La Révolution liégeoise de 1789

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 à Paris, donne l’impulsion à la révolution des Liégeois contre les représentants de l’ancien Régime. Successeur de Velbruck à la tête de la principauté (1784), Hoensbroech a fait naître contre sa personne une irrésistible opposition populaire qui se saisit du moindre prétexte pour dénoncer davantage le représentant de l’Église que celui du temporel. L’affaire des jeux de Spa avive les esprits.
 La défense des droits de l’homme est le leitmotiv des leaders démocrates liégeois de l’insurrection. Se référant à la Paix de Fexhe, aux traditions et libertés, ils contraignent le prince-évêque à la fuite, s’attèlent à la rédaction d’une constitution, après la prise de l’hôtel de ville de Liège et de la Citadelle (18 août 1789). Au nom du Cercle de Westphalie, la Prusse poste calmement 5.000 hommes de troupes dans la principauté. Des élections ont lieu dans la cité de Liège (juillet 1790) et le soutien de la France est vivement sollicité. Quand le Cercle de Westphalie fait mine de rétablir l’ordre en principauté, des troupes de volontaires prennent le dessus sur les armées de métier (Hasselt 27 mai, Genk 9 août, Visé 9 décembre). Ce sont finalement les troupes autrichiennes – qui viennent de mettre fin à la révolution brabançonne – qui imposent la restauration de l’Ancien Régime et le retour du prince-évêque (12 janvier 1791).
Quant au duché de Bouillon, petit Monaco du nord ayant accueilli des encyclopédistes en fuite (XVIIIe siècle), il prend une part active à la révolution de juillet 1789. Dès mars 1790, les Bouillonnais réunis à Paliseul décident de former une « Assemblée générale » sur le modèle de l'Assemblée nationale française.

Références
H80 ; Hahu147


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Du duché souverain à la république de Bouillon (XVe- XVIIIe siècles)

Assez éloigné de Liège, Bouillon va conserver une identité propre, avec ses lois et coutumes particulières, avec sa monnaie et ses cours souveraines et le petit duché entend se faire respecter par le prince-évêque. Le principe d’un gouverneur nommé par l’évêque pour s’occuper de son administration va permettre l’éclosion d’une famille seigneuriale importante, les La Marck (XVe siècle). Élargissant leur autonomie au moment où la principauté connaît quelques déboires intérieurs et extérieurs, les La Marck sont bien introduits à Liège et y deviennent même « envahissants ». Soutenu par le roi de France, Bouillon affirme brièvement sa totale indépendance (1552-1559), avant que le traité de Cateau-Cambrésis (1559) ne rétablisse Liège dans sa propriété.  À partir de 1594, la souveraineté de Bouillon est « transférée » à la famille de La Tour-d'Auvergne, vicomtes de Turenne.
En soutenant les ducs de Bouillon dans leurs droits face aux princes-évêques (XVIe-XVIIIe siècles), la France prend ses quartiers en Ardenne, au-delà de la frontière impériale. Pour Vauban, Bouillon constitue la « clé des Ardennes », et il n’est pas question que cette clé soit accrochée au trousseau de l’Espagne ou de l’Autriche. Malgré les protestations liégeoises (Bouillon revendique de surcroît un droit de regard sur l’abbaye de Saint-Hubert), les multiples traités qui marquent le XVIIe siècle laissent sa souveraineté au duché de Bouillon, sous l’aile militaire protectrice de la France, bien qu’il continue à relever juridiquement de l’empire germanique (1678-1795).
« Diamant enchâssé dans la crosse de Liège » dès 1096, territoire conquis par Louis XIV en 1676 puis placé dans l’écrin de la maison d’Auvergne, le duché de Bouillon éclatera en trois morceaux en 1795, emporté par la grande Révolution.

Références
HHWH59 ; VdEss06 ; VerM01 ; WPH01-236


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Bouillon en croisade (1095-1100)

Répondant à l’appel du pape Urbain II (1095), Godefroid de Bouillon abandonne tous ses biens pour partir à la croisade. Il participe à la prise de Jérusalem (1099), refuse la couronne du royaume nouvellement formé, préférant le titre de Gardien de la Saint-Sépulcre, et meurt en 1100, sans héritiers directs.
L’impact provoqué par les faits d’armes de Godefroid en Terre Sainte a certainement conduit à créer un titre de duc de Bouillon dont s’honorèrent les princes-évêques (peut-être dès le XIIIe siècle) jusqu’en 1794 (les armes de Bouillon apparaissent toujours dans le drapeau de la province de Liège comme elles l’étaient dans celui de la principauté).

Références
Duby46 ; www_cm1099


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Les biens vendus de Godefroy de Bouillon (1095)

Comme beaucoup d’autres comtés carolingiens, le comté d’Ardenne a été progressivement démembré au profit de grandes familles aristocratiques locales, souvent turbulentes et régulièrement en conflit tant avec l’empereur qu’avec leurs voisins immédiats. La limite méridionale du comté avait été fixée sur la Semois, rivière qui est aussi utilisée comme critère de séparation entre la Basse et la Haute-Lotharingie. Alleu héréditaire de la maison d’Ardenne, le château (re)construit sur le contrefort de Bouillon au XIe siècle contrôle les passages.
Ses propriétaires sont des princes importants des familles d’Ardenne-Verdun : Godefroid Ier a été choisi comme duc de Basse-Lotharingie (1013-1023) et son frère Gothelon qui lui succède (1023-1044), dispose aussi du titre sur la Haute-Lotharingie (1033-1044). Le château revient ensuite à un autre Godefroy dont le nom va davantage passer à la postérité en raison de sa participation à la première croisade.
Rangé aux côtés de l’empereur dans la querelle des Investitures, Godefroy de Bouillon (1058 ?-1100) est récompensé par le titre de duc de Basse-Lotharingie (1087). Quand il vend son château au prince-évêque de Liège pour partir à la croisade, il a prévu que trois de ses descendants auraient le droit de racheter le duché au même prix, à défaut le duché resterait en possession perpétuelle de l’Église de Liège. Malgré des contestations, cette dernière option scelle le sort du comté de Bouillon. Liège doit employer la force pour conserver son acquisition (1141), avec l’aval de l’empereur (1155). À quelques distances du comté d’Ardenne-Bouillon, Liège exerce aussi son influence sur le domaine de l’abbaye de Saint-Hubert.

Références
ErCover ; HHWH59 ; WPH01-236


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