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6640

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Jeanne d’Arc

Statue de Jeanne d’Arc, réalisée par Ernest Toussaint, 1921.
 

Au centre du village de Sibret (commune de Vaux-sur-Sûre depuis la fusion de 1976), sur une petite place arborée, une statue de Jeanne d’Arc surmonte un monument aux morts des deux guerres. Cependant, il semblerait que la Jeanne d’Arc de Sibret soit antérieure à la Grande Guerre, car la statue ressemble aux modèles des années 1890 réalisés par le sculpteur Ernest Toussaint (1845-1911) pour le compte de l’Union artistique de Vaucouleurs. Cette société située dans la Meuse est spécialisée dans les objets en fonte religieux, qu’elle produit et reproduit en très grands nombres. La Jeanne d’Arc de Sibret une vierge guerrière en armure – ceinturon, épée, cotte de mailles, genouillères, etc. –, debout, tenant l’étendard de sa main gauche, tandis que la droite est posée sur son cœur. Des fleurs de lys apparaissent clairement sur le drapeau. À l’arrière de sa jambe droite est posé son casque.


Née vers 1412, celle qui allait devenir « la pucelle d’Orléans » avait déclaré avoir eu des visions de saints lui enjoignant de bouter les Anglais hors de France et d’emmener le Dauphin à Reims pour son couronnement. C’est à Vaucouleurs qu’elle demande un commandement de garnison durant la fameuse Guerre de Cent Ans. Après sa capture à Compiègne (1430), elle est mise sur le bûcher à Rouen, l’année suivante.


Après la guerre franco-prussienne de 1870 et la défaite française, de nombreuses statues de Jeanne d’Arc sont érigées dans les villes et villages français. Employé par une société spécialisée dans les articles catholiques, Ernest Toussaint (1845-1911) réalise plusieurs modèles de Jeanne d’Arc dont celles qui est offerte à Sibret paraît correspondre à la « Jeanne d’Arc au sacre », modèle n°87 de 1895. Sculpteur sur pierre, originaire de Donjeux, en Haute-Marne, Toussaint a nourri de ses productions pendant des années le petit patrimoine de la région Lorraine-Champagne. Cette Jeanne d’Arc, la seule en Wallonie avec celle de Soye, a traversé la frontière en signe d’amitié entre le département de la Meuse et la région de Sibret. Tout indique que cette « Jeanne d’Arc » a pris place sur le monument aux morts de 14-18 inauguré en 1921, mais nos recherches n’ont pas permis de savoir si la statue de l’héroïne française siégeait déjà dans le village de Sibret avant 1914. Le socle inauguré en 1921 est un granit réalisé par la société Nizet Frères de Bastogne.

 

Sources


(Adulphe-)Ernest Toussaint (1845-1911), Sculpteur à Donjeux, Langres, éditions Dominique Guéniot, Langres, 2006
http://www.e-monumen.net/index.php?option=com_monumen&monumenTask=monumenDetails&monumenId=11886&Itemid=19

rue du Centre 

6640 Sibret

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste GOSSEC François-Joseph

Buste de Joseph-François Gossec sur une fontaine ; 9 septembre 1877
Réalisé par Pierre-Joseph Feyens.


Située au centre du petit village de Vergnies, une fontaine publique en pierre est surmontée par le buste en bronze d’un enfant du pays qui s’est rendu célèbre à Paris. Né à Vergnies, François-Joseph Gossec (1734-1829) a en effet inscrit son nom dans l’histoire de la musique française du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Enfant de chœur de grand talent qui joue aussi du violon, il a été incité à poursuivre sa jeune carrière à Paris : violoniste d’abord (1751), directeur d’orchestre ensuite (1758), il compose en 1760 la Grande Messe des morts (Missa pro defunctis) qui assure sa notoriété. Les symphonies qu’il compose ensuite, de même que ses opéras ou ses diverses fonctions de direction musicale lui valent d’être nommé Directeur de la nouvelle École royale de Chant et de Déclamation (1784). Lors des événements de 1789, Fr-J. Gossec devient un ardent propagandiste des idées nouvelles et s’impose comme « musicien officiel de la Révolution » : en 1792, il contribue à la première orchestration de La Marseillaise et répond à de nombreuses commandes des autorités françaises. Parfois considéré comme l’inventeur de la musique démocratique et comme le fondateur de l’art choral populaire, il a contribué à l’installation du Conservatoire national de Musique de Paris qu’il dirige après y avoir enseigné. Inhumé au cimetière du Père-Lachaise, il repose près de la tombe de son ami Grétry.
Une telle figure ne pouvait rester ignorée dans son village natal. Un Comité est mis en place à la fin des années 1870, au sein duquel Clément Lyon joue le rôle d’animateur. C’est le vicomte Van Lempoel qui offre le monument à la commune de Vergnies comme l’indique l’inscription située à l’arrière du socle :

MONUMENT
Offert à la Commune
par
Monsieur le Vicomte Van Lempoel
SON BOURGMESTRE
ANCIEN SENATEUR

INAUGURÉ
LE 9 SEPTEMBRE
1877

Buste-fontaine de Joseph-François Gossec



C’est le sculpteur Pierre-Joseph Feyens (1787 ou 1789-1854) qui signe le buste de Gossec, mais il n’est pas l’auteur de la fontaine. Originaire de Turnhout, formé à l’Académie d’Anvers avant de rejoindre celle de Bruxelles où il reçoit l’enseignement de Godecharle, P-J. Feyens s’est très vite orienté vers la réalisation de bustes et a récolté ses premières récompenses. Alternant les genres et les sujets, il ne trouve pas à s’épanouir à Bruxelles et part pour Paris où il séjourne pendant près de quinze ans (1819-1833). Il répond à des commandes officielles (notamment sur l’Arc de Triomphe) sans rencontrer le succès espéré. De retour à Bru

xelles désargenté, il survit tant bien que mal, réalisant des œuvres d’inspiration mythologique ou religieuse. En 1845, il signe notamment le buste de Gossec ; un exemplaire se trouve au Palais des Académies à Bruxelles, tandis qu’un autre, en bronze, couronne la fontaine publique de Vergnies.
L’inauguration du monument fut marquée par des circonstances non souhaitées par les organisateurs. Certes la foule était nombreuse et les fanfares locales avaient fait le déplacement ; mais les représentants officiels des Conservatoires de Bruxelles et de Paris brillèrent par leur absence. D’autre part, les représentants du gouvernement n’étaient pas invités dans la  mesure où ils n’avaient accordé aucun subside au Comité Gossec. Enfin, les conditions climatiques ne laissèrent pas les discours se terminer. Un orage dispersa tous les participants et la fête populaire en fut affectée. Depuis lors, quel que soit le temps, le mémorial entretient le souvenir du musicien dans son village natal. En 1989, Gossec servit de prétexte à une commémoration spéciale du bicentenaire de la Révolution par les autorités locales.





Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 1999, p. 285-300
Walter THIBAUT, François-Joseph Gossec, Charleroi, Institut Destrée, 1970, coll. Figures de Wallonie
Alain JACOBS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 395-396
La Vie wallonne, II, 1955, n°270, p. 101-102
Joseph HARDY, Chroniques carolorégiennes inspirées des écrits de Clément Lyon, Charleroi, éditions Collins, (circa 1944), p. 53-56
André WILLIOT PARMENTIER, Le Citoyen Gossec. Héraut wallon de la Révolution française, (préface de Valmy Féaux), Charleroi, éd. Bonivert, 1990
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 568

place et rue Gossec
6640 Vergnies

carte

Paul Delforge