Verviers

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4800

CHAPUIS Grégoire-Joseph

Statue à la mémoire de Grégoire-Joseph Chapuis
Verviers – place du Martyr ; 10 octobre 1880.
Réalisée par Joseph-Antoine Van den Kerkhove dit Nelson

Lors de la seconde restauration autrichienne et du rétablissement du prince-évêque de Liège François-Antoine de Méan (mars 1793), Grégoire-Joseph Chapuis (1761-1794) ne se méfie pas des risques de rétorsion qui pèsent sur tous ceux qui ont pris une part active aux événements révolutionnaires récents. Maître en chirurgie, accoucheur juré (1787), cofondateur d’une Société patriotique et humaine (1790), Chapuis a porté une réelle attention aux plus défavorisés et s’est fait un propagandiste actif des idées nouvelles. Expliquant les Droits de l’Homme et l’évolution des événements, lors de réunions publiques du printemps à l’automne 1790, il n’accepte de participer à l’administration de sa cité que sous le régime de liberté instauré par Dumouriez. Conseiller municipal élu (janvier-mars 1793), membre du Comité de Surveillance instauré à Verviers, c’est en tant qu’officier municipal qu’il est amené à signer un contrat civil (et non un mariage civil), sans qu’il faille y voir le défenseur acharné du pouvoir civil que d’aucuns ont décrit. Confiant dans la promesse d’amnistie annoncée par le prince-évêque, Chapuis vient de reprendre ses activités professionnelles quand il est arrêté fin mars 1793, emprisonné à Verviers avant d’être transféré à Liège. Après un long procès, il est condamné à mort, le 30 décembre. Le 2 janvier 1794, il est décapité au sabre damas, sur la place du Sablon, à Verviers.

En dépit de la portée de l’événement et d’un hommage rendu dès l’arrivée définitive des révolutionnaires français (à partir de 1795), l’exécution capitale de Chapuis paraît s’évanouir dans l’oubli du temps quand son souvenir est ranimé par une série de publications (biographies et pièce de théâtre), puis surtout à partir des années 1870. En quête de références marquantes, les milieux libéraux locaux voient en lui un « Saint-Just verviétois », Un Docteur martyr, ainsi que l’écrit Thil Lorrain. Composé d’industriels et d’intellectuels locaux (Ernest Gillon, Pierre Grosfils, Thil Lorrain, Henri Pirenne père), un Comité spécial formé par le Comité des Soirées populaires se met en place pour organiser un concours littéraire et surtout plusieurs manifestations et souscriptions pour réunir les fonds nécessaires à l’élévation d’un monument. L’idée avait déjà été évoquée en 1837, mais le conseil communal ne l’avait pas retenue.

En septembre 1875, les autorités de Verviers renomment la place des Récollets, où l’exécution avait eu lieu en 1794, et en font la place du Martyr, manifestant ainsi un soutien explicite à l’initiative privée. Le sculpteur qui est choisi est le bruxellois Joseph-Antoine Van den Kerkhove (1848 ou 1849- date de décès inconnue), dit Nelson. Fils d’Augustin Van den Kerkhove dit Saïbas, (Joseph)-Antoine est né dans une famille de sculpteurs anversoise venue s’établir à Bruxelles. Après la statue de Chapuis, il signe en 1884 deux bas-reliefs du Palais provincial de Liège (l’épisode dit du duel de la place Verte (bataille entre Awans et Waroux en 1298) et l’assassinat de Sébastien Laruelle). Actif à Paris entre 1890 et 1910, il travaille le bronze ainsi bien que le marbre ou la pierre ; occupé sur plusieurs chantiers de décoration d’édifices publics, il réalise, d’initiative, de petits objets de décoration et de fantaisie.

Mais revenons à Chapuis. Le 7 août 1880, la première pierre du socle « verviétois » est officiellement posée et, le 10 octobre, le monument érigé en mémoire de Chapuis est tout aussi officiellement inauguré par le bourgmestre libéral Ortmans-Hauzeur. Le chantier n’a pas traîné car la manifestation – prestigieuse – devait correspondre à la date du 50e anniversaire de l’indépendance de la Belgique.

Le monument comprend un socle de 4 mètres de haut en pierre bleue d’Écaussinnes et la statue en bronze fait la même taille. Présenté debout, la tête levée vers l’avenir, le personnage se tient droit, les jambes légèrement écartées, laissant apparaître la lame qui eut raison de lui. Derrière la hache (même si, en fait, il s’agissait d’un sabre) et les jambes de Chapuis, le billot est représenté ostensiblement. En costume bourgeois, Chapuis porte les insignes du pouvoir républicain comme l’écharpe mayorale, et tient dans sa main gauche un parchemin, symbole du Mariage civil (l’inscription se lit difficilement).
En l’absence de toute représentation du visage de Chapuis, on prétend que ses traits ont été empruntés à Armand Wéber (dont on admettait la ressemblance, peut-être parce qu’il était son petit-neveu) ; d’autres prétendent que ce sont davantage des expressions de sa physionomie qu’imite la statue. Sur les quatre faces du socle, autant d’inscriptions dévoilent le personnage, ainsi que les motivations et les valeurs (libérales, voire anticléricales) que défendent ceux qui l’honorent. Grégoire-Joseph Chapuis est présenté comme :

« G.J. Chapuis
ses concitoyens
1880 ». (face avant)

« 12 avril 1761
2 janvier 1794 ». (face arrière)

« Éducateur
et
bienfaiteur
du
Peuple » (à droite)

« Mort
pour l’Indépendance
du pouvoir civil » (à gauche)

Sur le rebord du socle en bronze apparaissent la signature du sculpteur – Jos. Ant. VD « Nelson » – et le nom de la Fonderie nationale
En pleine querelle scolaire (le gouvernement libéral de Frère-Orban venait de rompre les relations diplomatiques de la Belgique avec le Vatican), les libéraux verviétois détiennent un héroïque prédécesseur, dévoué à l’éducation populaire. Entre libéraux, catholiques et bientôt socialistes, la mémoire de Chapuis ne va pas cesser de susciter des réappropriations symboliques. Sans entrer dans le détail de ces enjeux mémoriels, citons simplement le fait qu’en 1984 la section de Wallonie libre – Verviers a choisi le monument Chapuis pour célébrer ses 40 ans d’existence, et rappeler qu’elle partageait « le même goût de la liberté » que le martyr, sans doute aussi parce qu’il fut condamné pour avoir voté le rattachement du Marquisat de Franchimont à la France...

Paul BERTHOLET, Grégoire Joseph Chapuis. Du mythe à la réalité. Étude critique d’épisodes de la vie de Chapuis rapportés par ses biographes, dans Bulletin de la Société verviétoise d’Archéologie et d’Histoire, Verviers, 2018, vol. 81, p. 5-277
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 585
Philippe RAXHON, La mémoire de la Révolution française. Entre Liège et Wallonie, Bruxelles, Labor, 1996, p.  118-139
Exposition « Autour de Grégoire-Joseph Chapuis », Musée des Beaux-Arts de Verviers, septembre 2015
Freddy JORIS, Mourir sur l’échafaud, Liège, Cefal, 2005, p. 18
Philippe RAXHON, La Figure de Chapuis, martyr de la révolution liégeoise dans l’historiographie belge, dans Elizabeth LIRIS, Jean-Maurice BIZIÈRE (dir.), La Révolution et la mort : actes du colloque international, Toulouse, 1991, p. 209-222
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 571-573

Statue Grégoire-Joseph Chapuis

Statue Grégoire-Joseph Chapuis

 

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place du Martyr - 4800 verviers
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CHAPUIS Grégoire-Joseph
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Statue Grégoire-Joseph Chapuis
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La maison du prince-évêque

Verviers fut en 1651 la dernière à obtenir le titre de Bonne Ville de la principauté de Liège. Elle était située sur le territoire du marquisat de Franchimont, possession liégeoise. Nous choisissons toutefois d’évoquer ici le bâtiment qui, comme le précédent, servait de résidence au chef de l’État lorsqu’il se rendait sur ses terres verviétoises. La maison du prince, très belle construction de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle malheureusement en très mauvais état aujourd’hui, présente un rez-de-chaussée en moellons de grès et un seul étage en pans-de-bois, en encorbellement. À gauche de l’édifice, l’annexe de la maison du prince constitue la résidence formelle du prince-évêque. En avancée sur le logis principal, il s’agit d’une construction basse dont l’unique niveau a conservé le revêtement de zinc et les encadrements en bois destinés à la moderniser au début du XXe siècle. Selon toute vraisemblance, des pans-de-bois devraient se trouver encore en-dessous de cette intervention contemporaine. En qualité de marquis de Franchimont, le prince-évêque de Liège possédait donc ce type d’établissement dans la ville d’importance du marquisat. Vraisemblablement, chaque prince-évêque de Liège a pu séjourner à Verviers, tout du moins à partir du règne d’Ernest de Bavière (1581-1612). L’entretien de la demeure était confié au tenant du fief du moulin banal de Verviers, situé à côté de la demeure mais ayant pour sa part été détruit lors d’un incendie en 1925.

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La maison du prince-évêque
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Le musée d’archéologie et de folklore de Verviers

Le musée d’archéologie et de folklore de Verviers est installé dans l’ancienne maison Cornet, une belle bâtisse de trois niveaux de style Louis XV érigée en 1757 par le bourgmestre de Verviers. Parmi les riches collections du musée figurent plusieurs souvenirs du général de brigade Henri-Antoine Jardon, tué au combat de Négrelos au Portugal le 25 mars 1809. Outre des portraits, armes et souvenirs personnels, on trouve également l’uniforme du militaire. Né à Verviers en 1768, il s’intéresse très tôt à la chose militaire. Il prend part aux événements de 1789 en tant que sous-lieutenant et combat les troupes du cercle de l’Empire. En 1790, il se réfugie en France après l’invasion de la Belgique par les Autrichiens et prend du service dans la légion liégeoise en 1792. Il fait ainsi partie des volontaires au service de la jeune République française et est rapidement nommé capitaine. Devenu général de brigade, il intègre l’armée du Nord pendant les campagnes de 1794 et commande ensuite le département de la Dyle. En 1808, il suit l’empereur en Espagne et prend part à la campagne du Portugal l’année suivante. Blessé, il décède le 25 mars 1809 à São Martinho do Campo, non loin de Braga. Son nom est gravé sur l’arc de Triomphe à Paris.

Le musée compte également dans ses réserves un buste de Napoléon, autrefois situé sur la pompe du Brou, installée dans la rue du même nom. L’idée d’installer une pompe à cet endroit remonte au 17 juin 1836, époque où de nombreux admirateurs de l’empereur subsistent à Verviers. La pompe est inaugurée le 15 août 1837 et est constituée d’un socle et d’un corps de pilier massif en pierre, le tout sommé du buste de Napoléon, coulé à Verviers, dans la fonderie de MM. Houget et Teston. Entre 1848 et 1880, la section verviétoise de l’association des anciens frères d’armes de l’empire français y fête chaque année le souvenir de l’empereur. La construction en 1878 du barrage de la Gileppe eut comme conséquence de voir disparaître une à une les pompes de la ville de Verviers ; celle du Brou est démontée et revendue à la commune de Dison en 1886. Le buste de Napoléon est acquis à cette époque par Houget à titre privé ; sa famille en fait don au musée de Verviers par la suite. L’œuvre s’y trouve toujours dans les réserves.

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L’octroi du boulevard des Gérardchamps à Verviers

En juillet 1803, la municipalité de Verviers décide d’appliquer la loi du 19 mai 1802 qui lui permet d’établir un bureau public de pesage, mesurage et jaugeage, autrement dit un bureau d’octroi. L’autorisation officielle parvient à la mairie le 21 avril 1804 et le système est inauguré le 21 mai suivant. La ville conclut également un partenariat avec la municipalité toute proche de Hodimont afin de mettre la perception des taxes en commun. Sous le régime français, six bureaux d’octroi sont édifiés sur le territoire des deux communes. Le bureau central se trouve dans le couvent des Sépulcrines, qui sera ensuite transformé en collège impérial en 1807, lequel donnera son nom à la rue du Collège et dont ne subsiste aujourd’hui que la chapelle Saint-Lambert.

Actuellement, deux témoins subsistent dont un, situé dans la rue de la Grappe, a été érigé sous le régime hollandais. Le second, établi à la limite de Verviers-Centre, est un petit édifice néoclassique édifié au début du XIXe siècle. Élevé en brique peinte et calcaire, il est caractérisé par son péristyle formé de trois arcades cintrées retombant sur des colonnes et des pilastres d’ordre toscan. L’édifice, déplacé de quelques dizaines de mètres en 1969, est un bel exemple de style Empire dans nos régions.

L’octroi

Aboli le 19 février 1791 par l’Assemblée nationale, l’octroi est une taxe créée sous l’Ancien Régime dont devait s’acquitter tout qui souhaitait entrer dans les murs d’une ville. Les finances de l’État sont toutefois toujours aussi désastreuses après la Révolution et de nombreuses villes accumulent rapidement un déficit important. L’octroi est donc progressivement rétabli sous le Directoire pour subvenir aux besoins des communes, des hôpitaux et des hospices. Il est rétabli par le gouvernement par les lois des 18 octobre et 1er décembre 1798. Cette taxe locale frappe les boissons, le bétail, le bois, le fourrage et les produits alimentaires. Malgré le fait que l’octroi constitue la source principale de revenus de la municipalité, il est extrêmement impopulaire. La mesure se poursuit pendant quelques décennies et est supprimée en Belgique en 1860. En France, l’octroi ne disparaît officiellement qu’en 1948.

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octroi du boulevard des Gérardchamps à Verviers
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La cité des Grandes Rames

La cité des Grandes Rames, construite en 1808, est traditionnellement considérée comme la plus ancienne cité ouvrière d’Europe. C’est à nouveau aux familles Biolley et Simonis que l’on doit la construction de ces bâtiments où s’entasseront des générations d’ouvriers. Situés à la limite du territoire municipal, ils sont proches des usines et fabriques qui s’implantent en nombre au début de cette période prospère. Cette rapide explosion industrielle provoque rapidement des problèmes démographiques et dès lors de logement qui se posent d’ailleurs tout au long du XIXe siècle.

La construction de la première maison débute sur le site le 25 avril 1808 sous la direction de l’architecte Henri Douha. L’édifice doit être fonctionnel et bon marché, il est dénué d’ornements, d’esthétisme et de variété. Cinq autres maisons identiques sont construites par la suite et habitables dès août 1809 ; elles précèdent quatre autres habitations qui complètent l’ensemble après 1810. Mis à part les disgracieux escaliers extérieurs en béton ajoutés lors de sa restauration, le site est encore aujourd’hui l’héritier de cette époque et a conservé son aspect d’origine : dix maisons identiques et mitoyennes formant deux gros blocs parallèles. Chaque maison est élevée en brique rouge et calcaire sur quatre niveaux de cinq travées et couverte d’un long toit brisé. Chaque étage est divisé en quatre pièces organisées autour d’un couloir central. Chaque maison possède une cave, une cuisine et un grenier aménagé dans lequel sont installés, au XIXe siècle, des métiers à tisser. Chaque chambre abrite alors un ménage de quatre à six personnes pour une superficie de 23 m² ! L’eau courante n’est installée qu’en 1876 et le raccordement à l’égout en 1883…

Après avoir été désaffectés, inoccupés et menacés de démolition, les bâtiments sont vendus par le CPAS de Verviers à une société de logements sociaux en 1991 qui procède à une rénovation de l’ensemble et son aménagement en habitations. Le crucifix, les arbres et le grillage présents contre un des pignons de l’ensemble ont été classés en 1983. Les maisons sont pour leur part reprises à l’inventaire du patrimoine monumental de Belgique.

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L’ancienne usine Bettonville

Située dans le quartier industriel de Hodimont, l’ancienne usine Bettonville ou Dethier est aujourd’hui reconvertie en centre touristique de la laine et de la mode, musée de l’histoire de l’industrie textile à Verviers. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, une entreprise s’installe à cet endroit sous l’impulsion de l’industriel verviétois Pierre-Jean-Baptiste Dethier ; la propriété est agrandie par son fils en 1769 mais l’exploitation des Dethier cesse en 1813. L’usine est ensuite utilisée comme filature de coton jusqu’à sa vente en 1855 à Lambert Bettonville qui la transforme en fabrique de draps et filature de laine. L’usine cesse ses activités dans les années 1970.

Le remarquable site conservé aujourd’hui se compose du bâtiment industriel à proprement parler, de la maison de maître et de trois autres maisons de style Louis XIII, le tout disposé en forme de U. L’habitation du fabricant a été érigée en 1802 par l’architecte liégeois Beyne en style néoclassique ; elle est assez comparable à l’hôtel de Biolley édifié à la même époque. La façade compte trois niveaux de neuf travées dont les trois centrales sont surmontées d’un fronton triangulaire. La toiture est mansardée et percée de lucarnes. L’exceptionnel bâtiment industriel date de la même époque. Construit selon les plans du même architecte entre 1804 et 1806 à l’emplacement de l’ancienne usine, il fait partie du grand projet d’agrandissement opéré sous l’Empire. Édifiée sur trois niveaux, l’usine comporte deux ailes en L qui viennent s’accoler à la demeure patronale. La petite aile compte neuf travées alors que la grande aile en compte dix-sept. L’ensemble présente une succession de belles portes vitrées au rez-de-chaussée et des baies à linteau droit aux étages. Sous la corniche, la hauteur de l’édifice atteint 11 m, le tout couvert d’une toiture à la Mansart percée de lucarnes à fronton triangulaire. D’autres bâtiments se sont ajoutés à l’ensemble dans les décennies suivantes mais aucun n’a été préservé.

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ancienne usine Bettonville
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L’usine Simonis

L’ancienne usine textile Simonis est résolument un des plus beaux témoins de l’architecture industrielle du début du XIXe siècle conservé en Wallonie. Situé le long de la Vesdre, le bâtiment est le plus ancien témoin d’une époque où bon nombre de ces usines s’implantaient à cet endroit. L’entreprise, une foulerie, appartient à la famille Dauchap au XVIIIe siècle avant d’être successivement vendue à Jean-François Biolley en 1760 puis Jean-François Simonis le 23 avril 1801. Ces deux grandes familles d’industriels verviétois provoquent le déclic qui fera de Verviers une des plus importantes villes industrielles d’Europe au XIXe siècle. Dans les dernières années du siècle précédent, Biolley et Simonis désirent acheter des machines textiles anglaises mais les droits d’invention exorbitants en empêchaient l’exportation. William Cockerill enfreint cette défense et débarque avec ses deux fils sur le continent, en Russie puis en Allemagne. Il arrive à Verviers en 1799 et conclut un contrat d’exclusivité avec les familles Simonis et Biolley qui se voient réserver le monopole par le mécanicien anglais. La production explose instantanément : les machines textiles permettent en effet de remplacer deux cents bras et connaissent un important succès.

L’édifice le plus ancien des usines Simonis est érigé à la même époque, dans les premières années du XIXe siècle. De plan rectangulaire, l’usine compte sept niveaux, dont deux sous le toit, de dix-huit travées de long et trois travées de large. La façade ouest est percée au rez-de-chaussée de trois portes-fenêtres cintrées, et de baies à linteaux droits aux étages. Le long de la rue de Limbourg, la façade principale comporte des baies à linteaux droits et trois hautes portes-fenêtres à arcade en plein cintre d’une hauteur de deux niveaux à l’extrémité droite. La bâtisse, de style néoclassique, diffère des bâtiments industriels qui sont construits par la suite en Wallonie. Avant le véritable départ de la Révolution industrielle, l’architecture dans le domaine est encore très influencée par l’architecture traditionnelle régionale dont on retrouve toutes les caractéristiques ici : utilisation mêlée de brique et pierre calcaire, baies à linteaux droits, toitures mansardées la plupart du temps percées de lucarnes. L’ensemble a depuis été brillamment restauré et réaffecté en logements et constitue un bel exemple de réhabilitation d’un bâtiment industriel.

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usine Simonis de Verviers
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L’hôtel de Biolley

Parmi les grandes figures verviétoises de la fin de l’Ancien Régime figurent les membres de la famille Biolley. Raymond Biolley est le troisième de la lignée après l’installation de Jean Biolley au début du XVIIIe siècle et conduit la famille au sommet de la gloire. Pour la signifier, il désire se faire construire une demeure élégante et confie sa réalisation à l’architecte Henri Douha. De style Louis XVI et situé aux numéros 28-34 de la place Sommeleville, l’immeuble d’origine comporte neuf travées, dont trois en avant-corps légèrement en saillie, trois niveaux et une toiture à la Mansart avec deux lots de trois lucarnes et un fronton triangulaire. La composition est parfaitement symétrique bien que l’avant-corps soit traité différemment. Le premier étage est décoré de panneaux sculptés de draperies et de guirlandes. L’intérieur est lui aussi richement décoré, surtout dans les trois salons. Depuis l’époque de son édification sous le régime français, l’immeuble a subi les affres du temps. À droite est construite une annexe dont l’intégration est assez réussie bien que l’ensemble ait perdu sa symétrie. L’action des propriétaires successifs au XXe siècle est, elle, bien plus discutable. En 1932, les lucarnes, brisis et fronton sont supprimés pour transformer l’étage en appartements. En 1952, le rez-de-chaussée est défiguré à des fins commerciales : les bossages des façades disparaissent sous un enduit, les baies de l’avant-corps sont modifiées et de nouvelles ouvertures sont percées ! Un projet de réaffectation en espace muséal rendra à l’avenir son lustre d’antan à l’hôtel de Biolley en corrigeant les erreurs du siècle dernier.

Vue d’un salon intérieur de l’hôtel de Biolley © IPW Vue d’un salon intérieur de l’hôtel de Biolley © IPW

 

À quelques pas de là, le bâtiment situé au 8 de la place Sommeleville était lui aussi lié à la famille Biolley. Il appartenait à Édouard de Biolley (1799-1851), bourgmestre de Verviers, colonel de la garde civique sous le régime belge mais surtout industriel de premier plan. Construit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’édifice est toutefois profondément remodelé dans les premières années du XIXe siècle en style Empire. Cette rénovation apporte à la façade principale un balcon, un troisième étage ainsi qu’une travée supplémentaire percée d’un portail.

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hôtel de Biolley
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Vue d’un salon intérieur de l’hôtel de Biolley © IPW
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L’ancien hôtel Simonis

Actuelle maison décanale de la paroisse Saint-Remacle et maison des vicaires, l’ancien hôtel Henri Simonis compte au nombre des demeures de prestige du centre de Verviers. Cette demeure aristocratique a été érigée en 1806 et constitue encore aujourd’hui un témoin de l’importance de Verviers sur le plan industriel dès les premières années du XIXe siècle. La façade, de style néoclassique, compte trois niveaux de cinq travées, dont les deux de gauche pourraient avoir été construites ultérieurement. La dernière travée à droite est percée d’une porte cochère s’ouvrant sur un vestibule qui traverse l’édifice de part en part et permet d’accéder à la cour intérieure et le jardin, où se trouvent également les dépendances, construites quant à elles en 1727 par le propriétaire précédent. La maçonnerie de l’ouvrage est mixte et traditionnelle de nos régions : les façades alternent brique et pierre bleue. L’intérieur est lui aussi caractéristique de l’époque de son édification au temps de l’Empire ; il comporte notamment de beaux plafonds en stuc et des cheminées en marbre.

La maison est cédée en 1830 par la veuve de Henri Simonis à son neveu, l’industriel Raymond de Biolley qui l’échange en 1839 contre l’ancienne église désaffectée de la place du Marché. Le conseil de fabrique dispose ainsi depuis lors d’une résidence pour le curé-doyen.

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ancien hôtel Simonis
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L’hôtel de ville de Verviers

Construit entre 1775 et 1780, l’hôtel de ville de Verviers combine élégamment les styles Louis XV et Louis XVI. Œuvre de l’architecte liégeois Jacques-Barthélemy Renoz, il est constitué de trois volumes avec un avant-corps orné d’un fronton courbe et de la devise « Publicité, sauvegarde du peuple », datant de la Révolution de 1830 et faisant référence à la publicité des débats des élus. L’intérieur conserve une décoration remarquable. Un escalier supportant une rampe en fer forgé de style Louis XVI (1780) mène aux étages où se trouvent plusieurs pièces de grand intérêt. Parmi elles, le salon royal, décoré de figures allégoriques et éclairé de cinq grandes fenêtres auxquelles répondent cinq portes. L’hôtel de ville de Verviers est reconnu patrimoine exceptionnel de Wallonie.

Sous le régime français, l’édifice continue à jouer son rôle en abritant les services de la municipalité de Verviers. Il est même l’éphémère siège des instances judiciaires avant le transfert des tribunaux dans l’ancien couvent des Carmes dès 1796. Dans cet ancien établissement religieux sont ainsi installés un tribunal de police correctionnelle, un jury d’accusation, une justice de paix et une prison. Le couvent a été démoli dans la seconde moitié du XIXe siècle afin d’édifier à cet endroit l’actuel palais de justice.

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