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6870

Monument Pierre-Joseph REDOUTE

Monument-fontaine à la mémoire de Pierre-Joseph Redouté, réalisé par le sculpteur Victor Van Hove et l’architecte Dumont, 1860.
 
Situé en face de l’Hôtel de Ville, un monument élevé par la commune de Saint-Hubert à la gloire du peintre Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) rappelle que le célèbre « Raphaël des fleurs » est natif de l’entité, comme l’ensemble de sa famille. Construit sur les plans de l’architecte bruxellois Dumont dans au tournant des années 1850-1860, il se présente sous la forme d’une large fontaine surmontée d’un buste en bronze réalisé par le sculpteur Victor Van Hove (1826-1891).

Le projet d’un tel monument avait été décidé par le conseil communal de Saint-Hubert en juillet 1845. Quelques années sont nécessaires pour achever l’ensemble qui prend place sur l’ancienne maison communale, rasée en 1854. Aménagé en plan circulaire, le large bassin est édifié en pierres de taille bleues scellées avec du plomb, le tout supporté par des consoles à volutes. Quatre volumes rectangulaires équidistants accueillent autant de sphinx. Séparant la vasque en quatre, ils semblent veiller sur la quiétude du héros local. Au cœur du bassin, en effet, une colonne massive à panneaux avec base à paliers et pans coupés est surmontée du buste en bronze représentant Redouté. Sur chaque pan coupé, une croix est taillée en relief et sur chaque face de la colonne, un mascaron à tête de lion laisse s’échapper l’eau. Quant à la partie supérieure de la colonne, entre le bronze et le socle, ont été gravés dans la pierre des références au métier du peintre : dans une série d’entrelacs, apparaissent en effet une palette de couleurs et ses pinceaux. Sur la partie avant, une plaque de fonte mentionne :

« P. J. Redouté
peintre de fleurs
à la cour de France
1759-1840 ».

Peintre et décorateur de l’abbaye de Saint-Hubert, le père de Pierre-Joseph Redouté avait envoyé son fils à Paris pour se former et y développer le talent naturel qu’il a décelé. Il y perfectionne la technique de l’aquarelle et excelle dans la reproduction des fleurs en général, des roses en particulier. De sa rencontre avec le botaniste Charles-Louis L’Héritier de Brutelle (1746-1800), Redouté apprend beaucoup de sa science et restitue ainsi la nature avec une plus grande exactitude encore. Quant à Gérard Van Spaëndonck (1746-1822), professeur de peinture de fleurs au Jardin du Roi et directeur de la Collection des Vélins, il enseigne au jeune wallon les raffinements de l’aquarelle et une nouvelle technique de gravure, l’eau-forte au pointillé, que Redouté amène à un très haut niveau de perfection. S’appuyant sur un nouveau procédé de gravures en couleurs qu’il a mis au point dès 1796, « le Raphaël des fleurs » édite des milliers de planches, estampes, gravures, lithographies, etc. Il accepte aussi d’être le professeur de dessin de plusieurs personnalités parisiennes de l’époque qui lui assurent leur protection.

C’est donc un illustre prédécesseur que Victor Van Hove reçoit mission de représenter. Formé à l’Académie de Bruxelles par Louis Jehotte (1846-1851), le jeune artiste a quitté Renaix pour se consacrer exclusivement à la sculpture, perfectionnant ses méthodes auprès d’Eugène Simonis en cours privés (1850-1851). La reconnaissance ne se fait pas attendre. Exposé aux Salons de Paris où il tente de s’installer, il revient à Bruxelles où des commandes officielles l’attendent. En 1855, un Esclave nègre après la bastonnade est particulièrement remarqué tant à Bruxelles qu’à Paris où il reçoit une médaille d’or. C’est à cette époque de bonne inspiration qu’il réalise le buste colossal en plâtre représentant P-J. Redouté. Achevé en 1857, il sera fondu avant d’être inauguré vers 1860 sur la place du Marché de Saint-Hubert. Par la suite, les œuvres d’inspiration de Van Hove continuent d’être admirées, mais, pour vivre de sa sculpture, il recherche des commandes publiques qui sont fort disputées. Par conséquent, il doit se résoudre à délaisser la sculpture pour la peinture, domaine dans lequel le succès lui assure une plus grande aisance.

Sources

Marylène LAFFINEUR-CREPIN, « Le Raphaël des fleurs : Pierre-Joseph Redouté », dans Jacques STIENNON, Jean-Patrick DUCHESNE, Yves RANDAXHE (dir.), De Roger de le Pasture à Paul Delvaux. Cinq siècles de peinture en Wallonie, Éditions Lefebvre & Gillet, Les Éditeurs d’Art Associés, Art & Fact, 1988, p. 144
Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Luc COURTOIS (dir.), Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 2011, p. 385-386
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 593-595
 

Monument-fontaine Pierre-Joseph Redouté

 

Place du Marché 
6870 Saint-Hubert

carte

Paul Delforge

SPW - G. Focant 

Ancien palais abbatial de Saint-Hubert

C’est à l’initiative de Pépin II de Herstal et de son épouse qu’est fondée l’abbaye. Suite à une période trouble, l’évêque Walcaud entreprend le développement du culte de saint Lambert ainsi que l’affirmation de la présence liégeoise dans ce territoire retiré. Il installe à l’abbaye des moines bénédictins et transforme le site en un centre religieux, commercial, industriel et administratif d’importance. 

Au lendemain de la Révolution française, les moines sont expulsés et l’abbaye vendue. Ce site exceptionnel est composé de l’abbatiale Saints-Pierre-et-Paul et du quartier abbatial.

L’avancée des armées françaises en Wallonie après la victoire de Fleurus est en grande partie une promenade de santé. La conquête du duché de Luxembourg est toutefois bien plus compliquée. Le blocus de Luxembourg-Ville, entamé le 21 novembre 1794, est long et difficile.

Alors que les troupes du général Debrun font face à la forteresse, les Français sont déjà maîtres de tout l’ancien duché et ressentent la nécessité d’y organiser une administration civile comme cela était le cas dans les autres anciens "pays" conquis. Bernard Stevenotte, directeur de forge à Neupont (Wellin), est nommé commissaire civil et chargé de cette mission. La petite ville de Saint-Hubert est ainsi choisie pour abriter cette administration provisoire pour sa position avantageuse sur la route reliant Bruxelles à Luxembourg.

Les bâtiments de l’ancienne abbaye, en grande partie laissés à l’abandon, constituaient le lieu idéal pour ce genre d’affectation : les bâtiments abbatiaux sont récents, en bon état et surtout d’une superficie plus qu’agréable.

Le 9 janvier 1795, les représentants du peuple auprès des armées du Nord et de Sambre-et-Meuse arrêtent que "l’administration d’arrondissement de la ci-devant province de Luxembourg, dont le chef-lieu est provisoirement fixé à Saint-Hubert, sera composée de neuf membres et d’un agent national".

L’administration est officiellement installée le 31 janvier suivant. La capitulation de la place forte de Luxembourg quelques mois plus tard met fin au statut de préfecture provisoire de Saint-Hubert. Le 16 juin 1795, les services sont transférés à Luxembourg et les bâtiments abbatiaux à nouveau vidés de leurs occupants.

Le sort de la ville évolue encore : après avoir été le siège d’une administration d’arrondissement provisoire du département des Forêts, Saint-Hubert et sa région sont annexés au département de Sambre-et-Meuse et dépendent dès lors de la préfecture de Namur.

Les bâtiments connaissent par la suite de nouvelles affectations tout au long du régime français. L’abbaye accueille ainsi un tribunal de police correctionnelle puis un tribunal civil de 1ère instance ainsi qu’une sous-préfecture du département de Sambre-et-Meuse en 1800. C’est à cet endroit également que se trouvent les bureaux de l’inspectorat des bois et des forêts. Enfin, l’ancien hôpital abbatial est pour sa part transformé en gendarmerie.

Le quartier abbatial, dénommé aujourd’hui palais abbatial, appartient, tout comme les communs, à l’État et abrite, entre autres, un de ses dépôts d’archives. Conçu dans la première moitié du XVIIIe siècle selon un plan en U, il dénote une influence française, conséquence d’un effet de mode mais également de l’attachement à la couronne et au roi, un des protecteurs de l’abbaye. 

L’édifice enserre ainsi une cour fermée par une grille, remplacée aujourd’hui par un exemple moderne. La polychromie de cette dernière renvoie à celle de l’édifice en briques peintes et pierres et marbres de pays et en particulier au tympan  du fronton qui domine la façade principale. Cette polychromie se retrouve à l’intérieur au niveau des pavements mais également, à l’origine, sur la rampe en fer forgé de l’escalier d’honneur.

Place de l'Abbaye 12
6870 Saint-Hubert

carte

Classé comme monument et site le 4 juillet 1990 et comme monument le 24 janvier 2001 (tour-porche)
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

G. Focant-SPW

Basilique des Saints-Pierre-et-Paul

Saint-Hubert se développe dès l’an mil autour de l’abbaye qui, encore aujourd’hui, caractérise la localité. Au Moyen Âge et à l’Époque moderne, l’abbaye est sans nul doute un des plus importants établissements monastiques du diocèse de Liège. Sa gloire et sa popularité sont sans conteste liés à la présence des reliques du saint, évêque de Tongres-Maastricht et à l’existence d’un pèlerinage de renom. Située sur les terres du duché de Luxembourg, l’abbaye se rapproche des souverains à l’aube de l’Époque moderne. En 1451, l’abbé Nicolas Ier de Vervoz assiste à la séance des États qui reconnaissent Philippe le Bon comme duc de Luxembourg et admettent ainsi la dépendance de Saint-Hubert aux Pays-Bas bourguignons, au moment où le prince-évêque de Liège revendique encore sa souveraineté sur les terres abbatiales. 

En 1509, Érard de la Marck interdit à l’abbé Nicolas III de Malaise de siéger à Luxembourg. À partir du XVIIe siècle, les abbés deviennent francophiles ; en 1718, l’abbé Clément Lefebvre refuse d’assister à la reconnaissance de l’empereur d’Autriche comme duc de Luxembourg. Entre 1744 et 1748, l’abbé Célestin de Jong se réfugie à Sedan au cours de la guerre opposant Français et Autrichiens. Il faut attendre l’abbatiat de Nicolas Spirlet (1760-1794) pour que se renversent les alliances : Saint-Hubert est à nouveau proche des cours de Bruxelles et de Vienne.

Fondée au VIIIe siècle, l’abbaye accueillit en 825 les reliques de saint Hubert, évêque de Liège (†727), qui fut, dès lors, considéré comme l’apôtre de l’Ardenne. Invoqué pour guérir la rage, le saint fut à l’origine d’un important pèlerinage. Plusieurs églises abbatiales se sont succédé Saint-Hubert et l’édifice actuel, élevé au rang de basilique en 1927, compte cinq nefs, un déambulatoire et plusieurs chapelles.

Si la crypte et les tours datent des XIe et XIIIe siècles, l’intérieur a été construit entre 1525 et 1564 en pur style gothique. La façade baroque est du début du XVIIIe siècle, ainsi que l’élégant palais abbatial. Actuellement, il abrite le Service des Archives de l’État et la  Direction des Affaires culturelles de la Province.

L’ancienne église abbatiale, promue basilique en 1927, est un édifice d’origine romane détruit par un incendie en 1525 et reconstruit ensuite en style gothique entre 1525 et 1567. L’imposant sanctuaire de 90,5 m de long a englobé des éléments médiévaux tels la tour ou la crypte et a été embelli d’une haute façade-écran de style classique entre 1700 et 1702. Parmi la riche décoration intérieure, un élément retient ici l’attention : le chapiteau du 5e pilier sud est décoré de l’aigle bicéphale et de la couronne espagnole, témoin de la reconstruction de l’abbatiale sous les règnes de Charles Quint et Philippe II. Le monastère se place ainsi sous la protection directe de l’empereur dans le conflit qui opposait l’abbé de Saint-Hubert au prince-évêque Érard de la Marck au début du XVIe siècle. Un autre aigle, cette fois dépourvu de couronne, est présent sur la colonne maîtresse se trouvant derrière l’autel dédié à sainte Agathe, datant lui aussi de la première moitié du XVIe siècle.

La basilique compte également plusieurs monuments funéraires, le plus souvent d’abbés. Parmi ceux-ci, la dalle de Jean-Bernard Wervy retient notre attention. Cette dalle de calcaire noir veiné de blanc, réalisée en 1726 dans un style rococo comporte une inscription faisant référence aux fonctions du défunt : « Cy git Jean Bernard de Wervy, escuyer vivant seigneur de Bourdon, Habaye, Marene et autres lieux dans la province de Luxembourg (…) ». Les motifs végétaux du haut de la composition encadraient autrefois un blason. 

Le hameau de Saint-Michel, non loin de là, conserve pour sa part une trace liée à la couronne autrichienne. La porte de la maison dite de l’abbé de Saint-Hubert est décorée d’un blason à l’aigle daté de 1771. L’édifice fait partie de l’important domaine du Fourneau Saint-Michel, édifié la même année par Dom Nicolas Spirlet, dernier abbé de Saint-Hubert.

Place de l'Abbaye
6870 Saint-Hubert

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Classée comme monument le 22 février 1938
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

La fête de la Saint-Hubert

Fête de la Saint-Hubert © J.-L. Mertens

La Fête de la Saint-Hubert se déroule à Saint-Hubert même, mais également dans de nombreuses autres localités, par exemple à Dinant, La Roche-en-Ardenne, Lasnes et Villers-la-Ville. Saint Hubert était évêque de Liège et est mort en 727. Une centaine d’années plus tard, ses reliques étaient réputées guérir la rage ; pour ce faire, on introduisait, par exemple, des fragments minuscules de l’étole du saint sous la peau du malade. Depuis le IXe siècle, saint Hubert est également invoqué pour le succès des chasseurs et la protection des chiens et des chevaux. Tous les ans, le dimanche du premier week-end de novembre, une messe en son honneur est célébrée à Saint-Hubert. 

A la sortie de la messe, une bénédiction de pains et une imposition de la relique ont lieu, suivis par la bénédiction des animaux devant la Basilique. On bénit non seulement les chevaux et les chiens, mais aussi d’autres animaux domestiques et même les peluches des enfants. Si la messe et la bénédiction se trouvent au centre des festivités, il y a d’autres animations à partir de 9 heures : des groupes folkloriques, un marché artisanal, des sonneries de trompes de chasse, des rassemblements de cavaliers, de chasseurs, de Compagnons de saint Hubert, des lanceurs de drapeaux, etc.

Fête de la Saint-Hubert © J.-L. Mertens

Le premier week-end de novembre

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Musée international du Carnaval et du Masque, Emilie Botteldoorn et Sabine Maüseler, mai 2013