayant grandi au confluent de la Sambre et de la Meuse où ses parents tiennent un commerce d’antiquités au cœur de la ville, Victor Demanet (Givet 1895 – Namur 1964) était appelé à leur succéder si ses études à l’Académie des Beaux-Arts (1916-1919), ne lui avaient pas donné le goût de la pratique de la sculpture. Élève de Désiré Hubin, Demanet eut la révélation en voyant des œuvres de Constantin Meunier et surtout celles traitant de la thématique sociale et ouvrière développée par le peintre/sculpteur bruxellois. Lors d’un séjour à Paris, les œuvres de Rude, Carpeaux et Rodin avaient fini de convaincre Demanet que sa voie était dans la sculpture. Comme d’autres artistes de son temps, il va réaliser plusieurs monuments aux victimes des deux guerres ; auteur de plusieurs dizaines de médailles, il poursuit aussi une œuvre plus personnelle à l’inspiration comparable à celle de Constantin Meunier, avec de nombreux représentants du monde du travail.

Les sculptures en pierre de Victor Demanet à Bouillon, Les jalons d’une ville n°3, dans http://bouillon.communesplone.be/shared/revue-communale/2008.09.pdf
http://www.sculpturepublique.be/6830/Demanet-GodefroidDeBouillon.htm
http://www.osotatarl.com/monument_chapuis.86.html#Ch%C3%A2teau%20Bouillon%2001 (s.v. novembre 2013)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 397
Jacques TOUSSAINT, Les médailles du sculpteur-médailleur Victor Demanet (1895-1964), dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, 1984, n°130, p. 141-204 + planches
Jacques TOUSSAINT, Victor Demanet dans Arts plastiques dans la province de Namur 1800-1945, Bruxelles, Crédit communal, 1993, p. 147
Général GUILLAUME, Godefroid de Bouillon, dans Biographie nationale, t. 2, col. 802-819

Statue de Godefroid de Bouillon

Statue de Godefroid de Bouillon

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sur le pont de Liège, à droite de l’entrée du château, sur le contrefort, après la Libération de 1945 – 6830 Bouillon
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GODEFROID DE BOUILLON
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Statue de Godefroid de Bouillon
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VAN LERBERGHE Charles

Monument à la mémoire de Charles Van Lerberghe, 14 juin 1936
À l’initiative de la Société des Écrivains ardennais

À l’initiative de la revue Le Thyrse et spécialement de la Société des Écrivains ardennais, un hommage est rendu à Charles Van Lerberghe (Gand 1861 – Bruxelles 1907), à Bouillon, avec l’érection d’un bloc de granit avec inscription, à hauteur de la Vieille route de France. La cérémonie se déroule le 14 juin 1936. C’est en bénéficiant d’une vue exceptionnelle sur la Semois, en séjournant « à la Ramonette », que le poète gantois a composé sa Chanson d’Eve. L’inauguration est l’occasion pour la Société de céder officiellement le mémorial aux autorités locales. Plusieurs discours sont prononcés rendant hommage à Charles Van Lerberghe et le moment est aussi choisi pour remettre l’ordre de commandeur de la Légion d’honneur à Albert Mockel. Consul général de France à Liège, Fernand Sarrien a fait expressément le déplacement à Bouillon pour honorer le fondateur de La Wallonie – le mot comme la revue – ainsi que le poète qui assure des responsabilités au sein de l’association Les Amis de Charles Van Lerberghe. La date du 14 juin 1936 est celle du cinquantième anniversaire du symbolisme et de la revue qui illustra le mieux ce mouvement. Et comme il était écrit que cette journée du 14 juin 1936 serait exceptionnelle à plus d’un titre, le représentant des Écrivains de Belgique fait observer que, parallèlement, on inaugure à Bruxelles un monument en l’honneur de l’écrivain Hubert Krains qui, dans les Portraits d’Écrivains belges, avait consacré une analyse particulièrement fine à l’œuvre de Van Lerberghe.

Dans les milieux littéraires, en effet, la qualité de la poésie écrite en français par ce Gantois n’a échappé à personne. On loue sa liberté d’expression, l’absence d’influences sur son style et sur une production qui a réussi à éviter les modes. L’indépendance du poète lui a vraisemblablement coûté une audience plus grande de son vivant, mais il ne la recherchait pas. L’isolement dont il bénéficia lors de ses nombreux séjours aux portes de Bouillon correspondait parfaitement à son état d’esprit. Orphelin à ses 10 ans et de santé fragile, Van Lerberghe est élevé par un tuteur, oncle de Maurice Maeterlinck ; à ce duo d’adolescents se joint Grégoire Le Roy durant leurs humanités à Gand et l’on comprend aisément comment Van Lerberghe va cultiver la langue française avec délectation. S’il s’essaye à la philosophie à l’Université de Gand, la poésie devient son quotidien. Moins connu que ses anciens condisciples, il se fait plus rare : Les Flaireurs paraît en 1889, Entrevisions en 1898, avant qu’il ne parvienne pas enfin à achever La Chanson d’Ève (1904) qu’il portait en lui depuis longtemps. Mockel rapporte avoir partagé la lente maturation de la dernière œuvre de « son frère en poésie ». Les premiers vers sont écrits avant un voyage en Italie (vers 1900) ; une brève idylle avec une jeune Américaine inspire le poète qui découvre le paradis d’Eve dans un joli coin de Toscane (1901). Pourtant, c’est revenu à Bouillon que le poète laisse courir sa plume sur le papier, produisant d’un seul coup plusieurs milliers de vers sans contrainte. « Ici naquit le chef d’œuvre qui nous rassemble et dont l’esprit est parmi nous, dira Albert Mockel lors de son discours à Bouillon, le 14 juin 1936. Ce lieu nous est sacré. Que notre admiration y dépose les plus nobles palmes ». S’il ne pouvait « travailler que dans un beau trou comme Bouillon » comme il le disait lui-même, le poète gantois ne laisse jamais identifier les sources de son inspiration : aucune allusion directe à Bouillon, à la Semois ou à l’Ardenne ne figure dans son œuvre. Dans sa quête amoureuse, c’est aussi sous la forme de la rêverie que l’écriture évite la narration pour suggérer et exprimer une certaine souffrance.

Face au refus du propriétaire de la maison où avait logé le poète, le bloc de granit ne fut installé ni devant ni dans le petit espace latéral de la pension où fut composée La Chanson d’Eve. Certes, le titre de l’ouvrage figure aujourd’hui, bien visible, sur la façade du n°17, mais le monument a été installé cent mètres plus haut, le long de la chaussée devant les rochers. En 2007, à l’occasion du centenaire de la disparition du poète, la pierre de la Vieille route de France a été nettoyée à l’initiative des autorités locales de Bouillon. Sur le bloc en granit de 1936, l’inscription indique :

LE POETE
CHARLES VAN LERBERGHE
COMPOSA ICI
LA CHANSON D’EVE

SOCIETE DES
ECRIVAINS ARDENNAIS
1936.

Par ailleurs, une autre mention du séjour de Charles Van Lerberghe se retrouve dans le nom donné à un square situé en bord de Semois, sur le quai Vauban. Pendant de nombreuses années, la plaque en l’honneur du poète resta quelque peu perdue, à quatre mètres du sol, le temps faisant son œuvre au point de la rendre à peine lisible. En 2008, le lettrage a été redoré et la plaque en schiste du square Van Lerberghe a été replacée sur un rocher de l’ancienne plaine de jeux, entre le tunnel et le pont de Cordemois. Son inauguration a eu lieu le 14 septembre :

SQUARE
CHARLES VAN LERBERGHE
POETE AYANT SEJOURNE
A BOUILLON
DE 1899 A 1906

Informations collectées auprès de la propriétaire de la maison « Chanson d’Eve » (juin 2014)
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Thyrse, 1er juillet-1er août 1936, n°7-8, p. 225
La Vie wallonne, juin 1936, CXC, p. 342-344
Hubert JUIN, Charles Van Lerberghe, Paris, Seghers, 1969, coll. Poètes d’aujourd’hui
http://www.arllfb.be/bulletin/bulletinsnumerises/bulletin_1936_xv_03.pdf (s.v. juillet 2013)
http://www.servicedulivre.be/sll/fiches_auteurs/v/van-lerberghe-charles.html (s.v. juin 2014)

Monument à la mémoire de Charles Van Lerberghe – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument à la mémoire de Charles Van Lerberghe

Map

Carte : 
Adresse : 
Vieille Route de France, 6830 Bouillon
Titre alternatif : 
VAN LERBERGHE Charles
Image : 
Monument à la mémoire de Charles Van Lerberghe – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam
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