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1310

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Ernest SOLVAY

Monument Ernest Solvay, réalisé par Marcel Wolfers, circa 1923. 

« L’égalité au point de départ de la vie.
Ensuite, chacun selon sa productivité dans tous les domaines ».


Cette formule – attribuée à Ernest Solvay sans preuve formelle – s’affiche en tout cas en lettres d’or sur la partie gauche du monument érigé en l’honneur du célèbre inventeur et industriel, à deux pas de la gare de la Hulpe, et inauguré en 1923. Sur un bloc de pierre laissé en l’état brut dans sa partie gauche, un homme musclé, légèrement de dos, s’apprête à poser un chapiteau à la décoration florale au sommet d’une colonne parfaitement droite et lisse qui s’élance sur le côté droit de la pierre, ici parfaitement travaillée. La citation de Solvay apparaît sur la partie gauche du monument, dans le dos du personnage. Une version antérieure du monument (un modèle ?) faisait courir l’inscription entre les jambes du personnage sculpté, tandis que la partie gauche de la pierre apparaissait totalement brute voire burinée. Après avoir été installé près de l’entrée de la gare de La Hulpe, le monument Solvay a été déplacé à quelques dizaines de mètres, sur la gauche, dans la partie de la pleine de jeu de l’école communale maternelle autonome, située du côté de l’avenue Ernest Solvay.
Signée par l’orfèvre bruxellois Marcel Wolfers (1886-1976), le projet remonte cependant à 1913. Commandée par les autorités de La Hulpe, une maquette en bronze (d’environ 80x80 cm) avait été réalisée et elle a été offerte le 17 septembre 1913 au couple Solvay, à l’occasion de ses noces d’or, mais aussi des 75 ans de l’industriel et des 50 ans de sa société. L’œuvre finalement réalisée en 1923 (d’environ 2 mètres sur 2) est en tout point identique à son modèle en format réduit, hormis le personnage qui est inversé. Le sculpteur n’a pas eu l’intention de représenter Solvay.

Esprit curieux, « apprenti-directeur » dans l’usine à gaz de son oncle, ce dernier a dû multiplier les expériences, dans sa jeunesse, avant de parvenir à obtenir du carbonate de soude. Conscient de l’importance de sa découverte, il a déposé un premier brevet (1861), avant de se lancer dans la mise en route du processus de la fabrication industrielle du carbonate sodique à l’ammoniaque, dans sa première usine à Couillet (1863). En 1888, le groupe Solvay atteint une production annuelle de 350.000 tonnes et en 1900, ce géant de l’industrie chimique fournit 95% de la production mondiale... Inventeur, chercheur, patron d’industrie, Solvay est aussi préoccupé par les conditions de travail de ses ouvriers et introduit très tôt des mesures sociales hardies (caisse de retraite, limitation du temps de travail,  congés payés, etc.).

La générosité de Solvay se manifeste aussi à La Hulpe où il a fait construire un château ; lors de la cérémonie organisée en 1913, le bourgmestre Bertrand présente la maquette du monument que la commune a décidé d’ériger en son honneur, manière de remercier publiquement et discrètement l’industriel d’avoir largement contribué à embellir et transformer l’entité par d’importants travaux. La mention figurant sur le bronze est explicite : « la commune de La Hulpe reconnaissante ». En raison des événements de 14-18, la réalisation du monument est reportée et ce n’est qu’en 1923 qu’il est inauguré, soit un an après la disparition d’Ernest Solvay (1838-1922).

Quant à la réplique en bronze de 1913, elle s’est retrouvée entre les mains d’un professeur d’histoire de l’Université de Gand qui l’avait achetée dans une vente publique. En 1999, l’original revient à La Hulpe qui l’expose dans la cage d’escalier de la maison communale (2e étage, près de la salle du Conseil) et rend ainsi hommage à la fois à l’industriel qui possédait son château dans la commune et à l’artiste qui finit sa vie non loin de là, à Vieusart, dans l’entité de Chaumont-Gistoux, tandis que d’autres Wolfers possédaient des terres et des cottages à La Hulpe, près de la gare. L’avenue qui porte leur nom a été échangée avec Overijse en 1963 lors de la fixation de la frontière linguistique.

Marcel Wolfers est le fils de Philippe (1858-1929) et le petit-fils de Louis (1820-1892) Wolfers, maîtres-orfèvres établis à Bruxelles depuis la fin du XIXe siècle ; ils y possèdent et gèrent les ateliers « Wolfers frères » qui emploient une centaine de personnes et qui vont se spécialiser aussi dans la joaillerie et les arts décoratifs au début du XXe siècle en s’inscrivant résolument dans le courant de l’Art nouveau. Marcel Wolfers poursuit la tradition familiale en matière d’orfèvrerie et de sculpture, dans l’ombre de l’exceptionnel talent paternel, tout en innovant et en devenant l’un des meilleurs laqueurs du monde. Sans possibilité de vérifier l’information, on affirme qu’il avait retrouvé le secret des laques bleues perdu depuis les Ming. Sculptant aussi bien la pierre que le bois, Marcel Wolfers a réalisé notamment le Chemin de croix de l’église de Marcinelle, ainsi que les monuments commémoratifs de la guerre à Louvain, Jodoigne et Woluwe-Saint-Pierre, sans oublier l’impressionnante statue du Cheval dit Wolfers, à La Hulpe. En orfèvrerie, le milieu de table Ondine, acquis en 2003 par la Fondation roi Baudouin, est une pièce exceptionnelle réalisée pour impressionner les visiteurs étrangers lors de l’Expo de 1958.

 

Sources

Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434
Marcel Wolfers. Sculpteur-Laquer, Bruxelles, 1970
Marcel Wolfers. Ondine, pour l’Expo 58, Bruxelles, Fondation roi Baudouin, 2006
Anne-Marie WIRTZ-CORDIER, Nouvelle Biographie nationale, t. III, p. 304-312
Éric MEUWISSEN, Le Soir, 12 janvier 1999 ; Guy DUPLAT, La Libre, janvier 2007
Suzette HENRION-GIELE et Janine SCHOTSMANS-WOLFERS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 616-618
La dynastie des Wolfers, maîtres de l’argent, exposition présentée au Design Museum de Gand, janvier-avril 2007
Yves VANDER CRUYSEN, Un siècle d’histoire en Brabant wallon, Bruxelles, Racine, 2007, p. 45-46
Informations communiquées par M. Jacques Stasser, Président du Cercle d’histoire de La Hulpe (22 février 2014) 
Moissons d’Histoire, La Hulpe, Cercle d’histoire de La Hulpe,  p. 432

Avenue Ernest Solvay 
1310 La Hulpe

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Paul Delforge

Papeteries du Grand Étang à La Hulpe

Aujourd’hui reconverties en bureaux, les anciennes papeteries de La Hulpe, ou du Grand Étang, trouvent leur origine en 1664. L’aile principale se dresse le long de la rue, en contrebas de l’étang. Construite en calcaire et brique blanchie, elle est constituée de trois volumes successifs couverts d’ardoises érigés entre la seconde moitié du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle. 

C’est à cette période que l’activité souffre des conséquences des diverses révolutions qui entraînent alors une dépression économique. Le 4 février 1803, le banquier d’origine irlandaise Daniel-Patrice Hennessy achète la manufacture en vente publique. Il renouvelle le matériel et transforme la papeterie en une usine moderne et performante. La fabrique est alors activée par moulins à eau et est divisée en deux parties autonomes, qui fabriquent du papier blanc pour l’une, et du papier bleu pour l’autre. Sous l’Empire, la plus grande partie de la production est envoyée en France afin d’approvisionner l’imprimerie impériale de Paris.

1310 La Hulpe

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Domaine de Nysdam

Ce domaine, voisin de celui de Solvay, se situe sur la rive droite de l’Argentine. Bien plus ancien que ce dernier, le domaine de Nysdam est séparé de la forêt de Soignes dès la première moitié du XIVe siècle et transmis en 1335 à un fils bâtard du duc de Brabant. Dès cette époque, des étangs sont aménagés au départ d’un marais et exploités dès 1343 par le prieuré de Groenendael. Plusieurs fois reconstruit, le logis médiéval, érigé au milieu d’un plan d’eau, a été successivement transformé en demeure de plaisance, rebâtie en 1809 en bordure de ce plan d’eau avant d’être remplacée en 1875 par un château implanté sur le versant. 

Abandonné depuis les années 1960, le domaine s’est rapidement dégradé, tout comme le bâtiment. En 1989, 58 ha sont rachetés par une société pour établir des bureaux à l’emplacement du château avec l’obligation de confier à un organisme de conservation de la nature la gestion de 45 ha du parc, créant ainsi la plus grande réserve naturelle du Brabant wallon.

1310 La Hulpe

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Classé comme site le 13 janvier 1977 
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant - SPW

Domaine Solvay

Tirant ses origines de la forêt de Soignes, le domaine Solvay est acquis en 1893 par l’industriel Ernest Solvay qui se contente de réaménager le château construit par son prédécesseur. Si le bâtiment acquiert sa physionomie actuelle grâce à l’intervention du fils d’Ernest, Armand, c’est le fils de ce dernier, Ernest-John, qui a aménagé le parc en en faisant l’écrin remarquable d’essences rares, de plantes délicates et d’animaux. Ouvert au public en permanence, le domaine abrite également la Fondation Folon.

 

Domaine Solvay - Guy Focant © SPW

Chaussée de Bruxelles
1310 La Hulpe

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Classé comme site le 10 juin 1963
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon